Janvier
Des promotions.
M. le chef de bataillon Ourta, commandant
l’École militaire, vient d’être proposé pour le grade de lieutenant-colonel. MM
Chabot et Gidde sont nommés, le premier adjudant et le second sergent-chef. M.
le sergent Rose est proposé pour le grade d’adjudant.
L'Impartial du 9 janvier
Mars
Participation
de la ville à la fête du cinquantenaire de la création de l'École militaire des
Andelys.
Monsieur le maire expose que Monsieur le
chef de bataillon Ourta, commandant l'École militaire préparatoire de notre
ville lui a fait part de l'organisation du cinquantenaire de la dite École qui
aura lieu les 10 et 11 juillet prochain.
Qu'à cette occasion, un programme est
élaboré et comprendra le samedi 10 juillet, une retraite aux flambeaux, le
lendemain réception des autorités à l'Hôtel de ville à 10 heures, prise d'armes
à l'École, visite et banquet, feu d'artifice et bal.
Etant le caractère de cette fête et pour
assurer son succès le chef de bataillon a sollicité le matériel des fêtes de la
ville, ainsi qu'une subvention pour le feu d'artifice et l'allumage de la rampe
de l'Hôtel de ville.
La commission des finances après examen a
émis l'avis d'accorder une subvention de 2 000 francs pour les causes sus
énoncées, ainsi que le prêt du matériel des fêtes.
Le conseil après en avoir délibéré,
A l'unanimité ratifie purement et
simplement l'avis de la commission des finances et vote la somme de 2 000
francs, à titre de subvention à l'École militaire pour le feu d'artifice ;
Dit que la somme sera prélevée sur
l'article 70 du budget primitif de l'exercice 1937 et sera payé entre les mains
de Monsieur le chef de bataillon Ourta, commandant l'École militaire.
Délibération du conseil municipal du 13
mars 1937.
Fête du
Cinquantenaire de l'École militaire préparatoire des Andelys.
En octobre 1887, s'est ouverte l'École
militaire préparatoire des Andelys. Le cinquantenaire de cette fondation sera
fêté avec éclat les 10 et 11 juillet 1937.
Les anciens élèves des Andelys ont déjà
fait connaître qu'ils seront nombreux à cette cérémonie. Beaucoup ont manifesté
leur joie d'aller revoir leur École.
Ils y seront accueillis avec le plus
grand empressement et rapporteront de leur visite un souvenir réconfortant.
Le programme est le suivant :
Samedi 10 juillet : Retraite
aux flambeaux. Illuminations de l'École et du parc. Veillée d'armes au monument
aux morts.
Dimanche 11 juillet :
10
heures : Réception des autorités. Revue et défilé des élèves. Dépôt
d 'une gerbe au monuments
aux morts. Visite de l'École.
12
heures : Banquet par souscription dans une salle de l'École.
14
h 30 : Fête symbolique de plein air. PRO PATRIA
1er
Tableau. - Les travaux de la Paix.
2ème
Tableau. - La Jeunesse.
3ème
Tableau. - L'Appel pour le défense du Pays.
Soir :
Feux d'artifice. Bal.
La fête sera présidée par un A.E.T. des
Andelys. Il importe que tous les anciens de l'École soient présents. Pour le
banquet se faire inscrire dès maintenant en envoyant la somme de trente francs
au commandant de l'École. Pour tous détails complémentaires, s'adresser
également à l'École militaire préparatoire des Andelys.
Le Journal des AET mars, avril 1937.
La remise de
la croix de chevalier de la Légion d'honneur aux drapeaux des Écoles militaires
préparatoires.
Dimanche dernier, 14 mars, a eu lieu à
Autun une émouvante cérémonie sous la présidence du général Duffieux,
inspecteur général de l'infanterie, membre du Conseil supérieur de la Guerre,
remplaçant M. Daladier, ministre de la Défense nationale, retenu à Paris par
les devoirs de sa charge.
Il s'agissait de remettre la Croix de
Chevalier de la Légion d'Honneur aux drapeaux des Écoles militaires
préparatoires, déjà titulaires, depuis 1927, de la Croix de guerre aux couleurs
de la Médaille militaire.
Dès la veille, une foule d'anciens
enfants de troupe, tant civils que militaires de tous grades, venus des quatre
coins de la France et même des colonies se pressaient dans les rues richement
pavoisées de la vieille cité romaine, habituellement endormie, et lui rendaient
provisoirement l'animation qu'elle dut avoir lorsqu'elle possédait 80.000 âmes.
Une belle retraite aux flambeaux suivie
d'un magnifique concert, servirent de préludes aux cérémonies grandioses du
lendemain.
Dimanche matin, dès 6h30, réveil en
fanfare par la musique, les tambours et les clairons de l'École militaire.
Puis, à 8 heures, salve d'artillerie.
A 8h45, eu lieu un service religieux pour
les différents cultes, fait curieux, ce fut un ancien élève de l'École d'Autun,
passé dans les ordres, qui célébra la messe à la mémoire des enfants de troupe
morts pour la Patrie et en l'honneur des délégations.
Un pénible incident devait marquer le
début de l'office. Sous le coup de l'émotion, un vieillard de 72 ans, ancien
professeur de l'École militaire de Billon, M. Rouve, s'affaissa subitement sous
le porche de la cathédrale, terrassé par une embolie.
A 10H45, les délégations de toutes les
sections de France et des colonies se trouvèrent réunies à l'École pour
attendre l'arrivée des personnalités civiles et militaires.
Cinq minutes après, le général Duffieux,
accompagné des officiels faisait son apparition sur l'esplanade de l'École,
passait rapidement en revue les troupes puis rendaient les honneurs, puis se
dirigeait vers la tribune pour saluer les autorités.
Sous les rafales d'une pluie diluvienne,
les drapeaux des cinq écoles militaires préparatoires : Les Andelys,
Billon, Autun, Epinal et Tulle, vinrent se ranger, accompagnés de leurs
escortes, face à la tribune officielle. Ce fut alors la cérémonie
traditionnelle. Le général Duffieux s'avança suivi des généraux Matter, Stéhlé
et Bourrel et de Monsieur Viacroze, président général des A.E.T., et accrocha
les insignes à l'étoffe du drapeau de l'École d'Autun, tandis que les autres
nouaient le ruban rouge sous la lance du drapeau des quatre autres
écoles . Ce fut à Monsieur Viacroze, un ancien des Andelys, qu'échut
l'honneur de décorer le drapeau de sa vieille école, dont il a conservé le
souvenir attendri.
Marseillaise,
défilé, la cérémonie était terminée.
A partir de 11 heures 30, ce fut la
visite de l'École sous la conduite des élèves. Puis, à 12 h. 30, devant les
troupes présentes, le général Duffieux déposa au Champ de Mars, une gerbe de
fleurs au pied du monument aux morts de la ville d'Autun. Une fois encore la
Marseillaise, suivie de la dislocation du cortège.
L'Impartial du 20 mars.
La remise de la Légion d'honneur aux
drapeaux des écoles militaires préparatoires ne fut pas seulement une
manifestation solennelle. Elle fut aussi un acte d'une haute portée morale pour
notre Association toute entière. Elle a scellé d'une manière indissoluble les
liens qui nous attachent aux écoles dont nous sommes issus ; elle a
matérialisé entre nous et l'institution qui nous a formés les rapports sentimentaux
qui étaient vivaces dans nos cœurs. Sans distinction d'âge, de situation,
d'école, tous les spectateurs présents se sont sentis traversés par une émotion
profonde comme jamais nous n'en avions ressenti. De ce fait, l'Association, au
moment où elle peut célébrer le vingt-cinquième anniversaire de sa naissance,
entre dans une phase nouvelle. Plus forte, plus nombreuse, plus agissante, plus
virile que jamais, elle puise, dans la cérémonie du 14 mars 1937, des raisons
morales d'être encore plus unie et de poursuivre avec plus d'ardeur l'œuvre
éducative et philanthropique qu'elle s'est assignée pour but.
Cette confiance dans nos destinées, ce
souci désintéressé d'accroître le rendement social de la belle jeunesse formée
dans les écoles, le sentiment fraternel de nous aider les uns les autres pour
répondre aux légitimes aspirations des enfants de troupe, doivent avoir pour
conséquence une propagande intense en vue d'accroître le nombre de nos
adhérents et de rallier tous ceux dont la place est à nos côtés.
Il n'y a pas à douter que chacun des
spectateurs du défilé d'Autun soit rentré dans sa garnison, ému jusqu'aux
larmes à la vue de ces élèves qui continuent d'une manière si magnifiques, la
tradition que nous avons constituée. S'ils sont fiers de notre œuvre, nous
sommes fiers de les avoir vus si beaux, si alertes, si coquets. Ils ont admiré
leurs anciens et nous les avions enviés. Ils ont placé en nous leur
espérance : elle ne sera pas déçue et si nous avions besoin
d'encouragements pour persévérer dans la tâche que nous nous sommes assignée,
nous les trouverions dans le clair et loyal regard que nous avons vu briller
dans les yeux de tous ces adolescents, transfigurés par la grandeur du
spectacle auquel ils furent associés.
Nous avons pensé que le récit de cette
inoubliable cérémonie gagnerait en portée, s'il reflétait exactement les
sentiments éprouvés par nos jeunes camarades. Aussi, c'est à des élèves
d'Autun, transformés en collaborateurs occasionnels et bénévoles que nous avons
confié le soin de rédiger le compte-rendu de la cérémonie. Nous remercions
cordialement MM. Fougère, élève du cours spécial, Bartel, élève du cours
secondaire, et Guelfi, élève de 3ème année E.P.S. du concours qu'ils
ont bien voulu nous apporter et dont tous nos camarades apprécieront la
qualité.
Lucien
NACHIN
Le Journal des A.E.T. 1937
«Allons !
Enfants de la Patrie »
« Le
jour de gloire est arrivé »
Ce cri sublime, qui éclata spontanément à
Autun, à l'issue du vibrant discours du général Dufieux, ne fut pas seulement
une évocation de notre hymne national : ce fut, plus encore peut être,
l'expression de la pensée unanime de tous les enfants de troupe qui se
trouvaient réunis dans la salle des fêtes de l'École, après la décoration des
drapeaux.
De tous les coins de France, les anciens
élèves étaient accourus pour assister à cette manifestation. Nous avions
souhaité une cérémonie grandiose : ce fut une apothéose ! Nous
voulions que cette réunion fut digne de la récompense qui nous était
décernée : ce fut un événement dont les moindres détails resteront
profondément gravés dans la mémoire de tous les spectateurs, tant l'impression
produite a été vigoureuse, tant l'émotion a été intense.
Rien n'a manqué pour que se produise,
avec la maximum d'intensité, ce choc moral qui associe étroitement, pendant
quelques instants, les éléments les plus divers d'une foule.
Tout d'abord : le cadre. C'est la
vieille cité d'Autun, au pied du Mont Beuvray, un des centres religieux de la
Gaule : la silhouette trapue de l'oppidum des Eduens évoque invinciblement
le souvenir de ces boulevards de la Patrie autour desquels, dans le
cours des siècles, se jouent les destinées d'un pays. C'est l'École d'Autun,
splendide monument de l'architecture bourguignonne, dont la sobriété des lignes
est adoucie par l'enchaînement gracieux des arcades comme le ton rude des
vieilles pierres est ravivé par l'éclat de la toiture bariolée.
A côté de l'ancien séminaire, les
nouveaux bâtiments scolaires rappellent qu'une transformation profonde a été
accomplie et qu'une autre jeunesse vient ici s'instruire et s'éduquer.
Puis : le milieu. Autun est en
liesse. La ville est pavoisée. Autour de l'École les voitures et les autocars
déversent un flot croissant d'invités : dans les allées, dans les cours,
les groupes compacts des arrivants font des taches mouvantes de couleur qui
contrastent avec l'immobilité monochrome des troupes massées dans le fond de
l'esplanade. Les délégations, à peine constituées, se disloquent pour se mêler,
avec des exclamations de joie, à de vieux camarades que l'on n'attendait pas.
L'atmosphère enfin. Une même joie
heureuse se lit sur tous les visages, la même satisfaction de se trouver réunis
pour cette solennité, le même sentiment de fierté d'être associés à cette
glorification de notre passé, la même gratitude pour tous ceux à qui nous
sommes redevables de cette magnifique consécration donnent un air de famille à
tous les participants. Merci de tout cœur à tous ceux de nos camarades qui, à
la même heure ont, par la pensée, communié avec nous et nous ont transmis des
voeux, ardents de sympathie et d'affection !
Merci à ceux qui, bravant
la distance et les intempéries, sont venus à Autun nous procurer ces sentiments
de force et de cohésion qui naissent du coude à coude ainsi qu'aux présidents
de sections qui firent si bonne propagande !
