Les frais de casernement.
Monsieur
le maire présente au conseil municipal du 9 janvier 1893 un état des frais de
casernement de l’école militaire préparatoire des Andelys s’élevant à 805 fr 66
pour le 4° trimestre 1892 à payer par la ville. Des réserves ont été faites sur
ce point dans le traité conclu avec M. le ministre de la Guerre pour la
construction de l’école militaire préparatoire le 24 janvier 1884. M. le maire
donne lecture de l’article 6 de ce traité ainsi conçu:
Article
6: La présente convention et ses suites auront lieu sans que la ville des
Andelys ait à supporter aucun droit de mutation ou autre, son concours se
bornant aux engagements spécifiés dans les articles précédents. La ville des Andelys
se réserve au contraire le droit de demander et d’obtenir le dégrèvement des
droits de casernement.
Monsieur
le maire ajoute que d’ailleurs comme il a été reconnu que la ville des Andelys
ne pouvait entrer dans la catégorie des villes où les bâtiments militaires ont
été construits à titre onéreux, l’exemption des droits de casernement s’en
suit.
Le
conseil, à l’unanimité, charge M. le maire de faire valoir auprès de l’autorité
compétente les droits de la ville de Andelys en rappelant les réserves contenues
dans la convention avec l’Etat et la ville
des Andelys le 24 janvier 1884,
approuvée les 9 et 18 août suivants, réserves dont M. le ministre de la Guerre
a reconnu le bien fondé en accordant une première fois l’exemption de ces
droits de casernement et en appuyant sur ce fait que la ville a concouru à la
construction de l’école militaire des Andelys par une subvention de 600 000 fr
et le paiement des terrains sur lesquels elle est construite.
Séance du 29 janvier 1893.
Les frais de casernement, un nouveau
décompte.
Monsieur
le maire donne lecture à l’assemblée de deux nouveaux décomptes de frais de
casernement pour le 4° trimestre 1892 s’élevant à 110 fr 90 à payer par la
ville.
Ces
décomptes lui ont été adressés le 23 février dernier conformément aux
prescriptions d’une circulaire de M. le ministre de la Guerre en date du 11 du
même mois. Ces états annulent et remplacent les premiers états adressés le 22
janvier dernier. Ils ne comprennent que les officiers, hommes et chevaux du
cadre de l’école militaire préparatoire, les enfants de troupe, élèves de cette
école ne devant plus y figurer.
Le
Conseil, après discussion,
Maintient
la délibération qu’il a prise sur la communication des états des frais de
casernement le 29 janvier dernier,
Il
invite M. le maire à rappeler à nouveau à l’autorité compétente les réserves
faites par la ville dans le traité conclu avec M. le ministre de la Guerre le
24 janvier 1884 pour la construction de l’école militaire préparatoire des
Andelys et à continuer toutes les diligences pour arriver à l’exonération
complète des droits de casernement.
Séance du 2 mars 1893.
Les frais de casernement, une vive
protestation.
Monsieur
le maire saisit le conseil de la nouvelle demande de frais de casernement
adressée par l’administration militaire.
Les
états communiqués soulèvent la protestation unanime de l’assemblée qui charge
son président de rappeler à l’autorité militaire dans quelles conditions a été
crée l’école militaire préparatoire des Andelys et quels ont été les engagements
pris au nom du ministre de la Guerre.
Le
Conseil décide donc de ne voter aucun crédit pour faire face à cette
réclamation.
L’école militaire préparatoire des Andelys, vue par Ulysse Pastre.
Texte extrait d’un ouvrage
de M. Ulysse Pastre, professeur à l’Ecole militaire préparatoire d’infanterie
de Saint-Hippolyte-du-Fort intitulé «les Enfants de Troupe et les écoles
militaires préparatoires - Par l’Ecole, pour la Patrie »
« L’Ecole militaire préparatoire d’infanterie des Andelys a été la dernière organisée. Créée pour recevoir les enfants des 3°, 4°, 9°, 10° et 11° corps, elle exigea beaucoup plus de temps et de dépenses que les autres, car il fallut construire tout à neuf.
La riche et verdoyante
sous-préfecture des Andelys qui compte près de 6000 habitants dut d’être
choisie parmi plusieurs villes en compétition, à la part considérable qu’elle
prit dans les frais d’établissement de l’école. Elle accorda une subvention qui
s’élèvera à plus de 600 000 frs, et encore ne réussit-elle pas à faire adopter
l’emplacement qu’elle proposa.
La ville au lieu d’être
constituée par une agglomération compacte, est formée de deux groupes distincts
séparés par un tapis bariolé de riantes prairies et de vergers luxuriants. A
peine se détache-t-il de cette nappe de verdure quelques rares usines, quelques
maisons de campagne.
D’une part, le Grand
Andely avec sa remarquable église gothique et l’Hôtel du Grand Cerf qui date du
XVI° siècle.....
D’autre part, le Petit
Andely, la ville industrielle, sur le bord de la Seine que dominent les ruines
du Château Gaillard bâti en 1198. A ce château fort se rattachent quelques
souvenirs historiques et notamment celui de Maguerite de Bourgogne qui y fut
dit-on étranglée avec ses propres cheveux. Et de ce point culminant quel
magnifique panorama s’offre à la vue. On découvre tout le pays compris dans le
grand coude que fait la Seine à cet endroit; on dirait un cirque immense limité
par des falaises crayeuses.
