Janvier
Prise d'armes
et remise de décorations à l'École militaire des Andelys.
Dimanche
matin, à 11 heures, une prise d'armes s'est déroulée à l'École militaire des
Andelys, à l'occasion de la remise de plusieurs Médailles militaires.
Les
compagnies s'échelonnaient impeccablement dans la vaste cour, en présence des
officiers et des professeurs de l'École.
Après
le salut au drapeau, M. le chef de Bataillon Frédet, commandant l'École, passa
les élèves en revue.
Puis
s'avancèrent au premier rang avec leur drapeau, les membres de la section des
Médaillés militaires des Andelys qui, sous la conduite de leur président, M.
Caronnet, étaient venus spécialement assister à la décoration de quatre
nouveaux promotionnaires : l'adjudant-chef Guillerault et l'adjudant-chef
Parmentier de l'École militaire, le sergent-chef Leroy, qui a quitté l'École
depuis peu et le brigadier de Police municipale Dandelot, qui, il n'y a pas
très longtemps, a fini sa carrière comme adjudant-chef à cette même École
militaire où il avait demandé à venir recevoir sa décoration.
Le
commandant Frédet, au nom du Président de la République, décora successivement
les quatre récipiendaires très émus et les félicita chaleureusement.
La
cérémonie pris fin sur le défilé de l'École, musique éclatant, en présence des
nouveaux décorés.
Un
apéritif fut ensuite servi au mess en l'honneur des nouveaux médaillés et de
leurs familles.
Le
commandant Frédet leur adressa des compliments excellemment tournés et profita
de cette réunion amicale pour féliciter l'ex-adjudant Marie, promu
sous-lieutenant depuis le premier janvier, le capitaine Simon qui figure au
tableau d'avancement pour le grade de chef de bataillon et l'adjudant Mongy
pour le grade de sous-lieutenant.
Enfin,
il adressa ses souhaits de bienvenue au capitaine Tadeï, officier nouvellement
arrivé à l'École, retour d'Indochine où il a fait une prestigieuse campagne qui
lui a valu une moisson de décorations dont la Légion d'honneur pour faits de
guerre. Il fut en effet le premier à entrer dans le palais de Bao-Daï,
reconquis.
Le
commandant Frédet salua également un nouveau professeur de l'École militaire et
littérateur de talent qui vient de concourir pour le prix Goncourt.
Monsieur
Maillac, professeur principal, intervint avec à-propos pour combler une
omission volontaire du commandant Frédet qui n'avait pas dit qu'il figurait au
tableau d'avancement pour le grade de lieutenant-colonel.
Alors
que ce terminait cette manifestation à ajouter aux annales de l'École, on
appris que cette année, le très classique et très recherché bal des
sous-officiers de l'École militaire, prendrait un développement et une ampleur
beaucoup plus grande.
Il
deviendra le grand événement mondain de la région et sa date est fixée au 8
juillet.
Le
bal de l'École militaire.
Continuant
la tradition du bal des sous-officiers de l'École militaire préparatoire des
Andelys aura lieu le samedi 3 février, sous la présidence du général de corps
d'armée Devinck, commandant la 1ère région militaire.
L'Impartial
du 13 janvier 1951
Février
Et voici le
bal de l'École militaire préparatoire des Andelys.
Le
chef de bataillon Fredet, commandant l'École militaire préparatoire des
Andelys, les cadres civils et militaires, seront heureux d'accueillir, samedi 3
février 1951, à 22 h. tous les amis de l'École, à l'occasion du bal organisé au
profit de la caisse de secours des élèves et de l'hospice des Andelys.
Monsieur
le général de corps d'armée Dewinck, commandant la 1ère région militaire, a bien voulu accepter la
présidence effective de cette manifestation, dont l'objet est tout à la fois de
remercier ceux qui, tout au long de l'année, moralement ou matériellement,
aident le commandant de l'École dans la tâche d'éducation et d'instruction
qu'il a entreprise, et d'amener une compréhension plus amicale entre la
population andelysienne et les élèves et les cadres de l'École.
