Le 3 janvier 1884, une question
sans réponse.
A l’occasion des vœux traditionnels du 1er
janvier et en présence du sous-préfet des Andelys, monsieur le maire a bien
insisté sur ce qu’aujourd’hui on nomme le « donnant-donnant » ;
si le conseil municipal confirme l’accord de la ville quant à l’école
militaire, elle obtiendra l’appui de tous les sénateurs et députés de l’Eure.
« Mais qu’en est-il de l’assurance officielle de la concomitance des
travaux de l’école et du chemin de fer, monsieur le représentant de
l’État ? » En substance, ce dernier ne répond pas directement à la
question mais confirme que tout dépend maintenant du conseil. Comprenne qui
pourra.
Le conseil municipal du 5 janvier
1884.
Ce conseil marque l’engagement définitif de la ville
quant à sa candidature à une école d’enfants de troupe. Après avoir rappelé les
différentes phases par lesquelles la question de l’école d’enfants de troupe
est passée, monsieur Milliard, le nouveau maire des Andelys, rappelle que la
commission, mise en place par la délibération du 10 avril 1883, a étudié « les voies et les moyens les moins onéreux pour
arriver à doter le pays de l’institution militaire qui échappe à Bayeux et que
tant d’autres villes ont sollicitée ». Monsieur le maire confirme,
du moins est-ce son intime conviction car nous verrons que rien d’officiel ne
lui permettait d’assumer une telle assertion, « que
la ville trouvera une compensation aux charges qu’elle s’imposera par la construction
simultanée du chemin de fer et de l’école d’enfants de troupe ».
Monsieur Contant rapporte le résultat du travail fait
par ladite commission, approuvé par cinq voix sur six, presque l’unanimité. En
voici le résumé :
- un emprunt réalisé par la ville pour financer la
subvention accordée au ministère de la Guerre ;
- l'acquisition d’un terrain pour l’y implanter ;
- un autre emprunt pour financer l’acquisition du
terrain ;
- une imposition extraordinaire de 0.25 centime, soit
une augmentation de 13% sur le principal des contributions.
La commission prend toutefois ses précautions, comme
toutes les commissions, en prévenant qu’il faudra attendre la signature
définitive de la convention État–Ville pour déterminer la nouvelle imposition
fiscale des assujettis andelysiens pour faire face aux nouvelles charges.
Il convient maintenant de signaler les interventions de
deux opposants inquiets des charges nouvelles auxquelles devrait faire face la
ville. Le premier, monsieur de Fontanges assurant « que
nul n’était plus que lui partisan en principe de l’institution de l’école
d’enfants de troupe » est
néanmoins persuadé que la ville ne pourra assumer les nouvelles charges et
qu’elle ne bénéficiera d’aucune compensation. En appui à son propos pessimiste,
il cite deux exemples, le vin et le chemin de fer. Le vin sera acheté par la
cantine de la future école, exonérée de taxes comme toutes les cantines des
armées et quant au chemin de fer le trafic des passagers sera insuffisant pour
décider la Compagnie de l’Ouest à réaliser un tel investissement. Arguments
tout à fait recevables, sauf pour monsieur le maire « qui
rétorque qu’il ne pense pas que le gouvernement républicain installera des
cantines dans les écoles à créer », quant
au chemin de fer « il apparaît aux yeux de tous les gens les moins
crédules que la construction de chemin de fer s’impose pour un pays doté d’un
service national ». Le second, monsieur de Marigny, est persuadé
quant à lui que, si la ville accepte les conditions du ministre de la Guerre, elle
« va épuiser toutes ses ressources
disponibles » et ce, au détriment « de travaux dont l’urgence est
moins contestable et moins contestée que celle de l’école d’enfants de
troupe ».
Les partisans d’une telle implantation argumentent en
mettant en avant la pétition signée par la presque totalité des habitants de la
ville en faveur de l’école. Mais pour monsieur de Marigny, « la pétition n’a à ses yeux aucune valeur ». Et pourtant monsieur Milliard,
citant les noms de certains pétitionnaires, assure qu’il convient de prendre en
considération un tel document. Les uns protestent contre l’abus du droit de
pétitionnement, d’autres au contraire assurent que « la
pétition est un mandat impératif ». Un combat idéologique qui n’est
pas sans annoncer d’autres débats plus actuels. Qui est le plus légitime, la
pression de la rue ou le pouvoir démocratiquement établi ? Heureusement
monsieur Milliard présente une vision moins antagoniste des deux approches, la
pétition n’est qu’une indication parfaitement légale de souhaits exprimés par
une partie de la population et non un impératif. Chaque élu est libre de voter
selon ses propres convictions, tout en tenant compte des désirs exprimés par
une population.
Après l’idéologie, les finances : monsieur
Fessard, représentant le monde agricole et peut-être agriculteur lui-même,
assure que les centimes additionnels seront supportés principalement par la
culture. En réponse et après une belle démonstration comptable, monsieur le
maire peut donc affirmer « sans démenti possible
que le commerce seul sera chargé trois fois plus que la culture par les impôts
à créer ». Et voici notre leitmotiv énoncé par monsieur Julien : « la conséquence immédiate et inévitable de la
création de l’école d’enfants de troupe, ce sera la construction du chemin de
fer qui donnera une nouvelle vie et une nouvelle prospérité au commerce
local ».
Après une discussion plutôt
très animée et des échanges assez vifs, par 13 voix contre 6, la ville des
Andelys confirme définitivement, mais nous verrons qu’il y aura des combats
d’arrière-garde, son accord pour l’implantation d’une école d’enfants de
troupe.
Parmi les résolutions votées
et après les formules administratives habituelles et la confirmation des
engagements pris précédemment par la Ville, notons les éléments suivants :
« … qu’il entre dans les vues de la majorité de la
population de s’imposer tous les sacrifices nécessaires afin d’obtenir de
monsieur le ministre de la Guerre et des Pouvoirs publics une école d’enfants
de troupe aux Andelys dans le territoire de l’octroi,
… qu’il y a donc lieu d’espérer que la mise en œuvre des
travaux de chemin de fer devant relier les Andelys à la ligne de Paris à Rouen
suivra de près celle des travaux de l’école,
… que le gouvernement … n’hésitera pas à demander à la
Compagnie de l’Ouest la réalisation des engagements pris par elle en ce qui
concerne la ligne des Andelys à Saint Pierre du Rouvray... etc. ».
Le conseil municipal autorise
monsieur le maire à emprunter au meilleur taux et pour une durée qui ne devrait
pas excéder cinquante ans. Tous espèrent que le département leur viendra en
aide et que le fameux chemin de fer…
Le 9 janvier 1884.
Le général Cornat adresse un courrier au maire des
Andelys pour lui confirmer que sa ville est définitivement retenue pour
recevoir l’école des enfants de troupe de la 3e région militaire.
Accompagné du colonel directeur du Génie de Rouen et du commandant du Génie
d’Evreux, le général Cornat se rendra aux Andelys le dimanche 13 janvier pour
étudier les questions relatives à l’emplacement de la future école. On dit même
que la convention qui doit intervenir entre l’État et la ville est prête !
Leur arrivée est prévue en gare de Gaillon à 10 h 09. Le 13 janvier, L’Impartial
annonce : « Nous sommes aussi heureux
d’apprendre que la convention qui doit intervenir entre l’État et la ville est
toute préparée ; elle est à la veille de recevoir les signatures ».
Le 3 avril.
L’Impartial annonce que, par décision
ministérielle, monsieur le capitaine du Génie Passelergue a été désigné pour
diriger les travaux de construction de l’école d’enfants de troupe. Le 5 mai,
les officiers du Génie feront les relevés topographiques du terrain destiné à
recevoir l’école. Date peut-être un peu prématurée car le décret préfectoral
qui leur permettra de travailler sans se faire mettre en joue par des paysans
récalcitrants ne paraîtra que deux jours plus tard ! « Si on en croit
la petite histoire locale, la commission chargée de choisir l’emplacement
définitif débarqua aux Andelys au milieu d’un épais brouillard. Après avoir
refusé une première offre de terrain, elle serait partie à pied vers la
campagne en suivant le cours du Gambon. Lorsqu’enfin le brouillard se leva,
elle découvrit un vallon enchâssé entre des flots de verdure : le site
plut et les chantiers s’ouvrirent là, à quelques kilomètres de la ville et en
pleine nature normande ».
Le 7 mai 1884.
Monsieur le préfet de l’Eure, Jules Barrème, signe un
arrêté relatif à l’installation de l’école d’enfants de troupe. En voici le
texte in extenso :
« République française, département de l’Eure,
ville des Andelys, installation d’une école d’enfants de troupe.
Le préfet du département de l’Eure.
Vu la dépêche de monsieur le
ministre de la Guerre, en date du 18 mars dernier à monsieur le directeur du Génie
à Rouen prescrivant l’étude de détail de l’installation d’une école d’enfants
de troupe aux Andelys en prenant pour base l’emplacement proposé et reconnu sur
place par monsieur le général commandant le 3e corps d’armée,
Vu la demande présentée le 6
mai courant par le chef de bataillon, chef du Génie à Evreux, pour obtenir de
pénétrer sur les propriétés où l’emplacement a été choisi afin de procéder à
l’étude du détail et représenter sur le papier la forme et les contours du
terrain,
Vu les lois du 28 pluviose An VIII et 16 septembre 1807
et l’article 438, arrête,
Article 1 : Monsieur le chef de bataillon, chef du
Génie à Evreux et les agents placés sous ses ordres sont autorisés à
s’introduire dans les propriétés publiques ou privées, closes ou non closes, à
l’effet de procéder à toutes les opérations de levées des plans, sondages,
nivellement et autres relatives à l’installation d’une école d’enfants de
troupe aux Andelys. Ces opérations s’exécuteront sur le territoire de la
commune des Andelys. Les agents du Génie devront être munis d’une commission
signée de monsieur le chef de bataillon, chef du Génie à Evreux.
