1933 (1) : Bal des sous-officiers, sous-officiers de réserve, Syndicat d'initiative, nomination, fête Jeanne d'Arc, une annulation, un départ, fête sportive, fête patronale, visite de l'EMP par des AET de Paris, une soirée récréative, la distribution des prix, un départ en retraite, une soirée, une Marche des enfants de troupe, fête de l'Armistice, bal des sous-officiers.

Février

Bal des sous-officiers de l’École Militaire.
Salon de l’Hôtel de ville, présidé par M. Hugot, maire.
Orchestre du Gouvernement militaire de Paris (46è RI)
Au profit des œuvres de bienfaisances et des enfants de troupe nécessiteux de l’E.M.P.
Parmi les personnalités :
MM. Bréard, conseiller général ; MM. Clée et Delarue, conseillers d’arrondissement ;
M. Mendès-France, député ; le chef de bataillon Mège, commandant l’E.M.P. ; le lieutenant Gruet ; M. Destot, conseiller municipal.
Le buffet est tenu par  M. l’adjudant Fritz.

L'Impartial du 8 février.

Mars

Sous-officiers de réserve.
Réunion à 20h45 le 17 mars à l’E.M.P.
Sujet, l’armement, étude du F.M. et de la mitrailleuse.

L'Impartial du 15 mars.

Syndicat d’initiative.
Programme du 9 juillet : grand concours de pêche interfédéral organisé par l’Ablette des Andelys. Important défilé accompagné par les musiques du 39e RI et de l’E.M.P., les Trompes de chasse de Gisors.

L'Impartial 25-3-33

Nomination.
Nomination au grade de lieutenant-colonel de M. le chef de bataillon Mège, commandant de l’E.M.P. Il est affecté au 110e RI à Calais.

L'Impartial du 29 mars.
Mai

Fête Jeanne d’Arc.
Fête Jeanne d’Arc le 14 mai. A 16h. place Nicolas Poussin, la fanfare de l’E.M.P.

L'Impartial du 6 mai.

Une annulation.
A cause de la pluie, le concert n’a pas eu lieu.

Un départ.
Départ du Lt-Cl Mège : « Nous tenons à le remercier du concours actif qu’il a toujours prêté aux autorités et aux organisateurs des fêtes et cérémonies locales, durant les sept années qu’il a passé aux Andelys. »
Nos souhaits de bienvenu au commandant Jourdan.

L'Impartial du 17 mai.

Fête sportive.
Fête sportive du 28 mai : le CSA  s’est assuré le concours de l’E.M. qui produira sur le stade du jardin public une démonstration d’éducation physique, méthode de Joinville.
Pendant la fête, la musique de l’E.M. fera entendre ses meilleurs morceaux.

L'Impartial du 20 mai.

Fête patronale.
Fête patronale le dimanche 4 juin.
Concert par la fanfare de l’E.M.

L'Impartial 27-5-33


Juin

Visite de l’École des Andelys par le groupe des AET de Paris.
Malgré ce mauvais temps, la sortie programmée le 18 juin aux Andelys du groupe des AET de Paris a parfaitement réussi. Nous avons été reçus par le commandant de l’École, entouré de ses officiers, et les élèves, après avoir exécuté la cérémonie du salut au drapeau, ont défilé devant leurs anciens.
Il sont vraiment belle allure nos jeunes camarades, et l’impression donnée est excellente. Ils ont été ensuite rassemblés, et le lieutenant-colonel Lasalmonie a prononcé une petite allocution :

« Mes chers petits camarades,
Je vous apporte le salut fraternel des Anciens élèves des écoles militaires préparatoires du Groupe de la Région parisienne. Certains d’entre eux qui sont ici, ont appartenu à votre École. Je suis sûr qu’ils la revoient avec plaisir, mais aussi avec émotion.
Le président général de l’Association des AET, M. Viacrose, s’excuse de n’avoir pu être des nôtres. Il m’a chargé de rappeler les bons souvenirs qu’il a pieusement gardés de son séjour aux Andelys, et d’exprimer ses remerciements et sa reconnaissance aux officiers, aux professeurs et aux sous-officiers qui s’acquittent de leur tâche, avec tant de zèle et de dévouement.
Mes chers enfants, vos anciens, se rappelant les difficultés de leurs débuts dans la vie, ont voulu que leurs cadets soient mieux armés pour se défendre. Après bien des efforts, et aussi grâce à des concours généreux qu’ils ont su acquérir, ils ont obtenu le relèvement du niveau de l’enseignement dans les écoles, et aussi, pour l’élite des élèves, la possibilité d’affronter les examens d’entrée aux grandes écoles. Vous connaissez les résultats. Inutile de les commenter.
La conclusion à tirer de ces faits : c’est qu’il faut profiter de cette situation par un travail assidu, une conduite exemplaire, une ferme ténacité. Vos anciens seront largement récompensés par vos succès.
Ils vous demandent de ne pas être des ingrats, de ne jamais oublier vos origines, de ne jamais oublier votre École, vos éducateurs, vos professeurs. et plus tard, à votre tour, vous paierez votre dette, en faisant pour vos cadets, ce que vos aînés ont fait pour vous.
J’ai apporté quelques prix qui vous seront répartis par votre commandant d’École. Attribuez-leur surtout la valeur morale qu’ils représentent : l’affection de vos aînés, l’intérêt qu’ils vous portent.»
Les officiers de l’École, à la tête des différents groupes formés, dirigèrent ensuite les visiteurs, dans les divers locaux, et tous purent constater avec plaisir les soins éclairés donnés à nos enfants.
Le déjeuner a eu lieu à l’hôtel des Trois Marchands. Sept élèves de l’École ont été invités ; nos camarades Rénier et Charlot, ont invité chacun un élève. Savalle qui n’avait pu venir, avait donné à Chelle un acompte pour le déjeuner d’un élève.
Une somme de 200 francs a été remise au commandant de l’École ainsi que divers volumes et médailles pour l’attribution de prix.

