Mars
Visite du
général Dudognon à l'école.
Le 25 mars 1954 sera une journée
mémorable pour les élèves de notre école. En effet, le général Dudognon,
directeur de la D.P.M.A.T., est venu inspecter l'E.M.P. des Andelys. Une
inspection comme il y en a périodiquement, mais avec cette particularité que le
général Dudognon est notre grand ancien.
C'est donc avec une sollicitude
particulière qu'il entreprit la visite de notre école. A 10 h. 30, la sonnerie Aux
Champs, exécutée par l'impeccable fanfare de l'école, annonce l'arrivée du
général, qu'accompagne le lieutenant-colonel Venot, directeur des écoles
militaires au ministère de la Guerre.
Le chef de bataillon Carabalona,
commandant l'école, l'accueille et lui présente successivement les
personnalités civiles venues nombreuses et où nous distinguons M. le
sous-préfet, M. le maire des Andelys et plusieurs élus de la ville, MM. Les
professeurs, les officiers et sous-officiers sans troupe. Le capitaine Fontaine,
officier adjoint, lui présente à son tour l'ensemble de l'école, que le général
passe en revue lentement, après s'être incliné devant son drapeau décoré de la
Légion d'honneur et de la Croix de guerre, témoignage tangible des sacrifices
consentis par les A.E.T. Aussitôt la cérémonie se poursuit par un geste
émouvant pour tous les assistants. M. Lagarenne, un de nos plus anciens
professeurs, aimé et estimé de tous, reçoit des mains du général la Croix de
chevalier de la Légion d'honneur. Minute poignante et symbolique que de voir un ancien élève de nos écoles,
devenu directeur du personnel de l'armée de terre, avoir l'honneur de décorer
un de nos professeurs. M. Lagarenne, bien que professeur de mathématiques,
n'est pas arrivé sans doute, une fois n'est pas coutume, à faire le compte
exact de tous les élèves ayant bénéficié de son enseignement si précis et
éclairé.
Puis le général décore également de la
Croix de chevalier de la Légion d'honneur, M. le capitaine Demoulin, capitaine
adjudant-major, presque inamovible de l'école, et le capitaine Dessale qui
assume les fonctions délicates d'officier trésorier et chargé du matériel.
Et c'est le défilé traditionnel devant
les récipiendaires et les personnalités. Le général sourit amicalement au
passage des poussins de 6ème,
heureux et fiers de l'honneur qui leur est fait de défiler devant leur ancien.
Le général félicite le chef de bataillon
Carabalona pour cette présentation très remarquée de l'école.
Un vin d'honneur réunit tout le monde au
foyer des élèves, artistiquement aménagé par M. Parrault, également un pilier
de notre école.
La visite détaillée de l'école commence
sous la conduite du commandant Carabalona par l'inauguration du nouveau
gymnase, splendide réussite due à l'initiative et à la compréhension de notre
commandant d'école qui a déjà tant réalisé pour l'amélioration et le modernisme
de notre chère et vieille école. Nous ne pouvons que remercier respectueusement
pour tout l'intérêt qu'il porte à nos jeunes.
Après un repas de corps qui réunissait
autour du général, officiers et professeurs, la visite de l'école se
poursuivait par les locaux où se déroulent les activités extra-scolaires des
élèves, c'est-à-dire : pyrogravure, linogravure, aéro-modélisme, poterie,
découpage, marionnettes, reliure, photographie, imprimerie, vannerie (un modèle
du genre) et la splendide salle d'informations.
Les classes modernes de 6ème et 1ère terminées
attiraient spécialement son attention et le commandant de l'école lui faisait
part de son projet d'aménager l'ensemble des classes dans ce même style.
Il ressort de cette visite que nos jeunes
travaillent actuellement dans les conditions maxima de confort, de propreté, de
diversité d'occupations et que les résultats scolaires ne peuvent que s'en
ressentir. Nous ne pouvons passer sous silence les efforts déployés également
par M. Durand, professeur principal, aidés de tous ses professeurs, qui se
dépensent sans compter pour enseigner à nos jeunes tout le programme vaste et
varié qui est le leur.