Article 2 : Lorsqu’il sera indispensable de faire
des percées dans les clôtures, d’abattre les plantations ou de causer tout
dommage, les personnes désignées à l’article précédent en préviendront les
propriétaires ou leurs représentants sur les lieux et règleront immédiatement
avec eux l’indemnité à payer pour ce fait.
Si cette indemnité ne peut être fixée à l’amiable, elle
sera ultérieurement réglée par le conseil de préfecture après expertise
contradictoire conformément à la loi du 28 pluviose An VIII et aux articles 56
et 57 de la loi du 16 septembre 1807. Dans tous les cas aucun retard ne devra
être apporté aux opérations. En cas de refus de la part des propriétaires de
laisser pénétrer dans les propriétés les personnes ci-dessus autorisées, ces
dernières requerront l’intervention du maire qui devra leur prêter l’appui de
son autorité.
Article 3 : Il est expressément défendu d’enlever
les piquets ou jalons, de détruire les repères placés par les hommes de l’art,
de causer aucune espèce de trouble dans les opérations dont il s’agit.
Article 4 : Monsieur le maire des Andelys est
chargé d’assurer l’exécution du présent arrêté qui sera publié et affiché.
Evreux le 7 mai 1884 ».
En mai, les tenants de cette
école s’inquiètent, des rumeurs circulent : la création de l’école
militaire aux Andelys serait remise en cause. En fait, il n’en est rien, monsieur
de Freycinet a simplement réuni une commission pour faire avancer le projet de
loi relatif au statut des enfants de troupe dans les régiments et à leur
affectation dans des établissements scolaires. « La création d’un de ces établissements aux Andelys a plus
que jamais toute sa raison d’être ». Ouf !
La séance du 2 juillet 1884.
Le conseil municipal des
Andelys fut quelque peu mouvementé. La commission chargée d’étudier et de
proposer les mesures fiscales qui devraient permettre de faire face aux besoins
découlant de l’implantation d’une école d’enfants de troupe rend son rapport
définitif. L’imposition initialement prévue à 0,25 centime serait portée à 0,31
centime. L’ensemble des mesures proposées devrait produire une perception
annuelle de 16 349 francs. Pour répondre à monsieur E. Mouton, rapporteur de la
commission, monsieur Mettais-Cartier s’élève, comme tous les opposants à
l’implantation d’une telle école, « contre
l’énormité des charges prévisionnelles qui pèseront sur la ville sans aucune
compensation » et il ajoute : « les promesses purement
officieuses qui ont été faites pour la construction du chemin de fer n’ont
aucune valeur ».
Malgré l’engagement pris à la
majorité du conseil municipal par la ville des Andelys d’accueillir une école
militaire, certains espèrent toujours faire échouer ce projet. « Voudra-t-on,
demande monsieur Millard, maire adjoint, revenir sur une parole
donnée » ? Au diable la parole donnée, monsieur Mettais-Cartier pense
« qu’en matière administrative une signature donnée n’a pas la même
importance, la même immuabilité que dans la vie civile ordinaire ».
Monsieur Fenaux s’insurge contre une telle théorie : « Il n’y a
qu’une sorte d’honneur et la signature d’un conseil municipal aussi bien qu’un
particulier engage son honneur par la signature donnée. Il serait aussi honteux
de laisser protester la signature d’une ville qu’il est déshonorant pour un
homme de faillir contre la sienne ». Continuant sur sa lancée oratoire, il
rappelle que ceux qui ont remporté les dernières élections ont été élus sur un
programme qui mentionnait clairement la création d’une école d’enfants de
troupe. Il en profite pour fustiger le comportement du général de Fontanges qui
s’oppose toujours à une telle implantation pourtant reconnue d’importance
nationale par tous les professionnels de la question qui ne devrait pas être un
enjeu de politique partisane ... Ce à quoi le général de Fontanges rétorque
qu’il n’est pas admissible « de mettre en cause son patriotisme, qu’il n’a
jamais hésité quand il s’est agi de rendre service à la France », mais qu’il
refuse de participer à la ruine de la ville ! C’est aussi l’avis de son
collègue monsieur Mettais-Cartier qui adjure « le conseil municipal de répudier cette affaire et d’éviter
la ruine qui en sera la conséquence ... Ah ! si le chemin de fer
se faisait en même temps que l’école d’enfants de troupe ; (il) la
voterait, aveuglément, sans hésitation », mais « il restera encore
longtemps à l’état de projet ». Monsieur Lelièvre, un autre sceptique,
demande si « la municipalité peut affirmer officiellement que le chemin de
fer sera construit en même temps que l’école ». Mais oui, lui rétorque monsieur
Dumesnil, « il suffit de lire le registre des délibérations ! » Monsieur le maire n’a-t-il pas promis
que le chemin de fer sera construit en même temps que l’école d’enfants de
troupe ! Mais d’où tient-il cette assurance ? Certes les assurances
qu’il a reçues des milieux compétents, ne sont qu’officieuses mais il ne
saurait être question de douter de la « simple logique des faits ».
Et au regard de ses intimes convictions, « le chemin de fer suivra de près
s’il n’accompagne pas l’école d’enfants de troupe ». Nul ne peut envisager « que
l’on puisse laisser un établissement, une école, sans relation avec les
services dont elle dépend, les familles sans communications avec
l’extérieur ! ». De plus, la ville a signé un contrat avec l’État et
il n’est nullement envisageable de le déchirer sans risquer des représailles de
sa part. L’État pourrait par simple décret obliger la ville à respecter ses
engagements. Et tous ces échanges pour une simple histoire de fiscalité qui
serait trop lourde. Et pourtant, le taux d’imposition proposé par la commission
est inférieur à la moyenne des impositions de l’Oise, de la Seine-et-Oise et de
la plupart des communes de l’Eure. « Y est-on plus malheureux qu’aux
Andelys ? » demande monsieur le maire.
Le vote du conseil fait
apparaître une majorité de treize voix contre sept en faveur du projet
d’imposition et ce, malgré la « trahison de deux membres de la majorité
municipale élue sur l’approbation du projet de l’implantation de l’école
militaire ».
L’Impartial n’hésite pas à conclure son article par ses mots :
« les Andelysiens pourront se rendre compte de la pauvreté et de l’inanité
des arguments employés par les ennemis de l’école d’enfants de troupe et qu’en
votant cette école, la majorité du conseil a bien mérité du pays ».
Le 13 juillet.
Est votée par la Chambre et selon les mêmes termes que
le Sénat la loi modifiant le fonctionnement de l’institution des enfants de
troupe. En résumé, les enfants de troupe, fils de militaires, jusqu’au grade de
capitaine et assimilés, sur proposition des corps de troupe concernés, seront
laissés dans leur famille jusqu’à 13 ans. Les familles recevront une allocation
forfaitaire de 100 à 180 francs. Ils pourront être admis dans les écoles
d’enfants de troupe, au nombre de six, infanterie quatre, cavalerie une,
artillerie et génie une, avant leur quatorzième
année. Cette admission est soumise à la signature d’un engagement dans
l’armée d’active pour une durée au moins égale à la durée du service armé de la
classe à laquelle ils appartiennent. En cas de refus, le ministère est autorisé
à récupérer la moitié des frais d’entretien payés par l’État aux familles
auprès de celles-ci ou des enfants s’ils disposent de ressources personnelles.
Cette loi devrait permettre, plus que l’ancienne
formule, un meilleur recrutement d’une partie des cadres.
Le conseil du 6 septembre.
Devant les prétentions jugées
exorbitantes de monsieur Amaury, le propriétaire du terrain choisi par le
Génie, le conseil décide à l’unanimité de recourir à la procédure
d’expropriation.
Le 26 octobre, le ministère
de la Guerre émet le décret qui va permettre d’acquérir le terrain sélectionné
par expropriation pour cause d’utilité publique. En voici le texte :
« Le président de la
République française sur le rapport du ministère de la Guerre,
Vu la loi du 3 mai 1841, sur
l’expropriation pour cause d’utilité publique,
Considérant que pour la
construction d’une école d’enfants de troupe dans la ville des Andelys, il y a
lieu d’acquérir diverses parcelles de terrain telles qu’elles sont fixées par
une teinte verte sur un plan dressé le 27 septembre 1884 par le chef du Génie à
Evreux et désigné dans un état parcellaire à l’appui ci annexé,
Considérant en outre qu’il y
a urgence à prendre possession de celles de ces parcelles qui ne sont pas
bâties, décrète :
Article 1. L’acquisition pour
le service militaire des parcelles de terrain susmentionnées est déclarée(s)
d’utilité publique.
Article 2. La prise de
possession de celles de ces parcelles qui ne sont pas bâties, est déclarée
d’urgence.
Article 3. Le ministre de la
Guerre est chargé de l’exécution du présent décret.
Fait à Paris le 26 octobre
1884.
Signé Jules Grévy pour le
président de la République,
Signé Campenon pour le
ministre de la Guerre ».