Merci à nos chères écoles et à leurs
dévoués commandants de nous avoir mis en contact avec les délégations d'élèves,
avec cette belle jeunesse si vibrante et devant qui s'ouvrent de si belles
perspectives d'avenir ! Merci à l'École d'Autun : au commandant
Leccia dont l'organisation impeccable fut un triomphe, à ses cadres, à ses
élèves dont l'admirable tenue, le chic militaire, l'allure juvénile ont
transporté nos cœurs et fait vibrer nos âmes !
Merci à ceux dont la largeur de vues, la
généreuse compréhension de nos efforts, la bienveillante sollicitude et
l'affection qu'ils nous portent les ont conduits à assister à cette belle
manifestation : autorités civiles, militaires et judiciaires,
parlementaires et municipales !
Merci surtout à ceux à qui nous sommes
redevables de l'éclat de cette cérémonie : le colonel Steblé, directeur de
l'infanterie, le lieutenant-colonel Damiaux, chef du bureau des écoles, le
lieutenant Colin, son adjoint qui n'ont rien ménagé pour faciliter notre tâche.
Merci à ceux qui furent nos ardents
défenseurs et qui se portèrent caution pour nos titres à la décoration du
drapeau des écoles : les généraux François, Matter et Bourret ; merci
au sénateur Maupoil qui le premier, en qualité de ministre des Pensions
présenta notre requête à M. Fabry, ministre de la Guerre. Notre vœu était sur
le point d'être pris en considération lorsque M. Fabry fut remplacé par le
général Maurin. L'échec que nous rencontrâmes auprès de ce dernier nous fut
d'autant plus sensible que, entre temps, le drapeau du Prytanée avait été
décoré. Le texte de la magnifique citation collective qui avait été décernée au
Prytanée et aux écoles militaires préparatoires n'avait pas le même sens
suivant qu'on l'appliquait à l'une ou à l'autre de ces écoles !
L'injustice était si flagrante qu'elle
parut inadmissible au Président Daladier. Nous avions déjà contracté envers ce
dernier une dette de reconnaissance dont nous connaissions bien toute la
portée. Au cours de l'année 1933, des propositions précises furent élaborées
par la Direction du contrôle de l'armée et le Secrétariat général du ministère
de la Guerre pour supprimer le Prytanée et les écoles militaires préparatoires.
Ces propositions furent examinées dans un conseil des directeurs présidé par le
ministre. Seul parmi tous les directeurs, le général Matter osa prendre la
défense de ces institutions et fit appel aux sentiments républicains et
démocratiques du ministre pour justifier leur maintien. M. Daladier ne pouvait
être insensible à un tel langage. Il fit sienne cette thèse et nos écoles
furent sauvées. Aucun enfant de troupe ne doit ignorer ce qu'il doit à l'actuel
ministre de la Défense nationale et de la Guerre.
C'est donc à juste titre que son nom a
été si fréquemment cité dans les discours qui ont été prononcés à Autun. Nous
lui savons particulièrement gré de la parfaite bonne grâce et de la promptitude
avec laquelle il a pris notre demande en considération et l'a fait aboutir. Il
n'a pas pu recueillir les applaudissements chaleureux que, dans notre
enthousiasme, nous lui avons unanimement décernés : qu'il veuille bien
trouver ici l'expression émue de notre profonde gratitude et l'assurance de nos
sentiments de respect et de loyalisme.
Notre Association a montré, au cours de
cette manifestation unique dans son genre, sa force, sa vitalité, sa cohésion.
Elle poursuivra la mission qu'elle s'est assignée avec allégresse et confiance,
tous ces membres étroitement unis sous les plis du drapeau décoré de la Légion
d'honneur !
Monsieur
Viacroze
Le Journal des A.E.T. 1937
A la table d'honneur, présidée par le
général Duffieux, on remarquait MM. Bouë, préfet de Saône-et-Loire, Viacroze,
président des A.E.T. , Maupoil, sénateur, ancien ministre des pensions,
les généraux Matter, ancien directeur de l'Infanterie, Bourret, chef de cabinet
de M. Daladier, Pagézy, commandant la 8ème région, Fagalde, de la 15ème
division d'infanterie, Cornet, Stéhlé, et le frère de ce dernier, successeur du
général Matter à la direction de l'Infanterie, ainsi que le maire d'Autun. Sur
les branches de fer à cheval, une place de choix avait été réservée aux
commandants d'écoles et aux professeurs principaux, à qui avait échu l'honneur
de représenter le personnel enseignant des écoles militaires préparatoires.
Le centre de la salle était occupé par la
foule des officiers de tous grades, des sous-officiers et des civils anciens
élèves des écoles militaires préparatoires.
Par une délicate attention du président
des A.E.T. les deux meilleurs élèves de chacune des écoles figuraient parmi les
convives.
A signaler également la présence d'un
certain nombre de dames, dont les élégantes toilettes se mariaient agréablement
aux uniformes des militaires et aux tenues de gala des civils.
Durant le banquet finement composé et
admirablement servi, une aimable camaraderie ne cessait de régner entre les
convives de tous âges. Plus de grades, mais le sentiment profond d'une origine
commune.
Au dessert, le préfet de Saône-et-Loire
prit le premier la parole et présenta les excuses de M. Daladier, empêché au
dernier moment de se rendre à Autun.
Puis ce fut le tour de M. Viacroze. Le
président des A.E.T. remercia tous ceux qui avaient accepté son invitation.
D'une voix émue il rappela les liens qui l'unissaient à ses camarades d'autrefois
et d'aujourd'hui et se félicita de voir régner l'harmonie la plus complète,
entre tous ceux qui s'inspirent du même idéal : servir la Patrie.
Après lui le Général Duffieux, aux
acclamations de l'assistance, tira les enseignements de cette grandiose
cérémonie. Il donna quelques aperçus des résultats obtenus aux examens par les
écoles militaires, et, s'appuyant sur la présence de nombreux officiers
généraux et supérieurs issus des écoles militaires préparatoires ainsi que
celle des polytechniciens et saint-cyriens, des élèves du service de santé, de
Navale et de toutes les autres écoles, il montra l'utilité incontestable de ces
foyers où s'élabore l'élite des défenseurs du pays. Il félicita chaleureusement
les professeurs civils et insista longuement sur l'importance de leur rôle,
intimement lié à celui des militaires, dont il facilite la tâche. Il se dit
fier d'avoir apporté un an avant sa mise en retraite, la suprême distinction
aux drapeaux des écoles militaires, dont il est l'inspecteur depuis 7 ans.
La salle entière lui fit une ovation,
puis une vibrante Marseillaise chantée debout par tous les assistants
termine cette fête de famille.
Ajoutons que durant le banquet,
l'excellente musique de l'École d'Autun fit entendre les meilleurs morceaux de son
répertoire.
L'après-midi, un spectacle sportif avait
attiré sur l'esplanade une foule compacte. Malheureusement, le mauvais temps ne
permit pas aux organisateurs, de retirer tout le bénéfice moral, qu'eût mérité
leur méticuleuse préparation.
Comme suite aux solennités d'Autun, une
cérémonie intime s'est déroulée mercredi dernier, à l'École des Andelys à
l'intention des élèves.
A 15 h., malgré une pluie battante, le
chef de bataillon Ourta, commandant l'École, en présence du professeur
principal, des officiers et des professeurs, a présenté aux enfants de troupe
le drapeau de leur École, désormais décoré de la plus haute distinction
nationale.
En une brillante improvisation, il leur a
rappelé tout le passé de gloire qui avait incité le ministre à conférer à ce
drapeau la croix des braves ; il leur a demandé de ne pas oublier, que cet
honneur était la récompense des sacrifices anonymes accomplis par leurs anciens
et de ne pas faillir à une tradition que leurs aînés avaient scrupuleusement
observée depuis cinquante ans.
Après avoir rendu les honneurs au
drapeau, l'École défila de façon impeccable et la cérémonie se termina par un
vin d'honneur, offert par le commandant de l'École à ses collaborateurs
militaires et civils.
L'Impartial 29 mars.
La Fête
d'Autun, le récit des participants.
Revue
– Décorations – Monument aux Morts.
14
mars 1937. Jour solennel s'il en fut pour tous les enfants de troupe, aussi
bien pour nous, les jeunes, que pour nos anciens dispersés dans chaque coin de
notre vieille Patrie. Vous dire avec quelle impatience nous l'attendions est
impossible. Nous sentions à l'avance que ce serait un moment de réconfort en
même temps qu'une date mémorable pour notre puissante et vaillante Association
qui, après avoir si souvent montré ce dont elle était capable, méritait bien de
voir ses efforts enfin couronnés par l'attribution de la Croix de la Légion
d'honneur aux drapeaux des écoles.
En
effet, nombreux sont nos aînés qui sont revenus à cette occasion se rallier
sous les emblèmes que nous ont valu leur courage et leur esprit de sacrifice
sur les champs de bataille. Aussi au moment où ces drapeaux ont été décorés,
tous réunis sur la belle esplanade de l'École, nous avons éprouvé le même
sentiment de légitime fierté. Ce furent des minutes inoubliables.
La
retraite aux flambeaux.
La
retraite aux flambeaux du samedi soir ne manqua pas d'animation, et cette
réjouissance avait massé, sur le Champ-de-Mars et dans les rues, une foule
importante.
Le ton
était donné par quatre chars humoristiques : la Pergola ; au
Tourlourou, le cabaret fameux de la Madelon ; le Lycée
Papillon ; la Gondole Vénitienne et cet ondoyant monstre de
Loch-Ness à multiples paires de pattes dont les possibilités de contorsions se
sont révélées considérables. Après une sérénade sous les fenêtres du maire, le
cortège marqua un temps d'arrêt place du Champ-de-Mars, au milieu de feux de
bengale et des faisceaux de projecteurs.
Une Marseillaise,
devant le Monument ; un court mais martial concert, puis le cortège
reprenait sa marche par les rues St-Saulge, aux Cordiers et de l'Arbalète, pour
réintégrer l'École.
Tandis
que la retraite voguait ainsi vers le ports, avec ses cavaliers, ses cyclistes,
ses fantassins et ses chars, précédés d'une armée de lampions, la gondole, qui
ne voguait plus, demeurait échouée sur le Champ-de-Mars.
La
journée du dimanche.
Lorsque
les salves d'artillerie annoncent le début des fêtes, un beau temps relatif,
mais, hélas provisoire règne.
Notre
vieille cité avait tout fait pour paraître plus accueillante, mais la pluie
avait lavé sans pitié les drapeaux, les oriflammes, les décorations de toutes
sortes et, alors qu'officiers et sous-officiers parcouraient la ville à la
recherche de souvenirs lointains, Autun présentait des façades délavées et un
air de tristesse qui ne lui convient pas.
A la cathédrale Saint-Lazare.
Dès 9 heures, par les
rues vieillottes d'Autun, montaient vers
la cathédrale de longues files d'officiers accompagnés de leurs familles.
A 10 heures, le
cathédrale était remplie par l'assistance venue communier à la mémoire des
anciens élèves défunts des écoles militaires.
Cérémonie brève, mais
émouvante ! Des généraux, des colonels, des commandants, des officiers et
sous-officiers de toutes armes, des civils presque tous décorés.
L'abbé Tourne, servi par
un élève de l'École, célèbre la messe. L'abbé Chandioux, aumônier de l'École
depuis de longues années va un peu partout, penchant sa tête
largement blanchie vers les uns et les
autres auxquels il réserve toujours une bonne parole ou un sourire.
Après l'Evangile, l'abbé Tourne monte en
chaire. Il est bref. « C'est, dit-il, une belle journée. Il faut y
associer nos camarades restés sur les champs de bataille, dont l'idéal est le
nôtre. Avec nous ils se réjouissent de cette distinction qui nous est conférée.
En même temps, ils nous dictent notre devoir : fidélité à la tâche de
chaque jour qui fait les hommes forts et quand cela est nécessaire, des héros.
Renouvelons notre énergie, c'est la
meilleure façon d'honorer nos chers morts. »
La sortie s'effectue au milieu d'une
foule immense. Les uns regagnent l'École, les autres font une visite pieuse au
cimetière et c'est, dans les rues, une intimité charmante que ne dérangera pas
la pluie qui s'obstine à persister comme si le soleil ne devrait pas être de
rigueur au moment où les drapeaux inclinés vont être cravatés de rouge.
Remise de la
Légion d'honneur.
Sur l'esplanade de l'École militaire, la
foule se range sagement en grappes épaisses. L'organisation due au commandant
Leccia est parfaite. Chacun a sa place et les officiels viennent peu à peu
s'installer dans la tribune à eux réservée.
