Février
Le bal des sous-officiers.
Le bal des sous-officiers de notre École
militaire a au moins égalé, sinon surpassé celui de l’année dernière qui avait
été cependant, disait-on, une merveille de décoration artistique, une soirée
d’exubérante gaieté. Mais les organisateurs ont trouvé en eux des ressources
nouvelles ; et leur volonté de faire mieux encore, leurs efforts pour surprendre et ravir la foule compacte
qui s’était donnée rendez-vous à cette soirée, leur virtuosité dans les
arrangements de guirlandes, des appliques, de la verdure et de la lumière, ont
été couronnés du plus éclatant succès.
Jamais décors n’ont été plus ravissants :
l’escalier n’était qu’une voute de verdure, piquée ça et là d’ampoules
multicolores ; des peintures en masquaient les pierres grises comme des
fresques d’art nouveau.
Les salons offraient aux yeux émerveillés
l’enchantement d’une lumière rose tamisée qui donnait aux contours je ne sais
quoi d’indécis, et aux visages un caractère de morbidesse pleine de charme et
de séduction.
Des points d’interrogation, associant,
par une pensée délicate, la gloire de nos aînés à la griserie des
tournoiements, aux accents magnifiques d’un jazz qui n’était pas seulement la
musique de la danse, mais la musique élevée du sentiment et du rêve.
Aucune soirée, croyons-nous, n’a éveillé
de plus grandes sensations de plaisir, ni laissé de souvenirs plus enchanteurs
; tout était harmonie et les mots manquent de valeur pour décrire fidèlement la
beauté des salons et l’enrythmie des corps enlacés.
Nous ne saurions oublier les frivolités
du cotillon qui déchaînèrent le fou rire. Tel danseur qui s’amusait d’un
accessoire attaché par surprise au dos de son voisin, devenait, lui-même, sans
s’en rendre compte, et pour les mêmes raisons, l’objet de plaisanteries
anodines ; et ces divertissements firent ainsi diversion aux plaisirs galants
de la danse, en leur donnant gentiment un caractère familial, plein
d’enjouement.
Aussi, sommes-nous heureux d’ajouter nos
félicitations personnelles aux compliments que spectateurs, danseurs et
danseuses ne manquèrent pas de présenter avant la séparation, aux organisateurs
de cette inoubliable soirée.
Parmi les notabilités présentes, nous
avons remarqué MM. le commandant Mège, les capitaines Picot et Bacquerie ; les
lieutenants Léger, Giovannoni ; Bréard, conseiller général ; Delavigne,
conseiller d‘arrondissment du canton de Gaillon ; Destot, Briard, conseillers
municipaux ; le professeur principal Sarrazin ; les professeurs Lagarenne,
Lecomte, Rognon, Mougel ; l’adjudant de gendarmerie Souday ; le maréchal des
logis-chef Rigal, etc... M. le maire et M. le sous-préfet s’étaient fait
excuser.
Vers le milieu de la soirée, M.
l’adjudant Roze, au nom de tous ses camarades, prit la parole pour remercier
vivement M. le commandant de l’École, M. le conseiller général, les officiers,
les professeurs, les danseurs, cavaliers et cavalières, et les soldats
musiciens de jazz. Nous sommes heureux de reproduire ici cette adresse éloquente
:
« Mon commandant,
Ma première parole ne peut être que
l’expression de mon premier devoir, un devoir de profonde déférence et de vifs
remerciements envers vous, mon commandant, qui nous a accordé cette année
encore l’autorisation d’organiser une nouvelle soirée dansante à l’image de
celles des deux dernières années. Je devrais aussi rendre hommage à votre
bienveillance, à votre accessibilité, à votre bonté compatible avec la
discipline militaire, mais tout en craignant de blesser votre modestie, je ne
saurais découvrir en moi-même les ressources verbales dignes d’un tel sujet. Je
puis affirmer toutefois que cette marque de respect et d’attachement, si simple
soit-elle, est empreinte de la plus grande sincérité ; elle émane d’une âme de
soldat qui veut résumer en un seul mot ses sentiments et ceux de ses camarades
sous-officiers : merci, mon commandant, mille fois merci.»
Voici l’adresse que l’adjudant Roze se
promettait de prononcer devant M. le maire et M. le sous-préfet, au cas où ils
auraient été présents :
« M. le Maire,
Une telle soirée nous met en contact plus
direct avec vous, avec les membres du conseil municipal, non certes pour mieux
connaître, mais pour affermir, si possible, vous, votre bienveillance, votre
amabilité, et nous, nos sympathies respectueuses.