Journal des AET du 9 octobre 1933.


Juillet

Une soirée récréative.
Soirée récréative le 11 juillet à l’E.M. à 21 heures, salle des fêtes de l’E.M.
Programme :
Orchestre : Marche Lohengrin – Wagner,
Mickey et Minnie, sketch sonore par 2 élèves,
Le chameau, 4 élèves,
Match de boxe, 2 élèves,
Les Deux Bleus, scène militaire en 1 acte, par 5 gradés de l’encadrement de l’E.M.

L'Impartial du 5 juillet.

La distribution des prix.
Le jeudi 13 juillet après-midi a eu lieu, à l’École militaire préparatoire, la distribution solennelle des prix, que présidait M. le médecin général Malaspina, directeur du service de santé de la troisième région. De nombreuses personnalités avaient pris place sur l’estrade, parmi lesquelles :
MM. Philip, sous-préfet ; le général Malaspina ; Bréard, conseiller général ; Hugot, maire ; Hubert, premier adjoint ; Josse, conseiller général ; colonel Krebs ; chanoine Oursel ; Lafeuille, Destot, Labbé, Boudin, conseillers municipaux ; commandant Jourdan ; lieutenant de gendarmerie Vallet ; Biais, directeur du cours complémentaire ; Lemercier, Bertin et Gras, professeurs honoraires ; Coutil, archéologue ; Sautin, Eigle, commissaire de police ; les professeurs de l’École.
Après une vibrante Marseillaise exécutée par la fanfare, ce fut tout d’abord l’émouvant appel des anciens élèves morts au champ d’honneur. Puis la chorale, fort bien dirigée par M. Dubois, interpréta Douce France, de Bouchon.
Cette année, c’était à Monsieur le professeur Lagarenne que revenait l’honneur de prononcer le discours de circonstance. Il s’acquitta de sa tâche avec éloquence et érudition. Nous sommes heureux de le reproduire in-extenso.

