Février
Bal des sous-officiers de l’École Militaire.
Salon de l’Hôtel de ville, présidé par M.
Hugot, maire.
Orchestre du Gouvernement militaire de
Paris (46è RI)
Au profit des œuvres de bienfaisances et
des enfants de troupe nécessiteux de l’E.M.P.
Parmi les personnalités :
MM. Bréard, conseiller général ; MM.
Clée et Delarue, conseillers d’arrondissement ;
M. Mendès-France, député ; le chef
de bataillon Mège, commandant l’E.M.P. ; le lieutenant Gruet ; M.
Destot, conseiller municipal.
Le buffet est tenu par M. l’adjudant Fritz.
L'Impartial du 8 février.
Mars
Sous-officiers de réserve.
Réunion à 20h45 le 17 mars à l’E.M.P.
Sujet, l’armement, étude du F.M. et de la
mitrailleuse.
L'Impartial du 15 mars.
Syndicat d’initiative.
Programme du 9 juillet : grand
concours de pêche interfédéral organisé par l’Ablette des Andelys. Important
défilé accompagné par les musiques du 39e RI et de l’E.M.P., les
Trompes de chasse de Gisors.
L'Impartial 25-3-33
Nomination.
Nomination au grade de lieutenant-colonel
de M. le chef de bataillon Mège, commandant de l’E.M.P. Il est affecté au 110e
RI à Calais.
L'Impartial du 29 mars.
Mai
Fête Jeanne d’Arc.
Fête Jeanne d’Arc le 14 mai. A 16h. place
Nicolas Poussin, la fanfare de l’E.M.P.
L'Impartial du 6 mai.
Une annulation.
A cause de la pluie, le concert n’a pas
eu lieu.
Un départ.
Départ du Lt-Cl
Mège : « Nous tenons à le remercier du concours actif qu’il a
toujours prêté aux autorités et aux organisateurs des fêtes et cérémonies
locales, durant les sept années qu’il a passé aux Andelys. »
Nos souhaits de bienvenu au commandant
Jourdan.
L'Impartial du 17 mai.
Fête sportive.
Fête sportive du 28 mai : le CSA
s’est assuré le concours de l’E.M. qui produira sur le stade du jardin
public une démonstration d’éducation physique, méthode de Joinville.
Pendant la fête, la musique de l’E.M.
fera entendre ses meilleurs morceaux.
L'Impartial du 20 mai.
Fête patronale.
Fête patronale le dimanche 4 juin.
Concert par la fanfare de l’E.M.
L'Impartial 27-5-33
Juin
Visite de l’École des Andelys par le groupe des AET de Paris.
Malgré ce mauvais temps, la sortie
programmée le 18 juin aux Andelys du groupe des AET de Paris a parfaitement
réussi. Nous avons été reçus par le commandant de l’École, entouré de ses
officiers, et les élèves, après avoir exécuté la cérémonie du salut au drapeau,
ont défilé devant leurs anciens.
Il sont vraiment belle allure nos jeunes
camarades, et l’impression donnée est excellente. Ils ont été ensuite rassemblés,
et le lieutenant-colonel Lasalmonie a prononcé une petite allocution :
« Mes chers petits camarades,
Je vous apporte le salut fraternel des
Anciens élèves des écoles militaires préparatoires du Groupe de la Région
parisienne. Certains d’entre eux qui sont ici, ont appartenu à votre École. Je
suis sûr qu’ils la revoient avec plaisir, mais aussi avec émotion.
Le président général de l’Association des
AET, M. Viacrose, s’excuse de n’avoir pu être des nôtres. Il m’a chargé de
rappeler les bons souvenirs qu’il a pieusement gardés de son séjour aux
Andelys, et d’exprimer ses remerciements et sa reconnaissance aux officiers,
aux professeurs et aux sous-officiers qui s’acquittent de leur tâche, avec tant
de zèle et de dévouement.
Mes chers enfants, vos anciens, se
rappelant les difficultés de leurs débuts dans la vie, ont voulu que leurs
cadets soient mieux armés pour se défendre. Après bien des efforts, et aussi
grâce à des concours généreux qu’ils ont su acquérir, ils ont obtenu le
relèvement du niveau de l’enseignement dans les écoles, et aussi, pour l’élite
des élèves, la possibilité d’affronter les examens d’entrée aux grandes écoles.
Vous connaissez les résultats. Inutile de les commenter.
La conclusion à tirer de ces faits :
c’est qu’il faut profiter de cette situation par un travail assidu, une
conduite exemplaire, une ferme ténacité. Vos anciens seront largement
récompensés par vos succès.
Ils vous demandent de ne pas être des
ingrats, de ne jamais oublier vos origines, de ne jamais oublier votre École,
vos éducateurs, vos professeurs. et plus tard, à votre tour, vous paierez votre
dette, en faisant pour vos cadets, ce que vos aînés ont fait pour vous.
J’ai apporté quelques prix qui vous
seront répartis par votre commandant d’École. Attribuez-leur surtout la valeur
morale qu’ils représentent : l’affection de vos aînés, l’intérêt qu’ils vous
portent.»
Les officiers de l’École, à la tête des
différents groupes formés, dirigèrent ensuite les visiteurs, dans les divers
locaux, et tous purent constater avec plaisir les soins éclairés donnés à nos
enfants.
Le déjeuner a eu lieu à l’hôtel des Trois
Marchands. Sept élèves de l’École ont été invités ; nos camarades Rénier et
Charlot, ont invité chacun un élève. Savalle qui n’avait pu venir, avait donné
à Chelle un acompte pour le déjeuner d’un élève.