C'est
dans ce double but que tout le monde, à l'École, a travaillé avec ardeur. Le
succès de la fête, la satisfaction des invités sera une grande joie pour tous.
Le
comité des fêtes de l'E.M.P. s'adressa une fois de plus à vous, chers amis des
Andelys.
Nous
vous avons indiqué, la semaine dernière, que les invitations étaient
distribuées, et que nous craignions d'avoir commis de nombreux oublis :
nous en avons déjà réparé quelques-uns. Nous demandons encore une fois
instamment à ceux que nous n'avons pas encore touchés, de se faire connaître
soit directement au secrétariat de l'École, soit aux cadres civils et
militaires.
Un
certain nombre d'Andelysiens nous ont demandé si la tenue de soirée était
obligatoire : nous vous rappelons qu'il est précisé sur nos
invitations : « Tenue de soirée ou de ville ». A votre
choix ! À votre goût ! A votre fantaisie !
Parmi
nos attractions (n'oubliez pas la « lumière noire »), nous vous
signalons un cotillon, que nous avons choisi s'harmonisant avec l'ambiance
« Outre-Mer ».
Nous
informons ceux qui se rendront à l'École en voiture particulière, que nous
avons prévu un parc gardé.
Mais
nous avons également organisé un service de cars entre le Petit-Andely et l'École.
(Transport gratuit).
Départs :
du Petit-Andely, place Saint-Sauveur à : 21
h. 45, 22 h. 15, 23 h. 30.
Arrêts :
Hôtel de la gare, place N. Poussin ( en face du panneau d'horaire des cars).
Pour
le retour, départs de l'École à : 2 H., 3 h., 4 h., 5 h.
A
samedi !!!
L'Impartial
du 3 février 1951.
Avril
Terrain
militaire interdit.
Par
décret en date du 15 mars 1950, le ministre de la Défense nationale a déclaré
d'utilité publique et urgente l'acquisition par le département de la Défense
nationale de la parcelle de terrain, située aux Andelys (Eure) lieudit
« Les Planches ».
Ce
terrain ayant été affecté à l'École militaire préparatoire le 30 mars dernier,
pour y implanter son terrain de sport.
Il est
formellement interdit d'y pénétrer et d'y déposer des ordures et débris de
toutes sortes, sous peine d'amende.
L'Impartial
14 avril 1951.
Mai
La fête de la
Victoire.
Une
remise de décorations marquera aux Andelys les fêtes de la Victoire dimanche 6
mai 1951.
Nous
rappelons les principaux points du programme de l'anniversaire de la Victoire
du 8 mai 1945, qui sera célébrée dimanche prochain 6 mai, aux Andelys.
A 7
h., réveil en fanfare par les tambours et clairons du corps des
sapeurs-pompiers ;
A 9 h.
à l'église Notre-Dame : messe solennelle de la Victoire et de la
Paix ;
A 10 h
45, place Poussin : revue,
prise d'armes et remise de décorations.
Ces
remises de décorations sont les suivantes :
1er Par M. le commandant du bataillon de l'air
1-122, de Chartres, la remise de la croix de chevalier de la Légion d'honneur,
au fils du lieutenant Paulmier.
Cet
enfant, âgé de 1à ans, recevra la croix décernée à son père à titre posthume,
après sa mort en avion à Bamako, en septembre 1950. Le corps de cet officier
sera ramené à Gaillon très prochainement.
Le
lieutenant Paulmier était un ancien élève de l'École militaire préparatoire des
Andelys. Sur la monument aux morts de l'École, figurent déjà les noms de ses
deux frères. C'est donc le troisième fils Paulmier qui donne sa vie pour la
France et la cérémonie de dimanche revêtira en conséquence un aspect
particulièrement émouvant pour l'enfant et la veuve du lieutenant Paulmier,
mais aussi pour la vieille maman qui sera présente.
2ème Par
M. le lieutenant-colonel Fredet, commandant l'E.M.P. des Andelys, la remise de
le croix de chevalier de la Légion d'honneur à M. Masinski Konstanti, demeurant
à Radeval, ex-caporal-chef au 2ème R.I. Polonais, mutilé de la guerre 39-45. A
été grièvement blessé le 17 juin 1940, par un éclat d'obus et par balle, à son
poste de combat de La Garde.
