1915 (1) : Un ancien élève mort au champ d'honneur, un ancien officier instructeur de l'école militaire à l'honneur, des promotions méritées, les derniers arrivants, Les Andelys centre d'instruction, décès du lieutenant-colonel Desplat ancien commandant de l'école militaire, un insoumis, des décorations pour des anciens de l'école, même pendant la guerre les études continuent, une affiche à apposer, quand finira la guerre, des nouvelles du commandant Desplats, un nouveau commandant pour l'Ecole, des maraudeurs, encore une distinction, nouveau changement à la tête des écoles militaires andelysiennes, une cérémonie émouvante, de la viande congelée, une nouvelle distinction et des nouveaux arrivants, lettre d'un brave.

Janvier

Un ancien élève mort au champ d'honneur.
Voici qui fait le plus grand honneur à notre École d’enfants de troupe :
Chassignol, sergent au 23e RI, ancien élève de l'École militaire, âgé de 17 ans, placé sur sa demande dans un groupe franc, s'est vite fait remarqué par son intelligence, son brillant courage et son sang-froid. Cerné par l'ennemi pendant une reconnaissance, s'est défendu vaillamment et n'a succombé qu'après avoir vendu chèrement sa vie. Son corps, repris par ses camarades, à proximité des tranchées ennemies, a été trouvé enveloppé sous sa capote, dans les plis d'un drapeau tricolore.
L ‘élève Chassignol s’était engagé dès le mois de septembre, alors qu’il était dans sa famille.


Février

Un ancien officier instructeur de l'École militaire à l'honneur.
M. Besse, ancien cadre de l'École militaire est promu à titre définitif au grade de capitaine. Après avoir pris part à plusieurs combats en Lorraine et en être sorti sauf, il reçut en août dernier une balle à la tête, alors qu'il conduisait sa compagnie à l'assaut. Bien que non complètement remis il demande à reprendre sa place dans le rang.
En novembre, au cours d'une attaque de nuit ayant pour objet de s'emparer de tranchées ennemies sur les bords du canal de l'Yser, le capitaine Besse, qui commandait la compagnie d'avant-garde du bataillon, contribua efficacement par son énergie morale et son exemple au succès de cette affaire, au cours de laquelle les ennemis furent rejetés de l'autre côté du canal.
On peut donc dire que c'est à la pointe de l'épée que M. Besse a obtenu son troisième galon. Ce sympathique officier continue à montrer toujours le calme, la bonne humeur et cette bravoure personnelle qui donne à son commandement une exceptionnelle autorité.




Mars

Des promotions méritées.
Le 3 mars, l'Impartial rend compte des promotions parues au Journal Officiel  :
M. Vayre, ancien lieutenant-trésorier de l'École au grade de capitaine ;
Le lieutenant-colonel Desplats est promu définitivement à ce grade.

Compte rendu en annexe.

Les derniers arrivants.
Les menaces allemandes se précisant sur la région parisienne, les élèves de la 1ere compagnie de l'École militaire préparatoire de Rambouillet viennent se réfugier à l'École militaire des Andelys le 1er mars. Ils rejoignent ainsi les élèves de Montreuil sur mer.
Les logements de l'École sont utilisés à leur optimum. Il n'est donc pas question d'accepter de nouveaux occupants, a fortiori des soldats comme cela semble avoir été envisagé.

Les Andelys deviennent un centre d'instruction.
…  des soldats chaleureusement accueillis ... qui s'entraînent pour chasser les barbares de notre chère France.

Lire le compte rendu en annexe.

Décès du Lieutenant-colonel Desplat, ancien commandant de l'École militaire.
Ce décès qui remonte au 28 février, fait l'objet d'un compte-rendu mis en annexe.

Un insoumis.
Un ancien maître d'armes de l'École, Victor Capon, ayant professé des doctrines anarchistes à sa rentrée dans la vie civile, vient d'être condamné à cinq ans d'emprisonnement par le 3e conseil de guerre de Paris. Pour sa défense, cet ami des bandes de Bonnot et Garnier, a prétendu que ses opinions lui interdisaient de payer sa dette envers la Partie.
Le journaliste d'écrire : " C'est on ne peut plus commode. Mais heureusement les gendarmes veillent."

Des décorations pour des anciens de l'école.
Le capitaine Schilizzi, ancien cadre de l'École, capitaine au 146e RI est cité dans l'ordre de la Légion d'honneur.

