Janvier
La Société de topographie de France.
Le
dimanche 26 janvier, dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne a eu lieu la
distribution des récompenses du dernier concours. L'École militaire a fait très
bonne figure :
Le challenge a été attribué à l'École,
La médaille d'argent a été accordée à
M. le commandant Calley et à
M. Lemercier, professeur de dessin,
Le prix du ministère des Travaux
publics à l'élève Camus,
La médaille de bronze à 20 élèves et
14 ont obtenu une mention honorable.
Les obsèques du Lieutenant Dutrieux.
Le 6
janvier 1912, la presse se fait l'écho d'une catastrophe ferroviaire qui s'est
produite sur la ligne passant par Bondy et Villemomble, au Pont des Coquetiers.
Parmi les nombreuses victimes se trouvait le lieutenant Dutrieux, officier de
l'École militaire des Andelys. Les obsèques ont eu lieu à Villemomble.
“Le
cortège s'est formé au domicile de M. Dubos, beau-père du défunt, 88 rue du
Chemin de Fer, et s'est dirigé vers l'église de Villemomble, où a été célébré
le service funèbre.
Le
corbillard disparaissait sous les fleurs et les couronnes, envoyées par les
officiers, professeurs, sous-officiers et élèves de l'École, par les sociétés
de préparation militaire de l'arrondissement, ainsi que par les parents et amis
du malheureux officier.
Le
deuil était conduit par la veuve et les beaux-parents du défunt et par une
délégation des officiers et professeurs de l'École, à laquelle s'était joint le
général Plée du cadre de réserve, ancien commandant de la 4e brigade
à laquelle avait appartenu le lieutenant Dutrieux. L'École était représentée en
outre par une députation nombreuse du corps des sous-officiers; des élèves
entouraient le char funèbre.
Derrière
la famille venaient les représentants du préfet de la Seine, du préfet de
Police, de la Compagnie de l'Est; M. Weber, député de la Seine, M. Certeux,
sous-préfet des Andelys, le maire et le conseil municipal de Villemomble et de
nombreux amis.”
Au
cimetière, M. Heubert, président de la Fédération des sociétés de préparation
militaire de notre arrondissement, le maire de Villemomble, et le commandant de
l'école ont pris successivement la parole. Nous donnons ci-dessous, le texte du
discours prononcé par le commandant Cattey :
“ Mesdames,
Messieurs,
Samedi
dernier, vers midi, le lieutenant Dutrieux, en pleine santé, prenait congé de
moi et, le coeur empli d'espoir, partait pour venir chercher sa femme et son
enfant, qu'à la suite d'un deuil cruel, il avait laissé chez ses beaux-parents
à Villemomble.
Dimanche
matin, vers 9 heures, un coup de téléphone, puis les journaux apportaient à l'École
la terrifiante nouvelle de sa mort, aussi rapide qu'imprévue. A 10 heures, un
télégramme venait hélas ! me confirmer la perte douloureuse que fait l'École en
la personne de notre camarade, tué en pleine vigueur, à quelques pas des siens,
dans le terrible accident de chemin de fer du Pont-des-Coquetiers.
Qu'il
me soit permis de dire, sur cette tombe, avant qu'elle se ferme sur lui, tout
le bien que je pensais du brillant officier, qui était pour moi un précieux
collaborateur qui aimait à aller, pendant les vacances, se retremper dans le
vie mouvementée d'un régiment en manoeuvres.
A l'École,
dans les sociétés de préparation militaire, au régiment, partout le lieutenant
Dutrieux séduisait par sa parfaite courtoisie, par son entrain et par sa bonne
humeur.
Tel
était Dutrieux, Messieurs, tel était l'officier accompli, le charmant camarade
que nous pleurons avec sa famille et ses amis.
Les
paroles me manquent pour adresser à sa chère compagne, à son fils et à ses
parents, les consolations dont ils ont tant besoin. Je ne puis qu'associer ma
peine à leur douleur et les assurer de la vive et profonde sympathie de ceux
qui sont venus avec moi, au nom de tous ceux qui n'ont pu venir, un dernier
adieu à leur cher disparu.
Adieu,
mon cher Dutrieux; au nom de l'École qui gardera votre souvenir, au nom de
l'armée que vous aimiez tant, adieu !"
Février
Une arrivée.
Le
lieutenant Besse du 121e RI est nommé instructeur à l'École
militaire.