Une somme de 200 francs a été remise au
commandant de l’École ainsi que divers volumes et médailles pour l’attribution
de prix.
Journal des AET du 9 octobre 1933.
Juillet
Une soirée récréative.
Soirée récréative le 11 juillet à l’E.M.
à 21 heures, salle des fêtes de l’E.M.
Programme :
Orchestre : Marche Lohengrin –
Wagner,
Mickey et Minnie,
sketch sonore par 2 élèves,
Le chameau, 4
élèves,
Match de boxe, 2
élèves,
Les Deux Bleus,
scène militaire en 1 acte, par 5 gradés de l’encadrement de l’E.M.
L'Impartial du 5 juillet.
La distribution des prix.
Le jeudi 13 juillet après-midi a eu lieu,
à l’École militaire préparatoire, la distribution solennelle des prix, que
présidait M. le médecin général Malaspina, directeur du service de santé de la
troisième région. De nombreuses personnalités avaient pris place sur l’estrade,
parmi lesquelles :
MM. Philip, sous-préfet ; le général
Malaspina ; Bréard, conseiller général ; Hugot, maire ; Hubert, premier adjoint
; Josse, conseiller général ; colonel Krebs ; chanoine Oursel ; Lafeuille,
Destot, Labbé, Boudin, conseillers municipaux ; commandant Jourdan ; lieutenant
de gendarmerie Vallet ; Biais, directeur du cours complémentaire ;
Lemercier, Bertin et Gras, professeurs honoraires ; Coutil, archéologue ;
Sautin, Eigle, commissaire de police ; les professeurs de l’École.
Après une vibrante Marseillaise exécutée
par la fanfare, ce fut tout d’abord l’émouvant appel des anciens élèves morts
au champ d’honneur. Puis la chorale, fort bien dirigée par M. Dubois,
interpréta Douce France, de Bouchon.
Cette année, c’était à Monsieur le
professeur Lagarenne que revenait l’honneur de prononcer le discours de
circonstance. Il s’acquitta de sa tâche avec éloquence et érudition. Nous
sommes heureux de le reproduire in-extenso.
« Mon général,
Mon commandant,
Mesdames, Messieurs,
Mes chers enfants,
Les mathématiques ne se prêtent guère aux
discours et me voici bien embarrassé devant vous, ayant la charge de préluder à
la distribution des prix par un discours où le professeur ne saurait totalement
oublier, sans être accusé de lèse-majesté, la matière de son enseignement et de
ses préoccupations de toute l’année scolaire, ces connaissances que je dois de
considérer avec tout le respect dû à des vérité millénaires, mais dont
l’aspect, quelque vénérable qu’il soit, ne saurait suffire, en cette assemblée,
à leur donner un caractère séduisant.
Je serais infiniment marri de dire
[.....] quelque chose qui put ressembler à un pensum et je sens qu’il y aurait
de grandes chances pour qu’il en soit ainsi si je gardais très longtemps la
parole devant vous. Je serai donc bref.
Je considère deux points dans le temps :
ce début de cérémonie pleine de solennité et de promesses, et sa fin qui doit
marquer, pour ceux dont la gloire de qui elle est instituée, la libération
estivale, l’envolée vers les vacances. Entre ces deux points, pas de doute
n’est-ce pas, le plus court chemin c’est la ligne droite ?
Pourvu qu’il n’aille pas alors prendre
une ligne trop brisée ! se disent déjà certains. Rassurez-vous, j’ai même
envisagé, et j’ai un peu de honte à l’avouer, de prendre la tangente, en vous
disant :
Mesdames, Messieurs, mes chers petits
amis, à quoi bon vous le dissimuler, je n’ai rien de nouveau ni d’intéressant à
vous dire, donc je vous remercie de toute l’attention que vous prépariez à me
donner et .... bonnes vacances !
Je ferais ainsi bien plaisir à certains,
mais d’aucuns m’accuseraient, et non sans raison, de manquer totalement aux
convenances, je ne le veux pas.
C’est pourquoi je vous demanderai,
maintenant que vous connaissez mes préoccupations présentes, la permission,
tout en restant dans leur plan, et parce qu’un plan est une surface illimitée
dans tous les sens, de pousser quelques pointes dans certaines directions où
les rapports avec les mathématiques vous apparaîtront .... assez éloignés et
... passablement problématiques.
N’est-ce pas cependant un problème
attrayant pour nous dans cet établissement scolaire et militaire à la fois où
tous nos élèves peuvent avoir la noble ambition de gagner un jour l’épaulette,
comme tant de leurs anciens l’ont fait, n’est-ce pas, dis-je, attrayant de
rechercher, à la lumière de grands exemples, les rapports étroits qui existent
entre les différentes disciplines auxquelles nous exerçons nos jeunes élèves et
qui se manifestent parfois, plus tard, d’une façon si heureuse, une dualité de
but, d’idéal, donnant à la vie une harmonie enviable ?
De grands exemples ? Si nous les voulions
tous embrasser du regard aujourd’hui, de ceux qui au cours de notre histoire,
ont honoré et l’uniforme et les lettres ou les sciences, il nous faudrait un
temps dont nous ne disposons pas et je manquerais à ma promesse d’être bref. Je
veux donc me borner à trois dont l’année 1933 va fixer particulièrement le
souvenir par un bi-centenaire, un centenaire et un cinquantenaire : Borda,
Niepce et Rivière, trois belles figures de soldats et savants ou libérateurs,
trinôme respectable que je salue largement.