Vous savez combien nous aîmons concourir
à toutes vos fêtes, à toutes vos cérémonies publiques et combien nous sommes
heureux quand le succès a couronné vos efforts et les nôtres. Aussi, en
souvenir de cette participation désintéressée, vous avez bien voulu nous
apporter les bienfaits de votre présence. Nous en éprouvons une légitime fierté
et nous nous félicitons de la grande amélioration survenue dans votre état de
santé, amélioration qui vous a permis d’encourager cette jeunesse dont la danse
est, par atavisme, le sport de prédilection. En vous adressant, M. le Maire,
nos voeux les plus chers pour votre complet rétablissement, nous vous adressons
les remerciements les plus chaleureux et l’expression de notre respect pour
votre personne et votre magistrature.
M. le Sous-préfet,
Permettez-moi, car l’âge m’a conféré cet
honneur, de vous présenter nos sentiments les plus dévoués et les égards
déférents que nous devons au représentant de la République. Vous êtes venu
rehausser l’éclat de cette soirée, associant ainsi dans votre sympathie
l’élément civil et l’élément militaire ; et en dilettante, vous avez suvi les
divertissements de la jeunesse andelysienne, et la poésie de la danse où tout
n’est que grâce, joliesse et révérences. Votre présence est aussi un témoignage
d’estime pour les sous-officiers, organisateurs de ce bal familial et un
encouragement pour eux à consacrer leurs efforts chaque année non
seulement au déploiement de la gaieté
française, mais encore au rayonnement de la bienfaisance et de la
philanthropie.
M. le Sous-préfet, de tout coeur, tous
nos remerciements et l’assurance de notre entière gratitude.
M. le Conseiller général,
En s’adressant à vous, je sais que je
m’adresse à un ami dont les relations ont été de tout temps les plus amènes et
les plus cordiales. Votre chaude poignée de main nous a toujours été précieuse
parce qu’elle était celle d’un camarade plutôt que celle d’un mandataire. Aussi
votre présence aujourd’hui, en cette soirée, nous paraît normale, comme elle nous
a paru obligatoire. Vous avez toujours été un grand ami de notre École
militaire, et rien de ce qui intéresse cette cellule de l’armée ne vous a pas
laissé indifférent. D’ailleurs, toujours sur la brèche, sans ménager ni votre
temps, ni votre peine, vous deviez tout naturellement participer à cette
réjouissance d’une jeunesse rieuse dont vous avez apprécié les ardeurs, la
fidélité et le dévouement. Et si le corps des sous-officiers est
particuièrement fier de vous compter au nombre des notabilités présentes, les
danseurs sont également heureux de vous trouver à côté d‘eux pour admirer leurs
talents chorégraphiques sur les accents d’un jazz remarquable.
Je dois une grand place dans nos
remerciements à MM. les officiers et MM. les professeurs de l’École qui nous
ont témoigné en cette circonstance comme en beaucoup d’autres, leurs
encouragements ; ils ont soutenu nos efforts et entretenu nos meilleurs
espérances : et le succès remporté l’année dernière, succès dont ils ont été
les témoins, leur a donné l’assurance que nous devions réussir encore cette
année puisque nous mettions au service de la victoire les mêmes forces, la même
énergie, et la même direction.
J’adresse un salut amical aux musiciens
du jazz, artistes de premier ordre, dont nous n’osions pas escompter le
concours. Ce régal de musique s’est joint au régal des yeux, au doux plaisir du
décor et des parfums.
Enfin, merci aux danseurs et danseuses
dont les pas se marient avec aisance, dans la souplesse des enlacements, dans
la perception instantanée des rapports de convenance, dans la flamme des
regards et des rires.
En cette soirée, Messieurs, ce n’est pas
seulement une heure de gaieté exubérante, de joie débordante, c’est aussi une
heure de douceur, de bonté, et c’est en cela qu’elle est durable et non pas
éphémère. Les déshérités n’en sont pas absents puisque les organisateurs ont
décidé d’offrir le reliquat au bureau de bienfaisance et aux enfants pauvres de
l’École militaire. Cette oeuvre est donc une oeuvre pie ; et ceux qui auront
contribué à son succès n’auront pas eu seulement le bonheur de se réjouir, mais
encore le bonheur plus grand d’en procurer un peu aux autres.»
En terminant ce compte-rendu, nous ne
saurions oublier d’adresser nos plus vives félicitations et nos plus chaleureux
remerciements à tous les artisans de cette inoubliable soirée, notamment à M.
Vaudran pour sa belle installation électrique ; M. Marquais pour sa superbe
décoration de plantes vertes ; M. et Mme Neiltz, ainsi que Mme Briard, pour la
charmante et artistique décoration de fleurs en papier ; MM. Destot, Vauchel et
Leroy, pour leur collaboration si appréciée dans le domaine gastronomique ; MM.