« Mon général,
Mon commandant,
Mesdames, Messieurs,
Mes chers enfants,
Les mathématiques ne se prêtent guère aux discours et me voici bien embarrassé devant vous, ayant la charge de préluder à la distribution des prix par un discours où le professeur ne saurait totalement oublier, sans être accusé de lèse-majesté, la matière de son enseignement et de ses préoccupations de toute l’année scolaire, ces connaissances que je dois de considérer avec tout le respect dû à des vérité millénaires, mais dont l’aspect, quelque vénérable qu’il soit, ne saurait suffire, en cette assemblée, à leur donner un caractère séduisant.
Je serais infiniment marri de dire [.....] quelque chose qui put ressembler à un pensum et je sens qu’il y aurait de grandes chances pour qu’il en soit ainsi si je gardais très longtemps la parole devant vous. Je serai donc bref.
Je considère deux points dans le temps : ce début de cérémonie pleine de solennité et de promesses, et sa fin qui doit marquer, pour ceux dont la gloire de qui elle est instituée, la libération estivale, l’envolée vers les vacances. Entre ces deux points, pas de doute n’est-ce pas, le plus court chemin c’est la ligne droite ?
Pourvu qu’il n’aille pas alors prendre une ligne trop brisée ! se disent déjà certains. Rassurez-vous, j’ai même envisagé, et j’ai un peu de honte à l’avouer, de prendre la tangente, en vous disant :
Mesdames, Messieurs, mes chers petits amis, à quoi bon vous le dissimuler, je n’ai rien de nouveau ni d’intéressant à vous dire, donc je vous remercie de toute l’attention que vous prépariez à me donner et .... bonnes vacances ! 
Je ferais ainsi bien plaisir à certains, mais d’aucuns m’accuseraient, et non sans raison, de manquer totalement aux convenances, je ne le veux pas.
C’est pourquoi je vous demanderai, maintenant que vous connaissez mes préoccupations présentes, la permission, tout en restant dans leur plan, et parce qu’un plan est une surface illimitée dans tous les sens, de pousser quelques pointes dans certaines directions où les rapports avec les mathématiques vous apparaîtront .... assez éloignés et ... passablement problématiques.
N’est-ce pas cependant un problème attrayant pour nous dans cet établissement scolaire et militaire à la fois où tous nos élèves peuvent avoir la noble ambition de gagner un jour l’épaulette, comme tant de leurs anciens l’ont fait, n’est-ce pas, dis-je, attrayant de rechercher, à la lumière de grands exemples, les rapports étroits qui existent entre les différentes disciplines auxquelles nous exerçons nos jeunes élèves et qui se manifestent parfois, plus tard, d’une façon si heureuse, une dualité de but, d’idéal, donnant à la vie une harmonie enviable ?
De grands exemples ? Si nous les voulions tous embrasser du regard aujourd’hui, de ceux qui au cours de notre histoire, ont honoré et l’uniforme et les lettres ou les sciences, il nous faudrait un temps dont nous ne disposons pas et je manquerais à ma promesse d’être bref. Je veux donc me borner à trois dont l’année 1933 va fixer particulièrement le souvenir par un bi-centenaire, un centenaire et un cinquantenaire : Borda, Niepce et Rivière, trois belles figures de soldats et savants ou libérateurs, trinôme respectable que je salue largement.
Il y a deux siècles, le 4 mai dernier, que naquit à Dax, Borda Jean-Charles dont le nom fut donné au vaisseau École navale. Après d’excellentes études au collège de La Flèche, Borda entra fort jeune dans le Génie militaire. En 1756, il n’avait alors que 23 ans, il lut à l’Académie des sciences un mémoire sur le mouvement des projectiles et, la même année, devint membre associé de cette académie. En 1757, il est aide de camp du maréchal de Maillebois avec lequel il se trouve à la bataille d’Hastenbeck; puis il prend du service dans la marine. Employé dans les ports, il dirige toutes ses vues vers l’art nautique, dit un de ses biographes.  C’est alors qu’il publie plusieurs mémoires sur la résistance des fluides, sur la meilleure forme à donner aux vannes des roues hydrauliques, sur la théorie des projectiles en ayant égard à la résistance de l’air, sur le calcul des variations. En raison de ses travaux, Borda est distingué par un ministre, M. de Iraslin, qui l’attache définitivement au service de la marine en 1767 ; et il fait sa première campagne sur mer en 1768. L’année 1771 le trouve embarqué sur la frégate La Flore en qualité de commissaire de l’Académie pour faire l’essai des montres marines. En 1774 et 1775 il visite les Açores, les îles du Cap vert, la côte d’Afrique et est nommé lieutenant de vaisseau. Puis il va être chargé de déterminer exactement la position des Canaries à la surface du globe. Aux méthodes imparfaites, en usage auparavant pour les déterminatons semblables, il substitue le procédé plus sûr des relèvements astronomiques obtenus par des instruments à réflexion.
Grâce à ce voyage, il peut tracer une fort belle carte des Canaries et de la côte africaine. Puis, avec le comte d’Estaing, il prend part aux campagnes de 1777 et 1778 et il est nommé major de l’armée navale. En 1781 il commande Le Guerrier et un an plus tard, on le charge d’escorter, avec Le Solitaire, vaisseau de 74 canons, un corps de troupe envoyé à la Martinique. Sa mission accomplie, il fait croisière et est attaqué par une escadre ennemie et soutient un combat très long, ne se rendant qu’après une résistance héroïque. Sa réputation de savant lui valut de la part des Anglais un traitement de faveur ; ils le renvoyèrent sur parole dans sa patrie. Au cours de ces années consacrées au service militaire, il n’avait cependant jamais abandonné ses travaux scientifiques : en 1777 il avait fait exécuter son cercle à réflexion dont un astronome anglais avait eu l’idée première, mais que Borda sut s’approprier en le perfectionnant ; pour les observations terrestres il construisit les cercles répétiteurs.
Avec Delambre et Méchain, Borda fut chargé par la Constituante qui avait décidé l’institution d’un nouveau système de poids et de mesures, de la détermination de l’arc de méridien qui devait servir de base à l’unité fondamentale, notre mètre actuel. C’est Borda qui dirigea les principales expériences de physique et inventa la plupart des instruments employés lors de cette détermination. Il a laissé également plusieurs ouvrages scientifiques : Voyage par ordre du Roi en 1771-1772 pour vérifier les méthodes et instruments servant à déterminer la latitude et la longitude, tables trigonométriques décimales, tables des logarithmes, des sinus, sécantes, tangentes, suivant la division du 1/4 de cercle en 100 degrés.
Ce rapide résumé ne permet-il pas d’affirmer que la ville de Dax, en célébrant le bi-centenaire de Borda, honore la mémoire d’un des plus grands géomètres français ?, « un des hommes, dit M. Biot, qui ont le plus contribué au progrès de l’art nautique tant par les instruments exacts qu’il a donnés aux marins, que par l’adresse avec laquelle il a su rapprocher d’eux les méthodes géométriques, sans rien ôter à celles-ci de leur exactitude. L’époque à laquelle il a publié ses observations doit être regardée comme celle où les marins français ont abandonné les routines de l’ignorance pour se laisser guider par le flambeau d’une science exacte. »
Alors que dans les Landes s’éteint l’écho des fêtes dont toute la presse a rendu compte, voici Châlon-sur-Saône qui en ouvre d’autres à l’occasion du centenaire de la mort de l’illustre inventeur de la photographie. Niepce Joseph-Nicéphore y est mort, en effet, le 5 juillet 1833, â l’âge de 68 ans. Il y était né d’une famille qui avait fourni des magistrats distingués : son père était conseiller du Roi, receveur des consignations aux baillages et chancellerie de Châlon.
Un des auteurs qui ont le mieux étudié la vie de Niepce dit de lui : « doux, spirituel, un peu poète, il se laissait vivre sans se demander où il allait.»
Lors de la Révolution, il se fit soldat ; le 10 mai 1792 il est sous-lieutenant au 42e régiment d’infanterie, ci-devant Limousin, le jeune officier fait la campagne de Sardaigne, prend part à deux batailles en Italie et nous le trouvons, le 18 ventôse an II, adjoint à l’adjudant général Frottier. Mais une épidémie qu’il contracte et la faiblesse de sa vue lui font abandonner la carrière des armes.
Le 20 novembre 1795, il est nommé administrateur du district de Nice, appartenant alors à la France. Il a rempli ces fonctions jusqu’en l’année 1801. Revenu alors, avec sa femme et son fils, au foyer paternel, il partage les travaux de son frère aîné, dans la mécanique. Ensemble ils imaginèrent des machines fort ingénieuses dont ils ne tirèrent aucun parti. En 1806, Niepce prend un brevet d’invention pour le pyréolophore, ce qui lui vaut les compliments de Carnot ; ensuite il construit une pompe hydrostatique. C’est alors qu’il s’adonne à la culture du pastel et en 1811 il parvint, avec son frère, à extraire de la plante une fécule colorante d’une beauté comparable à celle de l’indigo.
A cette époque, la lithographie venait d’être inventée et était très à la mode, Niepce voulut en faire, mais se procurer les pierres convenables, très coûteuses, lui était difficile. En se promenant, il avait remarqué des cailloux sur la route, cailloux qui lui parurent se rapprocher beaucoup des pierres lithographiques. Il ramasse les plus gros pour les utiliser, compose des vernis, mais l’homogénéité de ces matériaux est imparfaite ; ses essais furent infructueux. Il essaya alors l’étain, et vers 1813 il eut l’idée, qui se pouvait alors qualifier d’étrange, non seulement de remplacer le crayon lithographique comme il avait remplacé la pierre, mais de vouloir que ce fût la lumière qui fît elle-même le dessin. Et il n’eut plus d’autre pensée. Relevons ce commentaire du biographe: « Qu’on se figure maintenant cet homme relégué au fond d’une province, loin de tous les conseils et de tous les enseignements, réduit à ses propres [.......] .