Il y a deux siècles, le 4 mai dernier,
que naquit à Dax, Borda Jean-Charles dont le nom fut donné au vaisseau École
navale. Après d’excellentes études au collège de La Flèche, Borda entra fort
jeune dans le Génie militaire. En 1756, il n’avait alors que 23 ans, il lut à
l’Académie des sciences un mémoire sur le mouvement des projectiles et, la même
année, devint membre associé de cette académie. En 1757, il est aide de camp du
maréchal de Maillebois avec lequel il se trouve à la bataille d’Hastenbeck;
puis il prend du service dans la marine. Employé dans les ports, il dirige
toutes ses vues vers l’art nautique, dit un de ses biographes. C’est alors qu’il publie plusieurs mémoires
sur la résistance des fluides, sur la meilleure forme à donner aux vannes des
roues hydrauliques, sur la théorie des projectiles en ayant égard à la
résistance de l’air, sur le calcul des variations. En raison de ses travaux,
Borda est distingué par un ministre, M. de Iraslin, qui l’attache
définitivement au service de la marine en 1767 ; et il fait sa première
campagne sur mer en 1768. L’année 1771 le trouve embarqué sur la frégate La
Flore en qualité de commissaire de l’Académie pour faire l’essai des
montres marines. En 1774 et 1775 il visite les Açores, les îles du Cap vert, la
côte d’Afrique et est nommé lieutenant de vaisseau. Puis il va être chargé de
déterminer exactement la position des Canaries à la surface du globe. Aux
méthodes imparfaites, en usage auparavant pour les déterminatons semblables, il
substitue le procédé plus sûr des relèvements astronomiques obtenus par des
instruments à réflexion.
Grâce à ce voyage, il peut tracer une
fort belle carte des Canaries et de la côte africaine. Puis, avec le comte
d’Estaing, il prend part aux campagnes de 1777 et 1778 et il est nommé major de
l’armée navale. En 1781 il commande Le Guerrier et un an plus tard, on
le charge d’escorter, avec Le Solitaire, vaisseau de 74 canons, un corps
de troupe envoyé à la Martinique. Sa mission accomplie, il fait croisière et
est attaqué par une escadre ennemie et soutient un combat très long, ne se
rendant qu’après une résistance héroïque. Sa réputation de savant lui valut de
la part des Anglais un traitement de faveur ; ils le renvoyèrent sur parole
dans sa patrie. Au cours de ces années consacrées au service militaire, il
n’avait cependant jamais abandonné ses travaux scientifiques : en 1777 il avait
fait exécuter son cercle à réflexion dont un astronome anglais avait eu l’idée
première, mais que Borda sut s’approprier en le perfectionnant ; pour
les observations terrestres il construisit les cercles répétiteurs.
Avec Delambre et Méchain, Borda fut
chargé par la Constituante qui avait décidé l’institution d’un nouveau système
de poids et de mesures, de la détermination de l’arc de méridien qui devait
servir de base à l’unité fondamentale, notre mètre actuel. C’est Borda qui
dirigea les principales expériences de physique et inventa la plupart des
instruments employés lors de cette détermination. Il a laissé également
plusieurs ouvrages scientifiques : Voyage par ordre du Roi en 1771-1772
pour vérifier les méthodes et instruments servant à déterminer la latitude et
la longitude, tables trigonométriques décimales, tables des logarithmes, des
sinus, sécantes, tangentes, suivant la division du 1/4 de cercle en 100 degrés.
Ce rapide résumé ne permet-il pas
d’affirmer que la ville de Dax, en célébrant le bi-centenaire de Borda, honore
la mémoire d’un des plus grands géomètres français ?, « un des hommes, dit M.
Biot, qui ont le plus contribué au progrès de l’art nautique tant par les
instruments exacts qu’il a donnés aux marins, que par l’adresse avec laquelle
il a su rapprocher d’eux les méthodes géométriques, sans rien ôter à celles-ci
de leur exactitude. L’époque à laquelle il a publié ses observations doit être
regardée comme celle où les marins français ont abandonné les routines de
l’ignorance pour se laisser guider par le flambeau d’une science exacte. »
Alors que dans les Landes s’éteint l’écho
des fêtes dont toute la presse a rendu compte, voici Châlon-sur-Saône qui en
ouvre d’autres à l’occasion du centenaire de la mort de l’illustre inventeur de
la photographie. Niepce Joseph-Nicéphore y est mort, en effet, le 5 juillet
1833, â l’âge de 68 ans. Il y était né d’une famille qui avait fourni des
magistrats distingués : son père était conseiller du Roi, receveur des
consignations aux baillages et chancellerie de Châlon.
Un des auteurs qui ont le mieux étudié la
vie de Niepce dit de lui : « doux, spirituel, un peu poète, il se laissait
vivre sans se demander où il allait.»
Lors de la Révolution, il se fit soldat ;
le 10 mai 1792 il est sous-lieutenant au 42e régiment d’infanterie,
ci-devant Limousin, le jeune officier fait la campagne de Sardaigne, prend part
à deux batailles en Italie et nous le trouvons, le 18 ventôse an II, adjoint à
l’adjudant général Frottier. Mais une épidémie qu’il contracte et la faiblesse
de sa vue lui font abandonner la carrière des armes.
Le 20 novembre 1795, il est nommé
administrateur du district de Nice, appartenant alors à la France. Il a rempli
ces fonctions jusqu’en l’année 1801. Revenu alors, avec sa femme et son fils,
au foyer paternel, il partage les travaux de son frère aîné, dans la mécanique.
Ensemble ils imaginèrent des machines fort ingénieuses dont ils ne tirèrent
aucun parti. En 1806, Niepce prend un brevet d’invention pour le pyréolophore,
ce qui lui vaut les compliments de Carnot ; ensuite il construit une pompe
hydrostatique. C’est alors qu’il s’adonne à la culture du pastel et en 1811 il
parvint, avec son frère, à extraire de la plante une fécule colorante d’une
beauté comparable à celle de l’indigo.