Cau, le sergent Gillard, M. Lesueur, pour leur décoration originale, ainsi que
le caporal Devel, pour ses panneaux d’une si belle venue artistique.
Mais nos remerciements seraient
incomplets, si, tout particulièrement, en notre nom personnel, nous n’ajoutions
nos félicitations à celles de MM. les sous-officiers, pour dire une fois de
plus, aux musiciens du jazz tout le bien que nous pensons d’eux. Dans toutes
les danses, cet orchestre de choix, habilement dirigé, fit entendre une musique
de premier ordre qui fut un vrai régal pour tous les amateurs de belles
auditions musicales. A tous les exécutants et à leur chef nous adressons nos plus
vifs éloges et nos sincères remerciements.
M. Bréard, conseiller général, avait
également présenté, au cours du bal, en quelques paroles élogieuses, ses plus
vives félicitations à tous ceux qui, à quelque titre que ce soit, avaient
contribué au succès de cette sorée; il avait aussi présenté les excuses des
membres du conseil et des personnalités empêchées pour diverses raisons.
L'Impartial du 4 février 1931
Mars
Conditions d’admission dans les EMP.
Le ministère de la Guerre fait connaître
qu’en raison du très grand nombre des candidats, nul ne pourra être admis en
1931 aux écoles militaires préparatoires ( Rambouillet, Les Andelys, Autun,
Billom et Saint-Hippolyte-du-Fort), s’il n’a pas pris part à l’examen
d’admission, qui aura lieu : le lundi 22 juin en Afrique du Nord et au Levant,
le lundi 20 juillet dans la métropole.
Conditions nécessaires pour subir
l’examen : avoir moins de 14 ans au 1er août 1931 et posséder le
certificat d’études primaires.
Les demandes sur papier libre, des
anciens militaires et des réservistes doivent parvenir au commandement du
groupe de subdivisions pour le 1er avril en Afrique du Nord et au
Levant, pour le 1er mai dans la métropole.
Juin
Une cession à un éditeur.
Le 12 juin, Monsieur Armand Tournel,
auteur d’une Marche des Enfants de Troupe, marche devenue un chant de
tradition des AET, cède ses droits d’auteur à Messieurs Andrieux, ainsi que
l’atteste le document annexé.
Juillet
Revue
du 14 juillet.
Une revue de la gendarmerie, de la compagnie des Sapeurs pompiers
et de l’École militaire sera passée par le chef de bataillon commandant d’armes
le 14 juillet à 8h15 sur la place Nicolas Poussin. Les officiers sont invités à
se rendre à cette cérémonie.
L'Impartial du 11 juillet
Résultats
d’examens.
Enseignement primaire supérieur :
MM. Barraud, Barthez, Bastard, Bernard,
Bigot, Bresson, Chabot, Chauviré, Daigle, Darré, Dujardin, Dumeignil, Gamache,
Gloaguen, Kérampran, Jolivel, Kraudren, L’Aminot, Le Briéro, Ledru, Lepeule,
Lequeux, Le Tennier, Piette, Poulot, Quiérard, Reneaume, Roadant, Saint-Mard,
Thierry, Tréhony, Tuffet, Verhoeven.
Brevet élémentaire :
MM. Barraud, Barthez, Bastard, Bernard,
Bigot, Bresson, Chabot, Chauviré, Daigle, Darré, Dujardin, Dumeignil, Gamache,
Gloaguen, Kérampran, L’Aminot, Le Briéro, Ledru, Lepeule, Lequeux, Le Tennier,
Piette, Poulot, Quiérard, Reneaume, Rondant, Saint-Mard, Simon, Thierry,
Tréhony, Tuffet, Verhoeven.
Nos félicitations aux lauréats ainsi qu’à
leurs dévoués professeurs.
Un soldat se noie.
Un soldat se noie au cours d’une partie
de barque. Dimanche après-midi, deux soldats de l’École militaire préparatoire
des Andelys, Martin et André Eudes, âgés de 21 ans, étaient allés faire, au
Petit-Andely, une partie de barque en Seine.
Au moment d’aborder au ponton du
Clos-Normand, le soldat Eudes fit une fausse manoeuvre et tomba à l’eau. La
barque repoussée à plusieurs mètres du bord, allait s’en aller à la dérive avec
l’autre occupant, qui ne savait ni ramer ni nager, quand un pêcheur tendit à
celui-ci sa gaule et lui permit de regagner la berge. Aussitôt sur le sol,
Martin, qui avait littéralement perdu la tête, s’enfuit en courant dans le but,
expliqua-t-il plus tard, d’aller prévenir ses chefs à l’École militaire.
