Mars
M. Pleven, deux Croix de guerre.
M. Pleven, ministre de la Défense
nationale, viendra le dimanche 30 avril prochain, remettre solennellement la
Croix de guerre à la ville des Andelys et à l’École militaire préparatoire des
Andelys.
Dès que cette nouvelle a été communiquée
à la municipalité, M. Cruchon, maire des Andelys, a réuni la commission des
fêtes et la commission des finances, en présence de M. le chef de bataillon
Frédet, commandant l’École militaire, pour arrêter dans ses grandes lignes le
programme des manifestations, suivant les premières indications parvenues du
ministère.
Le ministre arriverait vers 10 h. par le
Petit-Andely, où il serait accueilli par les autorités.
Après avoir déposé une gerbe au monument
aux morts, il serait reçu à 10 h 30 à la mairie provisoire par la municipalité
et les personnalités départementales et locales.
Il procéderait alors à la remise de la
Croix de guerre à la Ville.
Un vin d’honneur réunirait ensuite les personnalités
présentes et les présidents des sociétés locales.
M. Pleven et sa suite gagneraient alors
l’École militaire vers 11 h 30.
A l’issue de la remise de la Croix de
guerre à l’École, un banquet par souscription se tiendrait à l’École militaire.
Y prendraient part notamment : MM. les
parlementaires du département, le préfet et le sous-préfet, les membres du
conseil municipal, les officiers et professeurs de l’École militaire, etc.
Au cours de ce banquet, le ministre, qui
sera accompagné dans son voyage, par son chef de cabinet, M. Cruchon, fils du
maire des Andelys, prononcerait un important discours.
Les détails de ce programme restent, bien
entendu, à mettre au point par les services du ministère.
Nous en reparlerons en temps opportun.
Disons dès maintenant que la brillante
personnalité et les hautes qualités de l’actuel ministre de la Défense
nationale, conféreront un caractère particulier à la remise de ces Croix de
guerre.
Impartial du 18 mars.
Avril
Soixante trois ans d’histoire commune.
Le voyage aux Andelys de M. Pleven,
ministre de la Guerre, à la ville des Andelys pour remettre la Croix de guerre
à la ville et à l’École militaire est confirmée pour le 7 mai.
Il est heureux à bien des égards que la
ville et son École militaire reçoivent le même jour une décoration qu’elles ont
amplement méritée.
Nous disons son École militaire avant tout parce que les jeunes élèves qu’elle
abrite sont chers au coeur des Andelysiens qui ne manquent jamais d’applaudir
les impeccables défilés de l’École, musique en tête.
Directement et indirectement, ils
apportent à la cité un mouvement qui l’empêche de s’endormir tout à fait.
Ses professeurs entretiennent dans la
ville un foyer intellectuel de choix. Ses cadres occupent une place importante
et son commandant figure parmi les toutes premières personnalités.
En vérité, on n’ose imaginer la ville des
Andelys sans son École militaire. Mais cette école est sienne
encore pour d’autres raisons :
C’est en effet la ville qui l’a
construite de ses deniers après avoir bataillé de façon farouche pour obtenir
sa création.
Et c’est même grâce à l’établissement de
cette école qu’elle a pu avoir du même coup sa ligne de chemin de fer … mais çà
c’est une autre histoire et ne retournons pas pour aujourd’hui ce chemin de fer
dans la plaie.
C’est au début de 1883 que la
municipalité des Andelys, dont le maire était alors M. Bizet, notaire, commença
de faire des pieds et des mains pour obtenir la création d’une école d’enfants
de troupe sur le territoire de la ville.
La concurrence était abondante et un
grand nombre de villes assiégeait littéralement le ministre de la Guerre pour
obtenir d’être choisies comme sièges des trois ou quatre écoles en projet.
L’IMPARTIAL du 8 avril 1883 apprenait à
ses lecteurs:
« Les représentants de notre ville
n’ont point été les derniers à prendre rang, et nous pouvons assurer dès
aujourd’hui, que dans le classement des villes dont les offres ont été prises
en considération, nous arrivons avec le numéro 1. Mais ce n’est pas tout, et pour mettre, qu’on
nous pardonne cette vulgaire, mais saisissante expression, pour mettre,
disons-nous, tous les atouts dans notre jeu, il faudrait, ce nous semble, que
les hommes de progrès de notre ville prennent
l’initiative d’un vaste pétitionnement ».
(La pétition sera faite et recueillera un
millier de signatures!)
Mais un concurrent sérieux se présente
bientôt en la ville de Bayeux, et l’Industriel
de Louviers rapporte ce qui suit au mois de mai 1883 :
« Nous avons annoncé dans l’un de nos
derniers numéros que le conseil municipal de Bayeux avait voté dans une de ses
séances une somme de 600.000 francs destinée à la création dans cette ville
d’une école d’enfants de troupe.
Une correspondance nous apprend
aujourd’hui que M. Niobey, maire de Bayeux, s’est rendu à Paris au ministère de
la guerre afin d’exposer au ministre le vote du conseil municipal et les
intentions de ses concitoyens qui sont prêts à faire les plus grands sacrifices
pour obtenir une école. En présence de ses avances, M. le ministre de la guerre
aurait donné une réponse favorable à M. Niobey en l’assurant que la ville de
Bayeux serait dotée d’une école ».
Déception aux Andelys ! On y apprend que
les villes choisies pour une école seraient Alais, Cluny, Montreuil-sur-Mer et
Rambouillet. En ce qui concerne le troisième corps d’armée, Bayeux serait
préféré aux Andelys.
Les Bajocasses, pour détrôner les
Andelysiens, ont fait jouer à plein leurs influences au ministère de la guerre
(c’était déjà comme çà ! ) et en outre ils ont voté une somme de 600.000
F. alors que les Andelys n’en ont prévu
que 400.000 !
En outre, les Bas-Normands ont fait
valoir que ... les Andelysiens n’avaient pas de chemin de fer ! ( Toujours de
chemin de fer ! Une véritable obsession ! )
Les Andelys semblent battus sur le
poteau.
Mais au moment où tout semble perdu, L'Impartial
du 18 novembre 1883 publie un entrefilet qui ranime ses espoirs ;
« La construction de l’école d’enfants de
troupe dont nous avions fait notre deuil revient sur l’eau, dit notre journal.
Nous savons de source sûre que la municipalité de Bayeux vient de refuser
d’entreprendre l’aménagement de cette école malgré le choix dont le ministre de
la guerre avait favorisé cette ville. Ce refus de la municipalité de Bayeux
place maintenant Les Andelys au premier rang des villes qui ont offert de
construire une école d’enfants de troupe : aussi avons-nous l’espoir que le
désir presque unanime des habitants de posséder cet établissement deviendra
dans un prochain avenir une réalité ».
Finalement, la loi du 19 juillet 1884 créait
six écoles militaires préparatoires, soit quatre pour l’infanterie à
Rambouillet, Montreuil-sur-Mer, St-Hippolyte-du-Fort et Les Andelys, une pour
la cavalerie à Autun, une pour l’artillerie, le génie et le train à Billom.
Elles étaient organisées pour recevoir chacune 500 élèves.
La ville des Andelys vota pour la
construction de son école une somme de 600.000 F. Rappelons que c’étaient des
francs-or et que le louis valait 20 francs, plus de 100 millions de francs !
Sacrifice considérable. Et les contribuables
andelysiens n’ont fini d’acquitter l’arrérage de l’emprunt contracté à cette
occasion que deux ou trois ans avant la dernière guerre.
Mais il y avait en échange ... l’espoir
du chemin de fer « qui nous relierait du reste du monde » disaient les Andelysiens.
La construction de l’école sur un terrain
donné également par la ville commença dès l’année suivante, en 1885 .....