A cette époque, la lithographie venait
d’être inventée et était très à la mode, Niepce voulut en faire, mais se
procurer les pierres convenables, très coûteuses, lui était difficile. En se
promenant, il avait remarqué des cailloux sur la route, cailloux qui lui
parurent se rapprocher beaucoup des pierres lithographiques. Il ramasse les
plus gros pour les utiliser, compose des vernis, mais l’homogénéité de ces
matériaux est imparfaite ; ses essais furent infructueux. Il essaya alors
l’étain, et vers 1813 il eut l’idée, qui se pouvait alors qualifier d’étrange,
non seulement de remplacer le crayon lithographique comme il avait remplacé la
pierre, mais de vouloir que ce fût la lumière qui fît elle-même le dessin. Et il
n’eut plus d’autre pensée. Relevons ce commentaire du biographe: « Qu’on se
figure maintenant cet homme relégué au fond d’une province, loin de tous les
conseils et de tous les enseignements, réduit à ses propres [.......] .
Les évènements de 1814, chute de
Napoléon, première restauration, puis de 1815 le troublèrent dans ses
recherches ; ce n’est qu’en 1822 qu’il obtint sur étain poli ou sur verre des
copies fidèles de gravures, à l’aide d’un vernis bitumeux de sa composition ; 2
ans après il peut fixer définitivement les images de la chambre noire. Si les
résultats obtenus étaient encore imparfaits, le problème néanmoins était
résolu.
Suivons notre inventeur en 1827 en
Angleterre où il va rendre visite à son frère aîné : il y rencontre un savant
dont il avait fait connaissance auparavant, Françis Bauer ; il lui fait part de
sa découverte, lui montre des spécimens d’images fixées sur étain poli et
d’épreuves sur papier, obtenues d’après ses planches. A la prière de Bauer,
Niepce adressa à la Société royale de Londres un mémoire et des épreuves, mais
ne voulut pas livrer son secret. On lui rendit donc le tout et sa communication
n’eut aucune suite.
Comment entre-t-il alors en
correspondance avec un graveur habile du nom de Lemaître ? Nous l’ignorons,
mais d’après sa correspondance on sait qu’il abandonne l’étain pour le cuivre,
revient à l’étain, et emploie aussi le plaqué d’argent. Dans ses lettres
également on découvre l’origine des relations qu’il entretient avec l’inventeur
du Diorama, Daguerre.
C’est en ces termes que Niepce racontait
en 1827 à M. Lemaître le début de leurs relations : « Ce monsieur, il s’agit de
Daguerre, ayant été informé, je ne sais comment, de l’objet de mes recherches,
m’écrivit l’an passé, courant janvier, pour me faire savoir qu’il s’occupait du
même objet et me demander si j’avais été plus heureux que lui dans mes
résultats. Cependant, à l’en croire, il en aurait déjà obtenu d’étonnants, et
malgré cela, il me priait de lui dire d’abord si je croyais la chose possible.
Je ne vous dissimulerai pas qu’une pareille incohérence d’idées eut lieu de me
surprendre, pour ne rien dire de plus.»
Niepce reçut, un an plus tard, une
seconde lettre de Daguerre qui, en lui demandant où il en était, le priait de
lui envoyer une épreuve. Niepce fit le voyage de Paris, eut une entrevue avec
Daguerre. Celui-ci ne lui montra aucun essai, Niepce lui communiqua
quelques-uns des siens. Peu après, voyant ses progrès constants entravés par le
mauvais état de la chambre noire, il proposa à Daguerre, qui avait perfectionné
cet appareil, d’associer leurs travaux. Un traité fut passé à Châlon, le 14
décembre 1829.
D’après cet acte, il est établi d’une
manière incontestable que Niepce est l’inventeur de la photographie ; on y lit
: « M. Niepce a découvert le moyen de reproduire spontanément les images reçues
dans la chambre noire.»
La prospérité fait donc un équitable
geste de reconnaissance en rendant à Niepce, par la voix de ses compatriotes et
du représentant du gouvernement français le pieux hommage qui vient de marquer
le centenaire de sa mort.
Et me voici arrivé au troisième terme du
trinôme humain auquel j’ai tenté de vous intéresser ; celui-ci est le plus
proche de nous par le temps, et notre génération ne saurait prétendre, en sa
majorité, à fêter un jour le centenaire de sa disparition. Nous en marquerons
le cinquantenaire. C’est le 19 mai 1883, en effet, que disparut héroïquement
dans une rizière tonkinoise des environs de Hanoï, le commandant Rivière,
soldat valeureux et écrivain de talent.
Il était né à Paris le 12 juillet 1827 et
était entré en 1843 à l’École navale qui s’honore, je l’ai dit il y a un
instant, de porter le nom de Borda. Enseigne de vaisseau 7 ans plus tard,
Rivière eut une carrière maritime en tous points semblable à celle de la
plupart de ses camarades d’active ; honorable, mais sans aucun fait saillant
jusqu’au grade de capitaine de frégate auquel il accéda en 1870. Le hasard des
affectations fit que lorsqu’éclata l’insurrection des Canaques en 1878, le
commandant Rivière se trouvait dans la division navale de la
Nouvelle-Calédonie. A la tête d’un détachement de déportés, il aida à réprimer
l’insurrection, et quand il rentra en France, ce fut en qualité de commandant
d’un des transports qui rapatriait, après l’amnistie votée par les Chambres
françaises, les condamnés de la Commune. Il s’aquittat là heureusement d’une
mission qui demandait certaines qualités et, dès son retour, il fut élevé au
grade de capitaine de vaisseau.