Que ceux que nous avons oubliés nous
excusent. Nous avons reconnu M. le général Duffieux, inspecteur général de
l'Infanterie ; M. le général Pagézy, commandant le 8ème
C.A. ; M. Viacroze, président des anciens enfants de troupe ; MM.
Nachin, Berlot, Drézin, vice-présidents ; M. le général de Belenet ;
M. le général Sautereau du Parc ; M. le général Bourret ; M. le
général Stehlé ; M. le général Cornet ; M. le colonel Stehlé, directeur
de l'Infanterie ; M. le colonel Ramel, inspecteur général du Train ;
M. le colonel Dubois, directeur du Train ; M. Renaud, maire d'Autun ;
M. Bouët, préfet de Saône-et-Loire ; M. Albertini, sous-préfet
d'Autun ; M. le colonel Lacape, commandant le Prytanée ; M. Maupoil,
sénateur, ancien ministre ; M. Cochard, sénateur ; M. le procureur de
la République d'Autun ; M. Bourdray, président du tribunal de
commerce ; M. Petit, préfet honoraire ; M. le commandant Leccia,
commandant de l'École d'Autun et son état major ; les directeurs des
écoles d'Epinal, de Billom, des Andelys, de Tulle ; M. le général
commandant la région aérienne ; M. le général commandant la 15ème
D.I. ; M. le colonel Villepin, commandant le 134ème R.I. ;
M. Veisseire, professeur principal à Autun ; M. Chevaucherie, principal du
collège d'Autun ; les délégations de toutes les écoles militaires, y
compris Saint-Cyr, Polytechnique et la foule anonyme des officiers, des civils,
des curieux qu'il serait impossible d'énumérer.
A côté des Autunois et non moins nombreux
qu'eux sont venus de tous les coins du territoire, les A.E.T., présents pour
assister à la remise aux E.M.P., de la haute distinction que méritaient depuis
bien longtemps déjà, ces pépinières de cadres hors ligne, cette inépuisable réserve
de soldats valeureux.
Sur la vaste esplanade, cerclée d'une
épaisse haie de curieux où domine néanmoins l'élément militaire, sont massées
les troupes prenant part à la cérémonie. Un bataillon du 134ème RI
d'abord, impeccable à tous points de vue, ensuite transition entre le troupier
et l'enfant de troupe, s'alignent les divers centres de perfectionnement, dont
la correction réglementaire se relève d'un certain « panache » où se
reconnaît l'ineffaçable empreinte de la « boîte ». Puis, crânement
redressés malgré une pluie fine glaciale, massés derrière leurs chefs et leurs
fanions, tache bleue au centre du cadre bigarré de la foule, les enfants de
troupe d'Autun attendent avec une secrète impatience, la venue du grand chef
qui va cravater du glorieux ruban rouge cet étendard vénéré qu'il leur remit
voici bientôt deux ans.
Tout à coup un commandement bref. Toutes
les troupes se figent en un impeccable « garde à vous » bien en
selle, la poitrine bombée, le commandant Leccia « notre papa », comme
nous l'appelons vient d'arriver suivi de son état-major. L'impatience,
soigneusement dissimulée, redouble. Qu'importe la pluie qui fouette le visage,
le froid qui glace les membres, l'immobilité qui ankylose, le vent qui
suffoque. On oublie tout. On ne voit, on n'entend, on ne sent plus rien. Ce,
vers quoi aspire tout notre être tendu, c'est … vibrante et solennelle à la
fois, la sonnerie Aux champs qui s'envole, allègrement exécutée
par notre fanfare. Le général Dufieux suivi des officiers généraux et des
personnalités de la région vient d'arriver.
Marseillaise. Les
troupes présentent les armes, les civils se découvrent, nous saluons, c'est
fini. D'une allure martiale le général parcourt les front des troupes. Il
semble à la fois ému et content.
Et maintenant voici le moment solennel.
La clique vient d'ouvrir le ban. La gorge étreinte par une saine émotion que
partagent mes camarades et nos frères A.E.T., le cœur battant à se rompre, les
yeux embués de larmes, j'entends comme en un rêve s'élever la voix grave qui semble
celle même de la Patrie reconnaissante :
« Au nom du Président de la
République et en vertu des pouvoirs qui nous sont conférés, drapeaux des E.M.P.
nous vous faisons Chevalier de la Légion d'honneur. »
Le général Dufieux décore le drapeau
d'Autun ; le général Matter, Grand croix de la Légion d'honneur décore le
drapeau d'Epinal qui est aussi celui de St-Hippolyte-du-Fort, son ancienne
école, le général Bourret, chef de cabinet du ministre de la Guerre décore
l'étendard de Tulle ; le général Stehlé décore Billom, et le président
général Viacroze avec une émotion qu'il ne cherche pas à dissimuler décore Les
Andelys ; après avoir noué à la hampe le ruban rouge, ils embrassent la
soie du drapeau avec un pieux respect.
Les étendards s'inclinent lentement puis
se relèvent. Avec un enthousiasme indescriptible, les honneurs sont rendus aux
drapeaux ainsi décorés.
Puis, sous l'oeil intimidant de la
caméra, commence le défilé. Le commandant Leccia présente les troupes.
Rapidement enlevés par une musique entraînante, tambours battant, c'est le cas
de le dire, les enfants de troupe défilent devant les drapeaux, devant le
groupe chamarré des généraux, devant tous leurs camarades les anciens
« Cyrars », au casoar triomphant, Polytechniciens au seyant uniforme,
élégants aviateurs, « Fléchards » si proches d'eux encore, populaires
« Maixentais », « Toubibs » de Lyon, « Aspis » de
Poitiers, camarades de Saumur, de Versailles, de Tulle, de Billom, des Andelys,
d'Epinal, en un mot devant les A.E.T. de tout âge et de tout grade. C'est avec
beaucoup d'émotion que nous exécutons devant eux le mouvement de tête gauche.
Les applaudissements crépitent, nourris, dont les A.E.T. ont donné le signal.
Ces trop brèves minutes s'envolent mais leur souvenir restera à jamais gravé en
lettres d'or dans nos mémoires et nos cœurs comme une éclatante manifestation
de cet esprit de solidarité qui fait la force de nos écoles.
Le défilé s'achève, l'artillerie termine
la traversée de l'esplanade et la musique se tait, pendant que s'interrompt la
pluie. Les unités se massent, à leurs emplacements primitifs et les honneurs
sont solennellement rendus aux drapeaux.
Puis, escorté par le 134ème
RI, les délégations des écoles et le Centre de perfectionnement, précédé par la
musique, suivi des généraux, religieusement porté par l'élève Fougère
« Cours spécial », le drapeau va s'incliner devant le monument aux
morts d'Autun. Crépitement de magnésium : l'objectif vient de fixer pour
la postérité l'hommage aux morts, des enfants de troupe. Le général Dufieux dépose
une palme et la cérémonie s'achève lorsque sortant des rangs, deux élèves de la
2ème compagnie – Prache et Ponsard - placent eux aussi, leur
hommage : une splendide couronne de roses, offerte par l'Association des
A.E.T. Le cortège se disperse en bon ordre et la majorité des A.E.T. se rend,
pour la visiter, à cette École qui évoque en eux autant d'émouvants souvenirs
de leur turbulente jeunesse. Puis après s'être répandus dans les réfectoires où
les élèves leur font l'accueil chaleureux qu'ils méritent, les anciens se
rendent vers treize heures, au grand banquet où tous sont conviés.
Dans la salle des fêtes, admirable
création du commandant Leccia, 400 couverts attendent les invités. La table
d'honneur richement dressée a été légèrement surélevée de façon à pouvoir être
vue de tous. Le cadre est magnifique. De curieuses panoplies ornent les murs,
des faisceaux de drapeaux laissent retomber de larges plis tricolores et un
buste de la République dominant l'ensemble semble présider cette fraternelle
réunion.
Personnalités marquantes de la
région : le préfet, M. Bouët ; le sous-préfet, M. Albertini ; le
maire d'Autun, M. Renaud ; MM. les sénateurs Maupoil, Borgeot, Turlier,
Cochard ; MM. les députés, M. le procureur de la République, MM. les
professeurs de l'E.M.P., A.E.T. en civil, militaires en grande tenue, officiers
de la garnison, commencent à affluer. La salle est comble, où les toilettes
féminines piquent gracieusement leur notre claire, lorsque l'arrivée de l'as
aviateur Réginensi déchaîne une ovation. Bientôt la table d'honneur est à son
tour occupée. Plus que l'organisation parfaite, plus que la finesse des mets et
leur nombre, c'est l'atmosphère de la réunion qui frappe. Un irrésistible
courant de sympathie entraîne des cœurs, abolit les grades, supprime les
distances. Il n'y a plus ici des généraux de premier plan comme Dufieux,
Matter, Stehlé, Bourret, j'en oublie et non des moindres, à côté
d' « aspis » de lieutenants frais émoulus « des
boîtes » de capitaines chevronnés, de jeunes « sous-offs », dix
de nos camarades des écoles, il n'y a plus que des A.E.T. qui trinquent
fraternellement, partagent les mêmes plaisirs, communient dans les mêmes
émotions, évoquent ensemble un passé commun qu'ils regrettent. Tout à coup un
silence impressionnant tombe sur la salle bruyante et joyeuse : c'est
le moment des discours.
Le général Dufieux qui préside, en
qualité de représentant délégué de M. Daladier, ministre de la Défense
nationale et de la Guerre, donne la parole à M. Bouët, préfet de
Saône-et-Loire, représentant officiel du gouvernement.
Discours du
préfet de Saône-et-Loire.
« Je salue toutes les personnes
conviées à ce banquet et je leur souhaite la bienvenue en même temps que je
manifeste la joie que l'éprouve moi-même à assister à ce diner.
Si M. Daladier, ministre de la Défense
nationale n'avait pas été retenu à la dernière minute par les devoirs impérieux
de sa charge vous auriez été heureux de le recevoir comme j'aurais été honoré
de le saluer en votre nom, je vous prie M. le général Dufieux, son délégué et
M. le général Bourret, son chef de cabinet, de lui transmettre l'expression de
nos sentiments respectueux.
Pour conserver à cette cérémonie son
caractère de sobriété toute militaire, je ne veux prononcer que quelques brèves
paroles. Aussi bien, l'armée est toujours la « grande muette » parce
qu'elle est composée de gens d'action pour lesquels la parole est toujours du
temps perdu.
Mais je tiens néanmoins à vous féliciter
des succès obtenus par nos écoles. Je sens combien vous êtes tous ici fiers des
écoles dont vous êtes sortis : je souhaite vivement que les jeunes qui
vous ont succédé remportent également les mêmes succès.
Je viens de visiter l'École d'Autun. J'en
emporte une profonde impression. Je vois que les enfants y sont bien traités et
bien éduqués. Avec un dosage parfait on a su y mêler la forte empreinte de la
formation militaire avec le sentiment familial et c'est peut-être en cela que
réside la formule des succès qui ont été remportés.
Je vous demande de vous associer au toast
que je vais avoir l'honneur de porter à M. Daladier, ministre de la Défense
nationale, que nous considérons comme présent à cette cérémonie et à M. Lebrun,
Président de la République. »
La salle se lève et applaudit à tout
rompre.
La parole est ensuite donnée à M. Viacroze,
président général de l'Association des A.E.T.
Discours de
M. Viacroze.
Mon général,
Monsieur le préfet,
Messieurs les parlementaires,
Messieurs les généraux,
Messieurs les représentants de l'autorité
civile,
Monsieur le maire,
« Les premières paroles du président
général de l'Association des anciens enfants de troupe seront nos remerciements
aux personnalités qui ont bien voulu nous faire l'honneur, après l'émouvante
cérémonie de ce matin, de se joindre à nous, dans ce cadre plus intime et nous
apporter ainsi la nouvelle démonstration de leur amitié.
Je remercie Monsieur le Préfet,
représentant du gouvernement de la République, Messieurs les parlementaires et
Messieurs les représentants de l'autorité civile, d'avoir accepté de prolonger
leur présence parmi nous et de nous donner ce témoignage que leur sollicitude
ne prend pas fin avec les manifestations officielles.
Je suis heureux de saluer ici Monsieur le
sénateur Maupoil, ancien ministre et de lui témoigner notre gratitude pour la
bienveillance qu'il a toujours manifestée aux écoles prémilitaires.
Je remercie Monsieur le maire de nous
apporter la preuve de l'estime de la population autunoise pour les A.E.T.