L’école d’enfants de troupe, un enjeu électoral.
titre L’Impartial dans
son numéro du 11 décembre. Il mentionne un opuscule édité et « distribué
par l’intermédiaire d’une maison de publicistes de la ville » par monsieur
Léon Sevaistre, conseiller général de l’Eure, futur candidat
« réactionnaire » ou au Sénat ou à la Chambre, il ne le sait encore,
dans lequel le futur candidat fulmine contre le projet des Andelysiens,
« jugés idiots incurables dont aucun aliéniste ne voudrait ». Mais le signataire de l’article est
persuadé que le conseiller général d’Amfreville, ne fera pas le poids face à
Monsieur Louis Passy, un républicain et patriote qui suit cette affaire,
l’implantation de l’école militaire, afin qu’elle soit menée à son terme.
Au crépuscule de l’année
1884, le projet de l’école d’enfants de troupe est définitivement bouclé,
politiquement, financièrement et géographiquement. Il reste maintenant à le
réaliser concrètement sur le terrain.
L'Impartial
1 juin 1884.
ÉCOLE MILITAIRE PRÉPARATOIRE DES ANDELYS
1884 – Le projet se
confirme, dernières escarmouches.
Une école, une gare, un emprunt.
Monsieur le maire a remercié le gouvernement d'avoir
bien voulu choisir la ville des Andelys pour être, si elle le veut, le siège
d'un établissement national. Monsieur le maire a ajouté que si le conseil
municipal acceptait la proposition de monsieur le ministre de la Guerre, le
concours des sénateurs et des députés de l'Eure, sans exception, leur était
assuré. Il a demandé l'assurance officielle pour ainsi dire que les travaux de
l'une (l'école) ne commenceraient pas avant les travaux de l'autre (le chemin
de fer).
Monsieur le sous-préfet répond avec son éloquence
habituelle en faisant remarquer que la question du chemin de fer était
intimement liée à celle de l'école d'enfants de troupe et que tout dépendait
maintenant de la municipalité. Monsieur le sous-préfet a dit qu'il ne doutait
pas de la solution.
Par treize voix contre six le conseil municipal de la
ville des Andelys dans sa séance du 29 décembre 1883 a voté la création d’une
école des enfants de troupe dans le rayon de son octroi. Le conseil municipal
en cette grave affaire, il s’agit de plusieurs centaines de mille francs, a
voté selon le désir de ceux qui veulent comme le disait un des votants, sortir
de l’ornière. Le vote du conseil entraîne nécessairement la négociation d’un
emprunt. Espérons que l’administration compétente et les chambres n’y seront
point hostiles et nous verrons alors la ville des Andelys jusqu’à présent si
délaissée, privée de chemin de fer et ayant échoué dans toutes les entreprises
tentées pour relever son commerce et lui donner un peu de vie tenir enfin le
rang qu’elle doit occuper comme sous-préfecture et chef-lieu d’arrondissement.
Nous venons d’avoir communication à la mairie d’une
lettre de monsieur le général Cornat commandant le 3e corps d’armée
et adressée à monsieur le maire des Andelys à la date d’hier, 9 courant. De
cette lettre il résulte que l’école d’enfants de troupe est une question
résolue, que les Andelys auront donc l’école d’enfants de troupe de la
3e région. Le général commandant le 3e corps
annonce sa visite prochaine à monsieur le maire
L'Impartial
10 janvier 1884
Une visite d'importance.
Le général Cornat commandant le 3e corps
d’armée, le colonel directeur du Génie de Rouen et le commandant du Génie
d’Evreux arriveront aujourd’hui dimanche à Gaillon par le train à 10 h 09 et
seront aux Andelys dans la matinée pour étudier les questions se rattachant à
l’emplacement de l’école d’enfants de troupe. Nous sommes heureux aussi
d’apprendre que la convention qui doit intervenir entre l’État et la ville est
toute préparée; elle est à la veille de recevoir les signatures.
L'Impartial 13 janvier 1884
Conseil Municipal du 5 janvier, un rappel de l'historique, et
d'ultimes (?) joutes oratoires.
Nous copions textuellement le procès verbal de cette
importante séance. Etaient présents: MM. Morsent, Jullien, Contan, Queudray, de
Fontange, Lemerre, Dujardin, Bizet, Lemoine, Lamer, Milliard, Monton, Gérard,
Fontelay, Montaillé, Fessart, Lelièvre, Lacire, M. de Marigny; absents excusés:
MM. Cavelier, Dumesnil, Portier; et Lesage non excusé. M. Lacire remplit les
fonctions de secrétaire.
La séance ouverte, monsieur le maire commence par
exposer les différentes phases par lesquelles a passé la question de l’école
d’enfants de troupe. A la suite de difficultés et de dissensions qui se sont
produites au conseil municipal de Bayeux primitivement désignée par monsieur le
ministre de la Guerre, il crut de son devoir de réitérer les offres déjà faites
par le conseil, en conséquence de la délibération du 10 avril dernier. Mais
Bayeux n’était pas complètement abandonnée. L’autorité militaire ne renonça à
traiter avec la municipalité de cette ville qu’après le succès des efforts
tentés par l’Administration pour arriver à une entente en reconstituant, après
la démission de l’ancienne municipalité, une municipalité nouvelle qui fût
disposée à renouer les pourparlers suspendus avec l’autorité militaire. Le
temps se poursuit donc en négociations jusqu’au 29 décembre. A cette date
monsieur le maire reçut de monsieur le lieutenant-colonel directeur du Génie
une lettre dont une copie a été transmise à chacun des membres du
conseil :
Rouen le 27 décembre 1883 - Le lieutenant-colonel de
Bretteville, directeur du Génie à Rouen à monsieur le Maire des Andelys :
« Monsieur le Maire,
Comme suite à ma lettre du 23 novembre dernier, relative à
la création d’une école d’enfants de troupe, j’ai l’honneur de vous faire
connaître que le ministre de la Guerre renonce à placer cette école dans la
ville de Bayeux. Il m’autorise à reprendre les pourparlers avec la ville des
Andelys mais à la condition que la subvention soit portée à 600 000 Fr, l’achat
de terrain restant à la charge de la ville comme l’offre en a été faite. Les
conditions se trouvent ainsi nettement posées. Il sera facile à la municipalité
de prendre une décision. Je vous prierais monsieur le maire de me la faire
connaître dès qu’elle sera arrêtée. Si elle est affirmative je chargerai
monsieur le chef du Génie d’Evreux de s’entendre avec vous pour le choix du
terrain et la rédaction d’une convention établissant les obligations
respectives de la ville et de l’État. Veuillez agréer, Monsieur le maire, l’expression
de mes sentiments les plus distingués.
Le lieutenant-colonel directeur du génie G de
Bretteville ».
Cette lettre fut suivie d’une autre lettre de monsieur
le général Cornat en date du 30 décembre
ainsi conçue :
« Monsieur le Maire,
Je vous ai fait adresser récemment par le Génie les
nouvelles propositions de monsieur le ministre de la Guerre pour la création de
l’école d’enfants de troupe aux Andelys. Je crois que vous ferez bien de
prendre le plus tôt possible une décision à ce sujet et m’en donner
connaissance car je viens de recevoir de la part de monsieur le préfet du
Calvados une nouvelle proposition pour Bayeux qui paraît être assez avantageuse
et dont naturellement je dois saisir le ministre. J’ai cru devoir vous faire
cette communication dans l’intérêt de vos administrés.
Recevez, Monsieur le Maire, l’assurance de ma
considération la plus distinguée.
Le général commandant le 3ème corps
Cornat ».
Sur ces entrefaites, monsieur le maire fut saisi d’une
pétition couverte de plus de 700 signatures visant la délibération du 10 avril
1883 et demandant au conseil municipal de s’imposer de nouveaux sacrifices si
besoin était. Une commission avait été nommée par le conseil dans sa séance du
10 avril 1883 où strictement les pouvoirs de cette commission sont exprimés.
Mais monsieur le maire a pensé qu’il était sage d’en réunir les membres à titre
purement officieux afin d’étudier dans une réunion préparatoire les voies et
moyens les moins onéreux pour arriver à doter le pays de l’institution militaire
qui échappe à Bayeux et que tant d’autres villes ont sollicitée. Monsieur le
maire ajoute que si le conseil municipal est appelé à faire un lourd sacrifice
il est officiellement établi que la ville trouvera une compensation aux charges
qu’elle s’imposera par la construction simultanée du chemin de fer et de
l’école d’enfants de troupe. Telles sont les conditions dans lesquelles
l’affaire est soumise au conseil municipal.
La parole est ensuite donnée à monsieur Contant désigné
par l’ancienne commission nommée dans la séance du 10 avril 1883 pour rendre
compte au conseil du résultat de ses études et de ses recherches. Du rapport de
monsieur Contant, il résulte que la commission par 5 voix sur 6 a décidé de
proposer au conseil :
- le vote d’une subvention de 600 000 Fr demandée par
le gouvernement pour la création sur le territoire des Andelys de l’école
d’enfants de troupe,
- l’acquisition par la ville du terrain nécessaire pour
l’installation de cette école,
- un emprunt par la ville d’une somme de 600 000 Fr
versée à titre de subvention au ministre de la Guerre,
- un emprunt de la somme nécessaire à l’acquisition du
terrain,
- l’imposition extraordinaire de 0,25 cent ; la
ville devant pourvoir au service de sa dette, cette imposition n’étant pas suffisante
assurément par une surtaxe sur son octroi. Mais, dit monsieur Contant, la
commission a jugé qu’il n’y aura lieu de statuer utilement sur le détail que
quand le conseil municipal sera fixé sur les termes de la convention à
intervenir avec le ministre de la Guerre. Monsieur Contant fait ressortir que
l’augmentation qui résulterait de la nouvelle imposition de 0,25 fr proposée
par la commission équivaudrait à une augmentation de 13 pour 100 sur le
principal des contributions. Messieurs de Fontange et de Marigny prennent
ensuite successivement la parole.