En 1881, le commandant Rivière était
appelé à prendre à Saigon, le commandement
de la division navale de Cochinchine. Il lui fallait donc quitter encore
une fois cette terre de France où, grâce à son labeur d’écrivain, mené de front
avec sa carrière d’officier, il s’était acquis déjà une réputation des plus
honorables.
De bonne heure il avait écrit : vers,
études historiques, comme La marine française sous Louis XV, puis des
nouvelles et des romans parmi lesquels je me contente de citer: Pierrot,
Caïn, le Cacique, Edmée, le Combat de la vie.
Au théâtre, où il s’était essayé, mais
sans beaucoup de succès, il avait donné plusieurs pièces, dont la Parvenue,
comédie en un acte jouée au Vaudeville en 1875.
Le poste qui venait de lui être assigné
en 1881 en Indo-Chine ne semblait pas, à première vue, devoir placer le
commandant Rivière en vedette et lui donner l’occasion d’accomplir de brillants
faits d’armes. Il ne s’agissait en somme pour lui que d’une surveillance du
littoral. Mais peut-on jamais savoir ce qui surgira d’imprévu dans ces pays où
fermentaient depuis des années les sentiments d’hostilité à la pénétration
française que, momentanément, avait arrêtée la mort du lieutenant de vaisseau
Françis Garnier, tué dans une embuscade, en 1873, au Tonkin ?
Les évènements ne tardèrent pas à changer
l’aspect de la situation là-bas. Rivière fut chargé bientôt, par le gouverneur
de la Cochinchine de deux missons ; l’une au Cambodge, l’autre au Siam ; puis
il reçut l’ordre de faire une démonstration sur le Song-Koï contre les
Pavillons noirs dont l’audace, de plus en plus grande, exigeait une attitude
énergique. « Evitez les coups de fusil, disaient les instructions du
Gouverneur; ils ne serviraient qu’à nous créer des embarras.» Et cependant
il s’agissait, en violation du traité insuffisant de 1874, de doubler les
garnisons autorisées au Tonkin.
Rivière partit sur le Drac, en
1882, et arriva avec 600 hommes et ses 3 canonnières à Hanoï ; il y trouva un
gouverneur hostile, menaçant. Craignant alors d’être jeté à la mer, il somma le
gouverneur de lui livrer la citadelle et la prit d’assaut le 25 avril 1882,
bien qu’elle fut défendue par plus de 4000 annamites. Ce geste eut une profonde
répercussion : l’empereur d’Annam fit appel à la Chine et des troupes
chinoises, ainsi que les Pavillons noirs s’avancèrent vers le delta du fleuve
Rouge. L’ambassadeur chinois à Paris demanda le rappel des français. Mais le
gouvernement répondit : « Qu’il s’agissait d’assurer l’application complète du
traité de 1874 avec l’Annam et qu’on ne devait aucune explication au
gouvernement chinois. » Un renfort fut même expédié au commandant Rivière qui
en profita pour faire occuper la concession des riches mines de Hongay, afin de
les empêcher de tomber entre des mains anglaises. Ceci l’entraîna à attaquer et
à prendre d’assaut, le 27 mars 1883, la ville de Nam-Dinh pour conserver ses
communications. Les Pavillons noirs se retirèrent ; mais apprenant que Rivière
n’avait qu’une poignée de soldats, ils revinrent attaquer Hanoï dont les
faubourgs furent incendiés par eux. Il tenta alors une reconnaissance dans la
direction de Tien-Tong, le 19 mai 1883, et c’est là qu’il tomba dans une
embuscade. Après une résistance héroïque, nos soldats et leurs officiers
(Berthe-de-Villiers, Moulin, Rivière) tombèrent sous les balles des
Chinois. La tête de Rivière fut promenée
au bout d’une pique.
Ainsi s’achevait prématurément cette vie
d’un beau soldat, doublé d’un délicat écrivain. De ses écrits le bagage est
assez important pour qu’il ait pu carresser, peu avant sa mort, l’espoir de
voir s’ouvrir devant lui, les portes de l’Académie française.
Mesdames, Messieurs, mes chers enfants,
j’en ai fini de vous promener à travers l’espace et le temps et je crois
pouvoir conclure, après cette étude rapide de trois existences consacrées au
service du Pays et au progrès de la civilisation sous sa forme scientifique et
littéraire, que la dualité de voie que semblent offrir certaines vies n’est en
somme que la résultante unique des forces et des dispositions nées, en grande
partie, de la diversité des disciplines qui constituent notre système d’éducation.
Je sais que lorsqu’on enseigne une matière ou lorsqu’on a pour elle un goût
particulier, une prédilection, on est tenté de la présenter comme la plus
importante de toutes ; c’est pourquoi bien des élèves d’autrefois, et
certainement aussi d’aujourd’hui, ont souri d’entendre successivement mettre au
premier rang plusieurs des branches d’enseignement. Sachons interpréter ces
affirmations d’apparence contradictoire, en ce sens que tous les enseignements
ont leur importance et leur utilité, même quand, élèves inexpérimentés, on ne
les aperçoit pas bien !
Ce sera par un conseil donc, à nos
élèves, que je terminerai : dans tout le cours de vos études, aujourd’hui,
demain et toujours, ne négligez aucun des enseignements qu’on vous donne.
Dans cette harmonie des efforts que je
vous recommande, peut-être trouverez-vous le secret des bonnes et heureuses
vacances comme celles que je vous souhaite !»
Un passage de l’Arlésienne fut
ensuite remarquablement exécuté par la fanfare, sous l’habile direction du sergent
Gidde ; puis M. le général Malaspina, président, prit la parole.