Après une dernière réunion à la salle
d'honneur avec les officiers et professeurs de l'école, le général Dudognon et
le lieutenant-colonel Venot quittent l'école vers 16 heures en saluant une
dernière fois au passage le monument aux morts des anciens, témoignage des
sacrifices et vertus qui font la gloire et l'honneur des A.E.T.
Adjudant-chef Maquart (Les Andelys, Autun
1930-1934).
Journal des A.E.T. 1er trimestre 1954.
Juillet
Distribution
des Prix à l'E.M.P. des Andelys.
La distribution solennelle des prix a eu
lieu à l'E.M.P. des Andelys le mercredi 30 juin, sous la présidence du général
Stehlé, président général de l'association des A.E.T.
Autour du chef de bataillon Carabalona,
commandant l'E.M.P., les personnalités de la région étaient groupées nombreuses
:
M. le sous-préfet des Andelys ;
MM. les conseillers généraux, et parmi
eux M. Ruffier Raoul, ancien élève de l'école
;
Le représentant du colonel Champeaux et
la subdivision ;
Monsieur et Mme Mas ;
M. l'archiprêtre des Andelys ;
Le chef de bataillon Touzain, ancien
élève et ancien commandant de l'école ;
M. le procureur de la République des
Andelys ;
M.
le président des médaillés militaires ;
Mlle Baron, assistante sociale chef ;
Les membres de la presse locale, etc...
Un groupe important d'A.E.T. de la région
parisienne avait tenu à assister à cette cérémonie :
Le colonel Beulaygue, président du
groupe; le colonel Hémeret, le lieutenant-colonel Biteau, le commandant Lainé
et Madame, l'abbée Tourne, le capitaine Modeste et Madame, M. Biguet,
secrétaire administratif ; Mme Massoni, M. Dath ….
Qu'on veuille bien nous excuser s'il y a
des oublis.
La cérémonie débuta par les honneurs au
drapeau de l'école et une prise d'armes où les élèves se présentèrent d'une
façon impeccable. Après la revue de l'école, le général Stehlé alla déposer, au
nom de tous les A.E.T., une gerbe au monument aux morts de l'école.
La distribution des prix eut lieu dans le
nouveau gymnase de l'école, sobrement mais artistiquement décoré par les élèves
sous la direction de M. Parrault, professeur de dessin.
Le discours d'usage, prononcé par M.
Vayssié, professeur de physique, fut très remarqué et très applaudi. Nous
regrettons de n'en pouvoir donner que résumé et extraits.
Prenant pour base la vie d'Einstein, dont
il expose le déroulement d'une façon à la fois pleine de finesse et d'humour,
il montre la haute valeur morale et intellectuelle de l'enseignement des
sciences qui contribue, pour une bonne part, à la culture désinteressée de
l'esprit et qui a, comme les autres branches de l'enseignement, une grande
valeur éducative. Il dit :
“ Il y a plus encore, l'élévation de
l'homme vers le Beau. Est-il vrai que l'esprit d'analyse ait pour résultat de
nous assécher le coeur, de supprimer tout enthousiasme en présence des beautés
du monde qui font le plaisir des poètes et des artistes ? Je ne le crois pas
[…] Pourrions-nous concevoir que les laborieuses conquêtes qui nous éclairent
l'univers et nous en découvrent l'ordre et la beauté empêchent notre admiration
et l'émotion que d'autres éprouvent à la contemplation du beau ? […] L'homme,
il est vrai, créateur de la science, […] faisant taire son émotion, obéissant à
sa seule curiosité, cherche à connaître ce qu'il a d'abord admiré, mais il
craint d'être submergé, englouti, noyé sous la marée montante des faits, il veut
se dresser et dominer la tête hors du flot toujours montant des phénomènes, et
pour cela, il compare entre eux les êtres et les choses, il démêle et groupe en
faisceaux leurs traits semblables et résume en un type la débordante multitude
des faits particuliers. Ce rude labeur n'est, en somme, qu'une préparation à la
marche même du progrès, car c'est en arrivant à l'idée de loi, de régularité,
d'ordre, que l'homme surplombe et domine le torrent des choses […]
[…] Pensons aussi à la valeur sociale des
sciences, au rôle que les savants ont à jouer pour une meilleure compréhension
internationale […] les raisonnements scientifiques doivent tendre à
l'objectivité et à l'universalité ”.