Un poème, le Coq
Il est
certain coq, au village,
Qui doit avoir un long passé,
Car s’il fallait dire son âge
On serait bien embarrassé.
C’est un coq comme on en voit guère
Parmi ceux de nos basses-cours,
Et qui ne fait jamais la guerre
A ses pareils des alentours.
Il a, paraît-il, son histoire,
Et n’est pas fait, certainement,
Pour finir dans la rôtissoire;
Il serait trop dur sous la dent.
Il ne va jamais, par la plaine,
Glaner graines et vermisseaux,
Ni boire à l’eau de la fontaine,
Ni s’ébattre sous les ormeaux.
Il n’éveille pas, l’aurore,
Les oiseaux blottis sous les toits,
Ni les gens qui dorment encore,
Car il n’a jamais eu de voix.
Pourtant il voit souvent la foule
Qui l’interroge à son perchoir,
Où jamais, hélas ! nulle poule
Ne vient le rejoindre le soir.
Il prête son front à la brise
Qui le carresse mollement,
Et quand l’hiver, souffle la bise,
Il lui fait face bravement.
Il ne craint là, ni la tempête,
Ni des grosses eaux les fureurs,
Ni quelque malfaisante bête,
Encore moins les cambrioleurs :
C’est le coq de la vieille église
Qu’on aime voir à son clocher
Et dont la souvenance exquise,
Loin du pays, vient nous charmer.
Poupée. Bouafles, février 1912
Mars
La Préparation militaire.
La
nécessité de préparer les jeunes gens au service militaire devient dans tous
les états d’autant plus pressante que l’on diminue davantage la durée du
service. En France, la loi du 27 janvier 1880 rendait obligatoire dans un délai
de deux ans l’enseignement de la gymnastique dans tous les établissements
d’instruction publique.
L’article
85 de la loi du 17 juillet 1889 était ainsi conçu : « Une loi spéciale
déterminera :
1° les
mesures à prendre pour rendre uniforme dans tous les établissements
d’enseignement l’application de la loi du 27 janvier 1880 ;
2°
l’organisation de l’instruction militaire pour les jeunes gens de 17 à 20 ans
et le mode de désignation des instructeurs ».
La loi
du 8 avril 1903 créait le certificat d’aptitude militaire accordant à ceux qui
l’avaient obtenu la possibilité d’être nommés caporaux après quatre mois de
service.
La loi
de recrutement de 1905 reproduisait intégralement l’article 85 de la loi de
1889.
Aujourd’hui,
en 1912, on attend encore la loi annoncée depuis ving-deux ans.
Cependant,
le gouvernement en déposa le projet le 5 juin 1908 qui fut rapporté deux fois à
la Chambre par M. Lachaud, la seconde fois en 1910, mais ce fut tout, la
discussion n’eut pas lieu.
Le
projet disposait en principe que tous les jeunes Français valides ont le devoir
de se préparer au service militaire avant leur incorporation, d’une part
obligatoirement dans tous les établissements publics d’enseignements, d’autre
part facultativement dans les sociétés agrées par le ministre de la Guerre (les
S.A.G.)
Tandis
que la machine parlementaire fonctionnait avec une désespérante lenteur,
l’initiative privée se mettait heureusement à l’oeuvre et créait des sociétés
de tir et des sociétés de préparation militaire de plus en plus nombreuses et
fréquentées. Profitant de cet élan spontané, le ministre de la Guerre faisait
paraître, le 7 novembre 1908, une instruction relative à l’organisation et au
fonctionnement des S.A.G. et à la délivrance du brevet d’aptitude créé par la
loi de 1903. Le programme des épreuves à subir est fort sage, il écarte tout ce
qui pourrait renouveler la funeste erreur des bataillons scolaires et ne
comporte que des marches, du tir, de la gymnastique, la lecture des cartes et
des notions d’hygiène. Mais les résultats obtenus chez nous jusqu’ici sont
insuffisants parce que le fonctionnement des S.A.G. ne s’adresse pas encore à
assez de jeunes gens et que, de plus, il n’y a pas cette unité de méthode qu’il
importerait de trouver pour l’enfant à l’école, pour l’adulte dans les oeuvres
post-scolaires comme pour le soldat au régiment.
Les
avantages du brevet d’aptitude ne sont pas assez connus. La loi dit bien que
les jeunes gens qui en sont munis pourront être nommés caporaux après quatre
mois de service; mais elle devrait aussi sanctionner comme un droit, ainsi que
le propose le projet du 5 juin 1908, la faculté de choisir son corps, à l’appel
de la classe, par ordre de mérite.