Monsieur de Fontange, après avoir déclaré que nul
n’était plus que lui partisan en principe de l’institution de l’école des
enfants de troupe se demande si la ville des Andelys est bien en état de faire
les sacrifices qu’on lui demande. A ces sacrifices il n’y aura, dit-il, aucune
compensation. C’est à tort que l’on pense que l’école d’enfants de troupe sera
compensée, que le vin par exemple destiné à la consommation de cette école
donnera lieu à une perception quelconque car, dans toutes les casernes il y a
une cantine, cantine qui est exemptée de droits d’octroi. Quant au chemin de
fer, continue monsieur de Fontanges, c’est une illusion de croire que l’école
d’enfants de troupe pourra donner lieu à un mouvement suffisant pour engager la
Compagnie de l’Ouest à créer la ligne de Saint Pierre aux Andelys.
Monsieur le maire objecte qu’il dépend du conseil
municipal seul de déterminer les limites de l’octroi et qu’il ne pense pas que
le gouvernement républicain installera des cantines dans les écoles à créer et
qu’enfin il apparaît aux yeux de tous les gens les moins crédules que la
construction du chemin de fer s’impose pour un pays doté d’un service national.
Monsieur de Marigny après M. de Fontanges s’effraie des
charges énormes qui vont peser sur la ville des Andelys. « La ville des
Andelys si elle accepte les conditions du ministre de la Guerre, va épuiser,
dit-il, toutes les ressources disponibles. Que restera-t-il pour les autres
travaux à faire dans l’intérieur de la ville, travaux dont l’urgence est moins
contestable et moins contestée que celle de l’école d’enfants de troupe »
Plusieurs rappellent à monsieur de Marigny qu’au
contraire l’école d’enfants de troupe est demandée presque universellement dans
la ville, que la pétition déposée sur le bureau du conseil en fait foi.
Monsieur de Marigny reprend son argumentation en disant
qu’il ne s’arrête pas à de semblables choses, la pétition à ses yeux n’ayant
aucune valeur.
Monsieur Millard prend la parole ; il constate que
la question de l’école d’enfants de troupe a été depuis assez longtemps
commentée, discutée, approfondie, aussi bien dans le public que dans le sein de
cette assemblée pour que tout le monde soit fixé sur la véritable portée du
vote que va émettre le conseil. Il lit au hasard les noms de plusieurs
signataires de la pétition, messieurs Godart, Cavelier, Waldemann, Bigné,
Laurent, Lainey, Laubrayt, Oin-Canivet, Billon, Dubuc et tant d’autres
honorables commerçants, officiers ministériels ou propriétaires, etc. dont les
caractères et les noms donnent à eux seuls la mesure de la considération que
mérite la pétition en question.
Monsieur Dujardin proteste contre l’abus du droit de
pétitionnement. Monsieur Fessard dit : « la pétition, c’est le mandat
impératif». Monsieur le maire répond que le droit de pétitionnement est un
droit inscrit dans nos lois, que l’envoi d’une pétition ne constitue pas comme
on l’a dit un mandat impératif, qu’il y a cette nuance entre la pétition et le
mandat impératif : l’une étant une simple indication et l’autre une
injonction. La pétition tout en laissant le mandataire libre de voter selon ses
idées et sa conscience a pour effet de lui indiquer la voie qu’il serait
agréable à son mandant de lui voir suivre. Monsieur Fessard dit que les
centimes additionnels à payer pour la création de l’école d’enfants de troupe
grèveront surtout la culture.
A cette assertion monsieur le maire répond en disant
qu’il est temps de détromper le public à qui l’on répète à tort et à travers
que les impôts créés par l’administration municipale retombent sur la
population agricole et qu’il va pour cela se servir de documents authentiques.
Il dit que la culture traverse évidemment une période critique et que nul plus
que lui ne déplore la situation actuelle mais que, dans l’affaire qui occupe
spécialement le conseil, il est absolument inexact et absolument injuste de
dire que la culture supportera plus que le propriétaire ou le commerçant les
charges qui pourraient résulter d’un vote affirmatif du conseil. En effet aux
Andelys, la propriété non bâtie ?? par an, 31 992,16 Fr la propriété bâtie
et on voudra bien admettre qu’il se trouve dans les agglomérations du Petit et
du Grand Andely plus de constructions que dans le reste de la commune, 29
371,65 Fr. La contribution personnelle mobilière fournit 24 247,29 Fr et
l’impôt des portes fenêtres qui se prélève surtout sur les agglomérations 19
028,17 Fr. L’impôt des patentes fournit à lui seul une somme égale à
2 000 Fr près à l’impôt fourni par la culture 28 980,28
Fr total général des impôts 133 569,59 Fr. Il faut ajouter à cela les charges
de l’Octroi qui ne pèsent que sur les agglomérations et qui s’élèvent à 30 000
Fr par an en moyenne fournis par les seuls commerçants. On peut donc affirmer
sans démenti possible que le commerce seul sera chargé trois fois plus que la
culture par les impôts à créer.
Monsieur Julien déclare s’adjoindre aux conclusions du
rapport de la commission, bien convaincu, dit-il, que la conséquence immédiate
et inévitable de la création de l’école d’enfants de troupe, ce sera la
construction du chemin de fer qui donnera au pays une nouvelle vie et une
nouvelle prospérité au commerce local.
Monsieur Gérard demande la clôture ; elle est
prononcée sans opposition. Monsieur Lacire demande l’appel nominal. Le conseil
adoptant les conclusions du rapport de monsieur Contant prend la délibération
suivante :
Le conseil municipal :
donne acte à monsieur le maire du dépôt des pétitions
signées par les habitants de la ville
et vu :
la 1ère
délibération en date du 14 octobre 1882 par laquelle à l’unanimité il a décidé
de demander au gouvernement la création aux Andelys d’une école d’enfants de
troupe,
une autre délibération en date du 19 avril 1883 ,
la pétition adressée à monsieur le maire des Andelys
par plus de 700 habitants de la ville,
la lettre de monsieur le lieutenant-colonel directeur
du Génie à Rouen en date du 29 décembre dernier,
vu aussi la situation financière particulièrement
favorable de la ville, considérant :
qu’il entre dans les vues de la majorité de la
population de s’imposer tous les sacrifices nécessaires afin d’obtenir de
monsieur le ministre de la Guerre et des pouvoirs publics une école d’enfants
de troupe aux Andelys dans le territoire soumis à l’octroi,
que l’État tiendra certainement compte à la ville des
Andelys de son désintéressement en faveur d’un établissement national,
qu'il y a donc lieu d’espérer que la mise en œuvre des
travaux du chemin de fer devant relier les Andelys à la ligne de Paris à Rouen
suivra de près celle des travaux de l’école,
que le gouvernement dans le but d’assurer les relations
de l’école à créer avec les services dont elle dépendra, n’hésitera pas à
demander à la Compagnie de l’Ouest le réalisation des engagements pris par elle
en ce qui concerne la ligne des Andelys à St Pierre du Rouvray,
Après en avoir délibéré :
vote la création aux Andelys d’une école d’enfants de
troupe aux conditions indiquées par la
lettre de monsieur le lieutenant colonel directeur du génie à Rouen en date du
29 décembre 1883, en conséquence :
vote la subvention de 600 000 Fr demandée par monsieur
le ministre de la Guerre
s’oblige :
- à acquérir à l’amiable ou par voie d’expropriation de
qui il appartiendra le terrain nécessaire pour l’installation complète de la
dite école
- à payer le prix dudit terrain.
Ce terrain sera ultérieurement désigné à la
municipalité par le génie militaire.
Pour faire face à la dépense qu’il vient de décider,
vote une imposition extraordinaire de 25 cent à ajouter au principal des quatre
contributions. Cette imposition sera d’une durée égale à l’amortissement de la
dette. La somme nécessaire pour ledit amortissement sera complétée annuellement
tant d’un prélèvement sur les ressources ordinaires de la ville qu’au moyen d’une
surtaxe sur différents articles de perception de l’octroi et de la taxe qui
sera établie sur certains articles non imposés. Lesquelles taxes et surtaxes
seront déterminées dès que les conventions définitives avec l’État auront été
signées.
Autorise monsieur le maire à emprunter au taux le plus
avantageux pour la ville et avec amortissement annuel pour une durée qui ne
devra pas excéder 50 ans
- la somme de 600 000 Fr égale à la subvention
demandée par monsieur le ministre de la Guerre
- celle nécessaire pour payer le prix du terrain à
acquérir pour l’installation de l’école ;
Charge monsieur le maire de demander de préférence à
l’État de faire l’avance des dites sommes que la ville rembourserait au moyen
d’annuités comprenant à la fois l’intérêt et l’amortissement du capital ;
Délègue à monsieur le maire tous les pouvoirs les plus
étendus tant aux effets ci-dessus qu’à l’effet de signer avec monsieur le
ministre de la Guerre ou qui de droit toutes les conventions destinées à régler
les obligations respectives de la ville des Andelys et de l’État ;
Déclare s’en rapporter à cet égard au soin qu’il prend
des intérêts de la ville.
Les résolutions ci-dessus ont été adoptées à la
majorité de treize voix contre six.