.... Et deux ans plus tard, l’école
militaire fonctionnait pour la rentrée scolaire et était solennellement
inaugurée le dimanche 23 octobre 1887 par une magnifique et chaude journée
ensoleillée.
Les vieux Andelysiens ont encore en
mémoire le souvenir de cette inauguration : M. Clée, l’actuel premier adjoint,
par exemple.
« Ce fut une fête fantastique à
laquelle prêtèrent leur concours plusieurs sociétés de gymnastique et de
nombreuses musiques militaires dont celle du 28ème de ligne de
Rouen.
Le préfet de l’Eure, M. Galtié, alla
accueillir M. de Hérédia, ministre des Travaux publics et sa suite à sa
descente du train, à ..... Gaillon.
Courcelles, Bouafles, Vézillon avaient
pavoisé pour le passage d’un brillant cortège qui n’était point motorisé et où
caracolaient des pelotons entiers de cavalerie et de gendarmerie.
La municipalité, M. Bizet, maire, en
tête, attendait les personnalités à leur descente de voiture sous un magnifique
arc de triomphe près de l’église St-Sauveur, au Petit-Andely.
Il y avait M. de Hérédia, ministre des
Travaux publics, accompagné (heureux présage ! ) de M. Lay, directeur des
chemins de fer ; le général Gallimard, directeur de l’infanterie, représentant
le ministre de la Guerre ; MM. Galtié, préfet de l’Eure, son collègue de la
Seine-Inférieure, Hugues, sous-préfet des Andelys, Tillole, sous-préfet de
Louviers, etc ... etc ... le Comte d’Osmoy, sénateur, Papou, député, une nuée
d’officiers généraux et supérieurs : les généraux du Guiny, Dumont, Béranger,
de Quelen, les colonels Arvers et Aubry, le commandant Stefani.
Après une visite aux curiosités de la
ville (dont l’Hôtel du Grand Cerf), il fut procédé à une distribution de
médailles aux sociétés de gymnastique de Vernon, Gaillon, Gisors, Louviers, Les
Andelys ; aux sociétés de musique de Gisors, Vernon, Muids, Pitres, Louviers et
Les Andelys.
Le midi, le déjeuner eut lieu dans la
cour de la mairie et l’après-midi l’école fut inaugurée par une revue des 156
premiers élèves et un discours du général du Guiny.
Le soir, un banquet par souscription eut
lieu dans le réfectoire de l’école.
Le maire, M. Bizet, dans son discours, na
manqua pas de s’aiguiller .... sur la voie du chemin de fer ... et M. de
Hérédia, ministre des Travaux publics, lui répondit en lui donnant le maximum
d’apaisements ».
L'Impartial du 27
octobre 1887 rapporte ces paroles du ministre :
« J’ai gardé le souvenir de cette
inscription, aperçue lors de mon récent voyage en Seine pour l’inauguration des
travaux d’approfondissement du fleuve de Paris à Rouen : « Vive les ministres !
Vive le chemin de fer des Andelys ! »
Il termina son discours en jetant
l’anathème contre les prétentions des monarchistes... la III° République avait
alors huit ans !!!
Le soir, un feu d’artifice comme on en
n’avait jamais vu dans la région fut tiré à l’École militaire. Et, cependant
que pitres et bateleurs amusaient la foule, une brillante réception qui dura
jusqu’à l’aube était donnée à l’hôtel de ville en l’honneur des
personnalités ».
Un demi-siècle plus tard, les samedi 10
et dimanche 11 juillet 1937, l’École militaire était de nouveau en grande fête
à l’occasion de son cinquantenaire.
C’était deux ans avant la guerre et
beaucoup d’Andelysiens s’en souviendront.
Le commandant Ourta était alors à la tête
de l’École.
Parmi les notabilités présentes à ces
fêtes, on remarquait le sénateur Join-Lambert, le député Forcinal, le général
Cornet, le médecin général Péloquin, le colonel Larcher, commandant la
subdivision de Rouen, MM. Bréard, conseiller général, Delarue, Clée,
conseillers d’arrondissement, Hubert et Bance, adjoints au maire, etc.
Un grand spectacle PRO PATRIA se
déroula dans la cour de l’École.
Et naturellement un feu d’artifice et un
bal couronnèrent les festivités.
Celles-ci étaient présidées par l’un des
plus brillants anciens élèves de l’École militaire des Andelys : le général
Bourret, chef de cabinet du ministre de la Défense nationale, qui venait d’être
nommé commandant de la Région de Paris ».
Dans son discours, il s’adressa avec
émotion aux élèves et leur retraça les titres de gloire de l’École et la part
glorieuse prise par leurs aînés à la guerre 14-18.
Il dit notamment :
« Voilà donc 50 ans que cette école
existe. Elle a fourni à l’armée une foule de soldats et de chefs de tous grades
qui, pendant la Grande guerre et sur tous les points du monde, ont combattu
pour l’honneur du drapeau français.
La vaillance de tous est attestée par les
longues listes qui figurent sur les monuments élevés par les écoles d’enfants
de troupe à la mémoire de leurs morts qu’un souvenir pieux entoure. Elle est
symbolisée par la Croix de la Légion d’honneur qui décore nos drapeaux.
Il est donc juste qu’une cérémonie comme
celle d’aujourd’hui soit un hommage rendu à la longue suite d’efforts et de
sacrifices donnés au pays.
Que tous les enfants de troupe en
éprouvent une émotion et une fierté légitime ».
Hélas! Deux ans plus tard, c’était une
nouvelle guerre mondiale qui éclatait.
L’École militaire des Andelys fournit une
fois encore au pays un contingent impressionnant de martyrs, de héros et de
chefs.
C’est en hommage de ces nouveaux efforts
et de ces nouveaux sacrifices que M. Pleven, ministre de la Défense nationale,
remettra, le 7 juin prochain, le Croix de guerre à l’École militaire : la ville
des Andelys, qui recevra en même temps la même décoration, se trouvera
associée, répétons-le, de la façon la plus heureuse, à l’honneur fait à son École
militaire.
L'Impartial du 15 avril
Un
rappel :
A l’occasion de cette remise de
décoration, l’Impartial rappelle ce que furent les journées de juin 40
(article du 22 avril 1950, cf Chronologies58 1940).
Citons, ici, le passage qui rend justice
à M. Joseph Montaillier qui rendit de si grands services à sa ville :
« Nous savons que sa modestie en
souffrira, mais dut-il ne pas nous le pardonner, nous soulignerons qu’il est
parfaitement injuste que le brave homme estimé de tous, qu’est M. Joseph
Montaillier et dont le dévouement sans bornes fut si efficace aux jours les
plus cruels des Andelys n’ait pas reçu au nom du pays, le témoignage suffisant
de reconnaissance qui s’imposait.
... C’est bien sûr un de ces Français
simples et effacés qui ne se mettent en évidence qu’aux jours où il est nécessaire
de servir. Certainement s’il eût appartenu à quelque parti politique ou coterie
influente quelconque, ses mérites eussent été autrement prônés.
Quand on pense aux décorations
distribuées à flots pour bien moins que çà ... et à un Pevré gratifié de la
Légion d’Honneur !!!!
Peut-être est-il encore temps de combler
d’ici la cérémonie du 7 mai un oubli parfaitement injuste et qui se trouverait
réparé à point vis-à-vis d’un homme qui a passé toute sa vie au service de la
collectivité et qui en pleine bataille s’en est allé mettre à l’abri, sans
souci de sa sécurité, des archives précieuses pour tous ... pendant que sa
maison brûlait !!! »
L'Impartial du 22 avril.
La musique du Tchad aux Andelys.
Grâce à l’intervention de M. le
commandant Frédet, près du général Dewynck, la venue de M. René Pleven aux
Andelys le 7 mai pour la remise de la Croix de guerre à la ville et à l’École
militaire, sera accompagnée d’un important concours de troupes qui rehaussera
le cadre des cérémonies.