A 10 h
30, départ pour le monument aux morts.
A 10 h
45, manifestation au monument aux morts, dépôt de gerbes. Défilé par l'École
militaire
A 22
h, terrai Hamelin : grand bal de nuit public et gratuit. Illuminations.
Le
maire invite les habitants à pavoiser et à illuminer la façade de leurs
maisons.
Le
Maire. Ch . Cruchon.
L'Impartial
du 5 mai 1951.
Décès du Lieutenant Paulmier.
A
l'occasion des fêtes de la Victoire, l'École des Andelys a été présentée par le
colonel Fredet au représentant du Gouvernement et la Croix de la Légion
d'honneur a été remise au fils de notre camarade Paulmier (A.E.T. des
Andelys), mort en service commandé aérien.
A
été lue la citation suivante:
“
Lieutenant Paulmier (Albert, Louis), escadrille Outre-Mer 81.
Officier
mécanicien radiotélégraphiste de grande valeur. Commandant du centre de
transmission et de la zone de Bamako. D'une conscience professionnelle digne
d'éloge. Avait toujours fait preuve d'un dévouement absolu, en particulier lors
des recherches d'avions en détresse.
A
trouvé la mort en service aérien commandé à Kabarata-Signal en A.O.F., le 29
septembre 1950, alors qu'il venait d'exécuter le réglage-gonio de Labé”.
Le Journal des A.E.T. Juillet 1951.
Juillet
Deux visites à l'Ecole.
A
signaler deux visites d'A.E.T. à l'École: celle du capitaine de gendarmerie
Deboudl Guy, A.E.T. (Les Andelys 29-34), et celle de Corvest Jean, A.E.T.
(Tulle).
Fêtes de fin d'année.
Dimanche
8 juillet, fête de l'École, sous la présidence du général Devaux, directeur du
personnel militaire de l'armée de terre.
10
h 30, Prise d'armes :
a)
Remise des insignes de la Légion d'honneur à M. Dubois, professeur honoraire
des E.M.P.
b)
Baptême de la promotion du sous-lieutenant Braud
A
partir de 14 h 30 : kermesse suivie d'un apéritif-concert.
20
h 30, inauguration de la salle des fêtes de l'École militaire.
Lundi
9 juillet, à 10h. distribution solennelle des prix, sous la présidence du
général Adeline, directeur régional du Génie.
A
21 h. bal de séparation de la “Promotion de la 2ème palme”.
Samedi
14 juillet, Fête nationale.
L'Impartial 7 juillet
1951.
Exposition
des peintres de la région Andely-Seine.
Le vernissage de cette belle exposition
régionale aura lieu le dimanche 22 juillet à 15 heures ainsi que nous vous
l'avions déjà annoncé.
Parmi les peintres de la région qui ont envoyé
des œuvres à cette manifestation annuelle notons : Mesdames Monique Le Bret,
Collas-Primer, Chefneux, Marthe Lucas, MM. Gonet, Sautin, Yvan Parrault, Labbé,
Edgard Parrault, Montané, Kovac, etc.
Une nouvelle fois la belle salle des cantines
scolaires s'avérera trop petite.
L'exposition restera ouverte jusqu'au 2
septembre.
L'Impartial du 21 juillet 1951.
Ses
obsèques.
Comme nous l'avions annoncé la semaine
dernière, les obsèques du lieutenant Albert Paulmier, ancien élève de l'E.M.P.
des Andelys, se sont déroulées à Gaillon, le vendredi 27 août.
La salle du conseil municipal ayant été
transformée en chapelle ardente, la levée du corps eu lieu à la mairie en
présence d'une foule de personnalités civiles et militaires, parmi lesquelles
nous avons reconnu M. Feuilloley, sous-préfet des Andelys ; M. Ruffier,
conseiller général ; M. Jeffriau, maire de Gaillon ; M. l'adjudant Bléhaut,
commandant la brigade de gendarmerie de Gaillon ; les officiers et les
sous-officiers de la base aérienne de Chartres, officiers et aspirants de la
base aérienne d'Auxerre, officiers et sous-officiers de l'École militaire préparatoire des Andelys,
sous-officiers de Vernon. Le piquet d'honneur était composé de huit hommes de
la base aérienne de Chartres.