Ont voté pour : MM. Boulay, Bizet, Millard,
Morsent, Contant, Jullien, Lemerre, Lamer, Gérard, Monton, Montaillé, Lelièvre,
Lacire ; ont voté contre : MM. Queudray, de Fontange, Dujardin,
Lemoine, Fessart, de Marigny. A la suite de ce vote, le conseil municipal
exprime le vœu que le conseil général voudra bien lui venir en aide par une
subvention.
Compte
rendu du Conseil municipal
La fin des enfants de troupe dans les régiments.
La construction des écoles d’enfants de troupe
actuellement pendante donne un grand intérêt d’actualité à l’article du Petit
Journal intitulé « Les enfants de troupe ». C’est à
ce titre que nous reproduisons cette étude :
« Si les
questions, les interpellations et discussions imprévues ne s’y opposent
pas, la Chambre des députés sera appelée avant peu à résoudre la question des
enfants de troupe. En 1832 une ordonnance royale a réglé la situation des
enfants de troupe, situation modifiée par un décret du 22 mai 1858, par la loi
du 13 mai 1875, par celle du 5 avril de la même année portant organisation de
l’école de Rambouillet, par quantité de lettres collectives, circulaires,
prescriptions qui conformément à la formule réglementaire vont être abrogées
par la loi dont le projet a le pas sur ceux du recrutement et de l’avancement.
Les enfants de troupe ont toujours été divisés en deux catégories, l’une
comprenant les fils légitimes des soldats et des sous officiers, l’autre ceux
des officiers jusqu’au grade de capitaine. Des places ne sont concédées à la 2e
catégorie qu’à défaut de candidats de la seconde ?? . Le nombre ne peut
pas excéder le tiers de l’effectif réglementaire. Les enfants ayant leur père
dans l’armée peuvent être nommés à 2 ans, rester dans leur famille jusqu’à
l’âge de 10 ans. Dès leur arrivée au régiment, ils sont placés sous la
direction du major et la surveillance d’un caporal ou d’un sous officier. Ils
couchent dans une chambre à part, prennent généralement leurs repas en dehors
de l’ordinaire ; aujourd’hui ils ne suivent plus les cours des écoles
réglementaires mais ceux du lycée ou du collège de la garnison. A 15 ans, ils
doivent être employés comme clairons, tambours ou trompettes ou bien secrétaires dans les bureaux. A 18
ans, ils sont admis de droit à contracter un engagement volontaire s’ils
remplissent les conditions voulues. Les généraux de division nomment les
enfants de la première catégorie, les commandants de corps d’armée ceux de la
seconde.
Le gouvernement et la commission de l’armée semblent
être d’accord pour modifier cette institution ; avec raison on peut
aujourd’hui louer les établissements où ces jeunes gens recevront les
développements d’une instruction militaire. Nous sommes de l’avis du général
Trochu en ce qui concerne la nécessité de débarrasser les régiments des enfants
de troupe. Mais nos considérants n’ont rien de commun avec ceux qui rendent
responsables les corps de troupe de la « flétrissure des âmes, de
l’émancipation des esprits, des désordres de la jeunesse, du déclassement de
l’âge mûr », allant même jusqu’à dire que c’est à ces corps de troupe
qu’il faut attribuer « l’étiolement des marques de constitution
scrofuleuse, de rachitisme » que l’on constate, paraît-il encore, chez les
fils de militaires. Nous avons et pour cause une autre opinion de l’armée.
Aussi nous protesterons contre l’opinion qui fait d’une caserne un lieu de
dépravation, une sorte de léproserie dont on cherche à écarter la jeunesse.
Nous affirmons que le casernement offre de nos jours
des garanties exceptionnelles d’hygiène. A tous les degrés de la hiérarchie,
chaque chef porte une attention particulière à l’état moral de ses subordonnés,
s’applique à développer chez eux le sentiment du devoir, de l’honneur et du
dévouement à la Patrie. Les anciens enfants de troupe qui servent aujourd’hui
dans l’armée - beaucoup portent les grosses épaulettes, quelques uns des
étoiles - sont là comme une protestation éclatante contre les accusations dont
le système actuel a été l’objet. Leur aptitude professionnelle, leurs qualités
physiques suffisent pour répondre de la bonne constitution du régime auquel ils
ont été soumis. Il est nécessaire d’établir une réforme dans l’éducation de la
jeunesse militaire. On doit chercher à l’enrôler sous le drapeau qu’elle
considère, selon l’expression de l’auteur que nous avons cité, comme le
préliminaire honorable et en quelque sorte le marchepied d’une carrière
ultérieure devant être pour l’âge mûr l’instrument de l’activité productive,
pour la vieillesse la sécurité.
Après avoir rendu un hommage à l’organisation qui est
appelée à disparaître, nous avons la conviction que la création des écoles est
la meilleure solution à donner au problème ayant pour but de créer un fond
permanent d’éléments préparés pour le recrutement des cadres inférieurs qui
seront alors assurés d’une considération qui leur fait quelquefois défaut. Il
faut espérer que le gouvernement et la chambre tomberont d’accord sur ce point
et que les municipalités ayant réclamé le privilège de posséder ces écoles
tiendront généreusement leurs promesses ».
Impartial
31 janvier 1884
Et chez les Allemands ?
La question des écoles d'enfants de troupe est à
l’étude. La suppression des enfants de troupe affectés aux différents corps de
l’armée et la création d’écoles militaires préparatoires pour les futurs
sous-officiers sont des mesures demandées depuis longtemps par l’opinion
publique. Aussi ne peut-on s’étonner que le ministre de la Guerre ait donné la
priorité au projet de loi militaire concernant cette question qui sera
prochainement résolue par le Parlement. Tout le monde connaît les inconvénients
du système qui est actuellement en vigueur pour élever les enfants de troupe.
Il crée de sérieux embarras dans les régiments tout en ne fournissant que des
résultats médiocres au point de vue du recrutement des sous-officiers. En
outre, il fait vivre à la caserne, dès l’âge de 10 ans, des enfants qui, bien
souvent, ont sous les yeux des exemples fâcheux.
Depuis longtemps, les Allemands ont reconnu ces
inconvénients qu’ils ont fait disparaître dans leur armée en créant des écoles
de sous-officiers-élèves. Celles-ci reçoivent des jeunes gens vers l’âge de 16
à 18 ans, gratuitement mais à la condition qu’ils contracteront un engagement
de 9 ans récemment réduit à sept années. Après un séjour de trois ans à
l’école, vers l’âge de 20 ans, les élèves rentrent dans les régiments avec le
grade de chef d’escouade correspondant à peu près à notre grade de caporal
quoique donnant le grade de sous-officier. En France nous avons fait un essai
de ce genre, c’est l’école des enfants de troupe à Rambouillet laquelle
fonctionne depuis une dizaine d’années mais les enfants y sont reçus trop
jeunes et n’ont aucun engagement ferme vis-à-vis de l’État. Aussi les résultats
fournis par l’école d’essai de Rambouillet ont-ils été jusqu’à présent peu
favorables auprès de ceux du recrutement des sous-officiers. Le système
allemand paraît bien préférable et nous devons tenir compte dans l’organisation
que nous projetons des résultats pratiques déjà obtenus par nos voisins de
l’est. Ils ont reconnu l’importance de l’âge chez celui qui détient l’autorité,
même celle du grade de chef d’escouade. Voilà pourquoi en Allemagne, ce grade
n’est confié qu’à 20 ans aux jeunes gens sortant des écoles de sous-officiers.
Ils ont reconnu en outre que c’était surtout aux régiments qu’on apprenait à
conduire les subordonnés. Aussi les écoles ne fournissent-elles annuellement
qu’un millier de chefs d’escouade, soit à peu près le cinquième des vacances
qui se produisent dans les régiments allemands. Les 4 autres 5e de ces vacances
sont remplis par des rengagés de la dernière classe libérée c’est-à-dire par
des hommes de 23 à 24 ans qui ont ainsi sous leurs ordres des soldats plus
jeunes qu’eux.
Voici maintenant quelles sont les principales
dispositions du projet de loi soumis aux chambres par le gouvernement
français :
On laisse l’enfant de troupe dans sa famille jusqu’à
l’âge de 12 ans en allouant aux parents une indemnité annuelle. On l’élève
ensuite aux frais de l’État pendant 5 ans dans une école militaire préparatoire
destinée à servir de pépinière pour nos sous-officiers. Les trois premières
années seront consacrées à compléter l’instruction militaire et à développer
les forces physiques. Les deux dernières à acquérir l’instruction militaire
nécessaire aux cadres inférieurs. Les élèves seront tenus de contracter à l’âge
de 16 ans un engagement volontaire de cinq ans qui ne comptera qu’à partir de
l’âge de 17 ans. Ils entreront comme soldats dans un régiment à la fin de leurs
études et ils pourront être promus au grade de caporal après trois mois de
stage et à celui de sous-officier après trois mois de grade de caporal.
L’admission dans les écoles militaires préparatoires sera réservée non
seulement aux fils de sous-officiers et assimilés, caporaux, brigadiers et
soldats, mais encore en vertu d’un amendement de la commission de l’armée, aux
enfants des officiers et assimilés. En outre, les fils des douaniers,
forestiers etc. seront également acceptés comme enfants de troupe. On a reconnu
que dans ces conditions, il convenait de créer six écoles militaires
préparatoires pouvant recevoir chacune un effectif maximum de 500 élèves.
Quatre de ces écoles seront destinées à l’infanterie, une à la cavalerie et la
dernière à l’artillerie et au génie.