Les évènements de 1814, chute de Napoléon, première restauration, puis de 1815 le troublèrent dans ses recherches ; ce n’est qu’en 1822 qu’il obtint sur étain poli ou sur verre des copies fidèles de gravures, à l’aide d’un vernis bitumeux de sa composition ; 2 ans après il peut fixer définitivement les images de la chambre noire. Si les résultats obtenus étaient encore imparfaits, le problème néanmoins était résolu.
Suivons notre inventeur en 1827 en Angleterre où il va rendre visite à son frère aîné : il y rencontre un savant dont il avait fait connaissance auparavant, Françis Bauer ; il lui fait part de sa découverte, lui montre des spécimens d’images fixées sur étain poli et d’épreuves sur papier, obtenues d’après ses planches. A la prière de Bauer, Niepce adressa à la Société royale de Londres un mémoire et des épreuves, mais ne voulut pas livrer son secret. On lui rendit donc le tout et sa communication n’eut aucune suite.
Comment entre-t-il alors en correspondance avec un graveur habile du nom de Lemaître ? Nous l’ignorons, mais d’après sa correspondance on sait qu’il abandonne l’étain pour le cuivre, revient à l’étain, et emploie aussi le plaqué d’argent. Dans ses lettres également on découvre l’origine des relations qu’il entretient avec l’inventeur du Diorama, Daguerre.
C’est en ces termes que Niepce racontait en 1827 à M. Lemaître le début de leurs relations : « Ce monsieur, il s’agit de Daguerre, ayant été informé, je ne sais comment, de l’objet de mes recherches, m’écrivit l’an passé, courant janvier, pour me faire savoir qu’il s’occupait du même objet et me demander si j’avais été plus heureux que lui dans mes résultats. Cependant, à l’en croire, il en aurait déjà obtenu d’étonnants, et malgré cela, il me priait de lui dire d’abord si je croyais la chose possible. Je ne vous dissimulerai pas qu’une pareille incohérence d’idées eut lieu de me surprendre, pour ne rien dire de plus.»
Niepce reçut, un an plus tard, une seconde lettre de Daguerre qui, en lui demandant où il en était, le priait de lui envoyer une épreuve. Niepce fit le voyage de Paris, eut une entrevue avec Daguerre. Celui-ci ne lui montra aucun essai, Niepce lui communiqua quelques-uns des siens. Peu après, voyant ses progrès constants entravés par le mauvais état de la chambre noire, il proposa à Daguerre, qui avait perfectionné cet appareil, d’associer leurs travaux. Un traité fut passé à Châlon, le 14 décembre 1829.
D’après cet acte, il est établi d’une manière incontestable que Niepce est l’inventeur de la photographie ; on y lit : « M. Niepce a découvert le moyen de reproduire spontanément les images reçues dans la chambre noire.»
La prospérité fait donc un équitable geste de reconnaissance en rendant à Niepce, par la voix de ses compatriotes et du représentant du gouvernement français le pieux hommage qui vient de marquer le centenaire de sa mort.
Et me voici arrivé au troisième terme du trinôme humain auquel j’ai tenté de vous intéresser ; celui-ci est le plus proche de nous par le temps, et notre génération ne saurait prétendre, en sa majorité, à fêter un jour le centenaire de sa disparition. Nous en marquerons le cinquantenaire. C’est le 19 mai 1883, en effet, que disparut héroïquement dans une rizière tonkinoise des environs de Hanoï, le commandant Rivière, soldat valeureux et écrivain de talent.
Il était né à Paris le 12 juillet 1827 et était entré en 1843 à l’École navale qui s’honore, je l’ai dit il y a un instant, de porter le nom de Borda. Enseigne de vaisseau 7 ans plus tard, Rivière eut une carrière maritime en tous points semblable à celle de la plupart de ses camarades d’active ; honorable, mais sans aucun fait saillant jusqu’au grade de capitaine de frégate auquel il accéda en 1870. Le hasard des affectations fit que lorsqu’éclata l’insurrection des Canaques en 1878, le commandant Rivière se trouvait dans la division navale de la Nouvelle-Calédonie. A la tête d’un détachement de déportés, il aida à réprimer l’insurrection, et quand il rentra en France, ce fut en qualité de commandant d’un des transports qui rapatriait, après l’amnistie votée par les Chambres françaises, les condamnés de la Commune. Il s’aquittat là heureusement d’une mission qui demandait certaines qualités et, dès son retour, il fut élevé au grade de capitaine de vaisseau.
En 1881, le commandant Rivière était appelé à prendre à Saigon, le commandement  de la division navale de Cochinchine. Il lui fallait donc quitter encore une fois cette terre de France où, grâce à son labeur d’écrivain, mené de front avec sa carrière d’officier, il s’était acquis déjà une réputation des plus honorables.
De bonne heure il avait écrit : vers, études historiques, comme La marine française sous Louis XV, puis des nouvelles et des romans parmi lesquels je me contente de citer: Pierrot, Caïn, le Cacique, Edmée, le Combat de la vie.
Au théâtre, où il s’était essayé, mais sans beaucoup de succès, il avait donné plusieurs pièces, dont la Parvenue, comédie en un acte jouée au Vaudeville en 1875.
Le poste qui venait de lui être assigné en 1881 en Indo-Chine ne semblait pas, à première vue, devoir placer le commandant Rivière en vedette et lui donner l’occasion d’accomplir de brillants faits d’armes. Il ne s’agissait en somme pour lui que d’une surveillance du littoral. Mais peut-on jamais savoir ce qui surgira d’imprévu dans ces pays où fermentaient depuis des années les sentiments d’hostilité à la pénétration française que, momentanément, avait arrêtée la mort du lieutenant de vaisseau Françis Garnier, tué dans une embuscade, en 1873, au Tonkin ?
Les évènements ne tardèrent pas à changer l’aspect de la situation là-bas. Rivière fut chargé bientôt, par le gouverneur de la Cochinchine de deux missons ; l’une au Cambodge, l’autre au Siam ; puis il reçut l’ordre de faire une démonstration sur le Song-Koï contre les Pavillons noirs dont l’audace, de plus en plus grande, exigeait une attitude énergique. « Evitez les coups de fusil, disaient les instructions du Gouverneur; ils ne serviraient qu’à nous créer des embarras.» Et cependant il s’agissait, en violation du traité insuffisant de 1874, de doubler les garnisons autorisées au Tonkin.
Rivière partit sur le Drac, en 1882, et arriva avec 600 hommes et ses 3 canonnières à Hanoï ; il y trouva un gouverneur hostile, menaçant. Craignant alors d’être jeté à la mer, il somma le gouverneur de lui livrer la citadelle et la prit d’assaut le 25 avril 1882, bien qu’elle fut défendue par plus de 4000 annamites. Ce geste eut une profonde répercussion : l’empereur d’Annam fit appel à la Chine et des troupes chinoises, ainsi que les Pavillons noirs s’avancèrent vers le delta du fleuve Rouge. L’ambassadeur chinois à Paris demanda le rappel des français. Mais le gouvernement répondit : « Qu’il s’agissait d’assurer l’application complète du traité de 1874 avec l’Annam et qu’on ne devait aucune explication au gouvernement chinois. » Un renfort fut même expédié au commandant Rivière qui en profita pour faire occuper la concession des riches mines de Hongay, afin de les empêcher de tomber entre des mains anglaises. Ceci l’entraîna à attaquer et à prendre d’assaut, le 27 mars 1883, la ville de Nam-Dinh pour conserver ses communications. Les Pavillons noirs se retirèrent ; mais apprenant que Rivière n’avait qu’une poignée de soldats, ils revinrent attaquer Hanoï dont les faubourgs furent incendiés par eux. Il tenta alors une reconnaissance dans la direction de Tien-Tong, le 19 mai 1883, et c’est là qu’il tomba dans une embuscade. Après une résistance héroïque, nos soldats et leurs officiers (Berthe-de-Villiers, Moulin, Rivière) tombèrent sous les balles des Chinois.  La tête de Rivière fut promenée au bout d’une pique.
Ainsi s’achevait prématurément cette vie d’un beau soldat, doublé d’un délicat écrivain. De ses écrits le bagage est assez important pour qu’il ait pu carresser, peu avant sa mort, l’espoir de voir s’ouvrir devant lui, les portes de l’Académie française.
Mesdames, Messieurs, mes chers enfants, j’en ai fini de vous promener à travers l’espace et le temps et je crois pouvoir conclure, après cette étude rapide de trois existences consacrées au service du Pays et au progrès de la civilisation sous sa forme scientifique et littéraire, que la dualité de voie que semblent offrir certaines vies n’est en somme que la résultante unique des forces et des dispositions nées, en grande partie, de la diversité des disciplines qui constituent notre système d’éducation. Je sais que lorsqu’on enseigne une matière ou lorsqu’on a pour elle un goût particulier, une prédilection, on est tenté de la présenter comme la plus importante de toutes ; c’est pourquoi bien des élèves d’autrefois, et certainement aussi d’aujourd’hui, ont souri d’entendre successivement mettre au premier rang plusieurs des branches d’enseignement. Sachons interpréter ces affirmations d’apparence contradictoire, en ce sens que tous les enseignements ont leur importance et leur utilité, même quand, élèves inexpérimentés, on ne les aperçoit pas bien !
Ce sera par un conseil donc, à nos élèves, que je terminerai : dans tout le cours de vos études, aujourd’hui, demain et toujours, ne négligez aucun des enseignements qu’on vous donne.
Dans cette harmonie des efforts que je vous recommande, peut-être trouverez-vous le secret des bonnes et heureuses vacances comme celles que je vous souhaite !»