Il cite cette belle pensée d'Henri
Poincaré : Ce n'est que par la science et par l'art que valent les
civilations.
Il dit ensuite :
“ Je voudrais terminer en vous invitant à
réfléchir sur la somme de travail et sur la continuité des efforts qu'il a
fallu fournir pour arriver aux résultats magnifiques que nous enregistrons
chaque jour. N'avez-vous jamais pensé aux veilles d'un Pasteur, d'un Lumière,
d'une Marie Curie, d'un Henri Poincaré, d'un Fleming ? […] Les savants sont
solidaires les uns des autres et se sentent attachés à la société entière dont
ils rêvent le bonheur [...] Le plus bel hommage que vous puissiez rendre à ceux
qui ont donné et qui donnent, chaque jour, leur vie pour la science, c'est de
vous efforcer de les comprendre […] ”
Prenant la parole, le général Stehlé
rappelle, avec émotion, ses souvenirs d'enfance dans une E.M.P. : Billom ; il
souligne le dévouement et la valeur des professeurs et des cadres militaires et
la grande transformation apportée dans tous les programmes des E.M.P. et
demande à tous les jeunes élèves d'exprimer leur reconnaissance, par leur travail,
envers les professeurs et cadres militaires. Il adresse au nom de tous une
pensée à M. Maillac.
Il a ensuite magnifié la valeur de
l'exemple :
“ Appartenant à une institution aussi
vieille que les armées, vous êtes les héritiers des traditions, toutes d'honneur,
de devoir ; vous devez vous mettre en mesure d'acquérir par votre travail et
une discipline personnelle les connaissances et la valeur morale indispensables
pour affronter la carrière avec le sentiment de se donner complètement à la
mission supérieure qui sera la vôtre et qui durera toute la vie […] un des
éléments de cette condition morale, celui de l'exemple […]
Il s'agit d'abord d'être modeste [...]
vous n'avez pas encore été mis au contact de cette pierre de touche si
sensible, l'Homme. Dès aujourd'hui, agissez pour être des exemples de tenue, de
conduite, de travail. Aimez votre uniforme, portez-le avec fierté et avec
respect, avec une certaine coquetterie.
Châtiez votre langage, n'employez jamais
d'expressions grossières qui ne sont d'ailleurs pas synonymes d'énergie […]. Ne
rien faire dont vous auriez à rougir devant vos mères, devant vos soeurs.
Plus tard, vous prendrez vos
responsabilités d'hommes. Envisagez-les avec tout le sérieux qu'elles
comportent.
Vous ne ferez rien qui soit susceptible
de troubler l'harmonie de votre foyer.
Vous entourerez de votre sollicitude ceux
dont vous aurez la charge.
Vous resterez humains en conservant votre
coeur bon et sensible.
Quant au travail, quelles que soient les
connaissances que vous aurez acquises […] ce n'est que par un travail
permanent, de toute la vie, que vous pourrez les maintenir au niveau nécessaire
pour remplir avec honneur les devoirs des charges qui vous seront confiées au
cours de la vie.”
Rappelant les paroles de M. Vayssié, il
insiste sur le fait que l'Enseignement est un tout par toutes ses
matières, toutes nécessaires pour devenir et resté un homme cultivé.
Continuant, le général montre le rôle si
beau des E.M.P. :
“ Dans une France tourmentée, qui a
énormément souffert […] il est bon qu'il y ait des centres comme nos écoles où
une jeunesse, parfaitement instruite, soit élevée dans l'amour de la Patrie et
le culte du drapeau, et qui ira ensuite essaimer autour d'elle les sentiments
qui l'animent.
Dans l'immédiat, nos E.M.P. ont un exemple
collectif à donner aux écoles analogues créées à la diligence des gouverneurs
et résidents généraux [...] il vous faut être des modèles pour ces jeunes
camarades, les accueillir avec gentillesse […] Rappelez-vous que vous êtes
appelés, éventuellement, à partager les mêmes sacrifices […].
Où trouver les exemples, puiser
l'inspiration, le goût, la volonté :
C'est bien simple : regardez autour de
vous, vos professeurs, vos officiers, vos éducateurs sont pour vous des
exemples permanents.”