Le
projet disait aussi qu’il faut laisser aux sociétés de préparation militaire «
la formation intellectuelle et morale de l’adolescent ». On ne peut
qu’approuver l’idée de donner l’éducation morale en même temps que l’éducation
physique. Malheureusement il n’en est plus question dans le rapport de la
commission de l’Armée. Comment peut-on concevoir cette éducation morale ?
Il
faut tout d’abord donner à l’écolier le goût des choses militaires. Dans ce
but, en Allemagne, une circulaire du ministre de la Guerre prescrivait l’an
dernier « de faciliter aux écoliers, aux écoles entières, le moyen d’assister
aux revues, aux manoeuvres et aux exercices intéressants, et de leur donner des
places d’où l’on puisse bien voir ». Au Japon, la même méthode, appliquée
depuis plusieurs années déjà, porte ses fruits et forme des générations de plus
en plus guerrières.
Il ne
suffit pas d’avoir des soldats vigoureux, il faut encore que tous soient prêts
au suprême sacrifice, et, pour cela, il est indispensable qu’ils aient
conscience de la nécessité de la guerre. A l’adolescent, il est donc essentiel
de montrer le rôle qu’a joué la guerre dans la constitution des Etats. C’est
par la guerre que s’est fondée la patrie française; c’est par la guerre que
s’est constituée la grande unité germanique. Il convient aussi de montrer à
notre jeunesse, l’Histoire en main, que les grandes époques militaires furent
presque toujours de grandes époques scientifiques, philosophiques, littéraires
et artistiques. Il faut la convaincre par des exemples de cette vérité que la
victoire par les armes a toujours pour conséquence la grandeur du pays : le
colossal développement économiqe de l’Allemagne est la conséquence de ses
succès militaires de 1864, 1866 et 1870 ; ce sont deux guerres heureuses qui
ont fait du Japon un grand peuple.
Enfin
tous nos jeunes Français doivent savoir qu’aujourd’hui aucune nation ne saurait
se passer d’alliances, et seules en contractent ceux qui possèdent une solide
armée sur qui les alliés peuvent compter.
Jusqu’à
l’ambiance populaire, tout doit contribuer à créer chez l’enfant, à entretenir
chez l’adolescent et l’adulte cette mentalité militaire. Aussi ne peut-on
qu’applaudir à l’heureuse inspiration qui a fait établir réglementairement les
retraites en musique du samedi. La physionomie des rues de Paris en est
tansformée ; un souffle patriotique fait frissonner la foule qui se presse sur
le passage des musiques des régiments aux mâles accents de Sambre-et-Meuse, du Chant du
Départ, de la Retraite de Crimée.
Ce n‘est plus le même peuple. Et combien avait raison cet ouvrier dont le
lieutenant-colonnel Rousset rappelait l’autre jour le propos : « Faites
seulement défiler sur le boulevard, deux fois par semaine, un régiment de
ligne, drapeau et musique en tête. Avant deux mois on ne touvera plus un
antimilitariste dans Paris !».
Jacques Rozière, Impartial du 9/3/1912
Le nouveau préfet.
Monsieur
Aubanel, nouveau préfet de l'Eure, rend visite à la ville des Andelys, le 29
mars. Au cours de ses interventions, il s'est félicité des victoires
successives des Républicains dans ce canton, et désire réserver tout son dévouement
" au triomphe des idées républicaines aussi éloignées de la réaction que
de la révolution". Monsieur Lainé, maire, quant à lui, avait précédemment
déclaré : “ Certes nous sommes fiers d'avoir doté la Patrie de cette école
militaire modèle, d'autant plus fiers que le sacrifice consenti est hors de
proportion avec nos ressources.
Quelle
est, en effet, la ville de France, ne comptant que cinq mille habitants à peine
et ayant consacré un million et demi à la Défense nationale ? "
Appel
resté sans réponse, du moins dans l'intervention du jour, de Monsieur Aubanel .
Le texte intégral de cette journée est en annexe.
Avril
La catastrophe du Titanic.
Lire
le récit d’un survivant en annexe.
Mai
Une naissance.
Le 6
mai est née Marie-Madelaine, fille de Louis Auguste Marcel Demante, soldat à l'École
militaire et de Edmée Anaïs Boivin son épouse.
Les programmes musicaux du mois, au
jardin public.