Le ministre de la Guerre a reçu des propositions
nombreuses des municipalités qui désirent prendre à leur charge les frais
d’installation dont il s’agit. Parmi les villes dont les propositions
paraissent acceptables, nous citerons, Bourges, Rambouillet, Pezenas, Alais,
Montreuil, Yzeurre, Bayeux et les Andelys. Des conventions ne pourront être
conclues avec ces villes qu’après le vote de la loi actuellement soumise aux
Chambres. Il n’est alors à prévoir aucune dépense nouvelle. L’économie
résultant de la suppression des enfants de troupe dans les corps compensera les
dépenses nécessitées par la création des six écoles précitées. Toutefois, au
dernier moment on a constaté qu’une somme de 400 000 Fr - et non de 800 000 Fr
comme on l’a dit - serait nécessaire en sus des prévisions pour l’achat de
chevaux, de livres de classe, cartes murales, de modèles etc. On compte que
cette dépense supplémentaire pourra être couverte en partie par les offres des
villes dans les conventions à intervenir.
En résumé, le projet de loi des écoles militaires
préparatoires dont l’honorable monsieur Ballue a été le rapporteur, présente
des avantages incontestables sur l’état de choses actuel. Nous regrettons
cependant que les enfants ne soient pas pris seulement à l’âge de 14 ans pour
faire quatre années d’études et contracter à partir de 18 ans un engagement de
six années au lieu de cinq. Des caporaux de 18 ans et 3 mois pouvant devenir
sous-officiers avant 19 ans nous paraissent bien jeunes. Admis aux écoles de St
Maixent et de Versailles à 19 ans, un certain nombre deviendront officiers à 20
ans, par conséquent avant les élèves de St Cyr ou de Polytechnique. Ce n’est
pas là ce qu’on a voulu et c’est pourtant ce qui se produira si la limite
inférieure d’âge pour obtenir le grade de caporal n’est pas portée au moins à
18 ans La pâte dont on fait le soldat est bonne et – il faut le dire bien haut-
elle est supérieure à ce que les Allemands appellent leur « matériel
vivant » (lebendesmaterial) Ce
sont surtout les bons cadres inférieurs qui nous manquent. Les écoles projetées
continueront à les améliorer en développant chez nous l’esprit militaire,
c’est-à-dire les idées de discipline, de devoir et de dévouement qui font la
force des armées.
Le commandant J.Richard
L'Impartial
10 février 1884.
Le général Cornat.
Nous trouvons dans Le Figaro la notice suivante
sur le général Cornat, commandant en chef du 3e corps d’armée à
Rouen. Chacun sait ici que l’école d’enfants de troupe en projet sera sous le
commandement du général Cornat.
Le général Cornat :
Dans sa jeunesse, il fut « pipot » Mais il
est probable qu’il rêvait d’autres romans que ceux qui éclosent dans les
bâtiments sombres de la rue Descartes sur les confins de la docte montagne Ste
Geneviève. Les X eurent beau lui faire les yeux doux, il demeura froid à leur
coquetterie. Il échangea en effet l’Ecole polytechnique pour l’Ecole de Saumur
et au lieu d’un médiocre ingénieur fit un excellent officier de cavalerie.
Le général Cornat a 60 ans. Il s’est conservé très
jeune, mince, alerte, infatigable à cheval et est resté en possession, sinon de
ses cheveux, du moins de tous ses moyens. Comme cavalier, il possède à fond
toutes les connaissances hippologiques nécessaires à l’homme de cheval en
général et particulièrement au cavalier de guerre. C’est sur le terrain un
officier de grand élan, impétueux, entraînant, chargeant comme il convient à la
tête de ses escadrons et ne permettant pas qu’on lui dispute l’honneur afférant
à son grade d’être le premier au choc et au danger. C’est en un mot un
véritable général de cavalerie. Il a longtemps servi aux chasseurs d’Afrique où
il a laissé des souvenirs de vigueur et d’intrépidité.
Capitaine en 1852, chef d’escadron sept ans plus tard,
il était colonel du 4e dragons à Lille lorsqu’éclata le guerre de
1870. A la bataille de Rézonville, 16 août, au moment même où le brave général
de Clérambaut venait sur le plateau et que tout semblait perdu, le colonel
Cornat, après avoir traversé le profond ravin qui séparait sa position de celle
de l’ennemi, enleva vivement son premier escadron aux cris de « A moi,
dragons » sabrant les cuirassiers de la Garde royale prussienne et les
obligeant à battre en retraite sur Mars la Tour.
Cette journée fut du reste une des plus sanglantes de
la campagne.
« Ce n’était plus une attaque, dit le général Bonie dans son livre sur la cavalerie
française en 1870, ce n’était plus un combat, mais une mêlée vertigineuse, un
tumulte furieux, une sorte de tourbillon dans lequel 6 000 cavaliers de toutes
couleurs, de toutes armes, s’égorgeait indistinctement les uns avec la pointe,
les autres avec le tranchant. Nos malheureux lanciers de la Garde furent pris à
cause de leur veste bleue pour des dragons prussiens et massacrés sans pitié au
milieu des coups de pistolet et du choc des armes se heurtant les unes contre
les autres. On distinguait les cris de « Ne nous frappez pas, nous sommes
Français », « Pas de quartiers » leur répondaient nos dragons et
pensant que c’était une ruse de l’ennemi pour les arrêter, ils frappaient
toujours.
Il était près de 10h du soir quand l’action cessa sur
tous les points. Un profond silence s’étendait alors sur ce large plateau
abreuvé de tant de sang où depuis 9 heures du matin, la mort avait fait une si
riche moisson. Les pertes de cette bataille de 12 h furent énormes de part et
d’autre. De notre côté 16 122 hommes, 837 officiers avaient été mis hors de
combat. Nous avions fait des prisonniers et la route de Mars la Tour était
rouverte. Les Allemands, eux, avaient perdu 711 officiers, 1079 hommes et 273
chevaux ».
A son retour de captivité, le colonel Cornat fut nommé
général de brigade et envoyé d’abord à Lille puis à Verdun.
En 1875, il reçut la 3e étoile et alla
prendre à Lunéville le commandement de la
2e division de cavalerie faisant partie des
troupes du 6e corps. Quelque temps après, il fut appelé au
commandement du 4e corps d’armée au Mans. Aujourd’hui, il est à la
tête du 3e corps à Rouen. Lorsque ce grand rassemblement du 6e
corps devint vacant, par suite de la mort du général Douai, il fut un moment
question du général Cornat comme titulaire. Il est grand officier de la Légion
d’honneur.
L'Impartial
17 février 1884.
La mise en œuvre administrative.
Par décision ministérielle, monsieur le capitaine du
Génie Passelergue, a été désigné pour diriger les travaux de construction de
l’école des enfants de troupe des Andelys.
L'Impartial
3 avril 1884.
L’école d’enfants de troupe aux Andelys.
Lundi 5 mai, les officiers du Génie viendront prendre
le plan exact et le nivellement du terrain sur lequel doit s’élever l’école
d'enfants de troupe.
L'Impartial
4 mai 1884.
Les travaux préparatoires sur le terrain.
République française, département de l’Eure, ville des
Andelys, installation d’une école d’enfants de troupe.
Le préfet du département de l’Eure,
Vu la dépêche du Moniteur. le ministre de la
Guerre, en date du 18 mars dernier à monsieur le directeur du Génie à Rouen
prescrivant l’étude de détail de l’installation d’une école d’enfants de troupe
aux Andelys en prenant pour base l’emplacement proposé et reconnu sur place par
monsieur le général commandant le 3e corps d’armée,
Vu la demande présentée le 6 mai courant par monsieur
le chef de bataillon chef du Génie à Evreux pour obtenir de pénétrer sur les
propriétés où l’emplacement a été choisi afin de procéder à l’étude du détail
et représenter sur le papier la forme et les contours du terrain,
Vu les lois du 28 pluviose an VIII et 16 septembre 1807
et l’article 438 du code pénal, arrête,
Article1 :
Monsieur le chef de bataillon, chef du Génie à Evreux et les agents
placés sous ses ordres sont autorisés à s’introduire dans les propriétés
publiques ou privées, closes ou non closes, à l’effet de procéder à toutes les
opérations de levée des plans, sondages, nivellement et autres relatives à
l’installation d’une école d’enfants de troupe aux Andelys. Ces opérations
s’exécuteront sur le territoire de la commune des Andelys. Les agents du Génie
devront être munis d’une commission signée de monsieur le chef de bataillon
chef du Génie à Evreux.
Article 2 : Lorsqu’il sera indispensable de faire des
percées dans les clôtures, d’abattre les plantations ou de causer tout autre
dommage, les personnes désignées à l’article précédent en préviendront les
propriétaires ou leurs représentants sur les lieux et règleront immédiatement
avec eux l’indemnité à payer pour ce fait.
Si cette indemnité ne peut être fixée à l’amiable, elle
sera ultérieurement réglée par le conseil de préfecture après expertise
contradictoire conformément à la loi du 28 pluviose an VIII et aux articles 56
et 57 de la loi du 16 septembre 1807. Dans tous les cas, aucun retard ne devra
être apporté aux opérations. En cas de refus de la part des propriétaires de
laisser pénétrer dans les propriétés les personnes ci-dessus autorisées, ces
dernières requerront l’intervention du maire qui devra leur prêter l’appui de
son autorité.
Article 3 : Il est expressément défendu d’enlever
les piquets ou jalons, de détruire les repères placés par les hommes de l’art,
de causer aucune espèce de trouble dans les opérations dont il s’agit.
Article 4 : Monsieur le maire des Andelys est
chargé d’assurer l’exécution du présent arrêté qui sera publié et affiché.