Vous me permettrez de remercier tout
particulièrement Monsieur le général Dufieux, Grand croix de la Légion
d'honneur, membre du conseil supérieur de la Guerre, inspecteur général de
l'Infanterie, l'un des chefs les plus éminents de notre armée, dont nul
n'ignore l'éclat avec lequel il a servi, pendant la guerre, aussi bien dans la
troupe que dans le plus haut des états-majors. S'il ne nous appartient pas de
souligner les mérites du général Dufieux, au moins pouvons-nous rappeler, avec
une respectueuse satisfaction, que le gouvernement a tenu à lui conférer
récemment la plus haute des distinctions réservées aux grands chefs : la
Médaille militaire. Avant même d'être désigné pour représenter ici monsieur le
ministre de la Défense nationale, Monsieur le général Dufieux avait bien voulu
nous assurer de sa présence, nous donnant ainsi une nouvelle preuve de sa
sympathie pour nos écoles.
Je remercie Messieurs les généraux et
officiers qui l'accompagnent.
Je remercie tout particulièrement M. le
colonel Stehlé, directeur de l'Infanterie, qui continue pour nous la tradition
de ses prédécesseurs et témoigne à nos écoles et à notre Association l'intérêt
le plus vif et la bienveillance la plus active.
Les enfants de troupe et anciens enfants
de troupe s'honorent avant tout d'être des soldats – ou de l'avoir été - . Ils
ont donné à l'armée, souvent toute leur activité, toujours le meilleur de leur
temps ; ils lui sont attachés de toute leur âme et, lorsqu'ils ont dû la
quitter, ils lui gardent la plus fervente passion. Vous le savez, MM. les
généraux et officiers et, pour répondre à nos sentiments de fidélité, vous nous
avez fait à la fois l'honneur et l'amitié de prendre place parmi nous, en toute
cordiale simplicité. Je veux vous en exprimer la reconnaissance des A.E.T. et,
son expression serait incomplète, si, en même temps que respectueuse, elle ne
pouvait se dire affectueuse.
Mon général, Messieurs, mes chers amis,
Lorsqu'est parvenue à votre président
général la nouvelle que M. le ministre de la Défense nationale avait pris la
décision de soumettre à la signature de M. le Président de la République, le
décret qui confère la Croix de la Légion d'honneur à nos écoles prémilitaires,
j'ai ressenti une poignante émotion, qui n'était peut-être pas sans quelque
orgueil et contre laquelle je ne me suis pas défendu.
Vous avez – vous autres qui êtes
maintenant les anciens, je peux dire : vous avez tous – le fierté de
porter des Légions d'honneur, des Médailles militaires, des Croix de Guerre ou
des Médailles coloniales qui témoignent de votre valeur personnelle. La
décoration qui vient d'être accordée à nos écoles est d'une signification plus
haute, non seulement – comme le dit la citation que nous avons entendue – par
ce qu'elle répond de la vaillance collective des A.E.T. pendant la dernière
guerre, mais parce qu'elle englobe dans le même hommage notre génération et celles
qui l'ont précédée. Nous avons, sans fausse modestie, le légitime orgueil de ce
que nous avons été ; mais nous n'avons fait que suivre l'exemple que nous
ont légué, depuis plus d'un siècle, les enfants de troupe qui nous ont précédés
et notre meilleur titre est de n'avoir pas été indignes d'eux.
En rappelant les vertus des générations
successives qui sont sorties de nos écoles, M. le ministre de la Défense
nationale nous a fait l'honneur de nous rattacher à nos anciens et de nous
envelopper dans la même gloire. J'en suis pour mon compte, reconnaissant à M.
le président Daladier, car, cette continuité dans les traditions, cette
solidarité des vivants et des morts, sont la trame la plus sûre du profond
patriotisme qui, en tout temps, anime les A.E.T.
Messieurs, les obligations de sa haute
charge n'ont pas permis que je puisse, ici, saluer en votre nom M. le ministre
de la Défense nationale et lui dire la reconnaissance que lui ont les A.E.T. de
son initiative. Son éminent délégué, M. le général Dufieux voudra bien lui
faire agréer avec nos regrets, l'expression respectueuse de nos remerciements.
Monsieur le général Dufieux voudra bien
dire à M. le ministre la fierté des A.E.T. d'avoir reçu, du gouvernement de la
République cet éclatant témoignage d'honneur. Qu'on me permette d'ajouter que
nous avons le sentiment qu'il est pleinement mérité.
Soldats nous-mêmes, nous sommes des fils
de soldats. Nos pères furent modestes peut-être par leur grade ; mais ils
furent de ceux qui n'ont jamais craint la servitude militaire et qui en ont
toujours connu la grandeur. Les vertus qui furent les leurs, ce sont celles
qu'ils ont voulu nous inculquer dès le jeune âge : la discipline,
l'exactitude, l'amour du travail, la passion du service de la France, auxquels
s'ajoutait par dessus tout, le respect de la vérité. Nous avons retrouvé dans
nos chères écoles, le même enseignement, sous l'autorité de nos professeurs
militaires et civils que je suis heureux de réunir dans le même hommage. Dans
toutes nos réunions, à toutes nos assemblées générales, une opinion unanime
s'est manifestée chez tous nos sociétaires par adresser à leurs professeurs le
témoignage de leur gratitude émue. Et je me plais à constater que si la fortune
des A.E.T. a été différente – car les qualités personnelles demeurent un
facteur essentiel – au moins ont-ils partout et toujours tenu avec honneur les
postes qui leur étaient confiés.
Messieurs, il n'est pas de point du monde
où se soit montré le drapeau de la France sans qu'un A.E.T. n'ait été, pour
servir et – s'il le fallait – pour mourir. La liste est longue – à s'en tenir
même au temps de la IIIème République, - de ceux d'entre nous qui
sont tombés pour l'agrandissement de l'empire colonial de la France et la
défense de la Patrie. Certains A.E.T. de l'autre génération ne connurent ni les
dangers et les fatigues, ni le lustre des campagnes coloniales : fixés
dans les régiments de l'intérieur, ils y faisaient – sans doute sans éclat,
mais consciencieusement, patiemment, joyeusement, leur métier et, serviteurs méritants
en même temps que modestes, maintenaient la tradition et, pour leur part,
contribuaient à forger le solide instrument qui fut l'armée de la IIIème
République, l'armée de la victoire.
La dernière guerre, en son début, faucha
rapidement cette élite de jeunes officiers sortis des grandes écoles, à
l'héroïsme desquels nous sommes les premiers à rendre hommage. Vers la fin de
1914, le haut commandement fit confiance à ses sous-officiers de carrière,
A.E.T. pour le plus grand nombre et les mit à la tête des sections et des
compagnies, des pelotons et batteries. Confiance bien placée, comme en ont
témoigné nos grands chefs et qui valut à nos A.E.T. l'honneur du grade et de
l'honneur de s'offrir au premier rang, pour le suprême sacrifice.
Je suis bien assuré que M. le ministre de
la Défense nationale, en décernant à nos écoles cette Croix de la Légion
d'honneur a tenu à rendre un pieux et collectif hommage à nos morts. Mais,
donner sa vie quand il le faut, pour le salut de tous – quel que grand que soit
ce sacrifice personnel -, c'est le serment implicite que s'est fait un soldat
digne de l'être. Plus difficile sans doute – et je revendique pour nous,
anciens combattants, le droit de le dire – est la lente préparation
quotidienne, le dur et constant travail qui permet à un homme d'acquérir les
qualités du chef, en ajoutant à la forte trempe morale toujours indispensable,
une science plus que jamais nécessaire.
Cette volonté de s'instruire pour servir
mieux, M. le ministre de la Défense nationale a voulu la souligner dans le
texte de la citation des écoles. Et nous lui sommes tout particulièrement
reconnaissant d'avoir marqué du même coup, la vaillance et la valeur des A.E.T.
Monsieur le ministre de la Défense
nationale, lorsqu'il examinait les titres des A.E.T., n'a pu manquer de songer
aux plus illustres d'entre eux : j'ai nommé M. le maréchal Galliéni et M.
le général Humbert, commandant de la Xème Armée pendant la guerre et
dont nous ne saurions manquer de saluer, en ce jour, les grandes mémoires.
Si M. le président Daladier, songeait en
même temps à tous les dévouements plus obscurs, il trouvait aussi dans son
entourage le plus immédiat les sûres cautions des A.E.T.
Monsieur le général Bourret, commandant
de corps d'armée, blessé de guerre, cinq fois cité, commandeur de la Légion
d'honneur, breveté d'état-major, chef du cabinet du ministre est des nôtres. M.
le général Bourret me laissera le remercier d'avoir voulu se joindre à nous,
après la cérémonie officielle et d'avoir voulu nous témoigner, ce que nous savions
d'ailleurs, qu'il n'oublie pas les liens d'autrefois.
Mon Général, tu as bien voulu me céder
tout à l'heure un honneur qui te revenait de droit : celui de décorer le
drapeau des Andelys. Tu m'as ainsi procuré la plus grande joie de ma vie et une
récompense que je n'osais ambitionner ; je t'en remercie de tout cœur.
Auprès du ministre, une autre
personnalité, qui fut aussi son collaborateur direct, répondait encore pour
nous : M. le général de division Matter, Grand officier de la Légion
d'honneur, deux fois blessé, douze fois cité, qui pendant dix années occupa le
poste éminent de directeur de l'Infanterie, est, lui aussi, un A.E.T. dont on
ne dira jamais assez la sollicitude si éclairée et si efficace qu'il eut pour
nos écoles et ceux qui en sont sortis.
Ne puis-je, en unissant ces deux grands
chefs dans la même pensée de reconnaissance de l'honneur qu'ils nous font et de
l'amitié qu'ils nous portent, qu'un grand esprit reste toujours un noble cœur.
Dans la cohorte magnifique des officiers
généraux et des officiers supérieurs qui sont la fierté des A.E.T. - et que je
ne puis tous nommer -, M. le ministre de la Défense nationale distinguait
encore, à coup sûr, M. le général Stehlé, Commandeur de la Légion d'honneur, ancien inspecteur
général du Train dont il fut le réorganisateur particulièrement apprécié.
Tels sont, Messieurs, quelques-uns de
ceux qui, par le seul éclat de leurs services, plaidaient pour nos écoles.
Mais, peut-être ces exceptionnels mérites n'eussent-ils pas suffi si la
direction de l'Infanterie n'avait tenu, dans un esprit d'exacte justice dont je
veux la remercier en votre nom, à souligner elle-même les titres de nos écoles,
le nombre des bons serviteurs du Pays qu'elles ont formé, la qualité des cadres
qu'elles ont donné à l'armée, le chiffre imposant de leurs anciens élèves morts
pour la France.
Par l'unanime consentement des pouvoirs
publics, ce jour est pour nous tous les A.E.T. le jour de gloire ; il leur
manque officiellement le remerciement de l'armée et la reconnaissance de la Nation.
Messieurs,
Je vous demande de faire le fervent
hommage du très grand et très juste honneur qui nous échoit à la mémoire des
A.E.T. disparus, à ceux qui sont tombés dans la dernière guerre et dans les
guerres coloniales, aux A.E.T. du siècle passé, à ceux du Premier Empire et de
la Révolution, à tous ceux qui ont fixé sur le drapeau des A.E.T. les rayons de
la gloire qui nous éclaire aujourd'hui. »
Le discours de M. Viacroze empreint d'une
émotion contenue est accueilli par une triple salve d'applaudissements
frénétiques.
Le Général Dufieux prend ensuite la
parole.
Discours du
général Dufieux.
« Le ministre de la Défense
nationale et de la Guerre a bien voulu me déléguer pour remettre la Croix de la
Légion d'honneur aux drapeaux des écoles militaires préparatoires. Je sens tout
le prix de cet honneur et vous ne vous étonnez pas si j'ajoute qu'Inspecteur
général de ces écoles pour la septième année, j'éprouve plus qu'une
satisfaction, une véritable joie à leur voir décerner cette magnifique récompense
un an avant ma radiation des cadres de l'armée active.
Pourquoi ne pas le dire ? A
constater d'année en année le labeur fourni dans ces établissements par leurs
chefs, par les professeurs distingués et consciencieux qui ont la charge de
l'instruction générale, par les cadres, officiers et gradés appliqués à la
formation militaire et à l'éducation des enfants et jeunes gens qui leur sont
confiés, enfin par cette jeunesse elle-même, soustraite aux agitations du
dehors, orientée dans une ferme et bienveillante discipline vers le progrès
intellectuel et moral, je me suis attaché, mon cher Président, à vos écoles, et
me sens pour elles des entrailles de père. Leurs difficultés – car il en est
ici comme dans toute œuvre humaine – me touchent et me peinent, leurs progrès
et leurs succès m'enchantent, et j'en tire orgueil, comme si j'y étais pour
quelque chose, alors que je sais parfaitement qu'ils sont dus à la valeur de
l'enseignement, à l'ambiance morale et militaire que les commandants d'écoles
et leurs cadres ont su créer, maintenir et développer chez les élèves.