1er dimanche
The Washington Post,
pas redoublé, de Sousa
Poète et paysan,
ouverture, de Suppé,
Sur la plage,
mazurka, de Laffond,
L'enlèvement de la
Tolédad, fantaisie, d'Audran,
Coeur Tzigane, valse,
de Vacolier.
2e dimanche
Marche Lorraine, de
Ganne,
Nabuchodonosor, de
Verdi,
Tout à la Joie,
polka, de Ferbach,
La Fille du Tambour Major,
d'Offenbach,
Espana, valse, de
Chabrier.
3e dimanche
Marche Russe, de
Ganne,
Le Camp du Drap d'Or,
ouverture de Martini,
Le Petit Duc, opéra
comique, d'Audran,
Ma Reine, valse,
d'Ivanovici.
Juin
Un décès.
Le 8
juin, le capitaine Grillat, du 33e de ligne, en garnison à Arras,
vient de mourir subitement d'une congestion cérébrale (ou pulmonaire selon les
sources journalistiques). Il avait été lieutenant instructeur à l'École
militaire et s'était marié aux Andelys. Il laisse une veuve et trois enfants.
Nos enfants de troupe aux examens du
brevet.
Hier lundi,
s’est ouverte dans tous les chefs-lieux, la session des examens du brevet
élémentaire pour les jeunes gens. 46 élèves de notre école militaire se sont
présentés devant le jury de Rouen. Sur ce nombre, 34 ont été admis à l’oral.
Sur ces 34, 28 ont été reçus définitivement ; nous les en félicitons ainsi que
leurs professeurs.
Les
programmes musicaux.
Le
2 juin :
Sous
l'Aigle Double, pas redoublé, de Wagner
Les
Noces de Jeannette, fantaisie, de Massé,
Gracieux
Sourire, mazurka, de Fugeot,
Le
Voyage en Chine, fantaisie, de Bazin,
Vénétia,
valse, de Wahanka.
Le
9 juin :
Le
Régiment des Braves, pas redoublé, de Tédesco,
Les
Mousquetaires au Couvent, fantaisie, de Varney,
La
Mousmé, mazurka japonaise, de Ganne,
Rip, sélection, de
Planquette,
L'Angélus, valse, de
Wahanka.
Commentaires
du journal : " C'est une excellente idée que celle de M. le commandant
Cattey d'avoir fait donner un concert hier soir au jardin par la fanfare de l'École;
la nombreuse affluence des auditeurs est un encouragement à persévérer dans
cette voie pendant les belles soirées d'été."
Juillet
Une
inauguration à Lyons-La-Forêt.
Le
dimanche 7 juillet, la musique de l'École militaire participe aux fêtes
d'inauguration de la gendarmerie de Lyons-la-Forêt.
Voir
l'annonce presse en annexe.
Un tir d'honneur.
Le tir
d'honneur annuel au stand de tir de la Paix, entre les soldats et élèves de l'École
militaire, a été suivi par un défilé, par les rues de la ville, aux accents les
plus entraînants de marches guerrières. Les bouquets traditionnels avaient été
remis aux lauréats et fixés au canon de leur fusil.
Les programmes musicaux.
Le 14 juillet :
Les Allobroges,
pas redoublé, de Gentil,
France, ouverture
patriotique, de Brot,
Une soirée près du lac,
fantaisie, de Leroux,
La fille de Madame Angot,
fantaisie, de Lecoq,
Le Beau Danube bleu,
valse, de Strauss.
Le 21 juillet :
Camaret, pas
redoublé, de Bouchel,
Béatrix de Tenda,
Ouverture, de Belini,
Les Moutons, gavotte,
de Martini,
Miss Helgett,
fantaisie, d'Audran,
Pitchounette,
mazurka, saxo alto, de Charles.
La fête nationale.
Partout,
cette année, le 14 juillet a été fêté avec un enthousiasme des plus vifs ; dans
toute les villes de garnison, la République et son armée ont été acclamées par
la population. A Paris, notamment, jamais on ne vit autant de spectateurs à la
revue de Longchamp. Toute proportion gardée, il en a été de même aux Andelys ;
nos vaillants enfants de troupe, gendarmes, sapeurs-pompiers et musiciens
furent l’objet d’une chaude ovation de la part de la patriote population
andelysienne.