Un passage de l’Arlésienne fut ensuite remarquablement exécuté par la fanfare, sous l’habile direction du sergent Gidde ; puis M. le général Malaspina, président, prit la parole.
Ancien élève du Prytanée militaire de La Flèche, il se retrouva, tout de suite, chez lui, parmi cette jeunesse. Il fit l’impression d’être pour elle comme un ancien, et ce préambule fait une vive impression sur ses jeunes auditeurs. Avec quelle éloquence, toute paternelle, il leur adresse ses conseils et leur fait le portrait du vrai chef, qu’ils seront peut-être un jour. Avec quelle émotion il cite tel passage de cette oeuvre sublime de Paul Doumer Le livre de mes fils.
Parmi les anciens élèves de l’École militaire morts au champ d’honneur, se trouve Chassignol, à peine âgé de 17 ans. Ce sera cette glorieuse et douce figure que proposera en exemple, pour finir, M. le général Malaspina à toute cette jeunesse, qui l’écoute si attentivement.
On applaudit chaleureusement cette belle allocution. Ensuite, alternant avec la proclamation des prix, eut lieu une charmante partie musicale, au cours de laquelle on eut le plaisir d’apprécier le talent de Mlle Louise Casano, dans l’air du Freischutz, de Weber, Le Cid de Massenet, et Paysage, de Reynaldo Hahn. Deux élèves, Levier et Colette, dirent fort bien, l’un la Ballade à la lune, de Musset, l’autre, les soldats de l’an II, de Hugo.
Le compositeur Casano, qui tenait le piano d’accompagnement, avait composé pour la circonstance un Air varié pour trompette, qui fut interprété, d’une façon remarquable, par le sergent Gidde et Mlle Casano, violoniste. Citons encore un délicieux Menuet, pour trompette et violon de Gidde. Enfin, la chorale exécuta l’air des Clochettes de la Flûte enchantée, de Mozart. Mlle Claude Dubois accompagnait ce choeur, très bien exécuté. Des gerbes de fleurs furent offertes à Mlles Casano et Dubois.
La cérémonie s’acheva, aux sons de la fanfare de l’École, par l’émouvant défilé des élèves devant le monument des anciens élèves morts au champ d’honneur.
Signalons, en passant, que l’original buffet, que tenaient costumés en Normands, les adjudants Fritz et Faucon, connut le plus vif succès.