Quant au grand devoir allié à l'esprit du
sacrifice, le général rappelle les Bara, les Viala, les Vélites du Consulat et
de l'Empire, les A.E.T. qui ont participé si nombreux à l'épopée coloniale,
enfin, Ceux dont les sacrifices sont rappelés par le monument élevé à l'entrée
de votre école.
Les élèves de nos E.M.P. s'engageant à 17
ans pour rejoindre leurs aînés au cours de la guerre 1914-1918.
Plus près, tout près de nous, les Mercier, les Gangloff, les
Martrice, les quarante-six élèves d'Autun tombés en 1944 à 16, 17, 18 ans sous
votre uniforme d'élèves qu'ils ont ainsi sanctifié par leur sang.
Plus de 2000 des nôtres servent en
permanence en Extrême-Orient comme officiers, gradés de carrière, jeunes gradés
de 19-20 ans, où ils assurent le maintien de nos traditions qui sont notre
honneur.
Quant, à votre tour, vous recevrez en
dépôt ce patrimoine que vous vous efforcerez d'enrichir, quand vous entrerez
dans la carrière, la tête haute, le coeur résolu, entraînés par ces exemples,
je suis certain que vous vous montrerez dignes de la magnifique phalange à
laquelle déjà vous appartenez ”.
Les conseils de notre Ancien,
président général de l'association des A.E.T. furent accueillis avec le plus
grand enthousiasme. Nous sommes sûrs qu'ils seront suivis.
Les lauréats des nombreux prix reçurent
les prix qu'ils avaient mérités, sous les ovations bien méritées de leurs
camarades.
Le chef de bataillon Carabalona nous fit
ensuite les honneurs de son école, nous tenons à signaler :
-
L'imprimerie, aux résultats surprenants,
nouvelle activité extra-scolaire.
-
La salle d'information, où se tenait une
exposition sur l'oeuvre de la Croix-rouge dans le monde.
-
La nouvelle salle d'histoire naturelle.
-
Les salles de classe au mobilier
approprié, aux peintures gaies et où les anciens tableaux noirs sont des
tableaux verts.
-
Les salles d'activités extra-scolaires,
en particulier la salle de vannerie, modèle de réalisation moderne.
-
La salle de cinéma.
-
La salle de dessin, où M. Parrault
présenta, en nous émerveillant, les travaux faits par les élèves au cours l'étude
du milieu.
Cette visite se termina par un
rendez-vous général pour le déjeuner, repas d'Ecole”au nouveau foyer
des élèves. Cadre artistiquement normand, au menu remarquablement préparé
et servi par le personnel de l'école.
Le déjeuner se déroula, bien entendu,
dans l'atmosphère la plus sympathique et la plus cordiale. Y participaient,
outre les autorités diverses, le général Stehlé et Madame, les anciens A.E.T.
du groupe de Paris, le personnel civil et militaire de l'école, le tout égayé
par la présence si charmante de leurs femmes, donnant à l'ambiance ce caractère
si familier que nous apprécions tant.
A la fin de ce repas, le commandant
Carabalona, alliant à la plus chaleureuse urbanité l'humour la plus fine,
prononça une allocution dont nous regrettons de ne pouvoir rapporter que des
extraits. Il remercie d'abord l'ensemble, tous ceux ayant par leur présence
donné à cette cérémonie toute sa solennité particulière:
“ [...] Ces remerciements, je les
adresserai d'abord à M. le général Stehlé, qui a bien voulu accepter la
présidence de cette belle journée. Officier général, vous nous apportez,
avec votre prestige incontesté, le témoignage de tout un passé au service de
notre Pays. Président général de l'association des A.E.T., vous nous
rappelez un présent fait encore de dévouement et de sollicitude envers nos
jeunes. Ancien élèves de nos écoles, vous apportez à nos enfants les
plus belles promesses d'avenir […]
Monsieur le sous-préfet, chacun de nous
connaît vos sentiments à nos égards […] Nous ne sommes donc pas étonnés de vous
trouver parmi nous, nous en sommes une fois de plus heureux et flattés.
Monsieur le colonel Champeaux […] nous
savons de combien vous nous entourez de prévenances dans l'exercice du
commandement de votre subdivision, et je puis vous assurer qu'en retour nous
vous restons respectueusement dévoués.