Monsieur Aubert, curé d'Aubevoye, officia la
cérémonie religieuse, à laquelle assistèrent de nombreuses personnalités
appartenant aux diverses sociétés locales, anciens combattants, “ceux de
Verdun”, “Rhin et Danube”, etc.
Un détachement des pompiers volontaires de
Gaillon en tête, suivi par les représentants des sociétés et leurs drapeaux
précédaient le véhicule funèbre, à la suite duquel marchait un sous-officier
portant sur un coussin les décorations du disparu. Les personnalités
officielles venaient ensuite précédent la famille et une foule d'amis
accompagnant le défunt à sa dernière demeure.
Le convoi fit halte au monument aux morts et
M. Ruffier, conseiller général, ancien élève de l'École militaire des Andelys, prononça une vibrante
allocution funèbre. Après avoir retracé la carrière et la mort en service
commandé du lieutenant Paulmier, M. Ruffier rappela toute la phalange de héros
que l'École militaire des Andelys a donné à la Patrie, et il
présenta les condoléances de toute l'E.M.P. à la famille.
L'Impartial 1 septembre
1951.
Son fils Claude Paulmier,
élève à l'E.M.P. des Andelys, nous a déclaré lors de la préparation de
l'inauguration des stèles complémentaires au monument aux morts de l'École, que le corps de son père n'avait jamais été
retrouvé. La découverte en a été faite par sa veuve et sa mère lors d'une
opération de réduction au cimetière de Gaillon. Le cercueil ne contenait que
des morceaux de bois.
Une inauguration
de la salle des fêtes.
Le
lieutenant-colonel, commandant l’École invite les andelysiens à assister à
l'inauguration de la nouvelle salle des fêtes de l’École militaire.
Les
murs de l’ancienne salle des fêtes s’étaient effondré, soufflés par les bombes
allemandes en juin 1940.
Une
équipe, menée par M. E. Parrault, s’est attelée à relever ces ruines.
«
par d’ingénieux moyens de fortune procurés souvent par des bonnes volontés des
intéressés, par le travail acharné d’ouvriers et de soldats qui ont donné sans
compter leur temps et leur cœur, c’est une salle moderne qui est réalisée et
qui sera inaugurée ».
Invitation
éditée par l’EMP.
Une légion
d’honneur à l’EMP des Andelys.
Le
dimanche 16 décembre avait lieu à l’École Militaire des Andelys une prise
d’armes à l’occasion de la remise de la Légion d’honneur à un héros de la
guerre 1914-1918 et résistant authentique, donc modeste, de la dernière guerre.
Devant
les élèves de l’École, formés en carré, et les cadres militaires et civils de
l’École, M. le lieutenant-colonel Frédet, commandant de l’E.M.P. remit au
nouveau légionnaire, la Croix de chevalier de la Légion d’honneur qui lui avait
été offerte pas ses fils.
Dans
une allocuton virile, le colonel Frédet cita en exemple M. Lévy, aux élèves de
l’École.
Lecture
fut donnée de plusieurs citations dont fut l’objet le sergent-major Lévy, du 17ème
bataillon de chasseurs à pieds.
L’une
d’elles, suffira à juger celui auquel elles furent décernées :
«
Sous-officier très brave et d’un grand dévouement, le 8 novembre 1918, a
secondé efficacement le commandant de l’avant-garde du bataillon, près duquel
il était attaché comme chef de groupe de liaison. Alors que le groupe se
trouvait engagé contre un ennemi plusieurs fois supérieur en nombre, a traversé
un terrain battu par de nombreuses mitrailleuses, pour porter lui-même les
ordres aux compagnies du gros de l’avant-garde. A guidé la section envoyée en
renfort et est revenu aussitôt prendre sa place au combat ».