Dès
que le chef de la place, M. le commandant Cattey, eut passé la garnison en
revue, M. Certeux, sous-préfet, prononça un discours tout vibrant du plus
ardent patriotisme ; rendant hommage au loyalisme républicain des Andelysiens,
le sympathique représentant du gouvernement félicita les sapeurs-pompiers et
les musiciens de l’esprit de discipline, d’union et de dévouement qui règne au
milieu d’eux.
La
Médaille d’honneur trentenaire des sapeurs-pompiers fut ensuite remise par M.
Certeux, au caporal Théodule Willermet et au sapeur Hippolyte Leroy.
A deux
heures, avait lieu la distribution solennelle des prix aux élèves des écoles
publiques du Grand-Andely, sous la présidence de M. Lainé, maire; la veille, M.
Lebesque, son premier adjoint, avait présidé cette même cérémonie au
Petit-Andely.
Discours
de M. Lainé :
«
Mesdames, Messieurs, mes chers enfants,
Merci
tout d’abord à vous tous qui m’entourez : notables, parents, amis, d’être venus
prendre part à cette fête de l’enfance, où les élèves de nos écoles communales
vont recevoir la récompense d’une année de travail assidu et persévérant.
J’adresse
en particulier mes remerciements à tous les amis de l’école laïque dont la
générosité contribue, chaque année, à rehausser l’éclat de notre distribution
de prix.
J’y
ajouterai mes plus chaleureuses félicitations aux lauréats des examens du
brevet élémentaire et du certificat d’études qui ont maintenu la bonne renommée
de nos écoles et mis en relief, une fois de plus, le dévouement et la
valeur professionnelle de nos institutrices et de nos instituteurs.
A ce
sujet, je suis heureux d’adresser à M. Bourneville, mes plus vives
félicitations pour la distinction que vient de lui décerner M. le ministre de
l’Instruction publique en le nommant Officier d’académie.
Mes
chers enfants,
Bien
que mon intention ne soit pas de vous faire un discours, je tiens néanmoins à
vous dire toute la sollicitude de votre municipalité à votre égard.
En
attendant que les finances communales nous permettent de doter nos écoles de
tout le confort moderne, nous allons nous préoccuper, dès à présent, de
l’installation d’une cinquième classe à l’école de garçons du Grand-Andely.
Nous y
étudierons également le projet de création d’un cours complémentaire, afin de
permettre à nos garçons de terminer leurs études primaires sans quitter le
foyer paternel.
Tout
dernièrement, le conseil municipal s’est préoccupé de cette question en votant
le principe d’une bourse à la nouvelle école d’apprentissage d’Evreux où se
formeront des ouvriers pour nos industries locales.
Travaillez
donc, mes chers enfants, profitez des bonnes leçons de vos excellents maîtres
et maîtresses ; sinon plus tard vous regretterez de ne pouvoir améliorer votre
situation faute d’être suffisamment instruits.
On ne
répétera jamais assez que c’est l’une des plus grandes gloires de la 3e
République de n’avoir rien négligé pour l‘instruction des futurs citoyens,
aussi les sincères républicains doivent-ils lui en témoigner leur
reconnaissance en favorisant toutes les œuvres de nature à compléter son œuvre
: caisses des écoles, cantines scolaires, cours d’adultes, sociétés récréatives
du jeudi, amicales, sociétés de tir et de préparation militaire, etc ...
Il y a
là un vates champ d’action où les amis et les maîtres de l’école laïque peuvent
et doivent se donner la main en réunissant leurs efforts pour le plus grand
bien de la démocratie française, dont nous sommes tous, ici, les dévoués
représentants et les zélés défenseurs.
J’en
appelle à Monsieur le sous-préfet, notre digne représentant du gouvernement, à
M. l’inspecteur primaire, le dévoué chef de notre corps enseignant ; à MM. les
délégués cantonaux, à vous tous, Mesdames et Messieurs, bienfaitrices et
bienfaiteurs, maîtresses et maîtres de nos écoles ; je vous convie tous pour
nous aider dans l’accomplissement de cette belle œuvre qu’est l’éducation des
enfants du peuple.
Nous
contribuerons ainsi à la prospérité de la France, au mieux-être de tous les
travailleurs et au prestige de plus en plus grand de notre République.»
Nous
joignons nos félicitations aux applaudissements qui accueillirent les paroles
du dévoué maire des Andelys, dont la sollicitude à l’égard de la classe
laborieuse n’a d’égale que son dévouement aux intérêts de la ville.
Le
concert exécuté au jardin, dans l’après-midi, par la fanfare de l’École
militaire a été des plus brillants, ainsi que celui du soir par la musique
municipale, pendant le feu d’artifice.