Monsieur le colonel Beulaygue, je salue
en vous tout le groupe A.E.T. de Paris, présents ou absents, dont la pensée est
parmi nous. Ne pouvant citer tous les présents, je ne puis passer sous silence
la présence du colonel Hémeret, commandant la Légion de gendarmerie de Paris,
et du lieutenant-colonel Biteau, de la Garde républicaine de Paris, auxquels
j'exprime, pour tous, mes sentiments de respectueuse sympathie.
Mon colonel Beulaygue, il est de mon
devoir de vous dire combien nous apprécions l'aide matérielle et morale que
nous apporte votre groupe et je vous prie d'être mon interprète auprès de tous
ses membres pour leur adresser nos sentiments de gratitude.”
Le commandant Carabalona, remercie
ensuite MM. Delarue et Ruffier, conseillers généraux ; M. le président des
médaillés militaires, MM. les membres de la presse locale, amis de l'école, et
dont les noms depuis longtemps déjà sont inscrits sur son Livre d'Or.
Il remercie ensuite les personnalités qui
se sont excusées de ne pouvoir participer à cette cérémonie :
MM. Mendès-France, président du conseil ;
Forcinal, député ; général Dudognon, directeur du personnel, Médecin
général-inspecteur Hombourger ; Turpault, procureur général, directeur de la
gendarmerie et de la justice militaire, ancien élève des Andelys ; l'inspecteur
d'académie, le président du tribunal ; l'abbé Thorel, aumônier de la 1ère région militaire.
Le commandant Carabalona expose ensuite
les résultats et les espoirs encourageants aux concours et examens. Mais il
tient, et le fait avec un sentiment profond, à affirmer le dévouement continu
de ses collaborateurs civils et militaires, qui constituent uen équipe
homogène ausi compétente que dévouée. Il montre le climat de confiance régnant
à l'école, et en leur rendant homagge leur exprime toute sa satisfaction.
“ Mais, ajoute-t-il, notre tâche n'aurait
pas été complète si les uns et les autres, collaborant intimement, nous nous
étions uniquement préoccupés des résultats purement scolaires ; il y avait
davantage à faire, et sur le plan moral, notre action a été constante, et je le
crois fructueuse à bien des égards. J'ai toujours pensé que pour mener à bien
des études, le moral était aussi indispensable que la bonne condition physique.
C'est à ce moral que nous nous sommes attaqués et, par tous les moyens en notre
pouvoir, nous avons cherché à le soutenir et à l'améliorer [...] Je reste
persuadé que les efforts poursuivis pour améliorer les conditions d'existence
de nos élèves ne sont pas étrangères à l'évolution favorable de leur moral.”
Il termine humoristiquement :
“ […] Tout marche bien […] la preuve ne
sera pas faite par cet élève de 4ème […]
privé de cinéma pour une faute légère, son commandant de compagnie eut l'idée
de lui donner à traiter le sujet suivant :
“ Vous êtes officier, vous venez d'être
nommé commandant de l'E.M.P. des Andelys.
Exposez vos idées sur le fonctionnement de l'école tel que vous
l'envisageriez.”
Après avoir longuement exposé le
sentiment d'honneur qu'il éprouve au reçu de sa nomination, l'élève aborde
aussitôt le problème des sanctions, celui qui, à ses yeux, à l'importance la
plus immédiate.
Voici ce qu'il nous dit : “ Il n'y a pas
tellement de distraction à l'école, en dehors du cinéma. Aussi je ne priverai
jamais un élève de cinéma. C'est trop dur et trop inhumain”. Voilà qui
est catégorique. Plus loin il suggère une solution de rechange […] et il est
question de jours de privation de vacances infligés pour fautes relativement
graves. “ Je n'infligerai jamais aux élèves de jours de privations de vacances.
Je préférerai distribuer de temps en
temps (et voici la solution de rechange proposée) quelques paires de claques,
bien appliquées ! C'est peut-être plus brutal, mais çà dure moins longtemps ! ”. Et
voilà le problème des sanctions revu et corrigé. Et en conclusion, livré à vos
méditations : “ Et ainsi çà marcherait mieux que maintenant.” Voyez-vous,
Mesdames, Messieurs, je vous disais tout à l'heure que tout marchait bien ! Ce
n'était donc qu'une impression personnelle [...] Ingratitude des enfants,
pourrions-nous penser peut-être, mais à côté de cette ingratitude passagère,
combien de bons sentiments les animent. Il nous appartient de les découvrir et
de les fortifier, c'est le rôle de l'éducateur dont chacun connaît la grandeur
!”...