L'Impartial du 14 juillet.


Octobre

Un départ en retraite.
Le 21 octobre a eu lieu un dîner en l’honneur de M. le commandant Picot, admis à faire valoir ses droits à la retraite. Voir le discours de M. Sarrazin.

L'Impartial du 1er novembre

Une soirée.
Le 23 décembre, soirée dansante organisée par les sous-officiers de l’E.M.
Partie musicale, orchestre militaire de la 3e Région au bénéfice des enfants de troupe nécessiteux.

L'Impartial du 18 novembre.

Une marche des Enfants de troupe.
Dans le journal des AET on peut lire dans la rubrique Le coin littéraire, les paroles d’une Marche des Enfants de troupe écrites par M. Alberge, ancien professeur à l’École militaire de Montreuil sur Mer en novembre 1903.


Premier couplet :
Nous sommes les enfants de troupe
Tous fils de valeureux soldats ;
Sous nos pas la foule s’attroupe,
Rêvant de glorieus combats ;
Elle admire nos coeurs sans rides,
Elle aime notre front loyal
Et dit : Ce sont des gars solides,
Comme ils ont un air martial !

Deuxième couplet :
On nous instruit pour la Patrie ;
On donne à nos corps la vigueur ;
Pour venger la France meurtrie,
Nous travaillons avec ardeur.
En nous vit la sainte espérance,
Le noble et généreux orgueil
De courir à la délivrance
Des chères provinces en deuil.

Troisième couplet :
Notre devise est belle et fière ;
C’est celle de cœurs confiants,
Héritiers d’une race altière,
Féconde en preux, riches en vaillants.
Nous avons déjà notre histoire :
Dardot, Piquerez et Lowy
Dorment dans un linceul de gloire :
Suivons leurs traces à l’envi.

Quatrième couplet :
Quand nous aurons quitté l’École
Pour aller dans un régiment,
Le drapeau sera notre idole,
Notre signe de ralliement.
Au chant d’une marche guerrière,
A l’appel vibrant des clairons,
Nous marcherons à la frontière,
En plein d’ardeur nous combattrons.



Refrain :
Dans la compagne ou dans la ville,
Clairons sonnant,
Tambours battant,
Nous défilons d’un pas agile,
Toujours chantant,
Le coeur content.

Des commentaires.
Les lecteurs du Journal des AET commentent ainsi un article paru dans le Journal des sous-officiers  le 16 décembre 1931 :
Les dispositions de l’instruction du 18 février 1923 prévoient que les sous-officiers candidats aux écoles militaires de sous-officiers élèves officiers doivent avoir deux ans de grade au 1er janvier de l’année du concours.
Cette mesure, qui s’applique à tous les sous-officiers, pourrait, peut-être, être modifiée en faveur des anciens élèves des écoles militaires préparatoires pourvus du brevet d’enseignement primaire supérieur, qui auraient accompli, avant leur entrée dans un régiment, le stage nécessaire d’instruction militaire prévu au centre de perfectionnement d’Autun.
L’instruction générale et militaire, qui a été donnée à ces enfants de troupe pendant six années de classes, paraît largement suffisante pour qu’ils puissent affronter dans une première année de grade de sous-officier les concours pour les écoles militaires de sous-officiers élèves officiers. C’est une catégorie spéciale de candidats, qu’il serait nécessaire d’encourager par tous les moyens, car elle nous fournit un noyau important de cadres et d’instucteurs de premier ordre qu’il serait bon de ménager.
Pour cela, un modificatif spécial s’impose à l’instruction du 18 février 1929, en autorisant les candidats enfants de troupe, remplissant les conditions ci-dessus, à présenter le concours aux écoles militaires dans leur première année de grade de sous-officier.
Dans l’état des choses actuel, il nous a été permis, malheureusement, de constater que dans la deuxième année de préparation au concours, de très bons éléments, découragés par ces trops longs mois d’attente, abandonnent totalement leur projet pour se tourner vers de nouvelles carrières, où toutes facilités et avantages leur sont plus largement accordés.