C’est ainsi que la musique du Tchad de
Pontoise sera présente ainsi qu’une compagnie du 1er régiment de
marche du Tchad qui fit partie de la glorieuse 2ème division blindée
du général Leclerc.
Une batterie du 3ème RAC de
Vernon, tout aussi prestigieux, et une compagnie du groupe de transport 522
d’Evreux, se déplaceront également.
Cependant que la musique de l’École
militaire se fera entendre le matin, l’après midi vers 17 h 30 c’est la musique
du Tchad avec ses 80 exécutants qui régalera d’un concert les Andelysiens et
tous ceux, nombreux n’en doutons pas, qui auront fait le voyage des Andelys, le
7 mai, pour assister à ces brillantes cérémonies.
à 7 heures :
Réveil en musique au Grand et Petit
Andely, par la fanfare du corps des sapeurs-pompiers ;
à 10h. place Nicolas Poussin :
Concert par la fanfare de l’EMP.
à 16 h 30, au monument aux morts,
réception du ministre et remise de la Croix de guerre à la ville des Andelys.
à 17 h 30 vin d’honneur à la mairie ;
à 17 h 45, à l’École militaire, remise de
la Croix de guerre à l’École militaire préparatoire et fête militaire.
à 21 h 30, Place Nicolas Poussin, bal
public et gratuit.
Les habitants sont invités à pavoiser la
façade de leurs maisons.
L'Impartial du 29 avril
Mai
M. Mayer garde des Sceaux accompagnera M. Pleven, ministre de
la Défense nationale.
Bien qu’il ait (volontairement) quitté
son siège au conseil général de l’Eure, M. René Mayer n’a cessé de témoigner
avec délicatesse l’attachement qu’il garde pour ce département et en
particulier pour l’arrondissement des Andelys, dont il continue de figurer au
nombre des maires.
L’ancien vice-président du conseil
général de l’Eure, aujourd’hui ministre de la Justice et Garde des sceaux, sera
dimanche au côté de M. Pleven, ministre de la Défense nationale, qui remettra
la Croix de guerre à la ville et à l’École militaire.
La présence de ces deux ministres sera
tout particulièrement considérée du fait qu’ils figurent au tout premier plan
des personnalités politiques françaises indiscutées, dont la haute figure se
détache sans contestation possible.
On appréciera autrement qu’à titre de
simple hasard le fait que ces deux hommes, qui ont assumé naguère le difficile
honneur de siéger l’un et l’autre comme ministres au Comité français de la
libération nationale d’Alger, soient venus côte à côte remettre la Croix de
guerre à la ville martyre des Andelys et à son École militaire.
De nombreuses personnalités civiles et
militaires accompagneront et accueilleront les deux ministres.
M. Pierre Mendès-France, député, ancien
ministre, président du conseil général, conseiller général de Pont-de-l’Arche ;
M. Albert Forcinal ; député, ancien
ministre, vice-président du conseil général, conseiller général de Gisors ;
M. Guilland, député ;
M. Georges Bernard, sénateur-maire
d’Evreux, conseiller général de St-Georges-du-Vièvre ;
M. de Montullé, sénateur-maire de
Mélicourt, conseiller général de Breuil ;
De nombreux conseillers minicipaux et
maires du département seront présents ainsi que toutes les notabilités de la
ville ;
Côté militaire, de très nombreuses personnalités
seront également présentes :
Sept généraux :
Les généraux Devaux, directeur des
personnels militaires de l’armée de terre,
Devinck, commandant la Première région,
Valtat, directeur général du Matériel ;
Delahaye, directeur régional du Matériel ; Adeline, directeur régional du Génie
; Homburger, directeur régional du Service de la santé ; Sthèle, du cadre de
réserve, président de l’Association des anciens enfants de troupe ;
M. Turpault, directeur de la Gendarmerie,
et de nombreux officiers supérieurs : le colonel Souland, commandant la
subdivision de Chartres ; le colonel Piette, directeur régional des
Transmissions ; le colonel Nachin, premier vice-président des AET ; le colonel
Beulaygue, président des AET de la région parisienne ; le colonel Hénin,
directeur de l’Établissement de matériel de Vernon ; le colonel Fuchs,
commandant le 3ème RAC ; le colonel Basteau, chef d’état-major de la
Première région ; le colonel Pinsard, du cabinet du ministre de la Défense
nationale ; MM. les intendants Cault et Courroux, directeurs de l’Intendance ;
M. l’aumônier général Badre ; MM. Mas et Laurens, de la Direction des
personnels civils au ministère de la Défense nationale.
Le programme définitif a été arrêté comme
suit :
7 heures : Réveil en musique au Grand et
au Petit Andely par la fanfare des sapeurs-pompiers ;
9 heures : A l’église Notre-Dame, messe
solennelle à l’occasion des fêtes locales de la Victoire et de la remise de la
Croix de guerre à la Ville des Andelys. S.E. Mgr Gaudron, évêque d’Evreux, présidera
cette cérémonie et y prendra la parole. ( places dans la nef réservées aux
autorités civiles et militaires et aux membres des sociétés locales).
10 heures : Place Nicolas Poussin,
concert par la fanfare de l’École militaire ;
De 15 à 16 heures :
Afin de permettre à la population des
Andelys d’assister à la cérémonie qui se déroulera dans son École militaire ( à
partir de 17 h 30), le concert de la musique du Régiment de marche du Tchad (2ème
DB) aura lieu de 15 h à 16 h, au square du monument aux morts.
A partir de 15 h 45 : Rassemblement des
invités et des sociétés dans le square du monument aux morts ;
16 h 15: Arrivée des parlementaires et
conseillers généraux du département ;
16 h 30 : Arrivée des ministres et de
leur suite accueillis par le maire et les conseillers municipaux des Andelys.
Présentation des personnalités.
Une jeune fille des Andelys ( Mlle
Josette Mary), remet une gerbe à M. Pleven qui la dépose au monument aux morts.
Minute de silence.
Allocution du maire et réponse du
ministre.
Lecture de la citation ; remise et
présentation de la Croix de guerre.
17 heures : Fin de la cérémonie : les
ministres et les personnalités gagnent l’Hôtel de ville par l’avenue de la
République, les rues des Déportés-martyrs, de la Madeleine, Sellenick, avenue
du général de Gaulle.
Vin d’honneur à la mairie, offert par la
municipalité ; signature du Livre d’Or par les ministres.
17 h 40 : Départ du cortège pour l’École
militaire.
17 h 50 : Cérémonie de la remise de
la Croix de guerre à l’École militaire ;
Revue de l’École ;
Lecture de la citation par le capitaine
Vabdaële, décoration du drapeau de l’École ;
Présentation des cadres ; défilé.
18 h 10 : Lunch d’honneur.
Discours du ministre de la Défense
nationale.
19 h : signature du Livre d’Or.
19 h 15 : dépôt d’une gerbe et départ des
ministres.
( Les drapeaux des Sociétés patriotiques
présents à la cérémonie de l’École militaire seront groupés par les soins du
service d’ordre au pied du mât de l’École).
21 heures, place Poussin : bal public et
gratuit.
L'Impartial du 6 mai.
La Ville des Andelys et son École ont reçu la Croix de guerre.
Sans phrases, sans vaine littérature,
hors de mise en la circonstance, il faut dire que les cérémonies qui se sont
déroulées dimanche dernier, au cours desquelles la ville des Andelys et son École
militaire préparatoire ont reçu la Croix de guerre, ont revêtu un caractère
d’une exceptionnelle tenue.
Nos lecteurs, qui savent combien tout
plat conformisme, toute rampante exégèse est absente de ce journal, sauront
également combien émouvante et digne fut la journée vécue dimanche aux Andelys.