Cette
réjouissance finale a obtenu un très vif succès ; les pièces d’artifice, tirées
par M. Cornier, ont été admirablement réussies et c’est sous la meilleure
impression que la population des Andelys a terminé la fête nationale du 14
juillet 1912.
Le brevet de topographie.
Lundi
dernier, 22 juillet, ont eu lieu à l’École militaire préparatoire, les examens
annuels pour l’obtention du brevet de topographie.
35
élèves ont été présentés et ont tous subi avec succès les différentes épreuves
de ces examens : 13 avec la mention très bien, 20 avec la mention bien
et 2 sans mention. Les levées sur le terrain et les vues panoramiques
ont été particulièrement appréciées par le secrétaire général de la Société de
topographie de France, M. le capitaine Eynaud de Fay, qui faisait partie de la
commission d’examen. Ces résultats font honneur au lieutenant Rousseau et au
professeur de dessin Lemercier qui ont été chargés de cet enseignement sous
l’excellente direction du commandant Cattey.
Nous
leur adressons nos plus vives félicitations, tant pour ces brillants avantages
que pour l’éclatant succès remporté par l’élève Laborderie au concours de
topographie organisée par la STF entre toutes les écoles militairs
préparatoires. Le challenge déjà conquis l’année dernière par le champion de l’École
restera donc une année encore la propriété de notre établissement militaire. En
présence du zèle de ses professeurs et des remarquables efforts des élèves,
nous pouvons espérer que l’année prochaine, cette haute récompense sera
remportée une troisième fois par les Andelys et qu’ainsi le bronze, don du
sénateur Menier, restera définitivement acquis à notre École militaire.
L’Impartial du 24 juillet.
La distribution des prix.
C’était
hier samedi matin 27 juillet, la distribution des prix à l’École militaire.
Messieurs
Sarrazin, conseiller général, Hugot, conseiller d’arrondissement, Aubertot,
procureur de la République, Lainé, maire, Lebesque, adjoint, Simon, conseiller
municipal, avaient tenu à répondre à l’aimable invitation de M. le commandant
Cattey ; la tribune présentait d’ailleurs le plus gracieux coup d’oeil grâce à
la présence de nombreuses dames ; le préau avait été magnifiquement décoré par
les élèves eux-mêmes ; tout un panneau, recouvert de remarquables dessins au
crayon, attirait particulièrement l’attention.
Ce fut
M. Fine, professeur de sciences, qui prononça, sur le travail, le
discours d’usage, discours très gouté et fort applaudi.
Les
morceaux exécutés par la musique sous la direction de M. Loiseau obtinrent
également un vif succès.
Parmi
les donateurs de volumes, nous citerons la ville des Andelys, les sociétés de
tir des 22e territorial et de l’Avenir
Andelysien, la compagnie de sapeurs-pompiers, le syndicat d’initiative ;
MM. Sarrazin, Hugot, Lainé, Lebesque, Bréard, Caron, Adam, Provost,
Leboulenger, Simon, Albert et de nombreux commerçants ou entrepreneurs de la
ville.
La
rentrée est fixée au 6 octobre.
L’Impartial du 31 juillet.
Août
Un mariage.
Vincent-Jean-Marie-Mathurin
Guiblin, adjudant maître d’escrime à l’École militaire préparatoire des Andelys
et Marie-Josèphe-Henriette-Elisabeth-Gabriel Depasse sans profession à St Ouen
de la Rouërie (Ille et Vilaine).
Encore les frais de casernement.
Lors
du Conseil du 31 août, M. le maire rappel les conditions imposées à la ville eu
égard aux frais de casernement. Le contrat d'abonnement se termine au 31
décembre 1912, et s'il est renouvelé dans les mêmes termes, les charges
toujours supportées par la ville sont toujours les mêmes.
Septembre
Un mariage.
Le 7,
Ferdinand Louis Daniel, caporal à l'École militaire a épousé Marthe Marguerite
Bénazet couturière aux Andelys.
Des nominations.
Le
lieutenant Vayre, du 11e Bataillon de Chasseurs à pieds (Annecy),
est nommé comptable matériel à l'École militaire. Il remplace le capitaine
Wienrich qui laissera aux Andelys le meilleur souvenir.
M.
Ruchaud, aide-major de 1ère classe à l'École militaire est promu au
grade de médecin major de 2e classe et maintenu sur place.
Octobre
Le programme musical du mois.