J'ai dit : ambiance morale et
militaire et ne crains pas d'insister sur ce dernier terme. D'aucuns
estimaient – et quelques-uns estiment peut-être encore – qu'en accentuant le
caractère militaire de ces établissements on risquait de diminuer d'autant
l'ardeur des élèves au travail scolaire et de les placer en état d'infériorité
vis-à-vis des écoles primaires supérieures qui relèvent du seul ministère de
l'Education nationale. Les faits et les chiffres répondent éloquemment à cette
crainte. Depuis 1931, nous avons progressivement, sans à-coups ni
précipitation, porté à un degré plus élevé, d'abord l'instruction
professionnelle des cadres, officiers et gradés, pour les mettre en état de
tenir parfaitement leur rôle de chefs dans nos unités mobilisées, puis la
formation militaire des élèves, pour leur donner le sens de la discipline,
l'habitude de l'énergie dans l'effort, enfin ce goût de la
« cocarde » par lequel on obtient tout des Français de bonne souche,
chez qui subsiste toujours l'amour du « travail bien fait »,
coquettement présenté.
Les résultats ? Du point de vue
militaire vous les avez vus tout à l'heure. La présentation et le défilé de l'École
d'Autun vous ont montré un ensemble qui peut satisfaire les plus difficiles. Je
suis fondé à vous dire que, si vous avez apprécié dans cette cérémonie
l'empreinte de l'animateur remarquable qu'est le commandant Leccia, vous
trouveriez dans les autres écoles préparatoires, avec des nuances imposées par
les conditions locales, la même discipline, le même élan dans l'allure, la même
fierté dans le regard. Je suis heureux de l'occasion qui m'est offerte d'en
exprimer aux commandants et aux cadres de ces écoles toute ma satisfaction et
mes remerciements.
Mais si nous regardons maintenant les
résultats acquis dans le domaine de l'enseignement, nous constaterons qu'en
progressant sur le terrain militaire, nos écoles n'ont rien perdu au point de
vue intellectuel, bien au contraire. Aux examens du brevet d'enseignement
primaire supérieur les pourcentages d'élèves reçus en 1936 ont été de 49,5%
contre 29,7% en 1935 pour Autun, 34,6% pour 16,6% pour Les Andelys, 36% pour
19,7% pour Billom, 47% contre 18,1% pour Epinal. Quant au secondaire d'Autun,
qui avait eu en 1935 45 élèves reçus au baccalauréat sur 54 présentés, il en a
eu en 1936 49 reçus sur 53 présentés. Il n'existe pas en France un seul
établissement qui puisse se prévaloir de tels résultats scolaires, je ne dis
pas rivalisant avec ceux que je viens d'indiquer, mais même en approchant de
loin, s'il m'est permis d'accoupler ainsi les mots qui jurent mis ensemble. Ces
magnifiques performances sont dues, je le proclame bien haut pour en être le
témoin chaque année dans mes inspections, à la valeur et au dévouement intelligent
du corps enseignant de nos écoles. Que ces vaillants professeurs en soient ici
remerciés et félicités publiquement.
Vous sentez bien, Messieurs, que, quelque
solide que soit la valeur respective des cadres militaires et du corps
enseignant des Écoles militaires préparatoires, l'instruction et l'éducation de
nos jeunes gens n'ont pu s'élever au niveau que nous venons de constater que
par ce qu'il y a entente parfaite entre les professeurs et les officiers,
l'action des uns préparant ou complétant l'effort des autres. On ne fonde rien
de sérieux, rien de durable sur la jalousie, le dénigrement réciproque,
l'éparpillement des efforts. Et quand on s'adresse à des jeunes âmes naïves,
éprises d'une direction nette dans un sens bien déterminé, une telle anarchie à
la tête serait du plus funeste effet. C'est l'honneur des commandants d'Ecoles,
c'est l'honneur de leurs cadres et du corps enseignant d'avoir compris la
nécessité d'une saine entente et d'en avoir pratiqué les bienfaisants effets.
Nous pouvons être certains que, devant les magnifiques résultats obtenus, les
uns et les autres en poursuivront avec bonne humeur et résolution le maintien
et même le développement.
En décernant aux drapeaux des Écoles
militaires préparatoires cette splendide récompense qu'est la Croix de la
Légion d'honneur, le gouvernement de la République a voulu marquer le prix
qu'il attache à la formation donnée à cette si intéressante jeunesse. La valeur
en est attestée par les hommes d'élite sortis de ses rangs, par les héros tombés
au cours de la Grande Guerre. Ceux-là ont signé de leur sang le brevet de
gloire remis aujourd'hui à vos écoles et désormais confié à la discipline, au
travail, à l'honneur et au patriotisme des jeunes générations.
L'attribution de la Croix de la Légion
d'honneur aux drapeaux des écoles militaires préparatoires ne répondrait pas,
en effet, à l'idée profonde qui a inspiré cette mesure si, en honorant le
passé, elle ne suscitait pas dans les rangs des élèves qui se succéderont dans
ces établissements le désir passionné de justifier amplement, dans l'avenir,
une si éclatante récompense.
Que nos jeunes s'inspirent donc de la
belle formule de Pasteur :
« Regarder en haut, apprendre
au-delà, chercher à s'élever toujours. »
Que les yeux fixés sur la hampe du drapeau
orné de la croix des braves, ils se fassent à eux-mêmes le serment de
s'efforcer toujours vers le mieux, pour rester dignes de nos trois couleurs si
harmonieusement unies pour la satisfaction de nos aspirations nationales,
dignes de leurs 2.800 aînés tombés au champ d'honneur, dignes de la France
immortelle, pour la gloire de laquelle ils apprennent à vivre en hommes d'élite
et auront, s'il le faut, affronter la mort avec le clair regard des
preux. »
L'orateur se rassied. L'émotion trop
longtemps contenue déborde, éclate en ovations délirantes, en applaudissements
frénétiques. Puis debout, dressés en un élan spontané hommes et femmes, civils
et militaires, chantent avec une ferveur religieuse une Marseillaise dont
les formidables échos retentissent jusqu'au dehors. Tout à l'heure, la musique,
qui n'a cessé de dispenser un répertoire choisi avec beaucoup de maestria,
reprendra l'hymne national. Les assistants quittent ensuite la salle, sont
assaillis à la sortie par une nuée de vendeurs d'insignes qui font fortune,
puis ainsi décorés, gagnent l'esplanade où se déroule la fête sportive. Jeux
d'adresse, jeux d'endurance, carrousels, intermèdes comiques – la parodie de la
corrida – se succèdent sans ennui à un rythme accéléré. Le mauvais temps sévit
sans décourager les A.E.T. qui bravent les intempéries pour applaudir ces
cadets pour lesquels ils ont tant fait et qui leur en ont tant de
reconnaissance. Le programme, très éclectique, satisfait les plus difficiles.
Bouffonneries, adresse, grâces hippiques, force alliée au pittoresque – les 6
jours d'Autun exécutés par des cyclistes en tenue de campagne avec masque à gaz
– tout y est.
Ensuite c'est le défilé de chars qui
remporte son habituel succès. Hier déjà escortés par de nombreux élèves portant
des torches et d'originaux lampions multicolores, ils avaient longuement
parcouru la ville aux accents entraînants de la fanfare à la grande joie des
citadins et surtout des A.E.T. Qui, là comme partout créèrent autour de nous
une agréable atmosphère de sympathie et de gaieté.
Maintenant pendant que joue la musique
qui s'est prodiguée tout au long de la journée, ils réapparaissent à leurs
admirateurs de la veille. Il n'y a plus cette tremblotante et fantastique lueur
des flambeaux de la veille qui achevait le pittoresque de ce défilé nocturne,
mais la lumière crue du soleil – qui fait une timide apparition – met en relief
les moindres détails, les enjolive, les baigne et les imprègne de sa clarté
dorée.
Les attractions : baraques foraines,
jeux du hasard ou d'adresse, buvettes « café Maure », consommation de
Champagne, ne désemplissent pas. Le temps passe avec une incroyable rapidité et
bientôt c'est la fin de cette inoubliable journée où se sont resserrés les
liens qui unissent étroitement enfants de troupe et A.E.T.
Ne pouvant ici remercier tous ceux-ci au
nom de mes camarades de tout ce qu'ils ont fait et font encore pour nous,
j'exprime la gratitude émue dont débordent nos cœurs à l'homme qui a su
s'entourer de l'élite des anciens, grouper les efforts épars, détruire cette
instinctive hostilité qu'on nous vouait jadis, galvaniser les volontés
défaillantes et faciliter l'ascension de tous les nôtres à la noble figure
qu'incarne avec tant de bonheur le mouvement et l'esprit A.E.T. : j'ai nommé M.
Viacroze.
Tout est maintenant silence en cette
soirée de fête, plus rien ne bruit en ces lieux où tout à l'heure
retentissaient les cris de joie. Hier encore les flambeaux promenaient par la
ville leurs lueurs clignotantes, les chars faisaient leur première sortie, sur
le rythme entraînant des marches militaires ce soir cela n'est plus qu'un
brillant passé, l'évocation d'une minute d'enthousiasme qui a passé trop vite.
Maintenant que les amis nous quittent une
seule impression persiste dans les esprits, celle d'un triomphe de gloire et de
fraternité. Nous avons pu au cours de cette journée mesure l'héroïsme de ceux
de nos aînés qui ne sont plus et la générosité de ceux que Dieu nous a
conservés.
C'est aux uns comme aux autres que le
drapeau des écoles doit sa Croix, c'est à eux que nous le devons aussi,
n'avons-nous qu'un mot à dire, un simple mais un grand mot, nous leur
disons : Merci.
Journal des AET 1937.
Une Ombre.
Les journaux ont consacré quelques lignes
à l'information relatant l'attribution de la Légion d'honneur à nos drapeaux.
Beaucoup ont accompagné cette information de quelques compliments. L'équité
nous oblige à signaler un article paru dans un Bulletin Le Ruban Rouge,
organe d'une association de décorés de la Légion d'honneur. Cet article nous a
été signalé par différents enfants de troupe, abonnés à cette publication,
lesquels nous ont exprimé leur profonde indignation.
Voici l'article :
Trop vite …
Nous annonçons d'autre part que les
drapeaux d'écoles militaires ont été décorés de la Légion d'honneur.
Certes, nous pensons avec beaucoup
d'autres qu'il est indispensable, à l'heure actuelle, de nourrir et d'exalter
le moral de nos futurs sous-officiers.
Encore faudrait-il faire un choix
judicieux parmi les moyens qui paraissent les mieux appropriés pour obtenir le
résultat recherché.
Au cours de notre histoire militaire, un
certain nombre de drapeaux de nos régiments ont été décorés de la Légion
d'honneur pour des actions d'éclats accomplies au cours de luttes épiques, sur
les champs de bataille, au prix de mille dangers et d'un sang versé toujours
généreusement versé.
Pour eux, la Légion d'honneur est une
noble et juste récompense, certes la plus belle entre toutes. Raison de plus
pour ne pas la prodiguer en temps de paix et ne l'accorder qu'à bon escient, en
lui laissant son entière et éclatante signification.
C'est une question vitale pour le
prestige de notre Ordre national.
Nous serions heureux qu'elle fût
observée.
Nous avons immédiatement adressé à la
rédaction de ce périodique la lettre suivante, en recommandé, avec avis de
réception.
Paris, le 8 février 1937.
Monsieur le Directeur
du Ruban Rouge
82 rue Taitbout
Paris (9°)
Monsieur le Directeur.
Je suis informé par un certain nombre
d'anciens enfants de troupe, membres de la Légion d'honneur et abonnés au Ruban
Rouge, que vous avez fait paraître, dans cette publication (N° 6 Novembre -
Décembre 1936) un article intitulé Trop vite, inséré à la page 5, dans
lequel vous signalez que les drapeaux d'écoles militaires ont été décorés de la
Légion d'honneur. Du commentaire qui suit semble se dégager l'impression que
cette récompense, peu justifiée en l'espèce, risque, faute d'avoir été décernée
à bon escient, d'enlever à la Légion d'honneur son entière et éclatante
signification.
Comme par ailleurs cet article se réfère
à une information qui figure dans vos Echos Les drapeaux décorés où il
est précisé que, par décret du 30 octobre 1936, la Croix de la Légion d'honneur
est conférée aux drapeaux des écoles militaires préparatoires, nous ne pensons
pas commettre d'erreur en considérant que les allusions contenues dans
l'article Trop vite visent bien l'attribution de la Croix de la Légion
d'honneur aux écoles militaires préparatoires.