Mais ne nous laissons
point entraîner à ces disgressions au milieu du vert tendre des prairies...
Lorsqu’il fut pour la
première fois question de choisir un emplacement, la municipalité pensa aux
vastes terrains qui séparent les deux parties de la ville: l’école militaire
construite là, servirait, pour ainsi dire, de trait d’union et aménerait une
fusion depuis si longtemps souhaitée. Mais le Génie, après avoir opéré des
sondages dans plusieurs propriétés pour reconnaître la nature du sous-sol,
refusa son approbation, et il fallut la reléguer à deux kilomètres à l’est de
la ville, dans l’étroite vallée du Gambon, ruisseau insignifiant.
C’est là qu’elle s’éleva
au milieu des vergers et des potagers, sur une superficie de plus de trois
hectares.
Ainsi isolée, sa situation
est excellente au point de vue sanitaire; les élèves respirent dans leur vaste
cour de récréation un air absolument pur, renouvelé sans cesse par le vent qui
souffle d’une manière a peu près continue dans la vallée. Ce qui montre bien
les conditions hygiéniques dans lesquelles cette école est admirablement
placée, c’est qu’elle a l’avantage de n’être point, comme la plupart des
établissements d’instruction publique, entourée d’une grande agglomération
urbaine. Elle est située tout à fait à la campagne. Les décès sont fort rares:
on n’en compte que trois pour une période dépassant quatre années.
Nous donnons dans un
croquis en annexe les six corps de bâtiment principaux tous situés sur la rive
gauche du Gambon. On y trouvera l’emplacement approximatif des constructions
destinées aux élèves et celles où sont installés les divers services, avec une
légende expliquant la distribution de chacune d’elles.
Est-il besoin de dire que
tout a été prévu et exécuté d’après les dernières données de la science et que
rien ne laisse à désirer dans la disposition. Peut-être cependant des locaux
suffisants devraient pouvoir contenir tout le personnel dont une partie est
actuellemnt obligé de loger en ville, c’est-à-dire ... (suite illisible sur
la copie en notre possession).
L’inauguration officielle
de cet établissement eut lieu le 23 octobre 1887, le général Ferron étant
ministre de la Guerre.
Une brillante fête fut
organisée à cette occasion, et la riche et coquette ville des Andelys se
surpassa pour recevoir M. de Hérédia, ministre des travaux publics.
Tous les représentants des
corps élus et les hauts fonctionnaires du département accompagnèrent M. de
Hérédia assisté de M. le général du Guiny délégué du ministre de la Guerre et
de MM. les généraux Gallimard et Bérenger.
Il est d’usage que ces
sortes de cérémonies soient toujours terminées par des banquets où
s’échangèrent après le dessert des paroles empreintes des sentiments les plus
élevés. La tradition ne perd jamais ses droits.
Après avoir montré dans un
fort beau discours quelle était la sollicitude de la République pour les
modestes serviteurs qui se vouaient entièrement à son service, M. le ministre a
adressé ses meilleurs souhaits à M. le chef de bataillon Dougnac de Saint
Martin chargé de la haute direction de cette école. Il a exprimé ensuite
l’espoir que les élèves des Andelys auraient à coeur de bien profiter des
leçons de leurs maîtres et ne tarderaient pas à donner comme leurs camarades
des autres écoles, la mesure de leur application et de leur patriotisme.
On est fondé à croire,
a-t-il dit en substance, qu’elle fructifiera cette semence jetée à pleines
mains depuis vingt ans dans les nouvelles couches; les générations qui
arriveront ainsi préparées à la vie active feront luire encore de beaux jours
pour notre pays.
Au moment de
l’inauguration, 150 enfants de troupe seulement composaient l’effectif l’école.
Ce n’est que progressivement, en l’augmentant chaque année de 100 qu’il a été
amené au chiffre prévu de 500.
Grâce à un personnel imbu
du sentiment du devoir et rempli de dévouement M. le commandant de Saint Martin
qui dirige l’école depuis sa fondation, la présente chaque année à l’inspection
générale dans des conditions exceptionnelles de prospérité.
Il serait vraiment à
désirer que quelques uns de ceux qui ne sont jamais satisfaits de rien, qui
visent dans leurs écrits ou dans des propos en l’air ces institutions des
enfants de troupe; il serait à désirer qu’ils puissent se rendre compte par
eux-mêmes, sans idée préconçue, des excellents résultats qu’elles donnent.
Nous nous en voudrions
d’insister encore sur ce point, après les ordres élogieux de tous les généraux
inspecteurs.
Terminons de préférence ce
qui nous reste à dire sur l’Ecole des Andelys en constatant que cette création
semble avoir porté bonheur à la petite ville. Comme pour la compenser des
lourdes charges qu’elle s’est imposée le chiffre des affaires a presque
décuplé.
Avec l’appui du général
Gallimard alors directeur de l’Infanterie, elle a obtenu en outre la
construction des 15 kilomètres de voie ferrée qui doivent la relier à
Saint-Pierre-du-Vauvray sur la ligne de Paris au Hâvre.
Et dans quelques années
enfin son transit va plus considérablement augmenter encore, puisque le projet
de M. Bouquet de la Grye «Paris port de mer» fait des Andelys une des gares les
plus importantes du canal projeté.
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