Monsieur
Paul Lévy est né à Paris, le 2 juillet 1893. Caissier à la Société générale
jusqu’à l’âge de 22 ans, M. Lévy entra à la SNCF comme employé à la gare de
Pont-Audemer. De 1935 à 1943, il fut sous-chef de gare au Havre, où il subit
les bombardements, et fut chef de gare de Gaillon-Aubevoye de 1943 à 1948, date
à laquelle il prit sa retraite et vint s’établir aux Andelys ou Mme Lévy,
institutrice, prenait sa retraite l’année suivante.
Monsieur
Lévy, à la suite de sa conduite héroïque durant la première guerre mondiale se
vit décerner la Médaille militaire te la Croix de guerre 1914-1918.
Arriver
en travaillant.
A.E.T. ! Ces trois lettres éclairent notre
route d'une pleine lumière. Nous connaissons bien leur signification, souvent
rappelée dans notre Journal: Arriver En Travaillant.
Que l'A.E.T. doive travailler, c'est là un
axiome évident.
Ses origines modestes lui imposent, dès son
enfance, une lutte tenace, permanente, qui éveille parfois de pénibles échos.
Mais son éducation virile, ses obstacles franchis, ses oppositions vaincues,
ses misères endurées le haussent au niveau des difficultés qu'il devra vaincre,
alors que les facilités de l'existence, les plaisirs gagnés sans peine
l'auraient peut-être amolli et précipité vers une lamentable déliquescence.
C'est là un principe élémentaire de biologie et de psychologie : tout muscle,
tout nerf, tout organe physiologique dépendant de la volonté, toute faculté
mentale s'adapte à l'effort qu'on lui fait rendre et, par suite, progresse sous
l'influence de l'exercice.
L'A.E.T. est ainsi tout naturellement préparé
à l'effort. Il sait que toute rose à ses épines et que, s'il aime la rose, il
faut qu'il en subisse les piquants. Il sait que les alouettes ne tombent pas
toutes rôties et qu'on obtient rien sans peine. Il sait que la vie est une
perpétuelle ascension vers les sommets et que pour monter vers l'azur, vers la
lumière, il faut suer, peiner et lutter. Il sait que le succès est une conquête
qui s'achète et coûte cher. C'est une conquête qui dépend de ses capacités, de
son travail, et qui n'est pas une question de chance, comme on le croit
souvent. Certes, la chance n'est pas niable, mais la vie n'est pas assez simple
pour que la bonne fortune puisse suffire à donner le succès. La chance que nous
accordons aux autres, c'est, presque toujours, les qualités qu'ils ont et que
nous n'avons point. Ce sont les médiocres qui croient à la chance, et non au
mérite, au talent, à la persévérance. En vérité, il n'y a qu'un moyen de croire
à la chance : c'est de la créer soi-même par le travail. Le travail ne donne
pas toujours le talent. Mais le talent avorte misérablement s'il n'est pas
soutenu, fortifié par le travail.
L'A.E.T. appartient à toute une tradition de
travail, une tradition vivante et progressive. C'est dans cette chose non
figée, que nos grands anciens trouvèrent matière à s'élever, à comprendre ce
que peuvent faire le mérite et la patience dans les longs efforts. Arrivés
souvent aux plus hauts postes de la hiérarchie, dans tous les domaines de
l'activité humaine, ils ouvrent à pleines mains les trésors de leur expérience,
de leur exemple aussi ; ils prouvent qu'ils sont resté fidèles, non seulement à
cet esprit d'entr'aide et de féconde fraternité qui reste la force et l'esprit de notre association, mais
aussi et surtout à cette loi du travail, aux côtés si attachants. Ils se sont
faits eux-mêmes ; ils sont arrivés, comme on dit, “à la force du poignet” ; ils
ont souvent suppléé aux lacunes d'une instruction négligée, se meublant le
cerveau, préparant des examens, toujours stimulés par l'aiguillon d'une ardeur tenace
et d'une perpétuelle soif de perfection. Ils ont aussi embelli leur vie, ouvert
leur esprit, grandi leur pensée, élargi leur cœur. La lutte qu'ils ont soutenue
et la volonté par là dépensée sont les moyens par lesquels on “s'accroit”.
C'est une leçon dont il faut se souvenir.