Cet article semblant méconnaître d'une
manière totale le rôle de ces écoles et la contribution qu'ont apportée à
l'armée les élèves qui en sont sortis, nous pensons que votre rédaction a, dans
la circonstance, été mal informée.
Elle est d'autant plus excusable, dans
une certaine mesure, que par omission regrettable, le Journal Officiel
du 3 novembre n'a pas publié le texte du rapport au Président de la République
qui précède habituellement le décret.
Nous vous prions de vouloir bien trouver,
ci-joint, copie de ce rapport. Nous sommes persuadés que la lecture de ce
document vous permettra de rectifier vos appréciations, en même temps qu'elle
vous fera mesurer jusqu'à quel point vous avez pu, involontairement, sans
doute, blesser cruellement les anciens enfants de troupe. Plus d'un millier de
ceux-ci sont titulaires de la Légion d'honneur, se répartissant dans tous les
grades, depuis les possesseurs du Grand cordon jusqu'aux porteurs du mince
ruban de Chevalier ; beaucoup sont membres de votre Association ;
tous ont le sentiment que la haute récompense décernée à leurs écoles de
formation n'a été que la reconnaissance tardive des vertus militaires qu'elles
ont inculquées à leurs élèves et que ces derniers ont pratiquées « au
cours des luttes épiques, sur les champs de bataille, au prix de mille dangers
et d'un sang toujours généreusement versé. »
Nous ne doutons pas, en particulier,
qu'en possession des moyens de rapprocher les titres qui viennent d'inspirer le
ministre de la Guerre et le Président de la République de ceux qui ont été
invoqués pour faire attribuer la Croix de la Légion d'honneur aux autres
écoles, vous reconnaissiez loyalement qu'un choix judicieux a été fait et que
« le prestige de notre ordre national ne risque pas d'être
amoindri ».
Je vous prie d'agréer, Monsieur le
directeur, l'assurance de ma haute considération
Signé L. Viacroze
Président général.
Il est superflu d'ajouter que l'énergique
et anonyme défenseur du prestige de notre ordre national n'a pu, depuis quatre
mois, trouver les mots d'excuses qui convenaient pour se faire pardonner ses
propos déplacés.
Les A.E.T. abonnés au Ruban Rouge
jugeront comme il convient l'attitude de la rédaction de ce journal.
Les membres de l'Association, après la
splendide cérémonie qui a eu lieu à Autun le 14 mars dernier, penseront avec
nous, qu'il y a mieux à faire que d'accorder plus d'une seconde d'attention à
cet entrefilet.
La Rédaction
Journal des AET mars 1937
Avril
Vol à l’Ecole Militaire.
Au sujet du vol de 3 lapins, au préjudice
de M. Brionne, à l’École militaire, une enquête a été ouverte par le maréchal
des logis Barbey et le gendarme Liot, des Andelys. Diverse personnes ont été
entendues mais aucun renseignement utile n’a permis d’identifier l’auteur de ce
vol..
L'Impartial du 10 avril.
Mai
Fête nationale Jeanne d’Arc, manifestation sportive.
Organisée par le CSA avec le concours de
la municipalité, de l’École Militaire et de l’US des Grands magasins du Bon
Marché.
Entrée gratuite.
Pendant la manifestation concert par la
fanfare de l’École militaire préparatoire des Andelys à 18h., place Nicolas
Poussin. Concert par la fanfare de l’EMP sous la direction du sergent-chef
Gidde….
L'Impartial du 8 mai.
Juin
Voyage à Compiègne de l'Ecole des Andelys.
Le 3 juin 1937, l'École des Andelys, avec
ses cadres, s'est rendue à Compiègne.
Un ciel particulièrement clément a
favorisé ce beau voyage qui s'est effectué en autos cars.
Vers 9 heures, la caravane a débarqué au
rond-point de l'Armistice. Elle a visité ce lieu historique ainsi que le wagon
du Maréchal Foch. Les élèves avaient été préparés, par une causerie faite en
temps voulu par le chef de bataillon commandant l'École, à se remémorer leurs
leçons d'histoire concernant la période du 7 au 11 novembre 1918.
Après un déjeuner en forêt
particulièrement goûté, l'École a défilé dans les rues de la ville et a déposé
une gerbe au monument aux morts de Compiègne et à celui élevé à la mémoire de
Guynemer.
L'après-midi a été consacré à la visite
du château et de son parc, du Musée de la voiture, du parc de l'aérostation àù
le commandant Guillotin avait préparé une démonstration particulièrement
intéressante.
Cette journée d'excursion a été largement
facilitée par l'aimable obligeance de la municipalité de Compiègne, de M. le
conservateur du château, du colonel commandant la brigade d'aérostation, qui
ont mis à la disposition de l'École le personnel nécessaire pour guider les
élèves et leur donner toutes explications utiles.
Le Journal des AET, mai/juin 1937
Grande Fête
Sportive.
Participation de l'École militaire à la
Grande fête sportive du 13 juin.
Voir annonce presse Impartial du 12 juin
Le départ de
l'adjudant-chef Roze.
Lundi 14 juin a eu lieu à l'École
militaire des Andelys une cérémonie toute intime organisée par le commandant de
l'École à l'occasion du départ de l'adjudant-chef Roze.
Ce dernier que nous connaissons depuis
longtemps aux Andelys était en effet atteint par la limite d'âge. Le commandant
Ourta a voulu marquer ce départ par un brillant défilé des élèves.
Placé au milieu de la cour d'honneur,
l'adjudant-chef Roze a pu voir dans les yeux des élèves qui le regardaient
fixement tout l'attachement et tout les respect qu'ils avaient pour celui qui a
été si longtemps pour eux un guide dévoué.
Après l'impeccable défilé le commandant
de l'École prononça un discours que nous publierons dans notre prochain numéro.
Après ce vibrant discours une agréable
surprise était réservée. Deux élèves apportaient, l'un une magnifique gerbe de
fleurs, l'autre un objet d'art en bronze représentant une mouette frôlant les
sommet d'une vague. Ce symbole de fidélité fut une agréable surprise pour le cœur
de notre vieux chasseur et quelques larmes perlèrent à ses yeux.
Le soir, officiers, professeurs,
sous-officiers étaient réunis à la salle d'honneur pour porter un toast au
bonheur et à l'agréable retraite de M. et Mme. Roze.
Ils partiront des Andelys tout joyeux
lorsqu'ils auront vu notre belle fête du Cinquantenaire de l'École.
L'Impartial du 19 juin.
Distribution des prix au conseil municipal.
Monsieur le maire donne lecture d’une
lettre qui lui a été adressée par M. le chef de bataillon Ourta commandant l’École
militaire préparatoire des Andelys et Messieurs les membres du conseil
municipal, les informant que la distribution des prix aux élèves de l’École
militaire préparatoire de Andelys aura lieu dans la première quinzaine de
juillet, et qu’ayant voulu témoigner chaque année vis à vis de l’École d’une
certaine amabilité, il sollicite de leur générosité un concours que ses élèves
apprécient particulièrement.
Le conseil donne acte à Monsieur le maire
de cette communication et décide qu’il sera offert au nom de la ville comme les
années précédentes deux dictionnaires Larousse dont le montant sera prélevé sur
l’article du budget primitif de l’exercice 1937.
Délibération du Conseil du 19 juin.
Adieux à
l'adjudant-chef Roze.
« Elèves des trois compagnies, j'ai
prié aujourd'hui l'adjudant-chef Roze d'être à mes côtés, afin que dans
quelques instants, vous puissiez défiler devant lui pour la dernière fois. Vous
devez rendre à ce gradé les honneurs qui lui sont dûs mais je désire surtout
que, dans cette manifestation, vous y mettiez tout votre cœur et toute votre
affection.
Ecoutez brièvement, résumer sa vie
d'honneur, de probité et d'entier dévouement à votre cause :
Engagé volontaire pour trois ans, le 5
octobre 1905, nous le voyons sous-officier en mai 1907. Avec le grade
d'adjudant, il est aux armées le 7 septembre 1914, mais le 30 novembre, il est
grièvement blessé et cité comme suit :
Sous-officier de carrière, brave,
énergique et plein d'entrain. Grièvement blessé le 30 novembre 1914 au cours
d'un bombardement en même temps que cinq chasseurs de sa section. N'a consenti
à se laisser évacuer, que lorsque ceux-ci eurent été transportés au poste de
secours. A perdu l'usage du bras droit.
La Médaille militaire bien méritée,
confirme, quelques temps après, la bravoure du chasseur Roze.
Cette cruelle blessure brise la carrière
de l'adjudant Roze et l'empêche de retourner au front. Après un passage dans un
centre d'Instruction physique, le ministre donne à l'intéressé la voie qui lui
convient : le 26 janvier 1919, il est affecté à l'École des Andelys.
Depuis 18 ans, il se consacre à
l'instruction militaire et à l'éducation des élèves qui se sont succédés ici.
Que de promotions il a vues ! Que d'officiers et de sous-officiers lui
doivent leur infinie reconnaissance et leur gratitude !
En 1934, ses services, son dévouement à
toutes les générations d'élèves qu'il a formées, reçoivent enfin leur juste
récompense, la Croix de la Légion d'honneur, qu'il porte avec une très louable
fierté.
Enfants, le cœur battant d'une légitime
émotion, le regard haut mais bien fixé sur l'adjudant-chef Roze, envers qui vos
anciens et vous-même avez une éternelle dette de reconnaissance. Vous allez
défiler.
Votre suprême geste militaire va à un
vieux chasseur, au vrai militaire qui, sur les sommets du pays montagneux où il
va se retirer, va continuer à porter les deux plus belles décorations que
l'armée offre à ses enfants.
Vers un ciel toujours bleu, dans les
rayons de soleil de son coin de retraite, l'adjudant-chef Roze laissera souvent
voler sa pensée, celle-ci revenant vers vous, vers vos ainés, vers vous-même,
car il va partir, emportant un souvenir qui demeurera le témoin de toute notre
estime et de toute notre affection.
Elèves à mon commandement :
Garde à vous !
Devant vous et en votre nom à tous,
élèves des trois compagnies, je vais donner à l'adjudant-chef Roze, l'accolade
d'adieu.
L'Impartial du 26 juin.
Juillet
Les prix à l’École militaire.
La distribution des prix à l’École
militaire aura lieu le mardi 13 juillet à 15 h,dans la salle des fêtes de
l'établissement, sous la présidence de M. le médecin général Pelaquin,
directeur du service de Santé de la 3eme Région.
Les commandants, les officiers et les
professeurs invitent les amis de l'École à honorer cette cérémonie de leur
présence. Ils remercient sincèrement les personnes qui ont la générosité de
contribuer à la constitution de récompenses aux meilleurs élèves, par des dons
particuliers.
L'Impartial du3 juillet.
Le Cinquantenaire de l'École militaire
des Andelys.
L'École militaire préparatoire des
Andelys a fêté, samedi 10 et dimanche 11 juillet, son cinquantenaire.
La manifestation grandiose a été présidée
par Monsieur le général Bourret, ancien élève, chef du cabinet du ministère de
la Défense nationale, nommé récemment au commandement de la Région de Paris.
Autour de lui, étaient groupées les
autorités suivantes :
Le sous-préfet, le sénateur Join-Lambert,
le député Forcinal, le général Cornet, ancien élève ; le médecin général
Peloquin, directeur du service de Santé de la 3 IIIème Région ;
le colonel Stehlé, directeur de l'Infanterie ; le colonel Larcher,
commandant le groupe de subdivision de Rouen ; M. Viacroze, ancien élève,
président général de l'Association des enfants de troupe ; M. Bréard,
conseiller général ; MM. Delarue et Clée, conseillers
d'arrondissement ; MM. Hubert et Bance, adjoint au maire ; de
nombreux conseillers municipaux ; un nombre imposants d'anciens élèves,
d'habitants des Andelys et de personnalités qui ont bien voulu témoigner leur
sympathie à l'École.
Samedi, à 20h30, deux importantes
délégations du Poulu Andelysien et du Groupe des anciens combattants
républicains de la ville, avec leurs drapeaux, ont assisté à la cérémonie
de la Flamme, ranimée au monument aux morts de l'École. Ce geste a été fait
simultanément par M. Chaplain, vice-président du Poulu Andelysien et
M . Langlois de la Fédération des Anciens combattants républicains de
l'Eure.
Après l'hymne aux morts, une minute de
recueillement et le dépôt d'une gerbe, le drapeau de l'École reposant sur deux
faisceaux de fusils, a été gardé toute la nuit par les élèves. Cette
manifestation simple et brève a été particulièrement émouvante.