Ancien élève du Prytanée militaire de La
Flèche, il se retrouva, tout de suite, chez lui, parmi cette jeunesse. Il fit
l’impression d’être pour elle comme un ancien, et ce préambule fait une
vive impression sur ses jeunes auditeurs. Avec quelle éloquence, toute
paternelle, il leur adresse ses conseils et leur fait le portrait du vrai chef,
qu’ils seront peut-être un jour. Avec quelle émotion il cite tel passage de
cette oeuvre sublime de Paul Doumer Le livre de mes fils.
Parmi les anciens élèves de l’École
militaire morts au champ d’honneur, se trouve Chassignol, à peine âgé de 17
ans. Ce sera cette glorieuse et douce figure que proposera en exemple, pour
finir, M. le général Malaspina à toute cette jeunesse, qui l’écoute si
attentivement.
On applaudit chaleureusement cette belle
allocution. Ensuite, alternant avec la proclamation des prix, eut lieu une
charmante partie musicale, au cours de laquelle on eut le plaisir d’apprécier
le talent de Mlle Louise Casano, dans l’air du Freischutz, de Weber, Le
Cid de Massenet, et Paysage, de Reynaldo Hahn. Deux élèves, Levier
et Colette, dirent fort bien, l’un la Ballade à la lune, de Musset,
l’autre, les soldats de l’an II, de Hugo.
Le compositeur Casano, qui tenait le
piano d’accompagnement, avait composé pour la circonstance un Air varié
pour trompette, qui fut interprété, d’une façon remarquable, par le sergent
Gidde et Mlle Casano, violoniste. Citons encore un délicieux Menuet, pour
trompette et violon de Gidde. Enfin, la chorale exécuta l’air des Clochettes
de la Flûte enchantée, de Mozart. Mlle Claude Dubois accompagnait ce
choeur, très bien exécuté. Des gerbes de fleurs furent offertes à Mlles Casano
et Dubois.
La cérémonie s’acheva, aux sons de la
fanfare de l’École, par l’émouvant défilé des élèves devant le monument des
anciens élèves morts au champ d’honneur.
Signalons, en passant, que l’original
buffet, que tenaient costumés en Normands, les adjudants Fritz et Faucon,
connut le plus vif succès.
L'Impartial du 14 juillet.
Octobre
Un départ en retraite.
Le 21 octobre a eu lieu un dîner en
l’honneur de M. le commandant Picot, admis à faire valoir ses droits à la
retraite. Voir le discours de M. Sarrazin.
L'Impartial du 1er novembre
Une soirée.
Le 23 décembre, soirée dansante organisée
par les sous-officiers de l’E.M.
Partie musicale, orchestre militaire de
la 3e Région au bénéfice des enfants de troupe nécessiteux.
L'Impartial du 18 novembre.
Une marche des Enfants de troupe.
Dans le journal des AET on peut lire dans
la rubrique Le coin littéraire, les paroles d’une Marche des Enfants
de troupe écrites par M. Alberge, ancien professeur à l’École militaire de
Montreuil sur Mer en novembre 1903.
Premier couplet :
Nous sommes les enfants de troupe
Tous fils de valeureux soldats ;
Sous nos pas la foule s’attroupe,
Rêvant de glorieus combats ;
Elle admire nos coeurs sans rides,
Elle aime notre front loyal
Et dit : Ce sont des gars solides,
Comme ils ont un air martial !
Deuxième couplet :
On nous instruit pour la Patrie ;
On donne à nos corps la vigueur ;
Pour venger la France meurtrie,
Nous travaillons avec ardeur.
En nous vit la sainte espérance,
Le noble et généreux orgueil
De courir à la délivrance
Des chères provinces en deuil.
Troisième couplet :
Notre devise est belle et fière ;
C’est celle de cœurs confiants,
Héritiers d’une race altière,
Féconde en preux, riches en vaillants.
Nous avons déjà notre histoire :
Dardot, Piquerez et Lowy
Dorment dans un linceul de gloire :
Suivons leurs traces à l’envi.
Quatrième couplet :
Quand nous aurons quitté l’École
Pour aller dans un régiment,
Le drapeau sera notre idole,
Notre signe de ralliement.
Au chant d’une marche guerrière,
A l’appel vibrant des clairons,
Nous marcherons à la frontière,
En plein d’ardeur nous combattrons.
Refrain :
Dans la compagne ou dans la ville,
Clairons sonnant,
Tambours battant,
Nous défilons d’un pas agile,
Toujours chantant,
Le coeur content.
Des commentaires.
Les lecteurs du Journal des AET
commentent ainsi un article paru dans le Journal des sous-officiers le 16 décembre 1931 :
Les dispositions de l’instruction du 18
février 1923 prévoient que les sous-officiers candidats aux écoles militaires
de sous-officiers élèves officiers doivent avoir deux ans de grade au 1er
janvier de l’année du concours.
Cette mesure, qui s’applique à tous les
sous-officiers, pourrait, peut-être, être modifiée en faveur des anciens élèves
des écoles militaires préparatoires pourvus du brevet d’enseignement primaire
supérieur, qui auraient accompli, avant leur entrée dans un régiment, le stage
nécessaire d’instruction militaire prévu au centre de perfectionnement d’Autun.
L’instruction générale et militaire, qui
a été donnée à ces enfants de troupe pendant six années de classes, paraît largement
suffisante pour qu’ils puissent affronter dans une première année de grade de
sous-officier les concours pour les écoles militaires de sous-officiers élèves
officiers. C’est une catégorie spéciale de candidats, qu’il serait nécessaire
d’encourager par tous les moyens, car elle nous fournit un noyau important de
cadres et d’instucteurs de premier ordre qu’il serait bon de ménager.