L'A.E.T. ne l'oubliera pas dès sa sortie de
l'école. Il a alors, trop souvent, sous les yeux des spectateurs humiliant qui
provoquent l'écœurement, la révolte. Il risque de se perdre s'il témoigne
d'inexcusables faiblesses : la débauche, le jeu, les femmes, l'alcool sont les
dangers qui le guettent s'il va à l'oisiveté. Et lorsque un homme s'est donné
de tels maîtres, il a les plus grandes difficultés à échapper ensuite à leur
tyrannie. Est-ce à dire qu'il faille bannir toute espèce de plaisir ? Non pas
certes, mais le plaisir ne doit être pris que dans la mesure où il est
nécessaire, après le travail, à la restauration et au repos du corps et de
l'esprit.
L'A.E.T. ne quitte pas son école sans se
sentir ému. Des éléments d'incertitude se glissent parfois dans son esprit.
Peut-être songe-t-il, tout au fond de lui-même, que certaines ambition lui sont
interdites. Rien n'est plus inexact, rien n'est plus faux.
“ Vous n'avez rien à craindre parce que vous
êtes pauvres, parce que vous n'avez à compter sur aucun des appoints dont
profitent tant d'autres jeunes gens, parce que vous n'avez comme lot que votre
tête et votre cœur ”, disait un grand A.E.T., le général d'armée Bourret, lors
d'une distribution des prix aux élèves de son ancienne école, les Andelys. “ Il
vaut mieux, ajoutait-il, être les parvenus du travail que d'être les parvenus
d'un nom ou d'une fortune ”. Le point de départ n'a qu'une médiocre importance
quand la route est longue à parcourir. Jeune engagé ou élève d'une grande école,
le moyen de réussir pour l'A.E.T. frais émoulu, est toujours le même. Il a un
pied sur l'échelle, il ne tient qu'à lui de grimper plus haut. Son succès
dépend de lui-même s'il considère son premier emploi, si modeste soit-il, comme
un tremplin d'où il prendra son élan. C'est par son travail, par sa volonté,
qu'il imposera à ses chefs, à ses hommes, qu'il tendra vers les supériorités de
l'intelligence et du cœur, qu'il prendra confiance en lui-même. Mais cette
confiance indispensable doit bannir la fatuité.
L'A.E.T. pourrait être tenté de croire, après
de brillants succès scolaires, qu'il n'a plus à se souvenir de ses origines ou
qu'il n'a plus à apprendre. Qu'il se garde bien de cet écueil : il lui reste,
quel qu'il soit, Polytechnicien, St-Cyrien ou jeune soldat, à peu près à tout
faire. C'est seulement quand il aura parcouru de longues étapes de travail,
quand il aura acquis des connaissances étendues, qu'il comprendra que beaucoup
de science donne, avec humilité, le sens même de l'entr'aide. Plus il apprendra
de choses nouvelles, plus il se rendra compte de la quantité infinie de celles
qui lui demeurent inconnues, plus il éprouvera le besoin de tendre la main à
l'ami A.E.T. moins favorisé que lui. Et c'est là la grande leçon de modestie et
de solidarité que lui donne le savoir et par conséquent le travail. La modestie
sied toujours au vrai mérite.
L'A.E.T., comme tout le monde, aura ses heures
de désillusion, d'amertume, de dégoût, de chagrin. Un des vieux professeurs se
plaisait à comparer la vie militaire à une belle femme : “ Elle aime,
disait-il, à changer de toilette : tantôt elle revêt sa longue mante couleur de
pluie. Et ces jours-là, ajoutait-il, il semble que le soleil soit absent ”. La
tentation vient alors, insidieuse, de tout abandonner et de s'abandonner
soi-même. Mais l'A.E.T. est solide et on n'abat pas un chêne sous un coup de
hache. Le temps estompe bien vite le contour de ses triste souvenirs et c'est
encore le travail qui lui remet le sourire sur les lèvres et le mène à la
sagesse.
La conclusion de tout cela : Au travail ! Pour
rester fidèles à notre vieille devise : “ Arriver En Travaillant ”.
Gabriel BONNET
Le journal des AET,
décembre 1951.
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