Vers 22 heures, une imposante retraite
aux flambeaux, en partant du Petit-Andely, a parcouru les différentes artères
de la ville, provoquant une animation inaccoutumée.
Dimanche 11 juillet, vers 10 heures,
toutes les autorités se sont réunies à l'Hôtel de ville où la municipalité les
a reçues. M. le maire, dans une brève allocution, a précisé la joie et la
fierté qu'éprouve la ville de posséder l'E.M.P. Et de recevoir quelques-uns des
élèves les plus illustres. Il a fait ressortir également, toute la cordialité
qui a toujours réuni la ville et les cadres de l'École. Après les remerciements
du général Bourret, le cortège s 'est rendu à l'École, où la matiné s'est
terminée par la revue des élèves suivie de la remise de la Croix d'officier de
la Légion d'honneur à M. Dubois, professeur, et au commandant Troadec, ancien
élève de l'établissement.
La foule s'est ensuite dispersée dans les
locaux, admirant les installations modernes et récentes : salle des fêtes,
salon de coiffure, étude artistiquement décorées, exposition de dessins
exécutés par les élèves. Le tout a fait l'admiration des visiteurs.
Dès midi, un banquet a réuni deux cents
convives, dans un réfectoire décoré avec goût.
Au dessert ont pris la parole : le
chef de bataillon Ourta, commandant l'École, qui a retracé le demi-siècle
d'existence de l'E.M.P. ; Monsieur le sous-préfet, qui a excusé le préfet,
empêché et manifesté l'attachement du gouvernement à cet établissement.
Monsieur Hubert, remplaçant le maire, empêché qui, après une allusion pleine de
finesse, concernant les efforts de la ville pour la création de l'E.M.P., s'est
attaché à montrer qu'à l'enseignement donné aux Andelys, semblable à celui de
toutes les écoles primaires supérieures, s'ajoutait une discipline, même
d'esprit, qui loin d'être imposée, était plus que « consentie » mais
« voulue ».
Monsieur le général Bourret, qui a
prodigué, aux jeunes tous les conseils nécessaires à leur formation en leur
souhaitant bon courage et bonne chance au service de la République et de la
Patrie.
Dès 16 heures, la cour de l'École, devant
une foule de spectateurs, s'est déroulée la fête symbolique Pro Patria
que l'on a fort applaudie.
Les trois tableaux : Les travaux
de la Paix, La jeunesse et les jeux, Haut les cœurs,
formaient un tout dont la réalisation, due à M. Dubois et à M. Parrault,
présentait un caractère artistique digne d'éloges. A remarquer particulièrement
le Ballet des Moissonneurs, la danse de Cérès et la danse
Olympique, ces deux dernières exécutées par Mlle Janine Joly de
l'Opéra-Comique ; la magnifique démonstration d'athlétisme de la section
athlétique des sapeurs-pompiers de Paris.
Le Groupe Symphonique, les Petits
Chanteurs Normands, les jeunes enfants, les élèves et les
cadres de l'E.M.P., ont su charmer le public et même provoquer son admiration.
La troisième partie de cette inoubliable
fête, par ses oppositions, fête au village, suivie de l'appel aux armes et du
retour à la Paix, a été plus remarquée. La manifestation d'unité des provinces
françaises et l'hymne d'apothéose ont porté à son comble l'émotion des
assistants.
Après cet inoubliable après-midi, la fête
du Cinquantenaire s'est continuée par un feu d'artifice et s'est
clôturée par un bal. Malgré la bruine regrettable du soir, le jazz brillant du
Chef de Fanfare Gidde, ne s'est tu qu'à une heure fort avancée de la nuit.
Allocution du Commandant Ourta.
« Mon
général,
Monsieur
le préfet,
MM.
les parlementaires,
MM.
les généraux,
M.
le colonel directeur de l'Infanterie,
M.
le président de l'A.G. des anciens enfants de troupe,
M.
le conseiller général et MM. les conseillers d'arrondissement,
Monsieur
le maire, MM. les adjoints et MM. les conseillers municipaux,
MM.
les anciens élèves de l'École militaire des Andelys
Mesdames,
Messieurs,
Le 23 octobre 1887 a été inauguré l'École
militaire préparatoire des Andelys. Il m'a paru opportun de ne pas laisser
passer la cinquantième année d'existence de cet établissement, sans une
manifestation qui réunisse :
Les autorités dont les représentants
qualifiés avaient déjà marqué par leur présence, en 1887, toute leur sympathie
à l'œuvre entreprise à cette époque ; les anciens élèves qui désiraient
revivre quelques heures dans l'atmosphère leur rappelant hélas ! Leur
jeunesse ; les personnes qui ont toujours porté intérêt à l'École des
Andelys.
Je remercie particulièrement Monsieur le
général Bourret, le plus illustre élève de l'École, actuellement chef de
cabinet du ministre de la Défense nationale, qui a bien voulu accepter la
présidence de notre fête.
Je me permets de rappeler, sa modestie
devrait-elle en souffrir, ce qu'écrivait de lui un ancien enfant de troupe qui
l'avait personnellement connu :
« Le général Bourret, du fait de ses
études obstinément poursuivies, de son contact étroit avec les hommes, de son
expérience consommée de la vie, de sa fermeté et de sa certitude de pensée, de
ses convictions simples et nettes, de ses actes conformes à ses principes, a pu
accéder aux plus hautes fonctions et s'est vu confier des postes où les
responsabilités sont pesantes. »
Je suis sûrement l'interprète de tous, en
le priant d'accepter notre gratitude pour avoir su s'échapper à son absorbante
tâche et être venu au milieu de nous aujourd'hui, et en lui adressant toutes
nos félicitations, pour sa nomination au commandement de la région de Paris.
Je remercie également : Monsieur le
sous-préfet qui, par sa présence, marque sa sollicitude que le gouvernement de
la République témoigne aux Écoles militaires préparatoires ; Messieurs les
parlementaires, en particulier Monsieur le député Forcinal, qui ont bien voulu
s'associer à cette fête, manifestant leur attachement à tout ce qui touche
l'éducation des enfants, basés ici sur la discipline, l'exactitude, l'amour du
travail et la passion du service de la France.
Merci également à Messieurs les généraux
qui savent que la jeunesse formée ici, constitue une partie des cadres
officiers et sous-officiers qu'ils pourront juger demain.
Je crois devoir exprimer aussi toute
notre reconnaissance à Monsieur le général Cornet, que l'École est fière de
compter parmi ses anciens. Sa brillante carrière est, pour les jeunes élèves,
un exemple qui exaltera leur ardeur au travail, leur amour du devoir et de
l'honneur.
Tous nos remerciements vont également à
Monsieur le colonel Stehlé qui a bien voulu marquer par sa présence tout
l'intérêt que porte la direction de l'Infanterie aux Écoles militaires
préparatoires dont elle suit de près leur œuvre inlassablement poursuivie.
Merci à Monsieur Viacroze, président des
A.E.T. - Votre dévouement, mon cher Président, à tous les enfants de troupe,
est trop légendaire pour que je me permette d'ajouter un fleuron à la couronne
de mérites que, des plus qualifiés que moi, vous ont déjà décernée. Votre
association s'est attachée opiniâtrement à suivre les élèves à leur sortie de
l'école, prolongeant ainsi l'action des professeurs et des cadres. Vous les
conseillez, les guidez et facilitez leur vie, en assurant la permanence de
l'esprit de tradition que nous leur inculquons.
Je ne peux oublier Monsieur le conseiller
général et Messieurs les conseillers d'arrondissement des Andelys, auprès de
qui je trouve toujours une source inépuisable de facilités et de cordialités.
Merci à Monsieur le maire et Messieurs
les conseillers municipaux dont la présence est l'affirmation des relations
cordiales qui existent entre l'École et la ville. C'est cette charmante cité
que vous représentez, qui s'est imposée de gros sacrifices pour la construction
de cet établissement et c'est auprès de vous que je trouve toujours l'accueil
le plus aimable et les concours les plus dévoués.
Merci enfin, à tous les anciens enfants
de troupe des Andelys, qui sont accourus en nombre imposant, montrant qu'ils
n'ont pas oublié leur chère école et qu'ils désirent donner à notre fête tout
l'éclat qu'elle mérite.
Je ne sais comment je dois remercier toutes les dames qui ont accompagné
leur mari. Elles ont voulu partager les douces émotions de leurs époux et
contribuer, par leur grâce, leurs séduisantes qualités féminines et la gaieté
de leurs toilettes, à rendre plus souriante l'harmonie de cette belle journée.
Je n'ai garde de négliger tous ceux qui
ont collaboré, de près ou de loin, à cette fête, aux habitants des Andelys, aux
officiers, aux professeurs, à tous les cadres qui m'ont aidé en cette
circonstance. Je serais injuste si je n'adressais pas un mot particulier à MM.
Dubois et Parrault dont j'ai apprécié le dévouement sans limite, car ils n'ont
ménagé, pour la célébration de ce cinquantenaire, ni leur temps, ni leur peine.
Dans les plus petits détails vous trouverez réalisation de leur inspiration et
les manifestations de leur sens artistique. »
Le commandant Ourta retrace ensuite, dans
un exposé substantiel, les efforts poursuivis par l'État et par l'Armée pour
donner un statut aux enfants de troupe. La création des écoles militaires
préparatoires ordonnée par la loi du 10 juillet 1884 constitue le couronnement
de cette œuvre d'organisation.
Le commandant Ourta en vient ainsi à
narrer les péripéties qui aboutirent à l'installation de l'École des Andelys.
Il évoque avec émotion, devant quelques survivants la cérémonie de
l'inauguration qui eut lieu le 23 octobre 1887.
Dans un magistral raccourci, il expose
les progrès accomplis depuis cette époque et les résultats obtenus.
« Depuis près de deux siècles,
Messieurs, des âmes généreuses se sont constamment intéressées aux fils des
militaires devenus orphelins du fait du sacrifice des pères. Bien des
philanthropes, dans le passé, avaient été frappés par l'indifférence du pays à
l'égard des descendants de ceux qui étaient morts pour lui.
Des essais, à titre privé, d'écoles pour
ces orphelins, sont mentionnés dans l'histoire des enfants de l'armée ;
quelques uns particulièrement intéressants au 18ème siècle, n'ont
pas survécu, mais l'idée que la Nation avait un devoir j'ose dire une dette, à
l'égard des enfants de ses défenseurs, était née et certes, elle a fait son
chemin.
La Révolution s'intéressa à la question
et, dans un rapport du 20 Thermidor An 8, j'ai trouvé le principe
suivant :
« La République doit à tous les
citoyens des moyens d'instruction. Elle les doit gratuits aux enfants de ceux
qui sont morts à son service. »
Dès 1800, est réglée définitivement la
situation des enfants dans les régiments. Il est admis, à partir de cette
époque, que les unités auront, pour en assurer l'instruction et l'éducation, un
certain nombre d'enfants. La préférence est donnée d'abord aux orphelins de père
et de mère, ensuite aux orphelins de père ou de mère.
Cette dissémination des enfants de troupe
n'a pas permis, les années suivantes, d'obtenir les résultats que l'institution
envisagée avait prévus. On augmenta bien le nombre d'enfants de troupe dans les
corps, mais on limita toujours les programmes d'instruction ; aussi les
intelligences ne purent se développer.
En 1863, pour la première fois, il est
demandé la création d'écoles militaires secondaires destinées à recueillir les
enfants de troupe répartis dans les casernes. La campagne de cette époque
n'aboutit malheureusement pas.
L'idée continue son chemin quand même,
les inspecteurs généraux de l'Armée sont alertés et le maréchal Niel, dès 1868,
entreprend de réformer l'institution des enfants de troupe.
Les évènements douloureux de 1870
ralentissent l'oeuvre commencée, et c'est en 1873 que les études reprennent
pour aboutir à la création, à titre d'essai, d'une école militaire préparatoire
à Rambouillet, en exécution du décret du 23 juillet 1875.
Cette école ouvre ses portes le 8 août de
cette année, avec 250 élèves au maximum.
L'expérience est concluante et le
gouvernement de la République juge convenable, en 1883, de faire sanctionner
par le Parlement, les principes sur lesquels devait reposer une nouvelle
organisation.
Le 19 juillet 1884, la loi créant six
écoles militaires préparatoires est votée, écoles dont l'objet essentiel est de
recevoir les enfants de troupe de 13 à 18 ans et de les préparer, par un
enseignement spécial, à servir, comme il a été dit, utilement le pays dans
l'armée.
La réforme opérée marque une importante
évolution en matière d'éducation des fils de militaires. La France ne fait
d'ailleurs que suivre en cela l'exemple des principales puissances d'Europe,
notamment de l'Angleterre, de l'Allemagne et de la Russie, lesquelles avaient
déjà, dans cet ordre d'idées, réalisé une œuvre qui revêtait un caractère
éminemment social.