Pour cela, un modificatif spécial
s’impose à l’instruction du 18 février 1929, en autorisant les candidats
enfants de troupe, remplissant les conditions ci-dessus, à présenter le
concours aux écoles militaires dans leur première année de grade de
sous-officier.
Dans l’état des choses actuel, il nous a
été permis, malheureusement, de constater que dans la deuxième année de préparation
au concours, de très bons éléments, découragés par ces trops longs mois
d’attente, abandonnent totalement leur projet pour se tourner vers de nouvelles
carrières, où toutes facilités et avantages leur sont plus largement accordés.
L. Dubois.
L’Association
rétorque que depuis 1818, il est légalement obligatoire, en temps de paix,
d’être sous-officier depuis deux ans pour pouvoir prétendre à être officier.
Ces lois successives ne peuvent être modifiées que par une nouvelle loi et non
par un seul décret. Par ailleurs, les anciens élèves du cours secondaire
d’Autun, choisis parmi les meilleurs, vont encore passer en moyenne deux années
au Prytanée avant d’entrer à Saint-Cyr où ils séjourneront deux années. Ils ne
seront donc officiers que vers 23 ou 24 ans. Les élèves du cours spécial
d’Autun peuvent être officiers, en passant par les écoles militaires, vers 22
et 23 ans. Ils ne sont donc pas défavorisés.
Ils
le sont d’autant moins, qu’une circulaire ministérielle fait entrer en ligne de
compte comme sous-officier, le temps passé au-delà de la durée légale de
service en qualité de caporal-chef et qu’une majoration de six mois va leur
être accordée prochainement sous certaines conditions.
Le Journal des AET du 9 octobre 1933.
Novembre
La fête de l’armistice.
Une
prise d’armes a eu lieu, le matin, à l’École militaire, au cours de laquelle la
Croix de la Légion d’honneur a été remise à M. Chéron, du Petit-Andely ; la
Médaille militaire à MM. Launay et Courtas, des Andelys, et à M. Delavoye, de
Villerest, commune d’Ecouis.
M.
le chef de bataillon Jourdan prononça une allocution ; puis M. le lieutenant
Forest prit également la parole devant le monument aux morts de l’École.
La
cérémonie se termina par le traditionnel défilé des élèves devant la stèle où sont
gravés les glorieux noms de leurs aînés, morts au front.
A
10h45, place de l’Hôtel de Ville, un cortège se forma, comprenant la police
locale ; les élèves de l’École militaire et leur fanfare ; les sapeurs-pompiers
et leur clique ; la musique municipale ; les élèves des écoles, accompagnés de
leurs maîtres et maîtresses ; la gendarmerie ; les anciens combattants ; les
officiers de réserve ; la municipalité, les fonctionnaires, les scouts, les
vétérans de 1870-71, etc...
Au
monument de la ville, on remarquait la présence de :
MM.
Hugot, maire ; Hubert, Albert, Bance, adjoints au maire ; Bréard, conseiller
général ; Clée et Delarue, conseillers municipaux ; le commandant Jourdan ; le
colonel Krebs ; le capitaine Léger ; le capitaine Léguillette, etc...
Le
clairon du sergent Samson annonça la minute de silence ; puis les cloches du
Grand et du Petit-Andely sonnèrent à toutes volées.
On
apprécia l’exécution d’un chœur de Gluck, chanté par les élèves des écoles
communales et de l’École militaire, des membres de la musique municipale et le
groupe symphonique. La musique municipale se fit également entendre dans un
morceau de circonstance, sous la direction de M. Flogny. Puis la
Marseillaise fut brillamment enlevée par la fanfare de l’École militaire,
si bien entraînée par le sergent Gide.
Des
gerbes ont été déposées au monument par la ville, les diverses sociétés, ainsi
que les enfants des écoles publiques et privées.
Au
retour, le cortège se reforme aux accents entraînants de la fanfare de l’École
et de la clique des sapeurs-pompiers.
L’après-midi,
une belle manifestation sportive eut lieu au stade ; nous en donnons le
compte-rendu d’autre part. Au cours du match, [.... ] un concert fut donné par
la clique des sapeurs-pompiers.
Le
soir, un grand banquet, servi par M. Guilbert, réunissait à l’Hôtel de Ville,
salle des banquets, les adhérents du Poilu andelysien. Tout le monde fit
honneur au menu. On remarquait outre M. Lecoq, président ; MM. Bréard, Clée,
Iliou, les membres du bureau, etc...
Au
dessert, M. Lecoq, prononça l’allocution suivante que nous sommes heureux de
reproduire ci-dessous.
«
Mes chers camarades,
Je
ne veux rien vous apprendre de nouveau en vous rappelant qu’il y a seize ou
dix-sept ans, lorsqu’arrivait le moment de passer à l’attaque un frisson
désagréable vous courrait le long de l’échine.
C’est
un peu l’état d’âme de votre président aujourd’hui, que lorsqu’en entendant
déboucher les sympathiques bouteilles qui viennent de vous être servies, se
remémorait le commencement du tir de barrage.
Dès
les premières explosions des bouchons, il commençait à compter les minutes,
aussi pour lui l’heure H. vient de sonner et, non sans quelque appréhensions,
il monte également sur le parapet.
Que
vous dirais-je de nouveau, chers camarades, que vous ne saviez déjà. La
situation actuelle ? Au point de vue de nos droits acquis, elle nous conseille
de rester vigilants. Nous devons d’ailleurs rendre grâce à nos Fédérations,
quelques soient leur dénomination, qu’elles ont l’œil au créneau et qu’aucune
attaque brusquée n’arrivera sans que nous en ayions été dûment avertis et qu’en
cas d’insuccès nous serions seuls responsables de notre sort.
