Commémoration de l’Armistice de 1945 aux
Andelys
Monsieur
Haby ministre de l’Education
a
inauguré la cité scolaire Jean-Moulin
A la demande de son collègue M. Tomasini
maire des Andelys M. Haby, ministre de l’Éducation, est venu présider, en ce 8
mai, férié parce qu’il coïncidait avec l’Ascension, les cérémonies
commémoratives de l’Armistice de 1945.
La partie principale du programme était
l’inauguration du groupe scolaire Jean Moulin et notamment du C.E.T., construit
dans l’ancienne école militaire que nous avons présenté une nouvelle fois la
semaine passée à nos lecteurs.
Programme très copieux, trop copieux,
puisqu’il prévoyait en 3 heures temps environ :
une réception à l’hôtel de ville avec
présentation des corps constitués, remise de la Médaille d’or des Andelys au
ministre, dépôt de gerbes au monument aux morts de l’ancienne école militaire,
visite et inauguration de la cité scolaire, décorations, discours, inauguration
de la rue du 3ème bataillon de marche de Normandie (que forma et
commanda le commandant Fromager avec les anciens F.F.I. de l’arrondissement),
l’inauguration de l’exposition sur la Résistance au centre municipal des
jeunes, l’inauguration du square général de Lattre de Tassigny dans l’ancien
domaine des Sources, cérémonie au monument aux morts de la ville et enfin
réception et vin d’honneur à la salle des fêtes.
Aussi ne faut il pas s’étonner qu’un tel
programme ait tenu tout autant du
gymkhana automobile et du rodéo motorisé que du culte de l’Alma Mater.
L’Alma mater autrement dit la mère
nourricière, c’est ainsi que l’on appelait naguère l’université, du temps
où existait un ministère de l’Instruction publique.
Et jadis les poètes latins employaient
cette expression d’Alma mater pour désigner la Patrie.
La Patrie : vous vous rendez
compte !
Alors que l’Instruction publique ayant
perdu son nom, et l’instruction civique n’étant plus enseignée, on a eu un
ministère rebaptisé d’abord de l’éducation nationale, puis l’épithète
nationale ayant été désagréable à certains, on s’est empressé de la faire
disparaître pour n’avoir plus qu’un ministère de l’éducation.
Laquelle ?
Pour ce qui est du sentiment national il
ne saurait être louable que chez certains étrangers : Palestiniens,
Israéliens, Khmers (rouges) et d’autres.
Quoiqu’il en soit le ministre de l’Éducation
s’est fait conspuer aux Andelys par plusieurs centaines de manifestants parmi
lesquels figurait un important contingent des membres de son personnel de
l’enseignement et leurs élèves.
Et l’éducation, n’étant plus nationale,
des sifflets et des huées ont marqué le dépôt de gerbe et ce qui devait être la
minute de silence au monument aux morts de l’ancienne école militaire.
Le cortège des manifestants portant de
nombreuses banderoles avait traversé toute la ville depuis la place Nicolas
Poussin jusqu’au quartier du Levant où des barrières leur avaient été aménagées
pour leur regroupement face à l’entrée principale où ils attendirent l’arrivée
du cortège officiel qu’ils saluèrent en poussant des slogans tels que :
-
Haby des crédits,
-
Non à l’austérité,
-
Haby ta réforme ne passera pas,
-
On enterre la réforme,
-
Des sous pour l’école pas pour les
monopoles,
-
Haby, Toto, c’est zéro,
Etc…, etc…
A la cité scolaire Jean-Moulin
A la nouvelle cité scolaire Jean Moulin
MM. Ridou, directeur du C.E.T. et M. Meynaud, directeur du C.E.S.,
accueillaient de nombreuses personnalités parmi lesquelles outre MM Haby et
Tomasini : MM Brachard, préfet de l’Eure, Héon, président du conseil
général, Chevalier, recteur de l'université de Rouen, Santerre, inspecteur
d’académie, de nombreux combattants volontaires de la Résistance, chefs
d’établissements d’enseignements, représentants d’associations patriotiques,
élus locaux.
Dans le hall du futur atelier de mécanique
auto transformé en salle de réunion et où se faisait entendre la fanfare libre
de Perriers-sur-Andelle, M. Haby remit les insignes d’officier des Palmes
académiques à M. Blondeau, directeur du C.E.S. des Andelys et de chevalier du
même ordre à Mme Lise Gilles, directrice du C.E.S. d’Etrépagny, à MM Gustave
Meynaud, directeur du C.E.S. Jean Moulin aux Andelys et Bernard Lefebvre,
directeur du C.E.S. de Fleury sur Andelle.
Puis M. Tomasini salua la présence de
M.Haby et des personnalités.
Il rappela que le nom de Jean Moulin
donné au nouveau groupe scolaire était celui du fondateur et du premier
président du Conseil national de la Résistance. « Il a voulu, dit-il,
rassembler la diversité française, nous avons voulu faire de même aux
Andelys ».
Soulignant longuement les réalisations
accomplies ou espérées aux Andelys, il rappela parmi ces dernières la création
d’un lycée.
M. Lenormand président des Combattants
volontaires de la Résistance de l’Eure, dédia les cérémonies de ce jour au
souvenir de ses compagnons disparus dans la tourmente et rappela aux jeunes que
l’Histoire est un perpétuel recommencement et que des civilisations millénaires
ont disparu pour s’être abandonnées aux querelles byzantines, à la facilité et
au matérialisme.
M. Haby, ministre de l’Éducation, termina
la série des discours :
« Jean Moulin fut de ce peuple des
ombres dont a parlé Malraux et qui ont redonné vie et sens à l’humanisme, il
était juste qu’une cité scolaire porte ce nom héroïque […] le peuple des ombres
n’a pas fait la guerre pour faire la guerre, mais la paix : combat contre
l’ignorance et les préjugés, tout ce qui prive l’homme de son esprit de
fraternité […] l’objectif de l’enseignement rejoint ce combat.
L’action enseignante essentielle est
destinée à affranchir l’homme. Il importe que les enseignants en aient la
conscience nette ».
Après avoir rendu hommage aux
enseignants, leur ministre les invita à faire réflexion sur leur mission.
« On ne peut séparer l’école de la
Nation […] Il n’est pas admissible qu’un enseignant utilise sa situation
privilégiée pour faire passer ses options personnelles, notamment politiques,
dans l’esprit des enfants … ».
Et le ministre conclut sur la nécessité
de redéfinir et d’élargir l’esprit de laïcité.
Au
monument aux morts
Au cours de la cérémonie au monument aux
morts des Andelys M. Lenormand, président des C.V.R. de l’Eure, a reçu la croix
de Chevalier de la Légion d’honneur ; Mme Marguerite Ricard de Vernon, la
médaille de la France libérée, la croix du Combattant volontaire de la Résistance
et la croix du Combattant ; M. Ricard, son mari, la croix du Combattant et
celle de la Résistance ; M. Gilbert Beausac, des Andelys, croix du
Combattant et celle de la Résistance ; MM. Pigné, Gosse, Lecoq et Nicolas,
les deux également ; Toutain la croix du Combattant.
Ce trentième anniversaire de la victoire
de 1945 sera le dernier célébré en France, a dit au soir des cérémonies M.
Valéry Giscard d’Estaing, dans un souci d’abolir ce qui peut nuire au
rapprochement européen.
Retranscription article paru dans le
journal l‘Impartial en date du 10 mai 1975
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