Des expropriations.
En ce début d’année,
les projets, plans et devis de l’école d’enfants de troupe sont terminés. La
direction du Génie d’Evreux les envoie à l’état major général de Rouen qui les
adresse au ministère de la Guerre. Même si le comité des fortifications y
apporte quelques modifications, les partisans de ce projet espèrent bien que
les travaux commenceront au printemps. Devant durer un an et demi, ils
devraient être terminés fin 1886. L’école devrait donc pouvoir ouvrir en 1887.
Mais pour construire
une école encore faut-il des terrains. Les terrains retenus par le Génie de
Rouen vont faire l'objet d'une procédure d'expropriation rondement menée. Le 9 avril le jury chargé de fixer les indemnités se
réunit aux Andelys. Sous la présidence du juge Gaultier, il est composé des
représentants des communes de Boisemont (M. Dessuslamare), des Andelys (MM.
Meurdrac et Sombret), d'Etrépagny (MM. Anquetin, Breton et Herbin), de Fontenay
(M. Boivin), de Lyons-la-Forêt (MM. Boissel et Gouffier), du Tronquay (M.
Jumelin), d'Ecouis (M. Lainay). Les propriétaires et la ville des Andelys ont
désigné leur représentant: M. Fénoux (Les Andelys), M. de Marigny (famille
Lamaury), M. Sylvestre (Mme veuve Leroy), M. Doin (M. Gaudré), M. Michel (M.
Chapelain locataire de Mme Veuve Leroy et M. Gaudré).
Le verdict est rendu
et donne les résultats suivants (demandé par le propriétaire, offert par la
ville, accordé par le jury, surface concernée):
M. Lamaury, 45000f,
15556f, 23000f, 4 hectares 11 ares 91 centiares ; Mme Leroy, 8000f, 4500f,
5000f, 1 hectare 9 ares 62 centiares ; Gaudré, 4000f, 913f, 1100f, 43 ares
93 centiares ; M.Chapelain, 4715f, 200f, 780f.
Le total des
indemnités accordées par ce jury s'élevèrent à 29 880 f (franc 1885)
« Ce
verdict donne une juste satisfaction à l’opinion publique et sera accueilli
avec reconnaissance par nos concitoyens. M. Fénoux, avocat de la ville … a su
défendre les intérêts graves qui lui étaient confiés ».
Mais cette décision
doit être entérinée par le tribunal civil des Andelys, ce qui sera fait à
l'audience du 19 mai 1885, bien qu'il s'agisse
toujours d'indemnités provisionnelles. Une réévaluation retenue par le
tribunal amènera le total des indemnités à 40150 fr.
A propos de la
dernière audience, un "vieux flâneur" écrit au journal:
"Monsieur
le Directeur,
J'assistais
en curieux à l'audience du tribunal où se disputait l'affaire d'expropriation
pour l'école d'enfants de troupe. Ne connaissant rien au droit et aux
choses d'audience, je ne me permettrais
pas d'apprécier ce qui s'y est passé. J'ai trouvé seulement que Maître Fénaux a
parfaitement bien défendu les intérêts de la ville contre l'avis des expropriés,
comme il a dit. J'ai remarqué aussi que Monsieur de Marigny, avocat de la
famille Lamaury qui se plaignait de l'aigreur de son confrère avait versé dans
son éloquence plus de vinaigre que d'habitude. En l'écoutant, qui aurait
reconnu le conseiller municipal ayant voté avec la majorité du conseil les
charges nécessaires à la construction de l'école? Ce qui ne l'empêchait pas de
vouloir encore augmenter ces charges en demandant 45 000 fr pour ses malheureux
clients. Nous en avons bien ri dans notre coin".
Des travaux.
En mai l'adjudication des travaux de l'école d'enfants
de troupe a été faite au profit d'un entrepreneur de Reims avec une
augmentation de 10% sur le prix du devis. Neuf entrepreneurs avaient
soumissionné avec des offres variant de 11 à 15%.
En juin, les travaux de l'école sont activement menés,
la première promotion d'élèves doit en effet rentrer le 1er septembre 1887. La
ville a déjà versé 450 000 fr sur les 600 000 fr qu'elle doit au titre de
subvention à l'État. Elle a en outre payé avec ses ressources ordinaires, sans
avoir recours à aucun emprunt, la somme de 31 112,50 fr pour le prix des
terrains expropriés. Le versement du solde des 600 000 fr aura lieu d'ici la
fin de l'année, les fonds nécessaires sont déposés au Crédit foncier.
La briqueterie.
Elle fut crée en
1883 dans les locaux d’une tuilerie au moment où fut décidé la construction de
l’école militaire préparatoire et la ligne de chemin de fer des Andelys. Les
bâtiments de l’école militaire, la gare ainsi que de nombreuses habitations des
Andelys et des environs ont été construits avec des matériaux fabriqués dans
cette briqueterie. L’argile était tirée dans les terrains proches du Gambon
dans le quartier des Planches. Elle était transportée par des wagonnets tractés
par un cheval. Les briques séchaient 2 mois à l’air libre puis étaient cuites
dans des fours alimentés au charbon. Vingt employés saisonniers y
travaillaient.
Le premier
propriétaire fut M. Edmond Lieurel qui la vendit à M. Blacquetot entrepreneur à
Elbeuf. Elle cessa de fonctionner en 1936. Elle fut remise en route quelques
mois après la guerre de 1940 pour être définitivement fermée ensuite.
Des financements.
En septembre, un
crédit de 150 000 fr va être ouvert au budget extraordinaire de la Guerre pour
l'exercice 1885 en vue de subvenir aux frais de la construction de l'école
d'enfants de troupe aux Andelys.
Des accidents du travail.
Début juin 1885 la presse locale se fait l'écho d'un accident du
travail advenu à la briqueterie de l'école militaire. Le contremaître,
nommé Blot, ayant voulu retirer avec la main un caillou qui s'était engagé
entre les deux cylindres d'un malaxeur, a eu trois doigts de coupés par les
engrenages. Il a été admis en urgence à l'hospice des Andelys.
En octobre, le 26 à
2 heures du soir, le dénommé Charles Dubois, âgé de trente quatre ans,
contremaître zingueur, travaillait sur un échafaudage de sa fabrication, à 14
mètres de hauteur. Manquant de solidité, cette structure a basculé et le
dénommé Dubois a été précipité sur le sol où il s'est fracturé la jambe gauche
à la hauteur de la cheville et fait une blessure au nez. Il a été transporté à
l'hospice des Andelys. Son état est aussi satisfaisant que possible.
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