Le 17 octobre :
Salut lointain, pas
redoublé, de Doring,
Le Calife de Bagdad,
ouverture, de Boildieu,
Gracieux sourire,
mazurka, de Furgeot,
Nabuchodonosor,
fantaisie, de Verdi,
La Veuve Joyeuse,
valse, de Lapret.
Le 24 novembre :
Le Rêve passe, pas
redoublé, de Parès,
Philinte, fantaisie,
de Mourgue,
Doux regard, mazurka,
de Salé,
Mireille, sélection
sur l'Opéra, de Gounod,
Vénétia, valse, de
Wohanga.
Novembre
Brevet supérieur.
Mlle
Marguerite Cattey, fille du commandant de l'École militaire Cattey, vient de
subir avec succès, à Paris, les examens de l'épreuve du brevet supérieur, et ce
grâce à l'enseignement qui lui a délivré par les professeurs Foire et Gras.
La
Collégiale d’Ecouis.
Ce bel
édifice du 14e siècle qui a conservé la plupart de ses éléments
anciens, les deux grosses tours flanquant sa façade et sa charpente apparente à
chevrons. Au seizième siècle, on y ajouta une chapelle pittoresque, dont les
murailles sont couvertes des emblèmes et des marques des artisans qui
l’élevèrent : maillets, marteaux, burins, raclettes, haches, équerres et
dégages-joints.
De
curieux souvenirs s’attachent à l’église d’Ecouis. Elle fut fondée en 1310, par
le surintendant des finances de Philippe le bel, Enguerrand de Marigny et
consacrée par Nicolas de Fréauville, légat de France, assisté des deux frères
d’Enguerrand Philippe, archevêque de Sens et Jean, evêque de Beauvais. Elle
contenait autrefois plusieurs monuments funéraires dont un seul subsiste, celui
de Jean de Marigny.
Le
tombeau d’Enguerrand a disparu. Il avait été érigé en 1475 par les chanoines
d’Ecouis avec l’agrément de Louis XI qui, selon les historiens, aurait voulu
réparer ainsi l’iniquité commise par Louis le Hutin en faisant pendre le
ministre. Celui-ci était représenté gisant, en armes et en harnais de guerre. L’inventaire
du trésor de la collégiale, dressé en 1565, fait mention de la cotte d’armes
que portait Enguerrand de « soye perse fugurée estant faivcte à l’aiguille sur
le mestier armoyée de ses armes devant et derrière», et aussi de « la mitre et
de la crosse de Jean, crosse dont le batton est de bois bien fin et subtil,
taillé de plusieurs ymaiges … qui sert le jour des Innocents à celui qui est
élu evesque et non autrement». Ces précieux
objets, soustraits pendant la Révolution, furent recueillis par un
cordonnier qui les céda à l’abbé Jouau. Ils sont aujourd’hui au musée d’Evreux.
Le trésor de la collégiale possédait en outre, avant 1789, diverses reliques :
une côte de Sainte-Madeleine, la limaille des fers qui blessèrent le Christ et
un doigt de Saint-Louis enfermé dans une capsule de métal qu’Enguerrand portait
à la guerre.
L’Impartial du 4 novembre 1912
Le programme musical du mois.
1er dimanche :
Salut
lointain, pas red. Doring,
Le
Calife de Bagdad, ouvert., Boildieu,
Gracieux
sourire, mazurka, Furgeot,
Nabuchodonosor, fantaisie, Verdi,
La
Veuve Joyeuse, valse, Lapret.
2e dimanche :
Le rêve
passe, pas redoublé, Parès,
Philinte,
fantaisie, Mourgue,
Doux regard,
mazurka, Salé,
Mireille,
sélect. sur l’Opéra, Gounod,
Vénétia,
valse, Wohanka
3e
dimanche :
Le
Régiment des Braves, p. r. Tédesco,
Martha, fantaisie, Flotow,
Lina, polka p. piston, Leroux,
Le
voyage an Chine, op. com . Bazin,
Ma
Reine, valse, Bucalossé
Décembre
Un officier aviateur, ancien élève de l’École
militaire, visite Les Andelys en aéroplane.
Ce
matin, mardi 3 décembre, vers dix heures, un biplan atterrissait sur le plateau
de Mantelle juste à l’endroit où l’aviateur havrais, Léon Molon, exécuta ses
vols le 2 juillet 1911 ; une demi-heure après, nous recevions la visite du
mécanicien, le sapeur aérostier Lestra, camarade de régiment et ami du fils de
notre directeur, qui venait en ville faire provision d’essence.