Même pendant la guerre, les études continuent.
Les résultats aux examens du certificat d'études primaires supérieures sont considérés comme excellents : 27 admis sur 30 présentés. Ces résultats font l'objet d'une attention particulière du ministère de la Guerre qui s'empresse d'adresser un télégramme de félicitations au commandant Bourdot :
" Le Ministre a appris avec plaisir les beaux succès obtenus par notre École aux examens du CEPS. Il exprime sa satisfaction aux commandant, maîtres et élèves."


Avril

Une affiche à apposer.
“ Défense de prononcer ici aucune parole de découragement, de lassitude, de critique ou de tenir des propos de nature à affaiblir l'énergie patriotique et la confiance absolue dans nos chefs et dans nos Alliés.”
Cette affiche est à apposer dans les bureaux, magasins et réfectoires, à l'initiative de l'Impartial, suite aux désirs de nombreux lecteurs.


Juin

Quand finira la guerre.
Des mathématiciens ont trouvé le moyen de fixer la date à laquelle prendront fin les hostilités :
" Prenez, disent-ils, les dates des trois guerres franco-allemandes. Chacune d'elles a chevauché sur l'espace de deux ans. Additionnez 1814 et 1815 ; cela donne 3629. Additionnez maintenant 2 à 2 les chiffres de ce total : 3 et 6 donnent 9 et 2 et 9 donnent 11, autrement dit le 9 novembre ; c'est en effet la date du traité de Paris.
Faîtes de même pour la guerre suivante 1870 et 1971 : 1870 et 1871 donnent 3741, 2 à 2 cela donne 3 et 7 qui donne 10 et 4 et 1 qui donne 5, soit le 10 mai, date du traité de Francfort.
Pour la guerre actuelle 1914 et 1915, les mêmes calculs donnent le 11 novembre, date du traité de demain.

Il est vrai que cela ne donne pas l'année, mais quand même....







Juillet

Des nouvelles du commandant Desplat.
Une promotion au grade de lieutenant-colonel bien méritée. " Depuis plus de cinq mois, le commandant Desplat est en plein feu dans les forêts de l'Argonne, où il n'  a cessé de déployer les plus brillantes qualités d'un chef de guerre, ainsi qu'en font foi les citations glorieuses dont il a été l'objet, en récompense de ses éminents services, le généralissime vient de le nommer lieutenant-colonel et de le placer à la tête de son régiment, dont le colonel a été mis hors de combat.
Cette promotion n'est pas faite pour nous surprendre, non plus que tous ceux qui l'ont vu à l'oeuvre pendant les quelques mois qu'il fût à la tête de notre École d'enfants de troupe ; rarement école militaire eut à sa tête un chef aussi entraînant, aussi persuasif, actif, énergique, alerte et ardent ; travailleur infatigable, prêchant d'exemple, il obtenait de ses élèves, de ses subordonnés et de ses collaborateurs ce qu'il voulait ; c'est lui qui apprit à nos enfants de troupe, à donner à leur salut militaire un cachet d'élégance et de fierté bien française.
Que de belles revues, il donna au public andelysien ! Les vieillards et les malades de l'hôpital hospice, eux-mêmes, n'ont pas oublié les bonnes séances musicales qu'ils doivent à la délicate attention du commandant Desplats.


Août

Un nouveau commandant pour l'École.
Le chef de bataillon Gay, du 128e RI, amputé d'un bras à la suite d'une blessure de guerre est nommé commandant des deux écoles de Montreuil sur Mer et des Andelys. Le chef de bataillon Bourdot, peut-être grâce aux bons résultats scolaires obtenus sous son commandement, est affecté aux services spéciaux du territoire du gouverneur militaire de Paris.

Des maraudeurs.
Depuis quelques temps le personnel de l'École militaire s'apercevait que des maraudeurs venaient ramasser, au champ de tir de Paix, les débris de balles, de cuivre et de plomb provenant des tirs ; les enfants de B et D des Capucins, dont les parents s'empressaient de vendre le produit de ces vols aux brocanteurs et chiffonniers de la ville. Ce préjudice causé à la Défense nationale est passible de la juridiction militaire.






Septembre

Encore une distinction.
Le lieutenant-trésorier de l'École, M. David, vient de recevoir la Légion d'honneur et la Croix de guerre. Il a été grièvement blessé au cours d'un combat au cours duquel
" il se battit comme un lion."
Le journal lui adresse ses très respectueuses félicitations.
Lire le compte rendu de cette manifestation en annexe.