L. Dubois.

L’Association rétorque que depuis 1818, il est légalement obligatoire, en temps de paix, d’être sous-officier depuis deux ans pour pouvoir prétendre à être officier. Ces lois successives ne peuvent être modifiées que par une nouvelle loi et non par un seul décret. Par ailleurs, les anciens élèves du cours secondaire d’Autun, choisis parmi les meilleurs, vont encore passer en moyenne deux années au Prytanée avant d’entrer à Saint-Cyr où ils séjourneront deux années. Ils ne seront donc officiers que vers 23 ou 24 ans. Les élèves du cours spécial d’Autun peuvent être officiers, en passant par les écoles militaires, vers 22 et 23 ans. Ils ne sont donc pas défavorisés.
Ils le sont d’autant moins, qu’une circulaire ministérielle fait entrer en ligne de compte comme sous-officier, le temps passé au-delà de la durée légale de service en qualité de caporal-chef et qu’une majoration de six mois va leur être accordée prochainement sous certaines conditions.

Le Journal des AET du 9 octobre 1933.


Novembre

La fête de l’armistice.
Une prise d’armes a eu lieu, le matin, à l’École militaire, au cours de laquelle la Croix de la Légion d’honneur a été remise à M. Chéron, du Petit-Andely ; la Médaille militaire à MM. Launay et Courtas, des Andelys, et à M. Delavoye, de Villerest, commune d’Ecouis.
M. le chef de bataillon Jourdan prononça une allocution ; puis M. le lieutenant Forest prit également la parole devant le monument aux morts de l’École.
La cérémonie se termina par le traditionnel défilé des élèves devant la stèle où sont gravés les glorieux noms de leurs aînés, morts au front.
A 10h45, place de l’Hôtel de Ville, un cortège se forma, comprenant la police locale ; les élèves de l’École militaire et leur fanfare ; les sapeurs-pompiers et leur clique ; la musique municipale ; les élèves des écoles, accompagnés de leurs maîtres et maîtresses ; la gendarmerie ; les anciens combattants ; les officiers de réserve ; la municipalité, les fonctionnaires, les scouts, les vétérans de 1870-71, etc...
Au monument de la ville, on remarquait la présence de :
MM. Hugot, maire ; Hubert, Albert, Bance, adjoints au maire ; Bréard, conseiller général ; Clée et Delarue, conseillers municipaux ; le commandant Jourdan ; le colonel Krebs ; le capitaine Léger ; le capitaine Léguillette, etc...
Le clairon du sergent Samson annonça la minute de silence ; puis les cloches du Grand et du Petit-Andely sonnèrent à toutes volées.
On apprécia l’exécution d’un chœur de Gluck, chanté par les élèves des écoles communales et de l’École militaire, des membres de la musique municipale et le groupe symphonique. La musique municipale se fit également entendre dans un morceau de circonstance, sous la direction de M. Flogny. Puis la Marseillaise fut brillamment enlevée par la fanfare de l’École militaire, si bien entraînée par le sergent Gide.
Des gerbes ont été déposées au monument par la ville, les diverses sociétés, ainsi que les enfants des écoles publiques et privées.
Au retour, le cortège se reforme aux accents entraînants de la fanfare de l’École et de la clique des sapeurs-pompiers.
L’après-midi, une belle manifestation sportive eut lieu au stade ; nous en donnons le compte-rendu d’autre part. Au cours du match, [.... ] un concert fut donné par la clique des sapeurs-pompiers.
Le soir, un grand banquet, servi par M. Guilbert, réunissait à l’Hôtel de Ville, salle des banquets, les adhérents du Poilu andelysien. Tout le monde fit honneur au menu. On remarquait outre M. Lecoq, président ; MM. Bréard, Clée, Iliou, les membres du bureau, etc...
Au dessert, M. Lecoq, prononça l’allocution suivante que nous sommes heureux de reproduire ci-dessous.