Pour
éviter d’être grignotés (puisqu’aujourd’hui l’on paraît s’être aperçu en haut
lieu, qu’il était impossible de nous manger d’un seul coup sans nous faire
crier) restons unis.
Vous
allez dire que votre président est un rabâcheur, excusez ce terme peu
académique, mais je crois que l’an dernier, je faisais déjà appel à notre
union, mais je me permets d’insister à nouveau sur ce point et de vous rappeler
que, certains, ne cherchent qu’à diviser c’est à dire opposer en intérêts les
anciens combattants que pour mieux régner.
Ne
nous laissons donc pas prendre à ces belles promesses, restons dans le domaine
des choses tangibles et réalisables, et si nous devons accepter d’être touchés,
afin de contribuer pour notre part au redressement général, répétons, ainsi
qu’il a déjà été proclamé : « Nous sommes prêts à faire notre devoir mais
puisque pendant cinquante mois nous avons été les premiers, admettez bien que
pendant cinq minutes nous soyons les derniers !»
Au
point de vue de l’avenir je suis certain que vous serez tous de mon avis pour ne demander qu’une seule chose ceci : «
Que nos enfants ne revoient pas ce que nous avons vu et ne repassent pas où
nous sommes passés.»
Certains,
qui n’ont pas vécu cette époque, vous diront que c’est un moyen de tourisme
très agréable que de voyager à travers la France sac au dos, sans souci du pain
quotidien, puisque fourni par l’Intendance, avec un salaire assuré de cinq sous
par jour plus l’indemnité de combat. Si cela leur plaît, nous le leur
laisserons.»
Ce
matin même, au pied du monument élevé à la mémoire de nos camarades morts pour
la Patrie, pendant la minute si impressionnante de silence, alors que le
seul son perçu dans le lointain était le
son des cloches, commémorant la minute sacrée de l’Armistice qui nous mit au
coeur tant de joie, je me disais, en regardanr tous nos amis recueillis : non
il est impossible que semblable chose revienne. L’horizon peut s’obscurcir des
nuages menaçants peuvent paraître, mais il n’est pas possible que la génération
qui a vécu la guerre puisse de libre coeur, vouloir à nouveau cette chose
terrible.
Tous
ceux qui connaissent la France et qui l’aiment, savent que nous ne cherchons et
ne chercherions querelle à personne, mais en même temps il faut que nous
disions bien haut que, si l’agresseur voulait nous surprendre, nous serions
prêts à répondre encore une fois à l’appel de la Patrie nous appelant à son
secours.
Il
est de bon ton dans certains milieux, de ne pas paraître cocardier, mais je
suis certain que tous, tant que nous sommes ici, nous serios prêts dans un cas
semblable à répondre : « Présent !»
Je
reste persuadé toutefois qu’une collaboration sincère et loyale entre les
peuples, empêchera le retour des horreurs que nous avons connues et c’est dans
cet espoir qu’après avoir remercié notre dévoué camarade Guilbert, pour
l’excellent menu servi, je lève mon verre à la Paix, au triomphe de la
civilisation et à la prospérité de notre associatin notre Vieux Poilu
Andelysien.
On
applaudit chaleureusement cette allocution ; puis la parole fut donnée aux
chanteurs : MM. Rottier, Iliou, Montaillier, Bréard, Dupuis, Lefèvre, Duhamel,
Vigreux, Pinchon, qui, tous, obtinrent le plus vif succès.
La
soirée s’acheva, comme il convenait, par un bal très animé aux accents de
l’orchestre Pleydo’jazz.
L’Impartial du 15 novembre.
Décembre
Le bal des
sous-officiers.
Samedi
soir avait lieu à l’École militaire, le bal annuel des sous-officiers. On sait
que ce bal est une véritable œuvre de bienfaisance, puisque le produit de cette
soirée est detiné aux enfants de troupe nécessiteux.
Nombreuses
étaient les personnes qui avaient répondu aux invitations des organisateurs. On
remarquait le capitaine Léger ; les lieutenants Gruet, Cotte et Forest ; les
professeurs de l’École ; les sous-officiers. M. le commandant Jourdan s’était
fait excuser ; ce fut un élève qui vint lire le mot d’excuses du commandant de
l’Ecole. On remarquait aussi MM. Bréard, conseiller général, Clée et Delarue,
conseillers d’arrondissement ; Destot, conseiller municipal ; Herment,
président des sous-officiers de réserve, etc...
La
salle avait été décorée d’une façon très originale et très artistique. Le cadre
s’inspirait du genre arabe. C’est ainsi qu’on pouvait voir un buffet marocain,
tenu par MM. Fritz, Faucon et Lebert, costumés en arabes. Signalons que la
décoration artistique avait été confiée à M. Parrault, professeur de dessin à
l’École militaire. Bref, les yeux étaient véritablement charmés, et il convient
de féliciter tous ceux qui ont contribué à mettre sur pied ce beau décor : MM.
les officiers, les sous-officiers, ainsi que les élèves.
Il
va sans dire que le bal fut parfait et que l’orchestre militaire de la 3e
Région fut vivement apprécié. De jolis intermèdes vinrent encore égayer cette
belle soirée : scènes arabe et nègre et bourrée auvergnate. Félicitons les
acteurs de ces intermèdes, car ils se montrèrent très remarquables.
Ce
en fut que très tard que l’on s’arracha à cette charmante soirée, qui, encore
une fois, obtint les plus vif succès et mérite les plus sincères félicitations.
L'Impartial du 27 décembre.
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