Nouveau changement à la tête des écoles militaires andelysiennes.
Le commandant Forcinal, compatriote gisorien, un des grands mutilés de guerre, vient de prendre le commandement de l'École des Andelys, le commandant Gay conservant le commandement de l'École de Montreuil.

Une cérémonie émouvante.
L'Impartial du 20 septembre relate la cérémonie du dimanche précédent, une de ces nombreuses cérémonies qui ont jalonnées les années  de la Grande Guerre. Le compte rendu est annexé à la présente chronique.

De la viande congelée.
Lors de l'adjudication de viande fraîche destinée à l'École militaire il est fait mention de viande congelée.


Octobre

Une nouvelle distinction et des nouveaux arrivants.
Le commandant Forcinal reçoit la rosette d'Officier de la Légion d'honneur.
Compte rendu d'une cérémonie sous le commandement du chef de bataillon Forcinal au cimetière du Grand Andely au carré de l'École militaire puis sur les tombes des soldats sis au cimetière du Petit Andely.

Compte rendu en annexe.

Arrivée des premiers prisonniers allemands qui sont affectés au ramassage des betteraves.

Lettre d'un brave.
Le 23 octobre 1915, dans la tranchée.
« Mon régiment avait été désigné pour prendre part à la fête. Nous devions enlever le Bois S.... . Le choc fût effrayant. Les journées terribles, mais glorieuses.
Pendant trois jours, sans discontinuer, nos inlassables artilleurs firent une savante et minutieuse préparation. Nous étions complètement abasourdis ; impossible de s’entendre parler à voix haute ; il fallait crier pour arriver à se faire comprendre.
Enfin, le jour solennel est arrivé. L’attaque doit se déclencher à 9h15.
Accroupis dans leurs tranchées, nos poilus, anxieux, frémissants, attendent l’heure fixée pour bondir.
Le moment décisif est arrivé. A l’heure réglementaire, les tirailleurs surgissant de leurs trous de taupe, nous précèdent. Nous nous élançons, ensuite, la baïonnette haute, menaçante, la rage au coeur ; la vague alors se forme et se précipite au pas de course vers le repaire des bandits ; c’est une ruée magnifique, irrésistible. Les Boches, surpris, tirent à peine quelques coups de fusil ; le choc est rapide et sauvage. La joyeuse et terrible Rosalie s’enfonce, jusqu’à la croisière, dans la poitrine de tous les lâches occupants de la tranchée, qui, se voyant perdus, cherchent à nous apitoyer sur leur sort en braillant comme des ânes, leur traditionnel « Kamrad, Kamrad.» Nous ne déchargeons même pas nos magasins : tirer cela prend du temps ; les grenades à main, à leur tour, entrent en danse. Habilement lancées par nos nettoyeurs de tranchées, elles voltigent au dessus des boches et les pulvérisent.  La vue du sang qui coule à flots nous enivre, la fièvre nous agite, et taillandant à droite et à gauche, nous voulons en finir au plus vite à cet endroit. C’est une vraie boucherie et nous piétinons un vrai charnier humain.
Peu importe, il faut encore pousser de l’avant car il reste une tranchée à prendre. Nous nous élançons, pour la seconde fois, la baïonnette, encore rougissante, les mains en sang à l’attaque de la tranchée désignée, qui balayée par notre artillerie d’abord, tomba facilement entre nos mains.
Les autres vagues de renfort, sorties à intervalles réguliers, complètent l’ouvrage et emploient le reste du jour à nettoyer le bois de ses derniers défenseurs. Après ce terrible effort, le bois S.... est à nous : plus de 500 prisonniers, 10 minenwerfers, 15 mitrailleuses, des armes, des munitions et un matériel de toute sorte, étaient tombés entre nos mains.
Pour ce brillant exploit, le général C.... commandant la division marocaine, à laquelle nous étions rattachées pour l’attaque, a cité le 247e à l’ordre de la division et notre drapeau a été décoré de la Croix de guerre.
J’ai, en plus, la grande joie de vous annoncer, que pour ma conduite au feu pendant ces terribles journées, 25, 26, 27 et 28 septembre, je viens d’être l’objet d’une « Citation à l’ordre de l’Armée» ; cela fait ma deuxième citation.
Le général m’a décoré de la « Croix de guerre avec palme» et après m’avoir donné l’accolade, m’a chaudement félicité.
Voilà, cher Monsieur, le résumé succinct des glorieux combats, auxquels j’ai eu l’honneur de prendre part, tout dernièrement.
Je m’en suis tiré sans une égratignure.

Le moral reste toujours excellent ; on les aura.»

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