« Mes chers camarades,
Je ne veux rien vous apprendre de nouveau en vous rappelant qu’il y a seize ou dix-sept ans, lorsqu’arrivait le moment de passer à l’attaque un frisson désagréable vous courrait le long de l’échine.
C’est un peu l’état d’âme de votre président aujourd’hui, que lorsqu’en entendant déboucher les sympathiques bouteilles qui viennent de vous être servies, se remémorait le commencement du tir de barrage.
Dès les premières explosions des bouchons, il commençait à compter les minutes, aussi pour lui l’heure H. vient de sonner et, non sans quelque appréhensions, il monte également sur le parapet.
Que vous dirais-je de nouveau, chers camarades, que vous ne saviez déjà. La situation actuelle ? Au point de vue de nos droits acquis, elle nous conseille de rester vigilants. Nous devons d’ailleurs rendre grâce à nos Fédérations, quelques soient leur dénomination, qu’elles ont l’œil au créneau et qu’aucune attaque brusquée n’arrivera sans que nous en ayions été dûment avertis et qu’en cas d’insuccès nous serions seuls responsables de notre sort.
Pour éviter d’être grignotés (puisqu’aujourd’hui l’on paraît s’être aperçu en haut lieu, qu’il était impossible de nous manger d’un seul coup sans nous faire crier) restons unis.
Vous allez dire que votre président est un rabâcheur, excusez ce terme peu académique, mais je crois que l’an dernier, je faisais déjà appel à notre union, mais je me permets d’insister à nouveau sur ce point et de vous rappeler que, certains, ne cherchent qu’à diviser c’est à dire opposer en intérêts les anciens combattants que pour mieux régner.
Ne nous laissons donc pas prendre à ces belles promesses, restons dans le domaine des choses tangibles et réalisables, et si nous devons accepter d’être touchés, afin de contribuer pour notre part au redressement général, répétons, ainsi qu’il a déjà été proclamé : « Nous sommes prêts à faire notre devoir mais puisque pendant cinquante mois nous avons été les premiers, admettez bien que pendant cinq minutes nous soyons les derniers !»
Au point de vue de l’avenir je suis certain que vous serez tous de mon avis  pour ne demander qu’une seule chose ceci : « Que nos enfants ne revoient pas ce que nous avons vu et ne repassent pas où nous sommes passés.»
Certains, qui n’ont pas vécu cette époque, vous diront que c’est un moyen de tourisme très agréable que de voyager à travers la France sac au dos, sans souci du pain quotidien, puisque fourni par l’Intendance, avec un salaire assuré de cinq sous par jour plus l’indemnité de combat. Si cela leur plaît, nous le leur laisserons.»
Ce matin même, au pied du monument élevé à la mémoire de nos camarades morts pour la Patrie, pendant la minute si impressionnante de silence, alors que le seul  son perçu dans le lointain était le son des cloches, commémorant la minute sacrée de l’Armistice qui nous mit au coeur tant de joie, je me disais, en regardanr tous nos amis recueillis : non il est impossible que semblable chose revienne. L’horizon peut s’obscurcir des nuages menaçants peuvent paraître, mais il n’est pas possible que la génération qui a vécu la guerre puisse de libre coeur, vouloir à nouveau cette chose terrible.
Tous ceux qui connaissent la France et qui l’aiment, savent que nous ne cherchons et ne chercherions querelle à personne, mais en même temps il faut que nous disions bien haut que, si l’agresseur voulait nous surprendre, nous serions prêts à répondre encore une fois à l’appel de la Patrie nous appelant à son secours.
Il est de bon ton dans certains milieux, de ne pas paraître cocardier, mais je suis certain que tous, tant que nous sommes ici, nous serios prêts dans un cas semblable à répondre : « Présent !»
Je reste persuadé toutefois qu’une collaboration sincère et loyale entre les peuples, empêchera le retour des horreurs que nous avons connues et c’est dans cet espoir qu’après avoir remercié notre dévoué camarade Guilbert, pour l’excellent menu servi, je lève mon verre à la Paix, au triomphe de la civilisation et à la prospérité de notre associatin notre Vieux Poilu Andelysien.
On applaudit chaleureusement cette allocution ; puis la parole fut donnée aux chanteurs : MM. Rottier, Iliou, Montaillier, Bréard, Dupuis, Lefèvre, Duhamel, Vigreux, Pinchon, qui, tous, obtinrent le plus vif succès.
La soirée s’acheva, comme il convenait, par un bal très animé aux accents de l’orchestre Pleydo’jazz.

L’Impartial du 15 novembre.


Décembre

Le bal des sous-officiers.
Samedi soir avait lieu à l’École militaire, le bal annuel des sous-officiers. On sait que ce bal est une véritable œuvre de bienfaisance, puisque le produit de cette soirée est detiné aux enfants de troupe nécessiteux.
Nombreuses étaient les personnes qui avaient répondu aux invitations des organisateurs. On remarquait le capitaine Léger ; les lieutenants Gruet, Cotte et Forest ; les professeurs de l’École ; les sous-officiers. M. le commandant Jourdan s’était fait excuser ; ce fut un élève qui vint lire le mot d’excuses du commandant de l’Ecole. On remarquait aussi MM. Bréard, conseiller général, Clée et Delarue, conseillers d’arrondissement ; Destot, conseiller municipal ; Herment, président des sous-officiers de réserve, etc...
La salle avait été décorée d’une façon très originale et très artistique. Le cadre s’inspirait du genre arabe. C’est ainsi qu’on pouvait voir un buffet marocain, tenu par MM. Fritz, Faucon et Lebert, costumés en arabes. Signalons que la décoration artistique avait été confiée à M. Parrault, professeur de dessin à l’École militaire. Bref, les yeux étaient véritablement charmés, et il convient de féliciter tous ceux qui ont contribué à mettre sur pied ce beau décor : MM. les officiers, les sous-officiers, ainsi que les élèves.
Il va sans dire que le bal fut parfait et que l’orchestre militaire de la 3e Région fut vivement apprécié. De jolis intermèdes vinrent encore égayer cette belle soirée : scènes arabe et nègre et bourrée auvergnate. Félicitons les acteurs de ces intermèdes, car ils se montrèrent très remarquables.
Ce en fut que très tard que l’on s’arracha à cette charmante soirée, qui, encore une fois, obtint les plus vif succès et mérite les plus sincères félicitations.

L'Impartial du 27 décembre.


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