Evreux le 7 mai 1884. Le préfet de l’Eure, Jules
Barrème
Impartial
11 mai 1884.
Une inquiétude sans fondement.
Beaucoup de nos concitoyens se sont émus de plusieurs
articles de journaux sur les enfants de troupe et notamment de cette note
publiée ces jours derniers :
« La commission relative à la suppression des
enfants de troupe s’est réunie mardi sous la présidence de monsieur de
Freycinet. Elle a entendu et approuvé le rapport du général Billot qui conclut
à l’adoption du projet avec quelques modifications de détail et qui a été
déposé au cours de la séance ».
Ils ont cru par cette lecture que la construction de
l’école des Andelys est en péril ; il n’en est rien. Il s’agit au
contraire d’enlever aux régiments les enfants de troupe afin de les grouper
dans les écoles spéciales, la création d’un de ces établissements aux Andelys a
donc plus que jamais sa raison d’être.
Des nouvelles dispositions pour les enfants de troupe.
Au début de la séance, la Chambre a voté sans
discussion le projet modifié par le Sénat sur les écoles militaires
préparatoires. Ce vote fait passer le projet à l’état de loi prête à être
promulguée. Au terme de la loi nouvelle, les fils des soldats, caporaux ou
brigadiers, sous-officiers, officiers jusqu’au grade de capitaine inclusivement
ou assimilés admis en qualité d’enfants de troupe sur la proposition d’un
conseil d’administration des corps seront désormais laissés dans leur famille
jusqu’à l’âge de 13 ans. Ils ne toucheront plus de ration de vivres mais leurs
familles recevront des allocations variant de 100 à 180 Fr suivant l’âge des
enfants. Il sera créé six écoles militaires préparatoires, quatre pour
l’infanterie, une pour la cavalerie, une pour l’artillerie et le génie. Les
enfants devront avoir 13 ans révolus et moins de 14 ans au 1er août
de l’année de leur admission dans ces écoles. Ils sont appelés à contracter un
engagement dont le terme est déterminé par la date de l’expiration légale du
service dans l’armée active de la classe à laquelle ils doivent appartenir par
leur âge. L’élève engagé entre dans l’armée comme soldat ; celui qui
refuse de s’engager est immédiatement rendu à ses parents. Le ministre de la Guerre
est autorisé à exercer soit sur leur traitement soit sur les ressources
personnelles de l’enfant une répartition égale à la moitié des frais
d’entretien payés par l’État.
Au moment de leur création et à titre de disposition
transitoire, les écoles militaires préparatoires recevront à la fois cinq
classes d’élèves de 13 à 17 ans qui entreront successivement dans l’armée après
une, deux, trois, quatre ou cinq années d’études. Cet ensemble de mesures est
propre, plus que l’institution des enfants de troupe, à préparer le bon
recrutement d’une partie des cadres
L'Impartial
du 13 juillet.
Dernières escarmouches au conseil municipal.
La séance ouverte, monsieur E. Mouton donne lecture de
son rapport duquel il résulte que la commission choisie par le conseil propose
à l’unanimité : une imposition de 0,31 cent pendant 30 ans à compter du 1er
janvier 1885 à ajouter au principal des 4 contributions. Cette imposition
constituerait une augmentation de 16,66 Fr sur les impôts actuels et une
majoration des perceptions d’octroi qui produirait annuellement d’après les
calculs sérieusement établis 16 349 Fr.
La parole est d’abord donnée à monsieur Mettais-Cartier
qui combat les conclusions de ce rapport et qui s’efforce de démontrer au
conseil l’énormité des charges qui pèseront sur la ville sans aucune
compensation car, à ses yeux, les promesses purement officieuses qui ont
été faites pour la construction du chemin de fer, n’ont aucune valeur.
Monsieur Millard, adjoint, répondant à monsieur
Mettais-Cartier rappelle tout d’abord au conseil qu’il ne s’agit pas de voter
aujourd’hui l’école d’enfants de troupe
– que le conseil municipal a voté cette école, qu’il a même dans sa
délibération du 5 juillet 1884 indiqué d’une façon générale quels seraient les
moyens financiers à employer pour faire face aux engagements que le conseil
municipal prenait vis à vis de l’État et qu’il a chargé monsieur le maire de
réaliser ces engagements dans une convention par laquelle il lui a délégué les
pouvoirs les plus étendus. C’est en vertu de ce mandat qu’a été signée la
convention du 22 janvier 1884. « Voudrait-on par hasard, demande monsieur
Millard, revenir sur une signature donnée ? »
Entrant dans les détails de la question, monsieur
Millard s’applique à démontrer au conseil les avantages de la combinaison
financière proposée par la commission.
Monsieur Mettais-Cartier a de nouveau la parole et émet
cette théorie qu’en matière administrative une signature donnée n’a pas la même
importance, la même immuabilité que dans la vie civile ordinaire, que si la
convention a été signée, le conseil s’est réservé de déterminer les moyens
financiers propres à en assurer l’exécution et qu’il lui paraîtrait
naturel qu’à ce moment, la réflexion aidant, en présence des lourdes charges
dont il va grever la ville, il recule et revienne sur ce qu’il a fait.
Monsieur Fenaux réplique à monsieur Mettais-Cartier et
procure au conseil municipal la jouissance d’entendre un véritable morceau
oratoire :
Il s’occupe tout d’abord de la nuance que son honorable
collègue veut faire entre la signature d’un particulier et la signature
collective d’un conseil municipal « Il n’y a qu’une sorte d’honneur, dit
l’orateur et un conseil municipal aussi bien qu’un particulier engage son
honneur par la signature donnée. Il serait aussi honteux de laisser protester
la signature d’une ville qu’il est déshonorant pour un homme de faillir contre
la sienne ».
Monsieur Fénaux croyait l’accord fait sur la question
de l’école d’enfants de troupe. Le suffrage universel n’a-t-il pas parlé en
effet et les dernières élections municipales – personne n’osera dire le
contraire - n’ont-elles pas eu pour plate-forme cette question même ? Les
électeurs andelysiens n’ont-ils pas signifié leurs intentions, n’ont-ils pas
manifestement approuvé l’ancien conseil municipal qui a voté l’école d'enfants
de troupe en renvoyant l’ancienne majorité au complet ou à peu près siéger sur
les mêmes bancs ? Et parmi les membres de la minorité, celui qui arrive le
premier n’est-il pas celui qui, seul, s’est rallié au sentiment de la
majorité ?
Monsieur Fénaux adresse un éloquent appel au
patriotisme du général de Fontanges qu’il voit à sa grande surprise opposé à la
création d’un établissement national dont personne parmi les hommes spéciaux
n’a contesté l’utilité et l’urgence militaire. Il estime que le tassement se
fera dans les idées et que le scrutin qui va avoir lieu doit réunir l’unanimité
des voix du conseil sans distinction de drapeau politique.
Messieurs de Fontanges et Mettais-Cartier demandent
successivement la parole :
monsieur de Fontanges affirme que l’on ne s’est jamais
adressé en vain à son patriotisme, qu’il n’a jamais hésité quand il s’est
agi(t) de rendre service à la France mais que, dans la question de l'école
d'enfants de troupe, il s’est séparé du sentiment de la majorité du
conseil ; il s’est expliqué et a donné des raisons qui ne peuvent laisser
aucun doute sur son dévouement au Pays et sur l’intérêt qu’il porte aux enfants
de troupe.
Monsieur Mettais-Cartier dit que chaque conseiller se fait
un point d’honneur de remplir fidèlement le mandat qu’il a reçu de ses
électeurs, que c’est à tort que monsieur Fenaux a introduit la politique dans
le débat et que, pour lui, c’est sans aucune arrière pensée politique, sans
vouloir pour cela non plus combattre la municipalité envers laquelle il
professe la plus entière sympathie qu’il a cru devoir émettre son opinion en
adjurant le conseil municipal de répudier cette affaire et d’éviter la ruine
qui en sera la conséquence. Ah ! si le chemin de fer se faisait en même
temps que l’école d’enfants de troupe, monsieur Mettais-Cartier la voterait,
aveuglément, sans hésitation. Mais on n’a jamais fait depuis 20 ans pour les
Andelys (attrape en passant pour ton beau-père) et le chemin de fer des Andelys
restera longtemps encore à l’état de projet.
Monsieur Lelièvre, reprenant l’argumentation de
Mettais-Cartier demande où sont les tableaux de suppléments de droits d’octroi
visés dans le rapport (ils sont sous ses yeux). Monsieur Lelièvre demande aussi
à la municipalité si elle peut affirmer officiellement que le chemin de fer
aura lieu en même temps que l’école d’enfants de troupe. « Oui, s’écrie
monsieur Dumesnil, avec le calme que nous lui connaissons. Monsieur le maire a
promis le chemin de fer en même temps que l’école d’enfants de troupe, c’est
dans la dernière délibération ». Pour apaiser le terrible conseiller
général, le maire ouvre le registre des délibérations, le fait passer à
monsieur Dumesnil qui le lit, referme soigneusement et trouve sans doute qu’il
n’a plus rien à dire.