Le même destin qui se montra funeste
lorsqu’il conduisit les forces mauvaises à frapper au cœur la ville du Poussin,
le séjour des frères Corneille, une des plus antiques cités où s’accomplit
l’histoire de la France, a voulu, par un éclatant retour, semble-t-il, donner
un caractère particulier au martyr souffert par les Andelys.
Il s’en fallait d’un mois pour que fut
écoulé la dixième année depuis les impitoyables bombardements allemands de juin
40, qui marquèrent la destruction du Grand Andely.
Et jour pour jour, c’était le cinquième
anniversaire de l’Armistice de Reims, où le Reich hitlérien, à genoux,
capitulait sans autre condition que la merci du vainqueur.
Qui plus est, ces Croix de guerre qui
témoignaient l’hommage de la Nation aux morts et aux ruines des Andelys, ainsi
qu’à cette pépinière de vaillants soldats que fut son École militaire, furent
remises par un de ces hommes en qui reposa le sort du pays aux heures les plus
sombres : M. René Pleven, auquel incombe aujourd’hui un lourd fardeau : celui
de redonner au Pays une armée capable d’assurer sa sécurité.
Se retrouvait à ses côtés comme au coude
à coude aux heures où la France reforgeait en Afrique le cours de son destin,
un autre compagnon, M. le ministre de la Justice, Garde des sceaux, René Mayer,
que ce département, où il a occupé une place qui reste marquée, ne s’est pas
encore résigné à voir s’éloigner.
La matinée :
Après que la journée, dans une aube
ensoleillée, se fut ouverte par la fanfare de la compagnie des
sapeurs-pompiers, une messe solennelle fut célébrée en l’église Notre-Dame du
Grand-Andely par S.E. Mgr Gaudron, évêque d’Evreux, qui prit la parole avec une
souriante et grave simplicité pour que cette journée du souvenir fut aussi
celle d’une juste compréhension.
La matinée se termina Place
Nicolas-Poussin par un concert de la musique des élèves de l’École militaire et
les Andelysiens ne ménagèrent pas de justes applaudissements à leurs enfants
d’adoption.
Les personnalités :
Bien avant l’heure officielle, le public
et les personnalités se rassemblèrent l’après-midi au monument aux morts, où la
musique du Tchad ( de la 2ème DB désormais immortelle), donnait un
impeccable concert.
Peu après 16 h 30, l’auto du ministre,
encadrée de motocyclistes gantés de blanc, stoppe sur l’avenue. M. René Pleven
en descend ; il est accompagné de son directeur de cabinet M. Cruchon fils et
de son officier d’ordonnance.
Il est aussitôt rejoint par M. René
Mayer, ministre de la Justice et les autres personnalités, au premier rang
desquelles MM. Pierre Mendès-France, député, ancien ministre, président du
conseil général; Albert Forcinal, député, ancien ministre, vice-président du
conseil général ; Guillant, député ; Bernard, sénateur-maire d’Evreux, de
Montullé, sénateur, Maireau, conseilller général des Andelys, Sizaire,
conseiller général de Lyons-la-Forêt ; Ruffier, conseiller général de Gaillon ;
Duval, conseiller général de Fleury-sur-Andelle ; M; G. Azémia, conseiller
général de Vernon.
Le personnel préfectoral était venu au
complet accueillir le ministre, préfet en tête, accompagné de son chef de
cabinet, du secrétaire général de la préfecture et du sous-préfet de Bernay.
Les autorités locales réglaient les
détails de la cérémonie : M. René Tomasini, sous-préfet des Andelys, accompagné
de M. Labbé, secrétaire général de la sous-préfecture, le lieutenant de
Gendarmerie Routier, etc.
Conduit par M. Cruchon, maire, le conseil
municipal des Andelys accueillait les personnalités.
De nombreux maires des environs étaient
présents : M. Marchandin, maire de Gisors, était venu témoigner la précieuse
amitié de la voisine également martyr ; MM. Patard, maire de Boisement ; Marc,
maire de Bouafles ; André, maire de Courcelles ; Vigreux, maire de Cuverville ;
Bourgis, maire de Daubeuf ; Fleury, maire de Fresne-l’Archevêque ; Lebel, maire
d’Hennezis ; Dupont, maire de Muids ; Pichou, maire de Port-Mort ; Langlois,
maire de la Roquette ; Langlois, maire de Suzay ; Hache, maire de Vézillon.
On remarquait égalemnt la présence de MM. Lestelle, président du Tribunal ; Kauffer, procureur de la République ; Benzecri, inspecteur d’Académie ; Maillac, professeur principal à l’E.M.P. ; Baehr, ingénieur des Ponts et Chaussées ; Ladurée, juge de Paix ; Malappert, directeur d’école ; Masurier, secrétaire général de la Mairie ; Pieren, directeur de la préparation militaire ; Gloton, inspecteur primaire ; l’archiprêtre Rouzeau ; Lefebvre, président des Anciens combattants prisonniers de guerre ; Dupont, président des Déportés du travail ; Vigreux, président des FFI ; Delarue, président des Sinistrés ; Caronnet, président des Médaillés militaires ; le commandant Faivre, président du Souvenir français ; Dubois, président de l’Entr’aide des légionnaires ; Hugot, capitaine des sapeurs-pompiers ; Carpentier, lieutenant des sapeurs-pompiers ; etc.
Plusieurs officiers généraux et de
nombreux officiers supérieurs étaient présents : le général Devinck, commandant
la Première région militaire ; le général Stehle, président de l’Association
des anciens enfants de troupe ; le colonel Le Hingrat, directeur adjoint des
personnels militaires de l’Armée de terre ; le colonel Soulard, commandant la
Subdivision de Chartres ; M. Turpault, directeur général de la Gendarmerie,
ancien élève de l’École militaire des Andelys ; le colonel Soulisse, directeur
régional adjoint du Génie ; le commandant Venot, directeur des écoles au
ministère de la Guerre ; MM. les intendants Cault et Courroux, directeurs de
l’Intendance.
Le colonel Nachin, 1er
vice-président de l’Association des anciens enfants de troupe ; le colonel
Cornuault, président des AET de la région parisienne ; M. l’aumônier général
Badre ; le colonel Hénin, directeur de l‘Établissement du matériel de Vernon ;
le colonel Fusch, commandant le 3ème RAC ; M. Mas, de la Direction
des personnels civils au ministère de la Guerre; le colonel Pinsard, du cabinet
du ministre de la Défense nationale, ancien élève de l’École, etc.
Au monument aux morts.
Tandis que la musique du Tchad sonne Aux
Champs et que les troupes du 3ème RAC rendent les honneurs, les
personnalités sont présentées à M. Pleven qui s’incline ensuite devant les
drapeaux, tandis que retentit la Marseillaise.
Une petite fille de onze ans, Josette
Mary, dont le papa est mort en déportation, remet avec grâce une gerbe au
ministre qui va la déposer au monument aux morts.
Une minute de silence et M. Cruchon,
maire, s’adresse au ministre dans les termes suivants :
« Monsieur le ministre,
C’est pour moi un devoir bien agréable M.
le ministre, de vous souhaiter la bienvenue dans cette ville et de vous
remercier de tout cœur de l’intérêt que vous avez tenu à nous témoigner en
venant aujourd’hui remettre officiellement la Croix de guerre avec palme, à
notre cité.
Aussi, c’est avec la plus grande satisfaction
que je me fais l’interprète de la population andelysienne et de son conseil
municipal en cette solennelle journée car, parmi les membres éminents du
gouvernement, aucun ne nous a paru plus qualifié que vous, M. le ministre, pour
accomplir ce geste de reconnaissance nationale qui nous touche infiniment.
Et nous sommes d’autant plus fiers de
votre présence parmi nous, que nous savons ce que vous avez apporté à la France
de la Résistance, ainsi que le rôle important que vous avez tenu, en cette
douloureuse période de l’occupation ennemie, dans la préparation de cette Armée
d’afrique qui a participé avec l’héroïsme que l’on sait à la libération de la
France.