C'est alors que, dès le mois d'octobre
1882, la municipalité des Andelys étudie le problème de l'installation de l'École
et que, dès le mois d'avril 1883, elle pose officiellement sa candidature.
La ville propose à cette époque le
terrain avec ses voies d'accès et une somme de 400.000 F., représentant les
dépenses pour la construction et l'installation de l'École.
En même temps, son conseil exprime le
vœux que les pouvoirs publics veuillent bien prendre en considération les
efforts par la ville des Andelys et tous les sacrifices qu'elle s'impose pour
sortir de l'état d'isolement dans lequel elle est délaissée. La ville demande
alors qu'il lui soit venu en aide pour l'établissement du chemin de fer depuis
longtemps promis.
Après d'assez nombreuses discussions, et
quelques marchandages, les Andelys battent au poteau la municipalité de Bayeux
et celle du Neubourg, obtenant l'École et des promesses fermes sur la
réalisation du chemin de fer.
En octobre 1887, 162 élèves, dont quelque
uns sont présents ici aujourd'hui, occupent les quelques locaux à peine achevés
et, le 23 octobre 1887, toute la ville fête l'inauguration de l'établissement
dont elle est toujours fière.
A 10 heures, un cortège se forme devant
l'Hôtel de ville décoré et se met en marche vers le Petit-Andely pour y
recevoir le ministre des Travaux publics, les généraux et les personnalités
officielles qui doivent présider et assister à l'inauguration de l'École.
Rien ne manque à la fête : arcs de
triomphe, pavoisement de la ville, défilé des sociétés de musique du voisinage
et des sapeurs-pompiers des Andelys qui revêtent, pour la circonstance, disent
les archives, leur nouvel uniforme : dolman noir et patelettes de cuivre
nickelé, banquet, discours et même feu d'artifice.
Combien la journée du 23 octobre 1887, a
de points communs avec celle d'aujourd'hui.
Tous ceux qui étaient attachés aux
enfants de troupe se réjouissaient alors, en 1887, de la création des écoles
militaires préparatoires. Un succès était certes réalisé, mais il y avait un
idéal à poursuivre : permettre à tous les enfants de recevoir
l'instruction et l'éducation appropriées à leur intelligence et permettre
aussi, aux mieux doués, d'accéder aux plus hautes situations.
Avec l'après-guerre, des âmes généreuses
ont poursuivi obstinément cette tâche et réalisé cet idéal.
Dès 1897, le niveau moyen de
l'instruction à l'entrée dans les écoles est relevé par l'obligation pour les
candidats, de posséder le certificat d'études primaires.
Monsieur Pastre, ancien professeur
d'école militaire préparatoire, dans un rapport, souligne l'importance des
mesures à réaliser pour revivifier l'institution et mettre en valeur l'élite
intellectuelle des enfants de troupe. Il fait notamment ressortir l'intérêt
d'une sélection par voie de concours à l'entrée et la nécessité d'une sanction
des études, afin de stimuler le travail des élèves.
Examinons rapidement les étapes qui nous
ont mené à lla situation actuelle.
L'instruction du 21 octobre 1901 précise
malheureusement que les élèves sont destinés à permettre le recrutement des
cadres inférieurs de l'armée, ainsi les programmes sont établis pour que le but
de l'instruction ne soit pas dépassé ; mais les professeurs ne se
confinent pas strictement dans les limites étroites de ces programmes afin de
ne pas décourager les intelligences avides d'augmenter leur savoir. En marge de
la réglementation étroite, ils préparent une belle lignée de militaires et de
personnalités marquantes qui se sont faits, dans l'armée et dans la vie civile,
une place enviable, projetant, an particulier sur l'École des Andelys, un
lustre qui en justifie l'utilité pour le pays.
Dès 1919, la marche en avant se poursuit.
Le décret du 6 octobre de cette année établit le régime des écoles primaire
supérieures. Après quelques tergiversations pour adapter l'enseignement aux
moyens intellectuels des élèves, en établissant l'enseignement technique et
l'enseignement général, on revient à une situation rationnelle et démocratique.
Le concours à l'entrée est réalisé. Les
concurrents d'ailleurs, ne manquent pas ; en 1936, il y a cinq candidats
pour une place.
Tous les fils de militaires, active ou
réserve, peuvent désormais, se présenter au concours ; les écoles ont donc
un reflet nettement national.
Enfin, les élèves les plus doués, par
voie de concours, par le canal du cours secondaire d'Autun et du Prytanée de la
Flèche, se voient maintenant ouvertes les portes des grandes écoles :
Saint-Cyr, École navale, École Polytechnique, École de l'Air, École de Santé.
L'école militaire préparatoire est
désormais, le premier maillon de l'école unique réalisée et le mot d'ordre
actuel, auquel s'attachent les professeurs et les cadres de l'école est le
suivant : obtenir le rendement maximum pour l'ensemble de chacune des
promotions et dépister les intelligences susceptibles d'arriver aux plus hautes
destinées. »
Il achève enfin par cette péroraison qui
fut saluée par une triple salve d'applaudissements.
« Voilà Messieurs, ce qui a été fait
depuis cinquante années. Je ne veux pas lasser votre patience en vous indiquant
les résultats obtenus par les élèves de l'École aux différents examens et
concours, j'ai déjà trop abusé de vous et vous prie de m'en excuser.
Pourtant, je crois devoir signaler les
succès des examens de 1937.
Sur 118 candidats présentés
récemment : 73 ont obtenu le brevet d'enseignement primaire supérieur et
65 le brevet élémentaire.
J'ai cru bon de retracer, dans ses
grandes lignes, le demi-siècle passé, laissant aux anciens élèves le soin de
revivre leur jeunesse, les détails des années écoulées sur les bancs de cette École
où la discipline, assez rude d'autrefois, est devenue plus humaine et où les
conditions d'existence matérielles et morales dignes d'envie actuellement ne le
cèdent en rien à celles de la plupart des lycées et collèges de France.
Les services rendus à la Patrie par les
générations d'élèves, les plus hautes vertus militaires dont elles ont fait preuve,
ont reçu leur consécration cette année : la Croix de Chevalier de la
Légion d'honneur a été accrochée au drapeau de l'École des Andelys. Je puis
affirmer, au nom de tous, que cette récompense méritée par l'esprit de
dévouement et de sacrifice des promotions passées, sera confirmée par le
travail, la foi et l'idéal des promotions futures. »
Allocution du
Général Bourret.
« Mesdames,
Messieurs,
Mes
chers enfants,
Je veux, moi aussi, remercier la
municipalité des Andelys et toutes les personnalités qui ont marqué à cette
école leur bienfaisante sollicitude, depuis toujours et à l'occasion de ce
cinquantenaire.
Voilà donc cinquante ans que cette École
existe. Elle a fourni à l'Armée une foule de soldats et de chefs de tous grades
qui, pendant la Grande Guerre, et sur tous les points du monde, ont combattu
pour l'honneur du drapeau Français.
La vaillance de tous attestée par les
longues listes qui figurent sur les monuments élevés par les écoles d'enfants
de troupe à la mémoire de leurs morts qu'un souvenir pieux entoure. Elle est
symbolisée par la Croix de la Légion d'honneur qui décore nos drapeaux.
Il est donc juste qu'une cérémonie comme
celle d'aujourd'hui soit un hommage rendu à la longue suite d'efforts et de
sacrifice donnée au pays.
Que tous les enfants de troupe en
éprouvent une émotion et une fierté légitimes.
La joie des anciens est de voir que la
tradition se continue dans le progrès méthodique et constant et que les jeunes
d'aujourd'hui sont mieux armés que ceux d'autrefois pour les combats de la vie.
C'est vers les jeunes que les anciens que
nous sommes portent leurs espérances. C'est à eux que je m'adresse en terminant
cette brève allocution.
Je leur répète les conseils déjà souvent
prodigués : - Gardez de votre formation de jeunesse ce goût de la
discipline, discipline du corps, discipline de l'esprit, qui prépare à
l'accomplissement des grands devoirs pour ceux, comme nous, dont la vie est
consacrée à servir, ce terme étant entendu dans sa plus haute acceptation. -
Ayez l'amour du travail, ressentez-en la noblesse, l'éminente dignité. - Vous
n'avez aucun privilège, ni de naissance, ni de fortune ; vous n'avez rien
à attendre que du travail. Votre seule richesse est dans vos cerveaux et dans
vos cœurs.
Du reste, le cours des choses confirme cette
règle de vie. On sent se préparer autours de nous l'avènement du travail, qui
est l'avènement de la justice.
Enfin, qu'un snobisme vain ne vous
détourne jamais, quelque soit votre réussite, - je dirai surtout dans ce cas -,
de la vrai simplicité ; que l'orgueil de bien faire est votre seul
orgueil.
Eviter aussi, par un snobisme à rebours,
de vous targuer bruyamment de vos origines modestes – mais souvenez-vous en
toujours - . Vous jugerez alors mieux, avec plus de mesure, le terrain parcouru
et celui qui reste à parcourir -. Vous apprécierez mieux les bienfaits d'un
régime qui vous permet de vous élever par les seules voies du savoir et du
travail.
C'est-à-dire que vous vous pénétrerez
mieux de vos devoirs envers la République.
Bon courage donc, et bonne chance au
service de la République et de la Patrie. »
Le Journal des AET septembre 1937,
l'Impartial juillet 1937
Octobre
Résultats scolaires.
Parmi les candidats reçus aux examens du
brevet élémentaire et du BEPS ( 2ème session de 1937), nous relevons
les noms des élèves suivants, appartenant à notre établissement militaire
d’enseignement primaire supérieur :
B.E. : Bucholtz, Chommet, Hirel, Le
Fischer, Le Roux, Mazéo, Minous, Moulinec, Olanie, Quèze, Rio, Riou, Roudant,
Thénin.
B.E.P.S. : Boucholtz, Bulle et
Thénin.
Pour l’année scolaire 1936-1937, le
nombre des candidats admis (juillet et octobre 1937) est le suivant :
B.E. 80, B.E.P.S. 76, aux deux examens à
la fois 66.
Nos félicitations aux jeunes lauréats,
ainsi qu’aux professeurs qui les ont préparés.
L'Impartial du 9 octobre.
Novembre
L'Armistice.
Une manifestation s'est déroulée devant
le monument aux morts de la Ville, en présence des autorités parmi lesquelles
MM. Picharnaud, sous-préfet, Hubert adjoint, Bréard conseiller général, commandant
Ourta, lieutenant de gendarmerie Fournier, etc …
Des gerbes furent déposées ; une
minute de silence observée, et des chœurs exécutés par les élèves des écoles et
de l'École militaire, sous la direction de M. Dubois.
La cérémonie se termina par un morceau
exécuté par la musique municipale et la Marseillaise par la fanfare de l'École.
La pluie, malheureusement, gâta cette
cérémonie du souvenir.
Les A.C.R. se réunirent ensuite en un
banquet à l'Hôtel de ville, sous la présidence de M. le sous-préfet. Des
allocutions furent prononcées par MM. Dubois, Hubert, Bréard et Picharnaud. Ce
repas familial, pourrait-on dire, se termina par des chansons.
Un second banquet eut lieu à l'Hôtel des
Trois Marchands, où se donnèrent rendez-vous les membres du Poilu Andelysien,
sous la présidence de M. Lecoq. Là aussi, les A.C. se retrouvèrent en famille.
Le Poilu avait également organisé,
au théâtre, deux représentations de Ma cousine de Varsovie, qui
obtinrent le plus vif succès et dont les interprètes, ont droit aux plus
sincères félicitations.
Cette journée comportait encore une
manifestation sportive, qui fut suivie avec intérêt, malgré le mauvais temps,
et un bal, qui comme toujours, connut beaucoup d'entrain.
L'Impartial du 8 novembre.
Décembre
Le bal des sous-officiers.
Comme chaque année, ce bal, organisé par
les sous-officiers de l’École militaire, dans un but charitable, pour venir en
aide aux enfants de troupe nécessiteux, a obtenu un beau succès.
Les salons de l’Hôtel de ville,
remarquablement décorés, et où les jeux de lumières formaient une véritable
féerie, reçurent une assistance à la fois nombreuse et choisie, parmi laquelle
on notait la présence de diverses personnalités. La fanfare de l’École à
laquelle avait été adjoint divers éléments se distingua d’une façon toute
particulière, sous la direction du sergent-chef Gidde.
Encore une fois, ce bal des
sous-officiers comptera dans les annales chorégraphiques de 1937.
L'Impartial du 25 décembre.
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