Monsieur le maire amené à s’expliquer sur la question
du chemin de fer dit qu’il n’a jamais donné et qu’il ne donnera jamais d’autres
affirmations que celles qu’il a reçues –
assurance purement officieuse, il est vrai - mais puisqu’il est permis de faire
part à une assemblée de convictions intimes, la sienne, absolument contraire à
celle de monsieur Mettais-Cartier, c’est que le chemin de fer suivra de près
s’il n‘accompagne pas l’école d’enfants de troupe ; et cette conviction, dit
monsieur le maire, est basée non seulement sur les entretiens que j’ai eus avec
tel ou tel membre de l’Administration mais encore sur la simple logique des
faits. On traite d’enfantillage cet argument mis en avant par monsieur Millard
que les officiers instructeurs ou autres qui voudront visiter l’école
n’obtiendront pas plus par leurs plaintes et leurs doléances dans les
ministères que n’ont obtenu toutes les administrations passées ou actuelles de
la ville des Andelys - mais on ne peut pourtant pas laisser un établissement,
une école, sans relation avec les services dont elle dépend, les familles sans
communications avec l’extérieur ! - cela va de soi. Et puisqu’on a parlé
tout à l’heure de déchirer le contrat qui existe maintenant entre la ville et
l’État, croit-on que la chose - pour autant qu’elle soit admissible – soit
aussi simple que l’a dit monsieur Mettais-Cartier ? Croit-on que l’État
envers lequel on est bien et dûment engagé n’aurait pas par voie de décret le
moyen de faire remplir à la ville les engagements qu’elle méconnaîtrait et
d’imposer d’office les centimes destinés à faire face à la subvention votée
dans la séance du 5 janvier 1884 ? Quand on parle de déchirer ce contrat,
on n’a donc pas peur de représailles trop justifiées de la part de
l’État ? Eh ! quoi, vous oseriez retirer la signature que vous avez
donnée et vous viendriez solliciter pour notre chemin de fer celui à qui vous
manquerez de parole ! Vraiment ! il faut voir les choses sous un tout
autre aspect que leur aspect réel et vrai pour émettre de semblables théories.
Quand la ville des Andelys sera imposée de 31 centimes que la commission vous
propose de voter, elle sera imposée en tout de 57 centimes, y compris les
centimes afférant à la construction des écoles du Petit Andelys. Eh !
bien, les impositions actuelles, dit l’honorable rapporteur de la commission,
sont à Bouafles de 89 centimes, à Courcelles de 60 centimes, à Harquency de 48,
à Notre Dame de Lille de 40, à Boisemont de 40 centimes. Est-on plus misérable
dans ces communes qu’ailleurs dans le département ? La moyenne des
impositions dans l’Oise est de 83 centimes par commune, en Seine-et-Oise, elle
est de 92 centimes. Ce sont deux départements limitrophes. Y est-on plus
malheureux qu’aux Andelys ? Non, dit monsieur le maire. Si tous, sans
céder à des préoccupations étrangères, à des opinions déjà faites, voulaient se
pénétrer de la vraie situation de la ville, de la valeur des engagements pris
vis à vis de l’État, des résultats qui en découleront comme des conséquences que
pourrait amener leur non-observation, personne n’hésiterait et le vote que
prévoyait tout à l’heure monsieur
Fénoux serait unanime.
La clôture demandée par plusieurs membres est
prononcée. On passe donc au vote sur les conclusions du rapport de M. Monton.
Ont voté pour : MM. Bizet, Capelier, Millard, Fénoux, Jullien, Contant,
Bigné Monton, Lacire, Lemerre, Dujardin, Gérard, Meursan, et Guignard de
Marigny. Ont voté contre Queudray, Lelièvre, Lamer, de Fontange, Mettais
–Cartier, Dumesnil et Fessart.
Comme on le voit, deux membres qui étaient passés aux
dernières élections sur la même liste que la majorité l’ont abandonnée dans ce
vote, ce sont MM. Queudray et Lamer. M. Lelièvre qui avait voté en faveur du
projet, après l’avoir combattu comme l’on sait, vote contre. M.Lelièvre qui n’a
qu’une parole, la retire pour s’en servir autrement. D’ailleurs les élections
sont passées et il fallait bien s’attendre à cette évolution. M. de Marigny est
de ceux qui croient que la signature d’une ville engage la ville, à la bonne
heure, voilà un adversaire sérieux. En résumé, c’est une grosse question
résolue par une majorité de deux tiers contre un tiers.
Les Andelysiens qui liront ce fidèle compte-rendu,
pourront se rendre compte de la pauvreté et de l’inanité des arguments employés
par les ennemis de l’école d’enfants de troupe et leur impression sera, comme
la nôtre, qu’en votant l’école d’enfants de troupe, la majorité du conseil a
bien mérité du pays.
Séance
du conseil municipal du 2 juillet 1884.
Le terrain et les expropriations.
Le conseil du 6 septembre :
Le ministre de la Guerre ayant demandé si le terrain
destiné à la construction de l’école d’enfants de troupe pouvait être mis à sa
disposition, monsieur le maire s’est enquis auprès de monsieur Amaury, du Petit
Andely, propriétaire de ce terrain, des conditions qu’il mettait à sa cession.
En présence de demandes exorbitantes du propriétaire, le conseil a décidé à
l’unanimité qu’il y avait lieu de recourir à l’expropriation. M. le Maire est
ensuite chargé par le conseil de discuter les offres de l’entrepreneur chargé
de la construction du pont d’Aragon avant sa réception définitive.
L'Impartial
14 septembre 1884.
« Ministère de la Guerre
Le président de la République française sur le rapport
du ministre de la Guerre.
Vu la loi du 3 mai 1841, sur l’expropriation pour cause
d’utilité publique,
Considérant que pour la construction d’une école
d’enfants de troupe dans la ville des Andelys, il y a lieu d’acquérir diverses
parcelles de terrain telles qu’elles sont fixées par une teinte verte sur un
plan dressé le 27 septembre 1884 par le chef du Génie à Evreux et désigné dans
un état parcellaire à l’appui, ci annexé,
Considérant en outre qu’il y a urgence à prendre
possession de celles de ces parcelles qui ne sont pas bâties, décrète :
Article1. L’acquisition pour le service militaire des
parcelles de terrain susmentionnées est déclarée(s) d’utilité publique
Article 2 : La prise de possession de celles de
ces parcelles qui ne sont pas bâties est déclarée d’urgence
Article 3. Le ministre de la Guerre est chargé de
l’exécution du présent décret
Fait à Paris le 26 octobre 1884
Signé Jules Grévy pour le président de la
République
Le ministre de la Guerre signé Campenon
Pour ampliation, le conseiller d’état directeur de la
comptabilité et du contentieux. »
L'Impartial
6 novembre 1884
Jeudi 11 décembre.
Monsieur Léon Sevaistre, conseiller général de l’Eure
et de plus inconnu dans ce pays, a fait distribuer samedi par l’intermédiaire
d’une maison de publicistes de la ville, un opuscule portant ce titre :
« Rapport présenté par M.L Sevaistre à la commission départementale sur le
projet de création d’une école d’enfants de troupe aux Andelys ». Ce
document n’aurait d’autre mérite que de constituer un procès de tendance dirigé
à la fois contre le gouvernement, les ministres, l’Administration et le conseil
municipal républicain des Andelys si des gens que l’on dit assez bien
renseignés et assez malins d’ailleurs, ne répétaient que bientôt on saura le
fin mot de l’histoire, en apprenant que le rapport de M. Sevaistre peut
bénéficier aux amis du rapporteur et surtout au meilleur de ses amis. On ne
sait pas encore si c’est au Sénat ou à la Chambre que Léon Sevaistre sera
candidat. Dans quelques temps on vous dira cela. Tel est donc ce rapport
étudié, sérieux, prudent et dogmatique ; ce serait le prélude de la
bataille électorale. Je n’ai pas de conseils à donner – à mes adversaires
surtout- mais comme chroniqueur je peux bien dire ma pensée sur ce qui se passe
autour de moi. Eh ! bien j’avoue que si j’étais réactionnaire, ce n’est
pas sur ce terrain que j’aurais engagé la lutte mais puisque la chose est
jugée, archi-jugée (même électoralement) quand bien même M. Léon Sevaistre,
conseiller général d’Amfreville, fulminerait à des milliers d’exemplaires,
contre le conseil municipal et la municipalité des Andelys - cela n’y ferait ni
chaud ni froid - or j’ai pour principe qu’il est inutile de se donner du mal
pour rien. Si encore M. Léon Sevaistre, conseiller général d’Amfreville,
pouvait confier sans miséricorde, aux soins d’un aliéniste tous les
« idiots » (le mot a été prononcé au conseil municipal) qui composent
la municipalité, le conseil municipal et les 800 signatures de la pétition qu’a
provoquée le vote de cette assemblée. Mais baste, M. Léon Sevaistre ne se fait
pas d’illusion, les Andelysiens sont incurables et pas un aliéniste n’en
voudrait.
Laissons le conseiller général d’Amfreville à sa
campagne. La solitude, l’air et les plaisirs des champs le reposeront un peu de
son savant rapport, calmeront son désespoir, adouciront sans doute ses mœurs si
peu miséricordieuses. On doit vivre là loin des autres humains, sans bruit,
sans nouvelles de l’extérieur. C’est ainsi que le conseiller général
d’Amfreville-la-Campagne ignore qu’en traitant si lestement dans le prospectus
électoral qu’il a signé, ceux qui veulent une école d’enfants de troupe aux
Andelys, ce n’est pas seulement à nous qu’il aura affaire. Simple idiot des
Andelys, nous nous effacerons devant un collègue de M. Sevaistre au conseil
général et nous laisserons la parole à M. Louis Passy pour « suivre
heureusement » cette affaire comme il l’a promis dans une lettre que nous
avons publiée à son heure.
Document réalisé par Mlle
Chêne en mai 2003, à partir des documents de la B.N.
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