Nous espérons aussi, M. le ministre que
votre bienveillance nous restera acquise, et que ce ne sera pas en vain que
nous irons frapper à votre porte, le cas échéant, pour vous demander d’appuyer
les légitimes revendications que nous pourrions avoir à formuler pour obtenir
la reconstruction plus rapide de notre malheureuse petite ville.
Vous pourrez constater tout à l‘heure, en
la traversant, combien elle a souffert, et continue de souffrir, des suites de
l’anéantissement total de tout son centre commercial et administratif.
Ses habitants, ses édiles, n’ont certes
pas désespérés, mais ils s’étonnent à bon droit que l’on hésite à réaliser ce
qu’ils demandent avec tant d’insistance depuis 1944 , je veux dire le
rétablissement de cette ligne de chemin de fer de St-Pierre-du-Vauvray aux
Andelys, qui conditionne en fait, la reconnaissance et la vitalité de leur
ville ainsi que de la région qui l’entoure.
Mais je ne veux pas abuser plus longtemps
de vos instants, M. le ministre, je terminerai donc en vous exprimant à
nouveau, la reconnaissance de tous les habitants des Andelys, pour l’honneur
que vous avez bien voulu leur faire, et en vous présentant les voeux très
sincères que nous formons pour votre personne et pour le succès de la haute
mission dont vous êtes actuellement chargé au gouvernement de la République ».
Le ministre répondit en ces termes :
« Monsieur le maire,
Mon cher collègue,
Mesdames, Messieurs,
En arrivant dans votre ville tout à
l’heure, je ne pouvais m’empêcher de songer à l’aspect qu’elle offrait aux
jours heureux d’avant 1939.
Son site charmant sur les bords de la
Seine, ses vestiges romains, le souvenir de Clotilde la chrétienne, la
silhouette imposante du Château-Gaillard aussi bien que le souvenir des frères
Corneille et du peintre Poussin, faisaient de votre riante cité un lieu de
pèlerinage en même temps que de repos.
Lorsque le voyageur traversait vos rues
et vos places, s’il était étranger, il songeait que la France est belle
et s’il était français que ma patrie est digne d’être aimée.
Vous étiez une ville paisible, une ville
prospère, une de ces villes faites pour abriter le sage bonheur d’un peuple
libre, n’enviant rien à personne et ne souhaitant que la paix pour cultiver son
sol et orner ses jardins.
Rien ne semblait vous placer sur le
chemin des batailles. Et puis soudain, il y aura bientôt dix ans, jour pour
jour, le terrible malheur dont les ruines qui m’entourent sont le témoin,
s’abattait sur vous. Dans un immense brasier qui dura des jours, allumé par les
bombes de l’ennemi et entretenu par une fureur sans explications ni excuses,
disparut tout un patrimoine de labeur, d’art et d’histoire. La moitié des
maisons constituant votre ville avaient été détruites, le centre du
Grand-Andely était rasé.
C’est dans les grands malheurs que se
mesurent les vertus d’une race. Nous savons quelle fut devant l’épreuve
l’attitude des hommes et des femmes de cette ville martyr. Andelysiens et
Andelysiennes se remirent au travail, prirent leur part de la lutte quotidienne
contre l’occupant, fournirent aux mouvements de Résistance du département des
chefs éprouvés et courageux.
Voilà pourquoi, aujourd’hui, en apportant
à la ville des Andelys la Croix de guerre que lui ont mérités ses malheurs et
la fière attitude de ses habitants devant l’occupation ennemie, j’ai le profond
sentiment de remplir un devoir de reconnaissance nationale.
Depuis le mois de juin 1940, la ville des
Andelys n’a pas failli à son très grand passé. Les destructions qui entourent
cette place expliquent suffisamment le grand courage dont tous ici ont su faire
preuve et sont pour tout ce que le pays compte d’hommes qui se souviennent, une
véritable souffrance.
Je me ferai votre interprète, M. le
maire, pour recommander à mes collègues intéressés d’apporter aussi rapidement
qu’il leur sera possible les remèdes si nécessaires à la vie matérielle aussi
bien que morale de votre courageuse cité.
Le geste qu’au nom du gouvernement
j’accomplis aujourd’hui, doit être pour vous tous, Mesdames, Messieurs, la
preuve que le pays n’oublie pas celles de ses cités qui ont payé pour tous. Je
suis d’autant plus heureux de pouvoir l’accomplir, que je ne puis oublier
l’affectueuse sollicitude que vous avez toujours portée à l’École d’enfants de
troupe à laquelle, aujourd’hui également, je vais rendre un hommage.
Ministre de la Défense nationale, je vous
remercie au nom de l’Armée, d’avoir toujours pris soin des fils des meilleurs
serviteurs, et, en vous assurant de toute ma gratitude pour l’accueil que vous
avez bien voulu me réserver, je vous demande de conserver ce courage
tranquille, ce sentiment profond du devoir national, cette foi dans la pérennité
et l’avenir de la France, dont vous avez depuis dix ans fourni tant de preuves
et qui demeurent la meilleure garantie pour le pays de sa prospérité et du
maintient de la Paix ».
Après que le capitaine Boissin (du 3ème
RAC de Vernon) eut donné lecture de la citation que l’on connaît et qui vaut
aux Andelysiens la Croix de guerre, le ministre épingle cette croix sur le
coussin que lui tend le jeune Jacques
Besnier, fils de sinistré.
Quelle masse de sacrifices, quelle somme
de larmes et de sang représente cette petite croix qui va figurer désormais aux
armoiries de la ville pour perpétuer le souvenir de toutes ces souffrances.
A l’Hôtel de ville.
Les officiels gagnent ensuite en voiture
l’Hôtel de ville provisoire où un vin d’honneur est offert par la municipalité.
M. Pierre Mendès-France prend alors la
parole pour saluer tout d’abord la présence de M. Mayer et se faire
l’interprète de tous en lui rappelant que dans cet arrondissement, dans ce
département, il est ici chez lui. De vifs applaudissements saluent ces
paroles.
M. Pierre Mendès-France souligne ensuite
que c’est bien en tant que cité combattante, meurtrie dans la bataille, que la
ville des Andelys est décorée de la Croix de guerre. La meilleure preuve en est
que c’est le ministre de la Défense nationale lui-même qui lui apporte cette
décoration.
Se tournant alors vers M. Pleven, le
président du conseil général rappelle le rôle éminent joué par celui-ci dans la
lutte pour la libération de la France et en particulier la tâche immense que
fut la sienne de rallier les territoires d’Afrique à la France Libre et de développer leurs ressources qui
devaient peser d’un poids si efficace dans la lutte commune.
De longs applaudissements marquent la
profonde adhésion des assistants à ces paroles.
Y répondant avec une gravité souriante,
M. Pleven dit quels liens d’amitié l’associent aux parlementaires de ce
département, en particulier à M. René Mayer, qui fut son collègue au Comité de
la libération nationale à Alger qu’il avait gagné en s’évadant à travers les Pyrénées.
« Si la France a aujourd’hui une marine
marchande, dit-il, c’est grâce à M. Mayer. »
Parlant de M. Mendès-France, il rappelle
que celui-ci avait préféré un poste de combattant à tout autre emploi et il l’a
connu « revêtu de l’uniforme d’aviateur pour maintenir les cocardes tricolores
au-dessus de ce département ».
Et M. Pleven conclut avec une sobre
grandeur : « Nous pouvons appartenir à des groupes différents, quand il s’agit
de la France, nous nous retrouvons tous unis ; les cérémonies de ce jour en
sont une illustration ».
A l’École militaire.