C’est
ainsi que nous apprîmes les premiers que l’aéroplane était parti à 8h30 de
l’aérodrome militaire de Saint-Cyr, monté par le lieutenant Césari,
officier-pilote, ancien élève de notre École militaire, engagé volontaire en
1903, qui venait rendre visite à ses anciens instructeurs et professeurs ;
ceux-ci, auxquels se joignirent le commandant Cattey et les officiers, lui
offrirent à déjeuner et à une heure et demi toute l’École, musique en tête,
accompagnait l’officier aviateur jusqu’à son appareil, un biplan, sorti il y a
quinze jours à peine des ateliers Maurice Farman, avec moteur Renault de 70
chevaux.
Comme
une traînée de poudre, la nouvelle s’était répandue en ville ; aussi, dès deux
heures et demie, plusieurs centaines de spectateurs se trouvaient réunis à
Mantelle-aviation pour assister à l’envol de l’oiseau d’acier ; remarqués : M.
Certeux, sous-préfet, M. Lainé, maire et de nombreuses notabilités.
Au
moment où le lieutenant Césari s’avançait vers son appareil, un brave habitant
du hameau de la Baguelande s’avança vers lui et lui offrit une magnifique gerbe
de fleurs (tout ce que contenait son modeste jardin) ; cet acte de courtoisie,
fort joli dans sa simplicité, valut à son auteur ainsi qu’au lieutenant Césari
de chaleureuses acclamations ; celui-ci est un homme de taille élancée et bien
prise à la fois, d’une physionomie avenante et énergique ; il n’est âgé que de
vingt-sept ans ; marié depuis peu, il fut désigné comme officier pilote quinze
jours seulement après son mariage ; on conçoit les appréhensions de sa jeune
femme, mais n’écoutant que son devoir, il obéit à ses chefs ; il a déjà failli
être victime d’un accident : pendant plus d’un quart d’heure il fut pris sous
le moteur de son appareil ; relevé évanoui par des paysans qui le crurent mort,
il remontait sur son appareil trois jours après.
Hourrah
! le voila qu’il quitte le sol et se dirige sur Hennezis, puis vers l’École
militaire, il vole sur la ville jusque juste au-dessus de l’imprimerie de l’Impartial pour revenir à son point de
départ, non sans avoir effectué un audacieux virage dans un vol plané du plus
merveilleux effet.
Le
brave adjudant Léguillette est enthousiasmé de sa jolie ballade et ne
demanderait qu’à la recommencer ; étant donné le temps idéal et la parfaite
stabilité de l’appareil, nous en connaissons beaucoup qui enviaient son sort,
mais il est trois heures et le lieutenant Césari tient à arriver à Saint-Cyr
avant la nuit.
Les
mains se pressent, le brave officier-pilote grimpe lestement au gouvernail, le
mécanicien Lestra prend la place de l’adjudant Leguillette, la fanfare entonne
le Chant du Départ et c’est aux
acclamations d’une foule enthousiaste, aux cris de vive l’armée ! que le
superbe oiseau, portant la cocarde tricolore, s’envole à tire d’aile vers son
nid.
L’Impartial du 4 décembre.
Un mariage.
Le 14,
Léon Charles Arthur Guicler, capitaine, commandant en second l'École militaire
a épousé Susanne Clémence Marie Delaunay, sans profession aux Andelys.
Le
programme musical du mois.
Le
1er décembre :
Le
Régiment des Braves, pas redoublé, de Tédesco,
Martha,
fantaisie, de Flotow,
Lina,
polka pour piston, de Leroux,
Le
Voyage en Chine, opéra comique, de Bazin,
Ma
Reine, valse, de Bucalossé.
Le
8 décembre :
Marche
Joyeuse, d'Allier,
Les
Mousquetaires au couvent, de Varney,
La
Mousmé, mazurka, de Ganne,
Le
Petite Duc, fantaisie, d'Audran,
Berceuse, valse, de Waële.
Le
15 décembre :
Marches
des Sultanes, pas redoublé, d'Allier,
Poète
et Paysans, ouverture, de Suppé,
Pichounette,
mazurka, de Charles,
Les
Noces de Jeannette, fantaisie, de Massé,
La
Veuve Joyeuse, valse, de Lehar.
Sources:
l'Impartial et les comptes-rendus du conseil municipal de la ville des Andelys.
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