Cependant Eudes, qui ne savait pas nager,
après avoir reparu à la surface, avait complètement disparu.
En arrivant à la gare Martin rencontra le
caporal-chef Goldberger, qu’il mit au courant de l’accident. Peu après, avec
l’aide des gendarmes et de MM. Allain, Dhuez et Levison, des recherches étaient
effectuées en Seine ; mais ce ne fut que longtemps plus tard que le corps de
Eudes put être repêché. Le médecin-major Boulay et le docteur Joinville
tentèrent de ranimer le malheureux, mais la mort avait fait son oeuvre.
Les parents du défunt, qui habitaient à
Amfreville-la-Mivoie, ont été prévenus avec ménagement.
Le pêcheur qui avait tendu sa gaule à
Martin quitta la berge peu après l’accident et ne put être retrouvé.
L'Impartial du 29 juillet 1931
Remerciements.
M. le maire donne communication d’une
carte de M. le chef de bataillon,
commandant l’École militaire, des officiers et des professeurs, le
remerciant ainsi que MM. les membres du
conseil municipal, de leurs dons généreux pour récompenser leurs élèves.
Conseil municipal du 30 juillet 1931
Octobre
Des résultats
scolaires.
Ont été reçus au Brevet élémentaire et au Brevet
d’enseignement primaire supérieur (session d’octobre 1931) les élèves Bord,
Jolivel et Simon, ce qui complète le magnifique succès remporté en juillet
dernier à Evreux, par notre établissement d’enseignement primaire supérieur.
Voici à titre de renseignements, le nombre des
diplômes obtenus en deux ans :
Année 1930 : Brevet élémentaire: 41 ; Brevet d’EPS 42.
Année 1931 : Brevet élémentaire 34 ; Brevet d’EPS 35,
soit 152 diplômes.
Nos félicitations aux maîtres et aux élèves.
L'Impartial 14 octobre 1931
Les élèves Verhoeven, Chauviré, Tuffet,
l’Aminot, Piette, Thierry, d’Aigle, déjà pourvus du B.E. et du B.E.P.S.,
viennent de subir avec succès le concours d’entrée en 2ème B au
cours secondaire d’Autun.
Nos félicitations et nos vœux de réussite
à ces futurs bacheliers.
L'Impartial du 21 octobre 1931
Nomination.
M. Jules Brenne vient d’être nommé
professeur de sciences à l’EMP en remplacement de M. Mougel, nommé sur sa
demande, professeur au lycée franco-perse
L'Impartial du 31 octobre 1931
Novembre
Manifestation patriotique.
Le 11 novembre, rassemblement devant
l’hôtel de ville à 10h30 ; départ de l’hôtel de ville à 10h45.
Ordre du cortège :
Musique de l’École militaire ;
École militaire ;
Tambours et clairons du corps des
sapeurs-pompiers ;
Société des trompettes ;
Conseil municipal ;
Administrateurs de la Caisse
d’épargne ;
Vétérans de 1870 ;
Le Poilu Andelysien ;
de chaque côté du cortège, enfants des
écoles.
Au monument :
Morceau de musique (École militaire ;
dépôt de couronnes ; Mmnute de silence ; Morceau de musique (Sté des
Trompettes) ; chœur des enfants des écoles devant le monument au mort ; défilé
des enfants ; morceu de musique (École militaire) ; dépôt de gerbes ; La Marseillaise
(École militaire).
Départ du cortège dans le même ordre.
L'Impartial du 11 novembre 1931
Bal des sous-officiers.
Nous sommes heureux de vous annoncer que
le bal des sous-officiers est fixé au samedi 12 décembre prochain.
Comme l’an passé, vous aurez le plaisir
d’entendre le jazz du 46e RI de Paris qui, jusqu’au matin vous
retiendra certainement.
La décoration des salons aura tous nos
soins.
Le buffet toujours bien garni saura
satisfaire et les palais et les bourses.
C’est pour toutes ces raisons que
danseurs et danseuses vous ne pouvez vous abstenir de venir participer à une
bonne oeuvre.
Les cartes d’invitation seront expédiées
fin de la semaine prochaine.
A bientôt et à la semaine prochaine.
Le Comité
L'Impartial 28 novembre 1931.
Décembre
Une arrivée.
M. Maillac, licencié en sciences,
professeur adjoint au lycée de Montpellier, a été nommé professeur de sciences
physiques à l’E.M.P. en remplacement de M. Brenne.
L'Impartial du 31 décembre 1931
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.