Le cortège officiel se dirige ensuite
vers l’École militaire où il fut accueilli par le chef de bataillon Frédet,
commandant l’École, entouré de ses officiers et des professeurs qu’il présente
aux ministres et à leur suite.
Après avoir passé en revue les élèves de
l’École militaire, impeccablement alignés, le ministre de la Défense nationale
et les autres personnalités qui l’accompagnent s’arrêtent face aux pelotons.
Et c’est alors que se déroule la plus
poignante des cérémonies de ce jour : l’élève Royant Gérard est appelé et vient
se figer au garde-à-vous, face aux officiels.
Lecture est alors donnée des citations
décernées au père de l’enfant, le gendarme Royant Joseph, tombé dans le maquis
de l’Yonne après d’héroïques combats contre les troupes allemandes en retraite.
Crispé dans son garde-à-vous, sans un
tressaillement de ses frêles épaules, le jeune adolescent au prix de quel
effort, parvient à maîtriser son émotion au rappel de la mort héroïque de son
papa, tandis que les yeux des assistants se mouillent.
M. Turpault, directeur de la Gendarmerie,
lui-même ancien élève de cette École militaire préparatoire des Andelys,
épingle avec une visible émotion sur la poitrine du fils, la Croix de guerre et
la Médaille militaire décernées au père à titre posthume ; il lui donne une
chaude accolade et le commandant Frédet ( autre ancien élève de cette École
militaire) serre à son tour dans ses bras son jeune cadet avec une affectueuse
et paternelle spontanéité.
Le jeune Royant aura ensuite l’honneur d’assister à la suite des cérémonies, au premier rang des officiels.
Le capitaine Wandaële donne alors lecture
de la citation de l’E.M.P. des Andelys à l’ordre de l’Armée. Cette citation
comporte l’attribution de la Croix de guerre avec palme que le ministre de la
Défense nationale épingle au drapeau de l’École, après l’avoir prise au coussin
que lui tendait l’élève Lepère.
C’est ensuite un défilé absolument
parfait de tous les élèves entraînés par leur musique qui se montre, mieux que
jamais, à la hauteur de sa réputation.
Aussi M. PLeven félicitera-t-il
longuement le commandant Frédet pour cette impeccable présentation.
Un lunch très apprécié fut ensuite offert
aux personnalités dans le réfectoire de l’École décoré avec son art habituel
par M. Parrault, professeur de l’École.
Au cours de ce lunch, M. le commandant
Frédet s’adressa au ministre en termes particulièrement choisis et le ministre
y répondit après avoir reçu de quatre élèves l’insigne de l’École que, geste
délicat, il épingla aussitôt à son revers, où il ne portait ( détail à noter),
aucune de ses décorations. L’insigne fut remis au ministre par les élèves
Chambon, Defontaine, Derucker et Monnat.
Allocution du commandant de l'École
militaire préparatoire :
“ Monsieur le ministre,
Votre présence dans cette école et l’acte
solennel que vous venez d’y acomplir sont, pour son commandant, ses cadres, son
personnel, ses élèves, source de fierté, de joie et de gratitude.
En venant épingler cette palme à notre
emblème vous avez évoqué par ce geste les heures exaltantes de la lutte, et
récompensé les héroïsmes engendrés, les sacrifices librement consentis par les
anciens enfants de troupe de cette école pendant ces 5 années de guerre
Demain par la presse ou le Journal des
anciens enfants de troupe, les survivants de ces héros ou les familles de
ceux qui ont consenti le don total, sauront que le ministre de la Défense
nationale en personne a tenu à leur rendre le plus bel hommage en son pouvoir.
Les professeurs d'avant-guerre et du
début de la guerre qui sont encore ici au nombre de huit, parmi lesquels
Monsieur le Directeur des études et un déporté à Dachau, les éducateurs
représentés dans cette salle par un sous-officier qui captif s'évada, les
membres du personnel civil, tous ces cadres qui formèrent ces phalanges
ardentes voient aussi leur œuvre couronnée magnifiquement.
En unissant dans la même glorieuse
citation ceux qui ont donné et ceux qui ont reçu pour pouvoir tout donner, vous
avez consacré ce bloc, que doit être une école. Mais pour animer ce bloc, il
faut une équipe parfaitement soudée.
J'ai la joie profonde de pouvoir vous
affirmer, Monsieur le ministre que cette équipe existe ici, où professeurs,
officiers et éducateurs ne sont pas une simple réunion de personnes fussent-elles
toutes de bonne volonté, mais une union d'êtres vivant du même idéal ne formant
plus qu'un tout.
Certes, je ne m'illusionne pas sur la
haute et difficile mission qui nous incombe. De quoi s'agit-il en effet ? Faire
de cette école une pépinière de chefs dans un climat de confiance. Créer par un
esprit large et vivifiant, l'équilibre des activités scolaires et
extra-scolaires. Développer toujours plus largement le régime social de l'école
basé sur la bonne volonté de chacun et la compréhension de tous, en confiant
progressivement à nos garçons des responsabilités adaptées à leur âge pour
affermir leur vocation, leur personnalité propre et le goût du commandement.
Amener nos garçons à la notion de la discipline librement consentie qui seule
est épanouissante.
Mais pour rendre plus perméables nos
élèves à cette action en profondeur, il convient de faire disparaître
radicalement l'allure monacale ou d’ancienne caserne de l'École. Les placer
dans un cadre gai, agréable, aéré, clair, épanouissant en un mot, est une
nécessité absolue.
Grâce à l'habile et confiante direction
du général directeur du personnel militaire de l’Armée de terre et de son
équipe du Bureau des écoles, à l'assistance fraternelle de l'Association des
anciens enfants de troupe, à la haute et bienveillante compréhension du général
commandant la Ière Région et les directeurs de ses services, de Mr.
le préfet de l'Eure, de MM. les parlementaires du département, de M. le
sous-préfet,de M. le conseiller général et de notre si sympathique maire M.
Cruchon et de ses conseillers, la tâche est simplifiée.
Mais il reste encore beaucoup à faire
pour panser les plaies de la guerre et rajeunir profondément cette vieille et
chère maison qui fut labourée par les bombes en 1940, occupée, souillée et pillée
durant 5 ans.
Et c'est pourquoi là encore votre
présence est pour nous source de fierté,
de joie et de gratitude, car elle témoigne de votre bienveillant intérêt
à notre École, comme à ses sœurs d’Autun, d’Aix-en-Provence, de Billom, de
Tulle et du Mans. Elle est en un mot un encouragement pour poursuivre avec plus
d'ardeur encore l'oeuvre exaltante qui nous a été confiée.
Le chemin parcouru déjà est immense.
L'ancien élève de cette École qui en est devenu le commandant a pu le mesurer
après 32 ans d'absence. Il ne peut qu'en remercier tous ceux qui ont permis
cette ascension continuelle par un labeur et une foi exemplaires. La route est
maintenant bien tracée, bien droite.
Il nous appartient de la suivre pour
continuer à justifier cette appréciation portée entr'autres sur le Livre d'or
de l'École par un inspecteur général de l'Éducation nationale le 7 mars dernier
:
« Cette école est un lieu où je voudrais
vivre. Dans l'unanimité de l'idéal et de l'effort, dans une sécurité
fraternelle parmi des maitres et des enfants confiants chacun à l'égard de tous
et heureux dans un monde où c'est une victoire de l'être, renouvelée ici chaque
jour. Puisse cette communauté être visitée par tous ceux qui doutent de la vie
et d'eux-mêmes. Le souvenir que j'en emporte est tout de profonde
reconnaissance ».
Que nos héros honorés aujourd'hui dorment
en paix ; que nos grands et glorieux anciens : les disparus comme le général
d'armée Bourret sorti de cette école, les vivants comme les généraux Matter,
Cornet, Bru, Stehle, Andrieu, Campana, Paris, et d'autres bien nombreux encore
soient tranquilles : nos écoles militaires préparatoires engendreront encore
des hommes qui auront le redoutable honneur d'être des chefs sachant qu'on a
rien donné, tant que l'on n'a pas tout donné.