A la fin du repas, l'insigne de l'école
fut remis à Madame Stehlé et à Madame Moinault, au colonel Hémeret, au
lieutenant-colonel Biteau, au commandant Lainé.
Prenant à nouveau la parole, le général
Stehlé, après avoir rappelé le passé de gloire des A.E.T., exprima toute sa
confiance aux jeunes générations d'élèves de nos E.M.P. et remit l'insigne des
A.E.T. au commandant Carabalona et à Madame, à M. le sous-préfet, à M. Durand,
professeur principal, au capitaine Fontaine, à Mademoiselle Babron.
La fête ne se termina que très avant dans
la nuit après le bal de fin d'année donné par les élèves, bal qui débuta par un monôme monstre auquel participèrent invités, cadres et élèves.
Belle et réconfortante journée.
Nous remercions ici l'adjudant-chef
Maquart (A.E.T., les Andelys 1930-1934) qui nous a donné les renseignements
nécessaires pour cet article.
Et nous terminons en remerciant et en
félicitant le commandant de l'école, tous ses collaborateurs et tous les
élèves.
Septembre
Les obsèques
de M. Edgar Parrault.
Personnifiant l'estime et la
reconnaissance qu'il avait su s'attirer, une foule nombreuse a accompagné
samedi après-midi, en un long cortège, M. Edgar Parrault à sa dernière demeure.
On reconnaissait notamment : M.
Feuilloley, sous-préfet des Andelys ; M. Delarue, conseiller
général ; M. Lecoq, maire des Andelys, et de nombreux conseillers
municipaux, M. le capitaine Biré, représentant le ministre de la Guerre, M. le
commandant Carabalona, les officiers, sous-officiers et professeurs de
l'E.M.P., M. Routier, lieutenant de gendarmerie, l'inspecteur Gloton,
représentant l'inspecteur d'académie, M. Ladurée, président du tribunal, M.
Thorp, maire de Bouafles, M. Ruffier, conseiller général de Gaillon, Mme Gondre,
adjointe au maire de Gaillon, de nombreuses autres personnalités que nous nous
excusons de ne pouvoir toutes citer. On notait également la présence de membres
du corps enseignant, amis personnel du défunt, une délégation des
sapeurs-pompiers sous la conduite du capitaine Hugot, les A.C.P.G., médaillés
militaires, ainsi que des représentants de toutes les sociétés andelysiennes.
Au cimetière, M. Delarue, au nom du
syndicat d'initiative, tint à faire l'éloge du disparu et avec émotion, retraça
la vie active et combien profitable de M. Parrault, dont la dernière œuvre au
sein du syndicat d'initiative, le dépliant touristique auquel il consacra ses
derniers efforts, portera désormais son nom.
A son tour, M. le chef de bataillon
Carabalona, en ami, vint dire adieu à M. Parrault, rappelant combien ses
vertus, sa sagesse et son dévouement inlassables, lui avaient valu de
satisfactions et que la reconnaissance des élèves à elle seule était la juste
récompense d'efforts fructueux et profitables.
Il évoqua en parallèle ses activités au
sein des sociétés locale près desquelles il se dévouait également sans compter.
Droiture et dévouement telle était, dit-il, la devise qui guida la
moindre de ses actions.
Monsieur Gloton, inspecteur primaire,
présente les excuses de M. l'inspecteur d'académie, et s'attache à vanter les
vertus pédagogiques de M. Parrault, éducateur né, dont le talent artistique
incontestable en faisait un professeur hors de pair. « Il est des
disparitions qui laissent des vides difficiles à combler, celle de M. Parrault
sera vivement ressentie ».
Puis le long défilé commence pour un
dernier adieu et les immortelles du souvenir s'amoncellent sur le cercueil
couvert de fleurs.
Puisse cette preuve d'attachement et de
reconnaissance émue atténuer l'immense douleur des siens.
L'Impartial 4 septembre 1954.
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