Permettez, Monsieur le ministre que
quatre de ces futurs hommes vous offrent un bien modeste souvenir en
reconnaissance de cette journée mémorable pour leur École.
Ce souvenir est à leurs yeux cependant
très grand car nous leur avons appris à l’aimer et à le respecter. Ils le
portent fièrement et dignement. Permettez-leur donc de vous offrir leur
insigne, l’insigne de l’École Ce souvenir est à leurs yeux cependant très grand
car nous leur avons appris à l’aimer et à le respecter. Ils le portent
fièrement et dignement. Permettez-leur donc de vous offrir leur insigne,
l’insigne de l’École militaire préparatoire des Andelys ».
Discours
prononcé par Monsieur René Pleven, ministre de la Défense nationale,
à
l'occasion de la cérémonie de remise de la Croix de guerre
à l'École
militaire préparatoire des Andelys.
« Mon Commandant, mes chers collègues,
Messieurs,
Après l'allocution émouvante du
commandant de l'École, personne ne me tiendra, je pense, rigueur de m'adresser
d'abord et plus particulièrement aux élèves de cette école.
Depuis que j'ai l'honneur de diriger le
ministère de la Défense nationale, je n'ai présidé que deux cérémonies de
remise de Croix de guerre, la première fois, c'était en décembre dernier, à l'École
Polytechnique, la seconde, c'est aujourd'hui.
Après avoir décoré la grande école
militaire dont la devise reste : Pour la Patrie, les sciences et la
gloire, il m'a paru juste de venir rendre hommage à l'une de ces écoles
militaires préparatoires du Pays.
Vous devez sentir le prix de cette
association. Comme Polytechnique, comme St-Cyr, qui attirent les plus
distingués d'entre vous, votre École s'était vue décerner la Croix de chevalier
de la Légion d'honneur et la Croix de guerre 14-18.
Voilà maintenant que la Croix de guerre
1939-1945 va s’ajouter aux insignes conquis par vos anciens.
C'est un honneur de plus, un honneur
mérité, mais pour vous les benjamins de l'immense famille militaire,
l'obligation morale d'être toujours plus leurs émules et d'être dignes de leur
exemple.
Jeunes, qui portez avec tant de fierté
l'uniforme bleu, vous devez sans cesse vous souvenir qu'il vous rend solidaires
de tous les braves qui l'ont endossé avant vous, solidaires aussi de cette
armée où la plupart d'entre vous sont appelés à servir.
Depuis 63 ans que la ville des Andelys
dont vous êtes véritablement les enfants offrit au Pays, quatorze ans après le
désastre de 1871, les terrains et la construction de votre École, celle-ci a
été, comme l'a dit votre commandant, l'une des pépinières où l'armée a trouvé
ses cadres les plus fidèles et les plus ardents.
Fils d'officiers, de sous-officiers et de
soldats, dont un si grand nombre ont donné leur vie pour la France, je sais par
les succès que vous avez remportés aux examens et aux concours aux termes des
trois années dernières, que votre travail, votre application, votre
patriotisme, vous rendent dignes de vos ainés,
Je vous demande d'avoir toujours en votre
esprit leur souvenir de lever, toujours les yeux vers eux.
Car la Croix de guerre que je vous
apporte et qui fera pendant à celle de 14-18, vous savez, n'est-ce pas, comment
ils l'ont gagnée : au prix de leurs peines et de leur sang, ils furent à la
fois ce que vous devez vous efforcer d'être : studieux et braves.
Leur foi, leur ardeur ; celle des
officiers, des professeurs d'élite, des commandants qui se succédèrent à l'École
et parmi lesquels ce commandant Forcinal, amputé d'une jambe qui la dirigea en
14-18, surent faire éclater les textes trop étroits qui limitaient jadis avec
l'instruction donnée ici, les perspectives de carrière offertes aux élèves de
l'École.
Et lorsque sonna l'heure des grandes
épreuves, la valeur morale comme la formation militaire des anciens élèves des
Andelys les désignaient pour être à la pointe du combat.
250 anciens élèves. des Andelys sont tombés
en 1914-1918.
Ceux qui s'immolèrent en 1939-1945 n'ont
pu être tous encore dénombrés.
Mais ce que nous savons avec certitude,
ce sont les tristes vicissitudes qu'imposa à votre fière maison, l'invasion.
Blessée avec la ville qui avait voulu
l'avoir dans son sein, elle fut aussi une réfugiée. Evacuée le 5 Juin 1940,
transportée à Niort le 21 Juin, les allemands l'y firent prisonnière. Libérée
après 10 jours de palabres, elle gagne Montauban son premier soin fut de
présenter au brevet, ses élèves.
En septembre elle est à Béziers. L'École
est en deuil. Sa fanfare disparaît, les boutons dorés des tuniques sont peints
en noir. Les cadres militaires sont dissous mais l'esprit demeure et quelques
élèves s'échappent, parviennent à rejoindre les Forces Françaises Libres.
En novembre 1942, la zone sud est
occupée, l'École est dispersée, ses élèves répartis à Tulle, Montélimar,
Billom.
En Juin 1944, la plupart de ceux de Tulle
rejoignent le maquis. La Division "Das Reich" procède à des
arrestations en masse. Plusieurs de vos cadres et de vos professeurs paieront
leur tribut à Dachau.
Puis c'est la délivrance et le retour
dans ces vieux bâtiments pillés, ravagés par l’occupant, secoués par les
bombardements, mais qui sont restés debout.
Et quand l'École fait l'appel de ceux
qu'elle a empreint de sa marque, elle peut constater avec fierté ce que
reconnaît la citation qui accompagne votre Croix de guerre : que ses élèves ont
rassemblé les plus beaux titres de guerre avec la simplicité, la modestie,
l'abnégation de ceux qui savent depuis longtemps servir.
La France ne cessera jamais d'avoir
besoin d'hommes élevés dans une pareille tradition. J'exprime la gratitude
nationale aux cadres et aux professeurs dont le dévouement inlassable assure la
pérennité d'une telle tradition.
Je sais que le Pays peut compter sur eux
pour prodiguer leurs patients efforts, pour préparer les jeunes qui leur sont
confiés, à la mission qui les attend.
La France a besoin, dans toutes les
directions, et pour sa défense, d'hommes à l’esprit bien meublé, et aussi
d'hommes de cœur équilibrés, au jugement sûr, à la foi ardente.
Leurs anciens les attendent pour leur
passer le flambeau et leur confier la protection de la France ».
A l’issue de cette réception, le ministre
descendit au monument aux morts de l’École qu’il fleurit d’une gerbe qui lui
fut remise par les élèves Couasnon et Bertrand, cependant que la musique
sonnait Aux morts.
Ce dernier hommage mettait fin à ces
cérémonies auxquelles le ministre de la Défense nationale, avec une touchante piété,
avait tenu à marquer d’un caractère de souvenir et de reconnaissance envers
ceux qui avaient donné leur vie dans l’effroyable tourmente : M. Pleven
terminait sa visite aux Andelys comme il l’avait commencée, en s’inclinant
devant un monument élevé aux morts de la guerre.
C’est pourquoi en cette journée, où
toutes les pensées étaient tournées vers ceux à qui fut demandé un irréparable
sacrifice, il n’était pas de mise d’afficher une rancœur, peut-être justifiée,
à propos de dommages matériels réparables et en parties réparés.
Il n’est pas de dommages de guerre pour
les morts !
Et il n’est aucune réparation possible
pour ceux qui les pleurent.
Une foule imposante et digne assista avec
recueillement et gravité à ces cérémonies et nous comprenons l’émotion d’un
vieil andelysien comme M. Clée, premier adjoint au maire, qui assista en 1887 à
l’inauguration de cette École militaire ......
Le bal des sous-officiers.
Le bal des sous-officiers de l’École
militaire aura lieu le samedi 10 juin prochain, strictement sur invitation.
L'Impartial du 20 mai.
Juillet
Le brevet d’éducateur.
Une note du 13 juillet émanant du
ministère de la Défense nationale confirme l’importance que ce ministère
apporte à la formation des éducateurs, formation que devrait suivre les sous-officiers
futurs cadres des écoles militaires préparatoires. Mais devant le petit nombre
de sous-officiers ayant les aptitudes requises pour suivre le stage préparatoire à l’examen du brevet
d’éducateur, ce dernier est reporté à l’année 1951.
Il est néanmoins demandé aux commandants
des écoles militaires préparatoires de tout faire pour accorder tous les
moyens, en temps comme en aides et conseils d’officiers et professeurs, aux
candidats.
Une liste des ouvrages à étudier est
fournie en annexe à la note du ministère. Remarquons que parmi les ouvrages
recommandés, figurent des livres ayant pour sujet les incidences de la
guerre sur le développement psychologique des enfants et les conclusions qui
peuvent en être tirées sur le plan de l’éducation.
Voir en annexe les note et annexes,
documents fournis par Mme Pasquier, épouse de l’adjudant Pasquier, cadre de
l’EMP des Andelys.
16ème exposition des Peintres de la région
andelysienne.
…
E. Parrault a deux paysages, l’un
d’Auvergne, l’autre des Andelys, symphonie de jaune, de rouge et de vert d’une
grande valeur picturale. Nous aimons beaucoup ce bel artiste consciencieux et
chercheur, et dont le sens décoratif est extrême et très original.
L'Impartial du 14 juillet.
La fête nationale.
…
Eut lieu ensuite un défilé auquel prit
part l’École militaire avec son impeccable fanfare.
Puis eut lieu au baraquement du Cercle
d’escrime la distribution des prix aux enfants des écoles publiques et l’après
midi la kermesse de l’École militaire.
L'Impartial du 21 juillet
Novembre
La présentation au drapeau.
Jeudi 9 novembre à 11 heures, a eu lieu
la traditionnelle cérémonie de la présentation au drapeau de l’École des jeunes
élèves admis à l’EMP et des recrues du contingent 1950-1951 en présence du
général de corps d’armée Dewinck, commandant la 1ère R.M.,
accompagné du général Adeline, directeur du Génie de la 1ère Région.
L'Impartial du 10 novembre.
Monsieur
Parrault a reçu la Légion d'honneur.
Vendredi matin, au cours d'une cérémonie
à la fois simple et grandiose, a eu lieu à l'École militaire des Andelys, la
remise de la Légion d'honneur à M. Edgard Parrault, professeur dans cet
établissement depuis plus de 20 ans.
Les élèves de l'École, impeccablement
alignés, s'étaient rangés en carré dans la grande cour de l'École que
balayaient les aigres rafales de la bise de novembre.
De nombreuses personnalités étaient
venues rejoindre le groupe des officiers et des professeurs de l'École.
On notait la présence de MM. Camille
Maireau, conseiller général, Cruchon, maire des Andelys ; l'archiprêtre
Rouzault, curé du Grand-Andely ; Briard, Dubois, Lefebvre, président des
A.P.G., Douville, Pieron, Chollou, Docteur Thébault, Sautin, Samson, président
du C.N.A., Louis, Mme Parrault et sa famille, etc.
A 10 h 30, M. le chef de bataillon
Frédet, commandant l'École, accueillait à sa descente de voiture M. le colonel
Girardot, de la D.P.MA.T. représentant le secrétaire d'état aux forces armées (
Guerre) qu'accompagnait le commandant Venot, de la Direction des écoles.
Les sonneries réglementaires puis la
Marseillaise retentirent et le colonel Girardot épinglait la Croix de
la Légion d'honneur sur la poitrine de M. Parrault et lui donnait l'accolade.
La cérémonie prit fin sur le défilé de l'École,
musique en tête.
Chacun s'empressa autour du nouveau
légionnaire, très ému, pour le féliciter.
Les sous-officiers offrirent ensuite aux
personnalités présentes, un vin d'honneur à leur mess.
La croix du nouveau légionnaire lui avait
été offerte par ses collègues professeurs de l'École.
Une délégation d'élèves vint présenter à
leur maître estimé, avec une affectueuse déférence, un souvenir qu'il reçut
avec beaucoup d'émotion.
Par une gentille et délicate pensée, ils
joignirent Madame Parrault dans l'hommage qu'ils rendaient à leur professeur en
lui offrant une magnifique gerbe de fleurs que celle-ci voulu déposer au pied
du monument aux morts de l'École.
Avec cette simplicité qui est un des
charmes de son caractère et une émotion profonde difficilement contenue, M.
Parrault remercia ses élèves et les personnalités présentes.
Le commandant Frédet, après avoir salué
les personnalités et présenté les excuses de M. Mazel, sous-préfet, rappela en
termes heureux que la croix de la Légion d'honneur remise à M. Parrault ne
récompensait pas seulement 20 ans de dévouement inlassable envers les enfants
de troupe, mais aussi des services exceptionnels.
Ce dévouement, ces efforts inlassables et
désintéressés, M. Parrault les a payés récemment par une dure maladie qui devra
l'inciter désormais, à répondre à l'affectueuse sollicitude de tous ses amis en
se ménageant.
Ses efforts, M. Parrault en a été
prodigue non seulement envers l'École et ses élèves, mais envers tous les
groupements des Andelys qui, jamais, non fait appel en vain à son talent et à
son concours désintéressé.
Monsieur Maillac, directeur des étude
rappela sobrement les états de service de M. Parrault, qui a joint à un
incontestable talent les plus belles réussites pédagogiques qui lui ont valu
outre les palmes d'Officier d'académie et d'Officier de l'instruction publique
la plus haute distinction ( un prix d'honneur national), au salon de l'Éducation
nationale 1947, dont il est désormais membre du jury.
Au cours de la même cérémonie deux autres
éminents professeurs de l'École militaire furent justement à l'honneur :
MM. Gobin et Poulin, qui furent décorés des palmes académiques.
L'Impartial du 10 novembre.
Décembre
Les marionnettes
comme thérapie.
Une
note rédigée par l’adjudant Pasquier concernant l’élève Robert Viot semble
prouver toute l’attention que des cadres de l’École militaire portaient à leurs
élèves et les moyens mis en oeuvre pour apporter des solutions à des situations
psychologiquement difficiles :
«
Intelligent. N’est plus major de compagnie ce trimestre. Légère défaillance. Équipe
marionnettes. Travailleur. Faible physiquement. A ménager. Pas de gros efforts
physiques. Semble isolé dans son travail. Les marionnettes lui permettront
d’être plus en contact avec les camarades, d’avoir recours à eux “.
Note du 11/12/1950 communiquée par Mme Pasquier
Décembre
Des assassins
retrouvés.
La
Cour d’Assises de la Seine vient de juger les assassins d’un riche retraité
parisien, M. Robert Thélier. C’était sa bonne, Andrée Faret, qui a été
condamnée à mort et un ami de celle-ci Robert Planet, qui fera 20 ans de bagne.
Andrée
Faret avait enfermé le corps de la victime dans une malle et loué une voiture
pour aller jeter son funèbre colis au Trou de l’enfer, sur le bord
de la mer, près des Sables-d’Olonne où
il fut découvert presqu’aussitôt.
Monsieur
Robert Thélier, la victime avait été mobilisée pendant la guerre comme officier
à l’École militaire des Andelys où il avait laissé dans cette ville quelques
solides amitiés.
L'Impartial du 16 décembre.
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